UNIVERSITÉ PARIS DESCARTES Faculté de Médecine PARIS DESCARTES Année 2016 No THÈSE POUR LE DIPLÔME D’ÉTAT DE DOCTEUR EN MÉDECINE Lipome du cône médullaire : une étude de 546 enfants du suivi neurochirurgical à la prise en charge en médecine physique et de réadaptation. Présentée et soutenue publiquement le 3 octobre 2016 par LALLEMANT-DUDEK, Pauline née le 5 mai 1987 à Chartres Dirigée par M Le Professeur ZERAH Michel, JURY M Le Professeur POIRAUDEAU Serge, Président, M Le Professeur CHARTIER-KASTLER Emmanuel, Mme Le Docteur CRETOLLE Célia, Mme Le Docteur FORIN Véronique, Mme Le Professeur ROBAIN Gilberte L’Université n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les thèses : ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs. iii Remerciements Je tiens à remercier le Pr Michel Zerah pour sa patience me permettant d’avoir une réponse à chacune de mes questions et sa volonté de partager ses connaissances. Je vous remercie de m’avoir confié ce projet, en espérant qu’il mène à d’autres travaux communs. Je remercie le Pr Serge Poiraudeau d’avoir accepté de présider ce jury de thèse. Je remercie également le Dr Célia Crétolle, le Pr Gilberte Robain et le Pr Emmanuel Chartier-Kastler pour leur participation à ce jury et l’intérêt qu’ils ont porté à ce travail. Je n’aurai pu réaliser ce travail sans la participation du Dr Véronique Forin qui me suit et me guide depuis plusieurs années maintenant. J’ai découvert la MPR pédiatrique dans son service et c’est avec enthousiasme et intérêt que je vais pouvoir continuer à apprendre à ses côtés. Une attention particulière à tous mes co-internes, à tous les chefs, et les équipes paramédicales que j’ai eu la chance de croiser au cours de mon internat et qui m’ont tant appris. Je remercie Pierre pour sa relecture attentive et ses précieux conseils, depuis les balades à vélo jusqu’à cette soutenance. Merci à toutes les personnes ayant contribuées de près ou de loin à ce travail. Je remercie mes parents, observateurs attentifs n’intervenant que si nécessaire au cours de ces longues études, piliers sur lesquels je me suis reposée, exemples que je m’efforce de poursuivre. Vous êtes aujourd’hui des grand-parents formidables. Une attention particulière à Papa qui a arrêté de rêver de sa première année de médecine quand j’ai réussi la mienne. A Sophie, ma grande soeur, qui a toujours cru en moi. Un énorme merci à notre grande famille qui a su me soutenir inconditionnellement au fil de ces années. La Touraine ne m’aura pas simplement permis de faire mon externat. Merci à Laure et les amis toujours présents malgré une disponibilité non constante de ma part. Merci aux "copains" de supporter les longues discussions médicales. Et bon courage aux "copines" pour qui, soutenir leur thèse reste à venir, la série continue. A Jérémy, qui m’aide inlassablement et sans compter. Ton soutien est sans faille. Ayant gagné mon pari il y a trois ans, j’espère pouvoir t’apporter le même résultat. Pour Aubin, "taaa, daaa, paapa, hinnnn". Et pour le jour où lire ces quelques lignes te sera possible, sache que nous aurons essayé quotidiennement de faire en sorte que nous avoir comme parents ne te soit pas trop pénible. v Table des matières Introduction 1.1 1.2 1 Embryologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 1.1.1 La gastrulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 1.1.2 La fermeture du tube neural . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 1.1.3 La neurulation secondaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Objectifs de la thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Description de la cohorte 11 2.1 Type d’étude . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 2.2 Description générale de la population . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 2.2.1 Sous-groupes de population . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 2.2.2 Sexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 2.2.3 Âge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 2.2.4 Recul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 2.2.5 Intervention chirurgicale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 Score fonctionnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 2.3 Résultats 17 3.1 Anomalies cutanées du raphé médian . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 3.2 Apparition des premiers symptômes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 3.2.1 Dans la population «symptomatique opérée» (n = 234) . . . . . . . . . . 18 3.2.2 Dans la population «symptomatique non opérée» (n = 20) . . . . . . . . 18 3.2.3 Dans la population «asymptomatique pure» (n = 90) . . . . . . . . . . . 18 3.2.4 Dans la population «asymptomatique opérée» (n = 127) . . . . . . . . . . 19 3.2.5 Conclusion sur les premiers symptômes observés . . . . . . . . . . . . . . 19 vii 3.3 3.4 3.5 Constatations à l’imagerie cérébrale et médullaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 3.3.1 Niveau inférieur de la moelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 3.3.2 Longueur du lipome . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 3.3.3 Syrinx médullaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 3.3.4 Malformations de Chiari . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Constatations peropératoires et complications chirurgicales . . . . . . . . . . . . 21 3.4.1 Description des racines nerveuses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 3.4.2 Description de la libération médullaire peropératoire . . . . . . . . . . . . 22 3.4.3 Complications post-opératoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 3.4.4 Reprise chirurgicale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 3.4.5 Deuxième intervention neurochirurgicale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Evolution post-opératoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 3.5.1 Evolution du score fonctionnel global . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 3.5.2 Score fonctionnel par symptôme à la date des dernières nouvelles . . . . . 27 Discussion 4.1 33 Comparaison à la cohorte de lipome médullaire de 1997 . . . . . . . . . . . . . . 33 4.1.1 Sexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 4.1.2 Âge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 4.1.3 Les formes syndromiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 4.1.4 Symptomatologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 4.1.5 Prise en charge neurochirurgicale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 4.2 Evolution naturelle d’un lipome du cône médullaire . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 4.3 Facteurs pronostiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 4.3.1 Le niveau inférieur de la moelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 4.3.2 La longueur du lipome du cône médullaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 4.3.3 La libération médullaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 Indication de l’intervention neurochirurgicale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 4.4.1 Dans la littérature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 4.4.2 Avec l’attitude chirurgicale mise en place en 1995 37 4.4 . . . . . . . . . . . . . Implication de la spécialité de Médecine Physique et de Réadaptation 5.1 Prise en charge diagnostique des dysraphismes fermés . . . . . . . . . . . . . . . viii 39 39 5.2 5.3 Prise en charge thérapeutique des dysraphismes fermés . . . . . . . . . . . . . . . 