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Correspondances en Onco-hématologie - Vol. IV - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2009
Biopsies guidées pour le diagnostic des lymphomes
Outre le caractère peu agressif, l’avantage est la
rapidité de la technique en routine, qui permet
d’avoir un rendez-vous ambulatoire en 24 heures
et, très rapidement, d’orienter le diagnostic pour
envisager parfois une décision thérapeutique
en urgence. Lorsque les ganglions sont d’accès
diffi cile (hiles pulmonaires, hile hépatique), en cas
d’échec de la biopsie radiologique, nous préco-
nisons les techniques de chirurgie endoscopique
mini-invasive (médiastinoscopie, thoracoscopie
ou laparoscopie), avec des performances dia-
gnostiques comparables (14). La chirurgie ouverte
à visée diagnostique pour les lymphomes est
devenue aujourd’hui exceptionnelle ; elle reste
utile pour la prise en charge de certaines com-
plications (compression médullaire, syndrome
occlusif, perforation, etc.).
CAS PARTICULIERS
✔Diagnostic en urgence
Certains lymphomes nécessitent un diagnostic
en urgence et une décision thérapeutique rapide
(lymphomes de Burkitt, lymphomes lymphoblas-
tiques). Or, il existe un temps incompressible pour
“techniquer” un prélèvement biopsique (fi xa-
tion, inclusion en paraffi ne, coloration, immuno-
histochimie, etc.), ce qui est incompatible avec
un diagnostic rapide. Il est certes possible de
réaliser une cytoponction d’un ganglion périphé-
rique au lit du patient pour une lecture directe sur
lame, mais aucune analyse architecturale du tissu
n’est possible. La solution consiste à réaliser une
biopsie sous scanner ou sous échographie et de
réaliser une apposition (empreinte) de l’une des
carottes biopsiques sur une lame. En faisant rou-
ler la carotte sur la lame de cytologie, les cellules
se déposent comme le ferait un tampon encreur,
et restent juxtaposées entre elles, conservant les
informations architecturales de la lésion.
✔Masses résiduelles
Le problème des masses résiduelles est compli-
qué. Ces masses sont d’autant plus fréquentes
après traitement que la masse initiale était
volumineuse. En cas de réapparition des signes
cliniques et biologiques, une TEP est souvent réa-
lisée et permet fréquemment de résoudre le pro-
blème. Dans les cas équivoques, la biopsie reste
indiquée, mais pour ne pas la réaliser à l’aveugle
au sein de la masse résiduelle, il est nécessaire de
se guider à l’aide de l’imagerie TEP, qui montre les
sites les plus actifs. Il faut cependant noter que les
masses résiduelles sont souvent très fi breuses,
et même lorsque l’on obtient des prélèvements
de bonne qualité, le petit nombre de cellules rend
le diagnostic diffi cile (15).
✔Hypothèses multiples
L’apparition d’une nouvelle lésion dans un
contexte fébrile chez un patient traité pour un
lymphome doit faire rechercher une progression
de la maladie, mais doit également faire discuter
un processus infectieux favorisé par la chimio-
thérapie. De même, chez un patient immuno-
déprimé, les hypothèses sont multiples devant
une adénopathie. Si une hypothèse infectieuse
n’a pas été envisagée lors de la biopsie, il est
toujours possible, a posteriori, de décongeler un
des prélèvements et de l’adresser au laboratoire
de microbiologie.
✔Récidive ou progression
Certains lymphomes progressent sous traitement,
ou récidivent à distance. Il peut être nécessaire
de réaliser une nouvelle biopsie afi n de recher-
cher une transformation histologique en un lym-
phome de malignité plus élevée. La biopsie doit
être réalisée au niveau du site tumoral qui a le
plus progressé, et donc là où l’on a le plus de
chances de mettre en évidence la transforma-
tion. Les lames seront comparées à celles de la
première biopsie, à la recherche de l’émergence
d’un nouveau clone tumoral.
CONCLUSION
Les biopsies guidées pour le diagnostic de lym-
phome sont devenues des gestes incontournables
qui vont, grâce au progrès des techniques d’ana-
lyse, remplacer progressivement les prélèvements
chirurgicaux. De plus en plus de radiologues sont
capables de réaliser ces gestes simples. La biop-
sie des ganglions superfi ciels est une technique
de réalisation très proche de celle de la biopsie
sous échographie des lésions mammaires. Les
ganglions profonds seront plus souvent biop-
siés sous scanner. Enfi n, une technique de condi-
tionnement des prélèvements irréprochable est
nécessaire pour garantir le succès de l’analyse
pathologique.
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RÉFÉRENCES
1. Harris NL, Jaffe ES, Diebold J et al. Lymphoma classi-
fi cation – from controversy to consensus: the R.E.A.L. and
WHO Classifi cation of lymphoid neoplasms. Ann Oncol
2000;11(Suppl.1):3-10.