La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XV - n° 6 - novembre-décembre 2012 | 249
DOSSIER THÉMATIQUE
l’entéropathie. Les plus fréquentes sont l’ataxie céré-
belleuse, l’épilepsie, les neuropathies périphériques,
la démence progressive et la leucoencéphalopathie
multifocale. L’ataxie cérébelleuse, probablement
d’origine auto-immune (présence d’anticorps anti-
ganglioside), est habituellement d’évolutivité faible.
La comitialité est la plus fréquente des manifestations
neurologiques, souvent associée dans le cadre du
syndrome de calcifications cérébrales, surtout dans
les populations d’origine italienne. Inversement, il
n’est pas exceptionnel de découvrir une MC en cas
d’épilepsie réfractaire au traitement conventionnel,
et la MC est 10 fois plus fréquente en cas de comitia-
lité que dans la population générale. La neuropathie
périphérique revêt une expression clinique variable
et elle est peu ou pas améliorée objectivement par
le régime sans gluten [6].
Enfin, les troubles cognitifs et les manifestations
psychiatriques peuvent être au premier plan du
tableau clinique.
Hépatopathie
On distingue 2 formes d’atteinte hépatique liées à
la MC. D’une part, l’hypertransaminémie isolée, et
d’autre part, les hépatopathies d’origine auto-immune.
Une élévation généralement modérée des transa-
minases est l’atteinte hépatique la plus fréquente,
retrouvée chez près de 50 % des MC non traitées.
Inversement,10 % des élévations chroniques inex-
pliquées des transaminases seraient dues à une MC.
L’élévation des transaminases est l’expression d’une
hépatite réactionnelle non spécifique, de mécanisme
physiopathologique inconnu ou “hépatite cœliaque”,
se normalisant après 6 à 12 mois de régime sans
gluten. Dans de rares cas, il existe une hépatopathie
plus sévère caractérisée par une hépatite chronique et
parfois une cirrhose. De façon surprenante, et parfois
controversée, une amélioration de la fonction hépa-
tique a également été décrite sous régime sans gluten
dans ces formes sévères avec régression de l’ascite, de
l’ictère, ce qui a permis d’éviter une transplantation
hépatique dans 3 cas rapportés sur 4 avec régression
de la fibrose à l’histologie (7). En cas de persistance
des perturbations des tests hépatiques, malgré un
régime sans gluten bien suivi, après avoir éliminé
une mauvaise observance du régime, une ponction
biopsie hépatique est à envisager afin d’éliminer une
hépatopathie auto-immune associée. Ainsi, la MC
est retrouvée dans 3 à 7 % des cas de cirrhose biliaire
primitive, 3 à 6 % des hépatites auto-immunes et 2 à
3 % des cholangites sclérosantes primitives.
Les troubles de la fécondité
Les patientes cœliaques ont une augmentation
significative du retard pubertaire, de la méno-
pause précoce, et de l’aménorrhée secondaire (8).
Par ailleurs, les données cliniques et épidémiolo-
giques montrent que la MC est associée à un risque
augmenté de fausses couches spontanées (15 versus
6 %), de diminution de la fertilité (1,9 versus 2,5
naissances), et de faible poids de naissance. La patho-
génie de ces troubles est inconnue, mais le régime
sans gluten chez la femme adulte diminue le taux
de fausses couches spontanées et la fréquence des
naissances d’enfants de faible poids (8). La recherche
systématique des anticorps antitransglutaminase
est positive dans 6 % des cas de fausses couches à
répétition, de mortinatalité ou de stérilité inexpli-
quée, et dans 9 % des cas de retard de croissance
intra-utérine, versus 1,3 % dans une population
contrôle (9).
Maladies associées
La MC est associée à de nombreuses affections.
Parmi celles-ci, il faut surtout noter, outre les
maladies auto-immunes, le syndrome de Turner
et la trisomie 21. Quinze à 25 % des cœliaques,
soit 5 à 10 fois plus que la population générale,
ont au moment du diagnostic, ou développeront,
une autre maladie auto-immune : essentiellement
diabète insulinodépendant et thyroïdite, mais aussi
maladies inflammatoires chroniques de l’intestin,
connectivites, syndrome de Sjögren, hépatopathies
et cholangiopathies auto-immunes, etc. Une MC
asymptomatique peut être diagnostiquée lors d’un
dépistage chez un patient ayant une telle affection :
on peut trouver ainsi 6 à 7 % de MC dans une popu-
lation de diabétiques insulinodépendants et 4 à 5 %
chez des patients atteints de thyroïdite.
Colite microscopique
La colite microscopique est définie par une diarrhée
hydrique associée à un infiltrat inflammatoire de la
muqueuse colique avec hyperlymphocytose intra-
épithéliale, avec (colite collagène) ou sans (colite
lymphocytaire) épaississement de la membrane
basale sous-épithéliale. Elle doit être distinguée de la
présence en excès de lymphocytes parfois observée
dans le côlon au cours d’une MC banale. Avoir une
MC multiplie par 8 le risque de développer une colite