40 5.2.1 Prise en charge neuro-urologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 5.2.2 Prise en charge intestinale et sphinctérienne . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 5.2.3 Prise en charge orthopédique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 5.2.4 Prise en charge de réadaptation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 Formalisation de la transition et du transfert du suivi pédiatrique vers le suivi adulte 42 Conclusion 45 Bibliographie et références internet 46 ix Introduction 1.1 Embryologie Au cours de l’embryogénèse, le Système Nerveux Central (SNC, ci-après) se constitue à partir de la 2ème semaine de vie intra-utérine [48][1]. Ce sont des anomalies du développement apparaissant lors de ces étapes précoces qui engendrent les dysraphismes vertébro-médullaires. Le terme de dysraphismes regroupe un large spectre de malformations de la moelle épinière pouvant intéresser les méninges, les vertèbres jusqu’à la peau. Au travers des étapes du développement, nous allons expliquer les hypothèses étiologiques et les différents types de dysraphismes médullaires (voir figure 1.8). 1.1.1 La gastrulation L’embryon est initialement formé d’un disque bilamaire. A partir du 14ème jour, un troisième type de cellules se met en place pour former les trois tissus initiaux : l’endoderme, le mésoderme et l’ectoderme. Par le phénomène d’induction neurale, l’ectoderme s’épaissit et se concentre sur la ligne médiane de l’embryon. De manière concomitante se crée le processus notochordal sous l’induction du mésoblaste axial. Une anomalie lors du déroulement de la gastrulation entraîne de manière systématique une malformation touchant les trois couches de cellules, ayant pour conséquence des anomalies squelettiques. Il existe deux malformations principales sont rapportées à une anomalie du déroulement de ce stade embryologique. Les premières malformations pouvant apparaître sont les kystes neurentériques et les diastématomyélies. Le kyste neurentérique Le kyste neurentérique se caractérise par une formation kystique intradurale et extra-médullaire [43], qui peut être retrouvée sur l’ensemble du trajet du canal neurentérique. Ce canal longitudinal, apparaissant entre le 17ème et 19ème jour, fusionne en ventral avec l’endoblaste et constitue en dorsal la plaque chordale. Les kystes neurentériques sont plus fréquents en topographie dorsale. La symptomatologie clinique peut se composer d’une anomalie cutanée, de malformations vertébrales, d’épisodes aigus de compression médullaire et d’infections du SNC. Le traitement de cette malformation est chirurgical avec pour objectif une exérèse complète afin d’éliminer le risque de récidive qui existe plusieurs années après. Les diastématomyélies Le deuxième type d’anomalie pouvant apparaître au cours de la gastrulation est une diastématomyélie, aussi appelé le syndrome de moelle double ou split 1 notocord syndrome. Cette malformation correspond à une division longitudinale de la moelle épinière en deux hémi-moelles symétriques ou non [37]. La localisation la plus fréquente de cette division est au niveau de la charnière dorsolombaire, néanmoins elle peut se rencontrer sur tous les segments rachidiens. La classification établie par Pang [37] distingue deux formes de diastématomyélie. La diastématomyélie de type I se caractérise par la présence d’un éperon ostéocartilagineux extradural qui sépare les deux hémi-moelles. Cet éperon doit être réséqué chirurgicalement en préventif d’une atteinte neurologique par lésion médullaire. Dans le cadre d’une diastématomyélie de type II, la séparation des deux hémi-moelles est absente ou constituée d’une cloison fibreuse intra-durale souple. Aucune intervention préventive n’est alors nécessaire. Le stigmate cutané caractéristique de la diastématomyélie, quel qu’en soit le type, est une hypertrichose très particulière (« queue de faune »). La symptomatologie clinique de cette anomalie varie selon sa topographie. Elle se caractérise le plus souvent par une inégalité de longueur des membres inférieurs, des troubles trophique ou orthopédiques distaux, des troubles vésico-sphinctériens ou des douleurs de type sciatalgie [35]. Figure 1.1 – Coupe sagittale d’une IRM médullaire visualisant les 2 hémi-moelles d’une diastématomyélie. 1.1.2 La fermeture du tube neural Au 19ème jour de formation embryologique apparaît la plaque neurale. Il s’agit du premier élément formant le tube neural, qui lui-même constituera le SNC composé du cerveau et de la moelle épinière. L’apparition de la plaque neurale marque le début de la neurulation primaire, nouvelle étage de la formation du SNC. 2 La neurulation primaire Selon un gradient cranio-caudal s’opère un épaississement médio-sagittal de l’ectoderme. La partie antérieure s’élargit et s’enroule créant ainsi des territoires ventraux de ce qui deviendra le cerveau. La partie caudale reste fine, les bords se surélèvent pour former les bourrelets neuronaux. Ces bourrelets vont s’ourler pour se retrouver sur la ligne médiane et se rejoindre afin de former le tube neural primitif. Ce dernier est à l’origine du cerveau, de la moelle épinière, de la tige pituitaire des motoneurones et du tissu rétinien. La myéloméningocèle Une anomalie dans le déroulement de cette étape peut engendrer une myéloméningocèle. Il s’agit d’un dysraphisme vertébral ouvert dû à un défaut de neurectoderme antérieur et postérieur. Associée de manière systématique à une malformation de Chiari de type 2, c’est la forme la plus sévère mais également la plus fréquente des dysraphismes. La prévention pré et post-conceptionnelle par acide folique a permis de diminuer de manière importante sa survenue [60]. Le mécanisme reste toutefois partiellement compris pour le moment [8]. Le traitement chirurgical immédiat en post natal ou en pré natal in utero [17] est la première étape du traitement. La localisation la plus fréquente est lombaire mais peut néanmoins être vue tout le long du rachis [36]. Ces enfants rencontrant cette anomalie sont atteints de troubles cognitifs, de troubles vésicosphinctériens ainsi que de troubles moteurs importants (paraplégie). La disjonction du tube neural Le tube neural alors défini se sépare du tissu cutané, pour devenir plus profond et s’individualiser. Une disjonction incomplète du tube neural peut entraîner deux malformations : (i) le sinus dermique et (ii) le Limited Dorsal Myeloschisis (LDM). Une disjonction prématurée du tube neural conduit au lipome dorsal du cône médullaire. Le sinus dermique La première malformation, faisant suite à une disjonction incomplète, est caractérisée par un pertuis cutané rentrant en communication avec le SNC. Il peut être visible ou doit être suspecté devant des stigmates cutanés de dysraphismes, un écoulement de Liquide Céphalo-Raphidien (LCR) ou des infections du SNC. Le diagnostic différentiel de cette anomalie est une fossette sacro-coccygienne [28]. 