Mise au point
Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (13), n° 3, mars 1999 84
gique de la MC. L’amélioration clinique
se dessine dès les premières semaines de
RSG, l’amélioration biologique dans les
trois mois suivant l’instauration du RSG.
La repousse villositaire doit être docu-
mentée un an après le début du RSG.
Le RSG suivi strictement pendant au
moins cinq ans diminue fortement le
risque néoplasique (20). Suivi pendant dix
ans ou plus, il met les cœliaques au même
niveau de risque de lymphome que les
témoins sains (tableau III).
Modalités du RSG
Le régime sans gluten consiste en la sup-
pression du blé, du seigle et de l’orge de l’ali-
mentation. Malgré les progrès importants
réalisés dans la palatabilité des pains, farines
et patisseries sans gluten, ce régime repré-
sente toujours une contrainte importante. Les
repas pris en collectivité ou au restaurant sont
à risque et nécessitent une vigilance de tous
les instants de la part des malades.
Aussi le concours d’une diététicienne
entraînée est-il indipensable à l’instaura-
tion et au suivi du RSG. L’Association
française des intolérants au gluten
(AFDIAG, 2, rue de Vouillé 75015 Paris)
met à la disposition des patients une docu-
mentation et des conseils. Un rembourse-
ment forfaitaire de 200 F par mois est
accordé par la Sécurité sociale aux patients
atteints de MC, pour l’acquisition des
pains et farines sans gluten.
Quels malades nécessitent le RSG ?
Le régime sans gluten est recommandé
chez les malades ayant une MC dans sa
forme classique ou à présentation extra-
digestive.
Chez les malades ayant une MC silen-
cieuse ou latente, l’indication est contro-
versée. La contrainte représentée par le
RSG est importante, et le bénéfice, incer-
tain. La description de lymphomes T intes-
tinaux chez des malades ayant une MC
silencieuse ou latente incite toutefois à
recommander le RSG.
Le RSG doit-il être poursuivi
indéfiniment ?
Maladie cœliaque diagnostiquée dans
l’enfance : la proportion d’adolescents ou
de jeunes adultes ayant une MC détectée
dans l’enfance et poursuivant un RSG
strict est de 30 % à 80 % selon les études
(21-23). Ces sujets sont en rémission cli-
nique, biologique et histologique. Une
proportion élevée de malades ayant aban-
donné le RSG strict présente des signes
cliniques (de 21 % à 53 %, selon la fré-
quence des écarts de régime) et biolo-
giques (de 60 % à 72 %) de MC (21-23).
L’atrophie villositaire totale est observée
chez 80 % à 90 % de ces malades (21-23).
La proportion de malades tolérant le glu-
ten à long terme n’est que de 7 % à 10 %.
La présence de symptômes et/ou d’une
atrophie villositaire partielle ou totale chez
un adulte ayant une maladie cœliaque dia-
gnostiquée dans l’enfance impose la
reprise du RSG.
Maladie cœliaque de l’adulte : le risque
néoplasique, élevé à l’âge adulte, impose
un RSG strict et définitif (20).
Complications de la maladie
cœliaque (tableau IV)
Les maladies cœliaques résistantes au
régime sans gluten (encore appelées
sprues réfractaires par certains) corres-
pondent à des entités différentes (24). Il
faut, tout d’abord, être sûr du diagnos-
tic initial de MC, puis éliminer une
colite microscopique associée à la MC,
avant de conclure à une MC résistante.
Dans la majorité des cas, l’état général
est préservé et le malade continue à
ingérer (souvent à son insu) de petites
quantités de gluten. Dans d’autres cas,
l’état général est massivement altéré, et
la dénutrition est majeure malgré le suivi
d’un régime strict sans gluten. Ces
sprues réfractaires graves sont souvent
associées à une jéjunite ulcéreuse. Hor-
mis les ulcérations, elles ne présentent
pas de particularité histologique par rap-
port aux MC sensibles au RSG. Rare-
ment, elles peuvent être associées à une
atrophie cryptique ou à un épaississe-
ment de la bande collagène (sprue col-
lagène). Des résultats récents de notre
groupe suggèrent que ces MC sont asso-
ciées à un infiltrat monoclonal de lym-
phocytes T de la muqueuse duodénale
(25). L’évolution vers le lymphome est
possible et, chez un malade ayant des
cellules lymphomateuses circulantes, le
même clone T a été mis en évidence
dans le sang et dans la muqueuse intes-
tinale. Une autre équipe a mis en évi-
dence une expansion de lymphocytes
intraépithéliaux anormaux (CD3+,
CD4-, CD8-) dans la muqueuse duodé-
nale de ces patients (26). L’ensemble de
ces données suggère que certaines MC
résistantes au RSG représentent un lym-
phome T cryptique développé à partir
d’une population de lymphocytes intraé-
pithéliaux anormaux. La prise en charge
de ces patients est difficile et souvent
tâtonnante. Elle associe la nutrition arti-
ficielle, les corticoïdes et, parfois, les
immunosuppresseurs (azathioprine,
ciclosporine, méthotrexate).
Lymphome non hodgkinien T
Jénunite ulcéreuse
MC réfractaire au RSG
Cancers épithéliaux : grêle, pharynx,
œsophage
Fibrose pulmonaire, dilatation
des bronches
Atteintes encéphaliques
calcifications cérébrales - épilepsie
affections démyélinisantes
syndromes démentiels
polyneuropathies sensitivo-motrices, etc.
Hyposplénisme, cavitation mésentérique
Tableau IV. Principales complications de la mala-
die cœliaque.