La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 9 - novembre 2010 | 505
Cette étude est la première à analyser l’effet de
la séropositivité HPV16 L1 sur le risque de cancer
épidermoïde des VADS chez des sujets présentant
des variations polymorphiques courantes de MDM2.
Bien que cette étude repose sur un échantillon
de taille relativement importante, un éventuel
biais de sélection n’est pas à exclure : en effet, ici,
il s’agissait d’une étude cas-témoins réalisée en
milieu hospitalier et les contrôles pouvaient ne
pas être adéquats.
Valérie Le Morvan
Institut Bergonié, Bordeaux
Références bibliographiques
1. Herrero R, Castellsagué X, Pawlita M et al. Human
papillomavirus and oral cancer: the International Agency
for Research on Cancer multicenter study. J Natl Cancer
Inst 2003;95(23):1772-83.
2. Schwartz SM, Daling JR, Doody DR et al. Oral
cancer risk in relation to sexual history and evidence
of human papillomavirus infection. J Natl Cancer Inst
1998;90(21):1626-36.
3. Smith EM, Ritchie JM, Summersgill KF et al. Age,
sexual behavior and human papillomavirus infection
in oral cavity and oropharyngeal cancers. Int J Cancer
2004;108(5):766-72.
Les mécanismes d’acquisition
de la résistance à un anticorps
anti-IGF-1 et à un inhibiteur
de tyrosine kinase anti-IGF-1
sont distincts
> Huang F, Hurlburt W, Greer A et al. Differential mechanisms of
acquired resistance to insulin-like growth factor-i receptor antibody
therapy or to a small-molecule inhibitor, BMS-754807, in a human
rhabdomyosarcoma model. Cancer Res 2010;70(18):7221-31.
L’
activation de la signalisation des récepteurs
de l’
Insulin-like Growth Factor Receptor
(IGF-R) contribue à la prolifération, à la survie, à
l’angiogenèse, à la formation des métastases et à
la résistance aux traitements anticancéreux dans
de nombreuses tumeurs malignes. Cette voie de
signalisation repose sur trois ligands (insuline, IGF-1
et IGF-2), deux récepteurs (IGF-R1 et IGF-R2), les
deux isoformes du récepteur de l’insuline (IR [IR-A
et IR-B]) et plusieurs protéines de fi xation à l’IGF
(IGFBP1 à IGFBP6). L’IR joue un rôle important dans
la régulation de l’action de l’IGF et dans la résis-
tance aux thérapies ciblant les IGF-R. Les hétéro-
dimères IGF-R1/IR semblent aussi impliqués dans la
prolifération cellulaire que les homodimères IGF-R1/
IGF-R1. L’inhibition combinée d’IGF-R1 et d’IR peut
donc être nécessaire pour bloquer cette voie de
signalisation. De nombreuses molécules sont en
cours de développement, comme des anticorps anti-
IGF-R1 mais également des inhibiteurs de l’activité
tyrosine kinase (ITK) de ce récepteur. Comme
pour tous les anticancéreux, les tumeurs peuvent
développer une résistance à l’encontre de ces deux
types d’approches, anticorps et petites molécules,
compromettant les résultats thérapeutiques. La
compréhension des mécanismes de résistance aux
inhibiteurs de cette voie de signalisation pourrait
permettre de contourner ou de prévenir la résis-
tance. La découverte de biomarqueurs de résistance
aidera à identifi er les tumeurs les plus susceptibles
de répondre à tel ou tel agent spécifi que.
L’objectif de F. Huang et al. était d’identifi er des
mécanismes de résistance aux thérapies ciblées
anti-IGF-R1. Pour ce faire, des lignées cellulaires
dérivées d’un rhabdomyosarcome humain (Rh41)
ayant acquis une résistance à un ITK (BMS-754807)
ou à un anticorps anti-IGF-R1 (MAB391) ont été
utilisées in vitro et in vivo pour défi nir les points
communs et les différences dans les mécanismes de
résistance entre ces deux agents. Des mécanismes
moléculaires similaires pourraient être responsables
de la résistance de novo et de la résistance acquise.