3 Figure 1.2 – Coupe sagittale d’une IRM médullaire avec visualisation d’un sinus dermique en région sacrée. Le Limited Dorsal Myeloschisis (LDM) Le LDM est une entité qui a longtemps été confondue avec une myéloméningocèle et qui est plus récemment décrite [51], [39]. En effet, les formes sacculaires de LDM se présentent avec une poche de liquide le long du raphé médian. Au contraire des myéloméningocèles, les malformations cérébrales sont exceptionnelles, l’ouverture sur la moelle épinière est minime, et le pronostic est bon avec une prise en charge neurochirurgicale précoce. Le diagnostic se fait par imagerie (IRM) où la moelle épinière est de constitution normale avec de manière systématique l’existence d’un tractus fibreux « stalk » : reliquat du neurectoderme disjoint de manière incomplète. De plus, les stigmates cutanés sont minimes, la peau revêtant la malformation étant normale et les malformations vertébrales discrètes avec des lames postérieures convergentes [40]. 4 Figure 1.3 – Coupe sagittale d’une IRM médullaire visualisant un limited dorsal myeloschisis en région cervicothoracique. Le lipome du cône médullaire dorsal La troisième malformation qui peut découler d’une disjonction prématurée du tube neural est celle qui atteint certains des patients de cette cohorte. Il s’agit d’une inclusion de mésoderme au sein du tube neural, en postérieur de la plaque neurale [34]. Le mésoderme se transforme en une malformation majoritairement composée d’adipocytes dans laquelle nous pouvons retrouver d’autres inclusions mésodermiques. Cette hypothèse embryologique n’est envisageable que pour les lipomes du cône situés en position postérieure. Les lipomes en position caudale ou transitionnelle sembleraient provenir d’une 5 anomalie de la neurulation secondaire. Les lipomes du cône médullaire sont parmi les dysraphismes fermés (ou occultes) les plus fréquents. Prévoir leur évolution naturelle est encore difficile, les symptômes les plus fréquemment retrouvés sont des stigmates cutanés, des troubles vésico-sphinctériens ou encore des troubles neuro-orthopédiques distaux. La prise en charge neurochirurgicale de cette malformation est actuellement discutée [15][61][53]. Figure 1.4 – Coupe sagittale d’une IRM médullaire avec visualisation d’un lipome du cône médullaire en région sacrée. 1.1.3 La neurulation secondaire A partir de la 4ème semaine de formation, le tube neural se referme. La neurulation secondaire concerne la fermeture de la partie caudale du tube neural. L’éminence caudale se creuse d’une lumière avant de rejoindre le canal neural pour fusionner. La neurulation secondaire est une étape complexe dont les anomalies ne sont pas encore entièrement expliquées. Le cône médullaire est issu de la jonction entre l’éminence caudale et le tube neural. La formation du filum terminal et des structures caudales sembleraient être dues à une diminution de la prolifération plutôt qu’à une régression ou dégénérescence de ses cellules. Le lipome du filum terminal Il s’agit du dysraphisme fermé le plus simple. Le filum terminal reste infiltré par la graisse gênant la remontée médullaire. Les symptômes pouvant en résulter sont ceux du syndrome de moelle attachée basse. Ils peuvent comprendre des troubles neuro-orthopédiques distaux n’empêchant pas la marche ainsi que des troubles neurosphinctériens, auxquels peuvent s’ajouter un stigmate cutané. La prise en charge neurochirurgicale prophylactique par section du filum est claire et établie [55]. 6 Figure 1.5 – Coupe sagittale d’une IRM médullaire avec visualisation d’un lipome du filum terminal. Les dysraphismes complexes et syndromiques D’une anomalie de la neurulation secondaire semble découler d’autres malformations plus rares dont l’embryologie et l’origine sont pour l’instant encore moins bien connues. Il est possible de citer parmi ces malformations : les lipomes en position transitionnelle et caudale, les duplications médullaires, ainsi que les formes syndromiques telles que : le syndrome de Currarino qui se définit par une malformation ano-rectale (le plus souvent une sténose ano-rectale), une agénésie sacrée et une masse pré-sacrée (un tératome dans le syndrome de Currarino de type 1, une méningocèle antérieure dans le syndrome de Currarino de type 2 : le plus fréquent) [9]. Peuvent s’y surajouter un lipome (du filum le plus souvent) ou des anomalies vaginales ou utérines chez les filles. Figure 1.6 – Coupe sagittale d’une IRM médullaire d’un patient atteint d’un syndrome de Currarino. Le syndrome de VACTERL (acronyme anglais pour : Vertebral defects, Anal atresia, Cardiac defects, Tracheo-Esophageal fistula, Renal anomalies and Limb abnormalities) qui se caractérise 7 par l’association d’au moins trois anomalies parmi des anomalies vertébrales, une atrésie de l’œsophage, une fistule trachéo-oesophagienne, une malformation rénale et anomalies des membres [50]. Là encore, le lipome du filum est le dysraphisme le plus souvent associé. Le syndrome de régression caudale, bien plus qu’un dysraphisme, ce syndrome résulte d’une anomalie de développement du mésoderme de manière globale au cours de la 4ème semaine de gestation. Il se caractérise par de multiples malformations avec notamment un aspect tronqué du cône médullaire, une agénésie sacrée auxquels s’ajoutent des malformations cardiaques, urologiques et rénales, gastro-intestinales et osseuses (bassin). L’origine semble multifactorielle avec une prévalence augmentée chez les fœtus subissant un diabète gestationnel [23]. Figure 1.7 – Coupe sagittale d’une IRM médullaire d’un patient atteint d’un syndrome de régression caudale. 1.2 Objectifs de la thèse Il existe de nombreux types de dysraphismes médullaires avec des présentations cliniques diverses aux conséquences variées. Le dysraphisme fermé le plus fréquemment retrouvé est le lipome du cône médullaire. La prévalence estimée aux Etats-Unis est de 1 naissance sur 4 000 [5]. Les lipomes du cône médullaire sont une entité complexe regroupant diverses atteintes corrélées à une grande variabilité clinique rendant difficile la prévision de l’évolution de ces enfants. De plus, la prise en charge chirurgicale des lipomes du cône est actuellement controversée, notamment sur l’utilité d’une chirurgie prophylactique de libération médullaire [42], [10]. Ce travail a pour objectifs, de décrire, au travers d’une cohorte de 546 enfants, les symptômes et l’évolution naturelle avec ou sans chirurgie des patients atteints de lipome du cône médullaire et de mettre en évidence certains facteurs pronostiques. 