첸
l’attention sélective : écouter une
chose sans se distraire ;
첸
l’attention divisée ou partagée : se
concentrer sur plusieurs choses à la fois
ou sur plusieurs sources d’information ;
첸
l’attention soutenue, que l’on peut
conserver longtemps, même si c’est long
et ennuyeux.
Les neuropsychologues étudient séparé-
ment ces différents types d’attention
dans leurs tests. En fait, il est compliqué
de séparer différentes fonctions du psy-
chisme, qui dépendent de tellement de
facteurs, notamment psychoaffectifs : la
motivation, l’intérêt de ce qui est propo-
sé…
A cela s’ajoute l’étude d’autres para-
mètres :
첸
la capacité d’inhibition : celle de maî-
triser l’impulsivité, de mettre de côté ce
qui distrait ;
첸
la flexibilité attentionnelle : possibili-
té de changer de point d’intérêt.
Ces tests destinés à évaluer se nomment
D2, TEACH, Wisconsin, « coup de fusil »
(attention auditive), « dans le ciel » (at-
tention visuelle). Et on rapporte tout ce-
la au lobe frontal ou pariétal… Vous au-
rez compris que l’entreprise ressemble
au démontage d’un moteur afin de le ré-
viser : on s’intéresse successivement à
chacune des parties du fonctionnement
psychique, comme si ces fonctions pou-
vaient être isolées les unes des autres, et
comme si nous fonctionnions toujours
et pour toutes choses de la même façon.
Au terme de ces examens, il importe
que l’enfant demeure entier et indivi-
sible, ce qui n’est pas facile, car ainsi ré-
duit à des fonctions, on pourrait en
perdre l’unité !
LE DIAGNOSTIC
On ne le pose qu’après six ou sept ans.
Auparavant, on parlera de turbulence,
susceptible de passer avec l’âge.
On ne le pose que s’il n’existe pas à l’évi-
dence une pathologie causale. Cepen-
dant, on étend les indications du traite-
ment à tous les cas où les difficultés at-
tentionnelles entravent les apprentis-
sages. De nombreuses publications dé-
montrent ainsi l’efficacité de la Ritali-
ne®chez les enfants autistes dispersés.
Le diagnostic nécessite qu’il y ait un mé-
decin capable de synthétiser les avis di-
vers, car si on les juxtaposait simple-
ment, on aboutirait à des prises en char-
ge multiples et non coordonnées (ce qui
arrive parfois). Si tout a été fait, on
peut, au mieux, poser un diagnostic lors
d’une synthèse multidisciplinaire.
Les diagnostics différentiels principaux
peuvent être de deux ordres :
첸
savoir si l’enfant est agité parce qu’il
est mal, ou s’il est mal parce qu’il est
agité (éternel problème de la poule et
de l’œuf…) ;
첸
savoir si un autre diagnostic sympto-
matique est plus vraisemblable. On par-
le ainsi de TOP (trouble oppositionnel
avec provocation) ou de trouble bipolai-
re, qui peuvent aussi être des comorbi-
dités. Cette manière de penser, bien
qu’officiellement admise, peut choquer
les tenants de l’enfant total et unique, et
ceux-ci parlent plus volontiers de neu-
ro-psycho-pathologie.
Une remarque importante « en pas-
sant ». Si, aux Etats-Unis, 1 garçon sur 8
et 1 fille sur 12 sont sous Ritaline®, c’est
parce que des facteurs autres que médi-
caux interviennent : obtention d’avan-
tages si le diagnostic est posé (rembour-
sement de frais médicaux, accès à des
classes à petits effectifs, etc.), moindre
coût pour la collectivité que les autres
prises en charge nécessitant beaucoup
de personnel, pouvoir des laboratoires,
hégémonie du DSM…
LE TRAITEMENT
Le mieux serait de débuter par les trai-
tements non médicamenteux. En pra-
tique, cela se fait peu. Un article de ce
numéro fait le point sur ces traitements.
En France, le traitement très souvent
prescrit est la Ritaline®, sous toutes ses
formes, de 0,5 à 1,5 mg/kg/j, qu’elle
soit à effet immédiat (Ritaline®10, 20)
ou retard (Ritaline®LP 20, 30, Concer-
ta®LP 18, 36, 54, Quazym®LP 10, 20,
30) ; ces trois médicaments sont tous à
base de méthylphénidate, mais leur to-
lérance, leur efficacité et leurs effets se-
condaires sont parfois très différents,
d’où l’intérêt d’en changer en cas d’into-
lérance de l’un d’eux).
Certains, pensant qu’il s’agit d’une ma-
ladie chronique, donnent le traitement
en continu, ce qui rend le sevrage plus
compliqué. D’autres ne le prescrivent
que pour les jours d’école. En fin
d’après-midi, lorsque le médicament
cesse d’être efficace, on observe un re-
bond d’hyperactivité, parfois impres-
sionnant, et certains ajoutent une petite
dose pour les devoirs du soir (par
exemple 5 mg).
Certains parents décrivent leurs enfants
sous traitement comme des « zombis »,
tristes mais calmes. D’autres sont
confrontés à une agressivité inhabituel-
le. En début de traitement, on relève
souvent des céphalées, des maux de
ventre, un manque d’appétit.
Après une première prescription hospi-
talière sur ordonnance sécurisée valable
quarante-huit heures, le médecin trai-
tant peut renouveler le traitement pen-
dant un an, en surveillant la taille et le
poids (un retard est en général rattrapé
à la fin du traitement).
Quant aux traitements non médicamen-
teux, on dit qu’ils sont indispensables et
que les résultats sont meilleurs quand
ils sont associés au médicament.
QUE PENSER ?
Notons tout d’abord que les prévalences
réelles sont beaucoup moins impor-
tantes que ce qui est annoncé (10 %,
8 %, 5 %…), mais aussi que les théories
neurodéveloppementales qui visent à
en faire une maladie caractérisée, d’ori-
gine cérébrale, durant toute la vie, sont
en pratique discutables : on voit qu’à
certaines périodes de la vie de l’enfant,
les choses s’apaisent, et qu’au fil des an-
nées, la prise de médicaments connaît
(heureusement) des interruptions.
Ceux qui sont partisans de prescriptions
élargies reprochent aux frileux de lais-
ser les enfants se diriger vers une désin-
sertion sociale sans rien faire. Ceux qui,
au contraire, s’opposent à « droguer les
enfants » reprochent un abord pure-
ment symptomatique, à courte vue,
sous la pression des laboratoires, et
dont on ne connaît pas les consé-
quences à long terme.
Comme souvent, la vérité se situe sur la
Médecine
& enfance
septembre 2014
page 220
219-221 15/09/14 20:55 Page220