La lignée cellulaire originale utilisée exprime
l’IGF-R1, mais non pas l’IR. La lignée Rh41-807R est
résistante au BMS-754807 ; la lignée Rh41-MAB391R
est résistante au MAB391. L’expression des gènes
et l’analyse du nombre de copies d’ADN ont été
étudiées sur ces lignées cellulaires pour identifi er
les mécanismes moléculaires de la résistance acquise
au BMS-754807 et au MAB391.
Il est intéressant de noter que les mécanismes
de résistance développés contre le BMS-754807
sont différents de ceux développés contre l’anti-
corps MAB391. Les cellules qui développent une
résistance au BMS-754807 présentent une résis-
tance croisée aux autres inhibiteurs de l’IGF-IR,
y compris à l’anticorps MAB391. En revanche, les
lignées cellulaires résistantes à l’anticorps MAB391
restent sensibles au BMS-754807. Cela suggère que
le BMS-754807 pourrait être actif contre un plus
large éventail de tumeurs, y compris celles qui sont
résistantes aux anticorps IGF-IR. En ce qui concerne
les mécanismes en cause, deux types d’altération
distincts, correspondant à la mise en œuvre de deux
autres voies de signalisation par des récepteurs à
activité tyrosine kinase, peuvent être observés : les
cellules résistantes au BMS-754807 surexpriment le
PDGFRα, alors que celles qui sont résistantes à l’anti-
corps IGF-IR MAB391 surexpriment le récepteur
AXL dans ce modèle. L’utilisation d’inhibiteurs du
PDGFRα potentialise l’action du BMS-754807 dans
les cellules résistantes à l’ITK, de la même façon
que des ARN interférents dirigés contre le PDGFRα.
Ces modifi cations moléculaires pourraient servir de
biomarqueurs pour l’identifi cation des tumeurs
résistantes en clinique. Les mécanismes moléculaires
de l’acquisition de la résistance aux inhibiteurs de
l’IGF-IR identifi és dans cette étude pourraient servir
de base pour le développement rationnel d’inhi-
biteurs. Par ailleurs, les combinaisons de médica-
ments effi caces pouvant contourner la résistance
pourraient augmenter le bénéfi ce clinique.
V. Le Morvan
Les polymorphismes de CYP2D6
utilisés comme prédicteurs
du résultat du traitement
par tamoxifène de patientes
atteintes de cancer du sein
> Schroth W, Hamann U, Fasching PA et al. CYP2D6 polymorphisms
as predictors of outcome in breast cancer patients treated with
tamoxifen: expanded polymorphism coverage improves risk
stratification. Clin Cancer Res 2010;16(17):4468-77.
L
e tamoxifène est utilisé depuis longtemps pour
le traitement des cancers du sein exprimant
les récepteurs des estrogènes (RE). Son taux
d’échec est certainement supérieur à 30 %. Les
mécanismes de résistance sont liés à la tumeur
elle-même mais également à des problèmes méta-
boliques sous-tendus par des variations génétiques
(polymorphismes). Le rôle des polymorphismes du
cytochrome P450 2D6 (CYP2D6) sur l’effi cacité du
tamoxifène a été reconnu depuis peu : il est lié
à la variabilité individuelle de la conversion du
tamoxifène en endoxifène, métabolite très actif. On
peut chercher à prédire l’effi cacité du tamoxifène
par l’identifi cation des polymorphismes du CYP2D6,
qui sont nombreux. Des correspondances génotype-
phénotype ont été recherchées : les patientes de
phénotype EM (Extensive Metabolizer) portent
2 allèles fonctionnels du CYP2D6 ; celles de
phénotype PM (Poor Metabolizer), qui portent
2 allèles défi cients du CYP2D6, ne convertissent
pas le tamoxifène en endoxifène et ne tirent aucun
bénéfi ce du traitement ; celles de phénotype IM
(Intermediate Metabolizer)
présentent deux
allèles de fonction réduite et présentent moins
de bénéfi ce sous tamoxifène.
Parmi les méthodes actuellement disponibles pour
le génotypage du CYP2D6, le test AmpliChip®