8 Embryologie de la moelle épinière Fermeture du tube neural Gastrulation Disque Trilaminaire Neurulation Primaire Kyste neurentérique Diastématomyélies Myéloméningocèle Neurulation secondaire Disjonction du tube neural Partie terminale de la moelle épinière Disjonction incomplète Disjonction prématurée Sinus Dermique Limited Dorsal Myeloschisis (LDM) Lipome du cône médullaire dorsal Lipome du filum Lipome transitionnel ou caudal Formes syndromiques Régression caudale Figure 1.8 – Schéma récapitulatif de l’embryologie des dysraphismes médullaires. 9 10 Description de la cohorte 2.1 Type d’étude Il s’agit d’une étude initialement rétrospective, prospective depuis 1995 et multicentrique. Le recueil de données a été effectué de manière conjointe dans le Service de neurochirurgie de l’Hôpital Necker Enfants Malades (Paris) et le Service de médecine physique et de réadaptation fonctionnelle pédiatrique de l’Hôpital Armand Trousseau (Paris). Les informations ont été recueillies à partir des dossiers de tous les patients suivis par les deux services cités ci-dessus entre septembre 1970 et mai 2013. Cette étude fait directement suite à une première cohorte publiée en 1995 [42]. Le recrutement a donc principalement eu lieu en région Ile-de-France. L’équipe neurochirurgicale référente a initialement travaillé à l’Hôpital de Bicêtre et à l’Hôpital Necker Enfants Malades jusqu’en 1995, date de la fusion de ces deux services à l’Hôpital Necker Enfants Malades. La base de données répertorie de nombreuses variables dont l’identité du patient, le sexe, la date de naissance, l’examen neurologique initial fait par un médecin habitué aux pathologies médullaires (neurochirurgien ou médecin de médecine physique et de réadaptation), les données des examens complémentaires pré et post-opératoires, le score évaluant l’évolution neurologique, les constatations peropératoires. 2.2 Description générale de la population Au cours de ces 43 années, 546 patients avec un lipome du cône médullaire ont été recrutés. Les critères d’inclusion étaient : la présence d’un lipome du cône médullaire vu par imagerie (IRM) et confirmé au cours de l’intervention neurochirurgicale si elle a eu lieu, et que le suivi soit effectué par les deux services suscités. 2.2.1 Sous-groupes de population Cette cohorte a été débutée en 1970. A l’époque, il était convenu que tout lipome du cône médullaire devait être réséqué [22] [58] [45] [59]. En effet, l’hypothèse était que toute personne avec un lipome du cône médullaire deviendrait symptomatique de cette malformation et la résection du lipome avait pour but de prévenir ou stopper cette évolution défavorable si les symptômes avaient débuté au préalable. C’est à partir de 1995, que l’équipe chirurgicale en charge de cette cohorte décide de n’opérer que les patients devenus symptomatiques de cette malformation médullaire. Cette décision est 11 prise sur les hypothèses [32] [52] [27] qu’une partie de la population atteinte de cette malformation restera asymptomatique, et que l’intervention chirurgicale en elle-même peut entraîner des déficits neurologiques propres. La stratégie thérapeutique proposée n’a donc pas été uniforme pour tous les patients. Lors de la première consultation, un examen neurologique complet a été effectué par un médecin connaissant les spécificités des pathologies médullaires et notamment des dysraphismes (médecin de médecine physique et de réadaptation ou neurochirurgien). Cet examen définit deux groupes de population : les patients "symptomatiques" présentant des signes neurologiques de leur malformation médullaire et "asymptomatiques" qui au contraire avait un examen neurologique normal. La conclusion de cet examen clinique est renseignée pour 471 enfants soit 86 % de la population générale. Les patients « symptomatiques » Lors de la première consultation des troubles neurologiques ont été observés chez 254 enfants (soit 47 %). Ce groupe a bénéficié d’une prise en charge thérapeutique uniforme quelle que soit l’année de recrutement. En effet, l’existence de signes cliniques neurologiques requiert une intervention neurochirurgicale. De cet échantillon, nous pourrons voir l’évolution des symptômes après la chirurgie. Les patients « asymptomatiques » Le second groupe est constitué des patients dont l’examen clinique neurologique ne reflète pas de lésion neurologique. Ils étaient au nombre de 217 (soit 40 %). Ces patients auront un modèle de prise en charge différent selon leur année d’inclusion. Les patients inclus avant 1995 ont tous été opérés de manière systématique. Les patients recrutés après cette date ont été suivis et l’intervention neurochirurgicale ne leur a été proposée qu’en cas d’apparition de symptômes neurologiques. Les enfants inclus à partir de cette date nous permettent de décrire l’évolution naturelle des patients avec un lipome du cône médullaire et l’avantage de la prise en charge thérapeutique actuelle multidisciplinaire. Ce groupe constitué de 90 enfants (16 %) qui n’ont pas présenté de symptômes jusqu’aux dernières nouvelles sera désigné par le terme d’« asymptomatiques purs », pour les différencier des « asymptomatiques opérés » au nombre de 127 (23 %). Cette classification sera respectée dans la suite du texte et complétée selon les variables étudiées (voir figure 2.11). Les formes syndromiques Comme décrit dans l’introduction, certain dysraphismes fermés peuvent faire partie d’un tableau syndromique. Au sein de cette cohorte très peu de formes syndromiques ont été vues. En effet, il n’est répertorié qu’un seul syndrome de Currarino, et aucun syndrome de VACTERL. Ceci s’explique par la fréquence plus importante des formes syndromiques en présence de lipomes du filum. Or cette cohorte n’inclut que des dysraphismes de type lipome du cône médullaire. En revanche, il est répertorié 79 patients (14 %) avec une agénésie sacrée. 12 2.2.2 Sexe Parmi ces 546 enfants recrutés, les filles en constituent la majorité. En effet, elles représentent 55 % de la population soit 302 versus 244 garçons (45 %). Cette proportion est plus importante encore chez les « asymptomatiques purs », puisqu’il a été dénombré 61 % de filles (n = 55) versus 39 % de garçons (n = 35). 2.2.3 Âge Âge au diagnostic L’âge des enfants au diagnostic est connu pour 435 enfants soit 80 % de la population générale. Plus de la moitié des lipomes du cône est diagnostiquée avant l’âge de 1 an, l’âge médian étant de 142 jours. L’âge minimal de diagnostic est au premier jour de vie et l’âge maximal est de 62,79 ans (voir figure 2.9). Le diagnostic a été effectué à l’âge adulte (> 18 ans) pour 32 patients (6 %). Seuls 33 patients (6 %) ont bénéficié d’un diagnostic anténatal. Dans un esprit de lisibilité, la figure 2.9 ne représente la répartition de l’âge au diagnostic que pour les personnes de moins de 30 ans. Au-delà de cet âge, treize patients ont été diagnostiqués. 160 140 120 100 80 60 40 20 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 Figure 2.9 – Répartition de l’âge de diagnostic Il faut noter que 94 enfants (17 %) ne présentent pas de stigmate cutané (cf. chapitre 3.1). Au sein de cet échantillon, le diagnostic a été fait en moyenne plus tardivement : 6,43 ans versus 4,41 ans. Bien que l’âge médian soit identique (142 jours). De plus, aucun diagnostic anténatal n’a été fait. Âge d’apparition des premiers symptômes Plus de la majorité des enfants a présenté leurs premiers symptômes avant l’âge de 5 ans. Puis il existe une décroissance de l’apparition des symptômes jusqu’à l’âge adulte (voir figure 2.10). Au sein de la population n’ayant pas de stigmate cutané, l’apparition des premiers symptômes a également été plus tardif avec une découverte en moyenne à l’âge de 5,75 ans. 13 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 Figure 2.10 – Répartition de l’âge d’apparition des premiers symptômes 2.2.4 Recul La durée du suivi des enfants, établie de la date du diagnostic à la date des dernières nouvelles, est connue pour 430 enfants soit 79 %. Le recul médian est de 4,84 ans, avec une durée maximale de suivi de 25,96 ans, et un recul minimum de 0 jour (ce qui correspond à une consultation unique). 2.2.5 Intervention chirurgicale Intervention neurochirurgicale Le principe de l’intervention chirurgicale a été la "libération médullaire". Il est basé sur la réduction de taille du lipome, la libération de la moelle et des racines de leurs adhérences et la création d’un environnement dural circonférentiel et étanche. Cette chirurgie a évolué dans le temps dans son principe et sa réalisation. Initialement, elle avait pour objectif une simple libération médullaire, la réduction partielle de taille du lipome avait pour objet de permettre une fermeture durale (au besoin à l’aide d’une plastie). Progressivement le concept a évolué vers une exérèse la plus complète du lipome et une plastie d’agrandissement dural. Cette chirurgie "maximaliste" s’est mise en place progressivement et est systématique depuis 2006. Depuis 1998, ces enfants ne sont plus opérés sous monitoring peropératoire, par contre l’utilisation d’un laser diode est systématique pour toutes ces chirurgies depuis 1996. Les agrandissements duraux ont été réalisés à l’aide de matériel autologue ou de plasties synthétiques (plus de dix substituts duraux différents ont été utilisés sans qu’aucun n’ait prouvé une efficacité supérieure aux autres). Le statut opératoire est connu pour 536 patients (98 %). La grande majorité des enfants inclus dans cette cohorte a été opérée soit 409 (76 %). L’intervention neurochirurgicale a principalement eu lieu avant les 6 premières années de vie. En effet, 50 % des enfants ont été opérés avant leurs 2 ans. Au sein du groupe « symptomatiques », 234 enfants ont été opérés soit 92 %. Seulement 20 enfants symptomatiques n’ont pas été opérés. Au sein du groupe « asymptomatiques », 127 patients (59 %) ont bénéficié d’une intervention neurochirurgicale (voir figure 2.11). Le détail de la prise en charge chirurgicale, en fonction de l’année d’inclusion, dans la population « asymptomatique » est précisé sur la figure 2.12. 14 Population Générale (546) Examen neurologique initial (471) Symptomatiques (254) Opérés (234) Asymptomatiques (217) Non opérés (20) Opérés (127) Non opérés (90) Figure 2.11 – Répartition de la population selon la symptomatologie initiale et l’intervention neurochirurgicale Asymptomatiques (217) Prises en charge après 1995 (133) Prises en charge avant 1995 (84) Opérés avant 1995 (84) Asymptomatiques purs (90) Opérés après 1995 (43) Figure 2.12 – Répartition de la population asymptomatique selon la date de prise en charge Interventions chirurgicales orthopédiques et urologiques Au contraire des interventions neurochirurgicales, les interventions d’autre types sont rares. En effet, seuls 17 patients (3 %) ont nécessité une intervention orthopédique. Il s’agissait d’intervention sur les membres inférieurs pour 14 d’entre eux. Seuls 2 patients ont nécessité une intervention rachidienne. De même, les interventions sur l’appareil urinaire sont rares, puisqu’elles ne concernent que 7 patients (1 %). Ces interventions ont consisté en des entéroplasties d’agrandissement pour 4 15 d’entre elles, et 2 cystostomies. Il a pu y être associé des réimplantations urétérales (n = 2) et une néphrectomie. La majorité des enfants de la cohorte ayant été opérés de leur lipome du cône médullaire, sauf indication plus précise, le terme « intervention » décrira une intervention neurochirurgicale de résection du lipome médullaire dans la suite du texte. 2.3 Score fonctionnel Pour évaluer le retentissement fonctionnel de cette malformation, un score a été mis en place. Directement inspiré des scores utilisés pour les descriptions des cohortes précédentes [42] [41], cet outil prend en compte les 4 grands appareils pouvant être affectés : l’appareil moteur, la sensibilité, l’appareil urinaire et intestinal. Les troubles sensitifs et intestinaux sont cotés de 1 à 4, les troubles moteurs et vésicaux de 1 à 5 (voir tableau I). Plus le score est élevé moins le retentissement est important. Il a été défini que les scores globaux (regroupant les 4 critères suscités) compris entre 15 et 18 ne reflètent pas de troubles de la participation, entre 12 et 14 : le handicap est considéré comme mineur et comme majeur pour les scores allant de 4 à 11. Un score spécifiquement adapté aux nouveaux nés et nourrissons a été établi (voir tableau II). Tableau I – Score Fonctionnel chez l’enfant 1 2 3 4 5 Moteur Fauteuil Paraparésie Sensitif Vésical Maux perforants Ampu- Incontinent diurne ou tation nocturne Douleurs Incontinent nocturne Appareillage lourd ou 2 béquilles Appareillage léger ou Troubles sensitifs non distal Pied bot Hypotro- douloureux phie Gène ou fatigue à la Normal marche Normal Sondages intermittents Dysurie Infections Fuites à l’effort Normal Intestinal Incontinent Constipation avec manoeuvres digitales Constipation Normal Tableau II – Score Fonctionnel adapté au nouveau né et nourrisson 1 2 3 Moteur Paraparésie Vésical Incontinent diurne et nocturne Douleurs Intestinal Incontinent Constipation Constipation Pied bot ou Hypotrophie 4 5 Sensitif Normal Dysurie Infections Fuites à l’effort Normal Normal Normal Les patients ont ainsi été évalués lors de chacune de leur consultation avec un membre de l’équipe participant à cette étude. Afin de faire des comparaisons, nous n’avons retenu que les scores obtenus lors de la première et dernière consultations. La comparaison a été faite sur l’évolution du score dans sa globalité et selon les 4 critères parmi certains sous-groupes de population. 16 Résultats 3.1 Anomalies cutanées du raphé médian L’existence d’une anomalie cutanée sur le raphé médian fait partie d’une présentation typique des dysraphismes [19]. De nombreux types d’anomalies sont décrits. Sur 546 enfants, 452 ont une anomalie décrite soit 83 %. Seulement 11 de ces anomalies (1 %) sont décrites comme « NSP » : ne sait pas. Il n’y aurait donc que 83 patients (15 %) sans anomalie cutanée. Les différentes anomalies cutanées rencontrées sont au nombre de 14 (voir tableau III). Afin de décrire l’anomalie cutanée initiale, toutes les associations de terme étaient possibles sans limitation du nombre de termes. Le tableau ci-dessous synthétise les anomalies cutanées constatées dans la population (n = 546) selon leur groupe. La case « isolée » indique le nombre d’enfants ne présentant qu’une seule anomalie cutanée, au contraire de la case « association » qui répertorie chaque anomalie présente dès qu’elles étaient au nombre de 2 ou plus. Par exemple : dans le groupe « symptomatiques purs », 31 enfants se sont présentés avec pour seule anomalie une masse sous-cutanée, et 28 enfants se sont présentés avec une masse sous cutanée et au moins un autre signe cutané. Tableau III – Description des anomalies cutanées du raphé médian Symptomatiques (n=217/254 soit 85.43%) Asymptomatiques purs (n=82/90 soit 91.11%) Isolé (n=103) Association (n=110) Isolé (n=47) Association (n=34) Masse sous-cutanée Angiome Déviation du pli interfessier Sinus dermique Aplasie Queue de faune Ombilication Hyperpilosité Tumeur pédiculée Tache mongoloïde Tache dépigmentée Fossette coccygienne Hémangiome Excroissance cartilagineuse 68 8 6 4 6 3 2 3 1 2 0 0 0 0 79 57 38 17 19 5 29 9 9 0 0 2 0 1 31 8 1 0 0 1 3 0 2 0 0 0 1 0 28 26 12 2 4 1 4 3 4 0 0 0 0 0 Total 103 265 47 84 NSP 4 1 Les fossettes sacro-coccygiennes non à risque de dysraphisme, sont décrites dans la littérature [25][49] [11], comme éloignées de moins de 25 mm de l’anus et de diamètre inférieur à 5 mm, ou associées à d’autres stigmates. Ceci correspond à ce qui est vu dans notre série, car les 2 17 fossettes étaient associées à d’autres signes. De plus, nous remarquons que les patients asymptomatiques purs présentent majoritairement des stigmates cutanés isolés au contraire des patients symptomatiques qui présentent des associations d’anomalies. Comme indiqué ci-dessus, 94 patients ne présentaient pas de stigmate cutané. Ces patients n’avaient pas de symptomatologie ou critère se détachant des autres patients atteints de lipome du cône en dehors de leur âge de diagnostic et de prise en charge plus tardif, probablement du fait de l’absence de stigmate cutané pouvant alerter sur cette malformation. 3.2 Apparition des premiers symptômes Pour les patients qui se sont avérés symptomatiques (lors de la première consultation ou au cours du suivi), nous avons cherché à identifier le mode de décompensation (voir tableau IV). Ainsi, les premiers symptômes dont les patients se sont plaints ont été regroupés par des termes génériques. Ces termes sont au nombre de 6 : génitosphinctérien, intestinal, moteur, sensitif, douleur et trophique. La plainte du patient pouvant être unique ou multiple, les termes pouvaient être associés sans limite de nombre maximum. Il a été recensé 32 combinaisons différentes des premiers symptômes. Tableau IV – Description des premiers symptômes observés selon le sous-groupe de population Symptomatiques opérés (n=187/234, 80%) Symptomatiques non opérés (n=10/20, 50%) Asymptomatiques opérés (n=23/127, 18%) Asymptomatiques pures (n=4/90, 4%) Isolé (n=105) Association (n=82) Isolé (n=7) Association (n=3) Isolé (n=11) Association (n=12) Isolé (n=3) Association (n=1) Génitosphinctérien Moteur Intestinal Douleur Sensitif Trophique 54 36 2 9 2 2 69 64 23 17 32 32 4 2 1 0 0 0 3 1 2 0 0 1 7 3 0 0 0 1 10 9 5 0 3 3 1 0 0 0 0 2 1 1 0 0 0 0 Total 105 3.2.1 7 11 3 Dans la population «symptomatique opérée» (n = 234) Nous connaissons le type de symptômes pour 80 % de ces patients. La grande majorité de ceux-ci a des troubles génito-sphinctériens isolés ou associés (23 % versus 29 %). 3.2.2 Dans la population «symptomatique non opérée» (n = 20) Les symptômes initiaux sont connus pour 10 patients. Les troubles décrits étaient pour la majorité des troubles génito-sphinctériens (n = 4), puis des troubles moteurs (n = 2), ou associant des troubles génito-sphinctériens (n = 3), et un patient a présenté une symptomatologie intestinale seule. 3.2.3 Dans la population «asymptomatique pure» (n = 90) Seuls 4 patients (4 %) ont présenté des plaintes. Il s’agissait pour 2 d’entre eux de troubles trophiques connus depuis la naissance et stables au cours du suivi de respectivement 6 et 9 ans. Les deux autres patients se sont plaints de troubles génito-sphinctériens ou génito-sphinctériens associés à des troubles moteurs qui sont apparus à l’âge de 15 et 12 ans. 18 3.2.4 Dans la population «asymptomatique opérée» (n = 127) Pour ces enfants qui n’avaient pas de troubles à l’examen neurologique initial, les premiers symptômes ne sont rapportés que pour 23 d’entre eux (18 %). La répartition des troubles semble identique à celle de la population symptomatique opérée. 3.2.5 Conclusion sur les premiers symptômes observés Les premiers symptômes apparaissent pour la majorité avant les 5 ans de l’enfant. De plus, de cette description ressort qu’aucun des patients non opérés n’a présenté de douleur ou de troubles sensitifs. En revanche les premiers symptômes décrits sont généralement des troubles génito-sphinctériens puis des troubles moteurs. Il est important de souligner que les troubles moteurs isolés sont relativement peu fréquents. En effet, seuls 41 enfants de cette cohorte (8 %) présentent des troubles moteurs seuls, contre 12 % de troubles génito-sphinctériens. De même, sur la cohorte 182 enfants (33 %) ont des troubles génito-sphinctériens et intestinaux, contre 116 (21 %) avec des troubles moteurs. La population non opérée ne présentant pas de douleurs ou de troubles sensitifs, nous pouvons supposer que les troubles sensitifs (dont la douleur) apparaissent secondairement. La prise en charge chirurgicale intervient probablement le plus souvent avant l’installation de ces symptômes sensitifs. 3.3 Constatations à l’imagerie cérébrale et médullaire Devant toute suspicion clinique de dysraphisme, le diagnostic est confirmé par une imagerie médullaire. L’examen demandé est une échographie les premières semaines de vie puis une IRM médullaire. L’exploration de la moelle épinière dans son entier est intéressante afin d’explorer l’existence ou l’évolutivité d’une syrinx médullaire. Il peut également être demandé de compléter avec une IRM cérébrale afin de diagnostiquer une malformation de Chiari de type I. 3.3.1 Niveau inférieur de la moelle Les moelles épinières avec des malformations de type dysraphisme ont un cône médullaire plus bas que la normale (en-dessous de la vertèbre L2) pour la plupart, avec une attache basse de la moelle. Le niveau inférieur de la moelle est connu pour 344 patients (63 %). Dans la cohorte, 93 % des patients ont une moelle basse (< L2) (voir tableau V). La médiane se situe en regard de la dernière vertèbre lombaire, et, parmi les informations connues, 68 % des cônes médullaires des patients se trouvent entre L5 et S3. Le niveau inférieur de la moelle le plus bas décrit est S5. Nous avons étudié la répartition du niveau du cône médullaire selon la symptomatologie des patients. Il semblerait que dans la population asymptomatique pure le cône médullaire soit globalement plus haut que dans la population symptomatique. En effet, la majorité de ces patients (61 %) a un cône médullaire au-dessus ou en regard de la vertèbre L5, versus 39 % dans la population symptomatique. Dans la population symptomatique 57 % des cônes médullaires se situent entre S1 et S3. 19 Tableau V – Niveau du cône médullaire observé sur l’imagerie pré-opératoire L1 L2 L3 L4 L5 S1 S2 S3 S4 S5 3.3.2 Asymptomatiques pures (n=90) Symptomatiques (n=254) n (66) % cumulés n (192) % cumulés 3 8 9 7 13 14 3 5 2 2 4.55% 16.67% 30.30% 40.91% 60.61% 81.82% 86.36% 93.94% 96.97% 100.00% 1 4 13 20 36 44 34 32 4 4 0.52% 2.60% 9.38% 19.79% 38.54% 61.46% 79.17% 95.83% 97.92% 100.00% Longueur du lipome Les lipomes du cône médullaire peuvent être plus ou moins volumineux. Nous avons regardé leur longueur en comptant le nombre de niveaux vertébraux que chevauchent le lipome. La hauteur des lipomes varie de 1 niveau vertébral jusqu’à 10 niveaux (voir tableau VI). Cette information est connue pour 363 patients (66 %). La longueur moyenne des lipomes chez les sujets asymptomatiques est de : 3,07 niveaux vertébraux contre 3,49 chez les patients symptomatiques. Les lipomes les plus longs (8 niveaux vertébraux et plus) ne sont retrouvés que dans la population opérée. Tableau VI – Longueur du lipome selon la symptomatologie initiale 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 3.3.3 Asymptomatiques pures (n=90) Symptomatiques (n=254) n (58) % n (175) % 6 19 13 13 1 4 2 0 0 0 10.34% 32.76% 22.41% 22.41% 1.72% 6.90% 3.45% 0.00% 0.00% 0.00% 18 44 36 38 15 10 6 5 2 1 10.29% 25.14% 20.57% 21.71% 8.57% 5.71% 3.43% 2.86% 1.14% 0.57% Syrinx médullaires L’exploration de la moelle épinière dans toute sa hauteur permet de repérer les syrinx ou hydromyélie. Grâce à cet examen, une syrinx a été découverte chez 120 patients soit 22 % de la population. Cette proportion est comparable à celle retrouvée dans la population générale Référence. 20 Les syrinx peuvent apparaître tout le long de la moelle épinière. Dans cette cohorte, la grande majorité des syrinx se trouve en position terminale (n = 96, 80 %), la seconde localisation privilégiée est en dorsale (n = 17, 14 %). Nous avons détaillé la localisation des syrinx selon le statut opératoire des patients. Cette répartition semble homogène dans les deux groupes. Tableau VII – Localisation des Syrinx selon le statut opératoire Opérés (n=94) Non Opérés (n=26) Terminale Dorsale Terminale et Dorsale Terminale et Cervicale Terminale, Dorsale et Cervicale Terminale, Dorsale, Cervicale et Bulbaire 78 13 2 0 0 1 18 4 2 1 1 0 Total 94 26 Nous avons également détaillé l’évolution de cette cavité selon les symptômes des patients. Pour la grande majorité des patients suivis, la dimension de la syrinx reste stable au cours des différents contrôles radiologiques. Il nous a principalement paru intéressant d’étudier l’évolution des symptômes en cas d’augmentation de la dimension de la syrinx. Il a été rapporté l’augmentation de la syrinx chez 9 patients. Cinq de ces patients n’ont pas eu d’évolution clinique. Les quatre autres patients ont vu leur score fonctionnel diminué. Il faut préciser que ces 4 patients avaient une symptomatologie clinique évolutive qui a nécessité une intervention neurochirurgicale. 3.3.4 Malformations de Chiari Une malformation de Chiari a été retrouvée chez six patients (soit 1 % sur les 546 enfants, l’information était connue pour 473 d’entre eux). Quatre de ces patients ont subi une opération neurochirurgicale sur leur lipome du cône médullaire (voir tableau VIII). Aucun lien entre malformation de Chiari, syrinx médullaire ou intervention neurochirurgicale ne peut être établi dans cette base de données. Aucun de ces six patients ne s’est montré symptomatique de cette malformation de la charnière cervico-occipitale. Tableau VIII – Répartition des malformations de Chiari 6 malformations de Chiari 2 syrinx pré-opératoires 1 opéré Syrinx identique 3.4 1 non-opéré NSP 1 absence de syrinx 1 opéré NSP 3 NSP 3 opérés 1 apparition de syrinx 2 NSP Constatations peropératoires et complications chirurgicales Les variables suivantes ont été répertoriées à partir des compte-rendu opératoires. Ces descriptions ne concernent donc que la population opérée de cette cohorte (symptomatique ou non). 21 3.4.1 Description des racines nerveuses Afin de spécifier l’atteinte des racines nerveuses due au lipome médullaire, les racines ont été scindées en fonction de leur inclusion dans le lipome médullaire, créant un groupe de racines intra-lipomateuses. Cette scission a été faite sur l’hypothèse d’atteinte plus sévères et plus difficiles à opérer en cas de racines intra-lipomateuses ajouter une référence. Nous avons donc regardé la présence de symptômes en fonction de l’existence de racines intra-lipomateuses. Parmi la population asymptomatique opérée 20 % des patients (n = 26) ont des racines nerveuses intra-lipomateuses versus 29 % (n = 67) des patients symptomatiques opérés. Nous avons également répertorié la présence de malformations des racines nerveuses. Les racines nerveuses dites « courtes » ont été séparées des autres malformations décrites. Les racines nerveuses courtes et malformées sont présentes respectivement chez 14 % (n = 18) et 20 % (n = 26) dans le groupe asymptomatique contre 22 % (n = 52) et 34 % (n = 80) dans le groupe symptomatique. Il semblerait donc que la proportion de racines nerveuses intra-lipomateuses, courtes ou malformées soit plus grande dans le groupe symptomatique qu’asymptomatique. Cela laisse penser que les racines nerveuses de morphologie anormale ou incluses dans le lipome médullaire sont plus déficitaires et entrainent donc plus de déficit et une symptomatologie plus riche. 3.4.2 Description de la libération médullaire peropératoire Le neurochirurgien, à l’issue de la résection du lipome médullaire, décrit dans son compterendu opératoire si la résection a été : totale, subtotale, partielle ou nulle. De même, il précise si la moelle épinière qui pouvait être vue tendue lors des imageries per-opératoires est à l’issue de l’intervention « détendue ». L’intervention neurochirurgicale a pour but de libérer les racines nerveuses du lipome du cône médullaire et de détacher la moelle épinière afin qu’elle soit détendue. Pour étudier le lien qui peut exister entre la qualité d’exérèse et les symptômes, nous avons défini qu’une chirurgie est satisfaisante si, à l’issue de l’intervention, le compte-rendu opératoire précise les deux conditions suivantes : 1. l’exérèse est : totale ou subtotale, 2. la moelle épinière est détendue. C’est seulement si ces 2 conditions sont remplies que la chirurgie est dite satisfaisante. Parmi les 409 enfants opérés de cette cohorte, 206 chirurgies satisfaisantes (50 %) ont été retrouvées (voir tableau IX). Nous avons regardé l’évolution du score fonctionnel en fonction de la qualité de la chirurgie. Tableau IX – Évolution post-opératoire selon la qualité de la libération médullaire Amélioration Chirurgie satisfaisante (206) Chirurgie non satisfaisante (123) Stabilité Détérioration n % n % n % 62 33 30.10% 26.83% 102 43 49.51% 34.96% 42 47 20.39% 38.21% La proportion d’amélioration ainsi que la stabilité des symptômes dans la population avec un résultat chirurgical dit satisfaisant est plus importante que s’il est décrit comme non satisfaisant. 22 Il semblerait donc que la qualité chirurgicale ait un impact sur la récupération ou l’évolutivité post-opératoire. Plus la libération médullaire est complète meilleure semble être l’évolution. 3.4.3 Complications post-opératoires Nous allons voir à présent les complications post-opératoires. Ces complications ont été séparées en 3 groupes : 1. les complications locales, 2. les complications neurologiques, 3. les complications générales. Complications locales et infectieuses Des complications locales et infectieuses peuvent apparaître de manière précoce après la chirurgie. Parmi cette cohorte, 87 complications de ce type sont décrites (voir tableau X). Tableau X – Complications locales et infectieuses Complications locales (n = 86/409, 21 %) Isolée (n = 64) Association (n = 22) Méningocèle Fuite de LCR Infection sous cutanée Problème de cicatrisation Nécrose cutanée Méningite 34 13 6 9 1 1 14 11 12 6 1 1 Total 64 45 Complications neurologiques Lors d’une intervention de résection de lipome du cône médullaire, il peut y arriver qu’il y ait des souffrances des racines nerveuses ou du cône entraînant des signes neurologiques qui n’étaient pas présents en préopératoire. Au sein de cette cohorte, 59 patients (12 %) auraient une complication neurologique à la suite de l’intervention. De plus, ces aggravations semblent plus fréquentes à la suite des interventions où la libération médullaire est non satisfaisante 21 % versus 13 %. Complications générales Une seule complication générale a été relevée au sein de ces patients (soit 0,24 % des opérés, à noter que cette information est connue pour 37 % des opérés). La nature de cette complication n’est pas précisée. Aucun décès ne s’est produit chez ces patients au cours de leur suivi dans cette cohorte. 23 3.4.4 Reprise chirurgicale A l’issue de cette intervention neurochirurgicale, 47 enfants (soit 11 % des patients opérés) ont dû subir une reprise chirurgicale. Une seule étiologie est décrite pour justifier la reprise chirurgicale : la fuite de LCR. Afin de pallier ce problème trois modalités sont décrites : — une reprise de la cicatrice : n = 34 soit 8 %, — une dérivation lombo-péritonéale : n = 5 soit 1 %, — une dérivation externe : n = 1 soit 0,24 %. 3.4.5 Deuxième intervention neurochirurgicale Une seconde intervention neurochirurgicale a été nécessaire chez 2 enfants (soit 0,49 %). L’indication chirurgicale a été posée sur aggravation neurologique avec pour objectif une amélioration de la libération médullaire. 3.5 Evolution post-opératoire Tous les patients de cette cohorte ont bénéficié de la même prise en charge multidisciplinaire, en particulier avec des médecins de médecine physique et de réadaptation et des neurochirurgiens. Afin de connaître les conséquences de cette malformation, nous allons étudier l’évolution du score fonctionnel au cours de la prise en charge et à la date des dernières nouvelles selon les groupes de population (voir tableau XI). 3.5.1 Evolution du score fonctionnel global Dans cette partie, nous étudierons le score fonctionnel global. Celui-ci permet de refléter les restrictions d’activités imputables à cette pathologie. Pour rappel un score supérieur ou égal à 15 : reflète une vie considérée comme normale, un score entre 14 et 12 montre un handicap mineur, un score inférieur à 12 révèle un handicap significatif. Nous examinerons également l’évolution de ce score entre la première consultation et la date des dernières nouvelles afin d’évaluer l’efficacité de cette prise en charge. Dans la population asymptomatique pure (n = 90) Selon le score fonctionnel utilisé dans l’étude, les enfants asymptomatiques purs restent par définition asymptomatiques (score supérieur ou égal à 15), expliquant l’absence d’intervention chirurgicale. La grande majorité des enfants constituant ce groupe (81 enfants soit 90 %) n’ont pas d’évolution de leur symptomatologie, néanmoins 8 d’entre eux présentent une aggravation de leur score fonctionnel. En effet, la différence entre le score global aux dernières nouvelles et le score global initial (renseignés pour 89 patients soit 99 %) reflète une aggravation à raison de : — perte d’un point : pour 5 patients (4 %), initialement 4 de ces enfants avaient un score final à 18 et 1 à 17. L’évolution défavorable s’est faite par la perte d’un point sur le score vésical (n = 3), moteur (n = 1) ou sensitif (n = 1). 24 Asymptomatiques purs Asymptomatiques opérés Symptomatiques opérés Symptomatiques non opérés Score Final 18 17 16 15 14 13 12 11 10 9 8 7 6 72 11 2 4 - 20 61 7 12 7 6 3 6 4 1 - 7 42 37 38 27 19 21 14 10 4 6 4 3 3 3 3 4 1 3 1 1 1 - Variation du Score Tableau XI – Évolution du score fonctionnel 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 -1 -2 -3 -4 -5 -6 -7 -8 -14 -15 81 5 1 2 - 1 1 3 3 77 6 12 4 3 5 4 2 3 - 1 1 1 2 5 10 19 26 34 77 29 10 6 6 1 2 2 1 1 1 1 1 16 1 - 25 Asymptomatiques opérés Asymptomatiques opérés avant 1995 Asymptomatiques opérés après 1995 Score Final 18 17 16 15 14 13 12 11 10 9 20 61 7 12 7 6 3 6 4 1 2 56 4 7 2 1 3 5 3 1 18 5 3 5 5 5 1 1 - Variation du Score Tableau XII – Évolution du score fonctionnel chez les patients asymptomatiques opérés 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 -1 -2 -3 -4 -5 -6 -7 -8 1 1 3 3 77 6 12 4 3 5 4 2 3 2 1 57 2 8 1 3 1 4 2 2 1 1 1 2 20 4 4 3 4 1 26 — perte de 2 points : pour 1 enfant (1 %), initialement à 17 perte d’un point sur le moteur et l’intestinal, perte de 3 points : pour 2 enfants (2 %), initialement tous les 2 à 18 pour 1 enfant perte de 3 points sur le score intestinal, pour le 2ème enfant perte d’1 point en vésical, moteur et sensitif. Dans la population asymptomatique opérée (n = 127) La majorité de ces patients a un score fonctionnel reflétant une vie considérée comme normale (n = 100, 79 %). L’évolution du score révèle une stabilité pour 60,63 % d’entre eux, une amélioration pour 4,72 % et une dégradation du score fonctionnel pour 30,71 % (voir tableau XII). Parmi les enfants ayant subi une dégradation neurologique, 23 ont été opérés avant 1995 contre 13 après 1995. Il existe notamment 11 enfants qui vivent avec un handicap significatif (score inférieur à 12). Dix de ses enfants ont été opérés avant 2004, or c’est à cette époque que les techniques chirurgicales ont évolué imposant une résection la plus complète possible. L’enfant opéré après 2004 et ayant connu une aggravation de son score présentait un lipome du cône dit « chaotique » avec une exérèse difficile et une chirurgie dite non satisfaisante. Dans la population symptomatique opérée (n = 234) Parmi les 234 enfants symptomatiques opérés, 58 (soit 25 %) ont un score fonctionnel aux dernières nouvelles inférieur à leur score initial. Cette détérioration neurologique peut être due à l’évolution de la pathologie avec une poursuite des déficits neurologiques propres, ainsi qu’à des complications neurologiques liées à la chirurgie. Dans la population symptomatique non opérée (n = 20) Au sein de la population symptomatique non opérée, il n’a été noté aucune dégradation neurologique. D’ailleurs 19 enfants parmi ces 20 ont vu leur retentissement fonctionnel diminué au cours de la prise en charge, notamment en médecine physique et de réadaptation. 3.5.2 Score fonctionnel par symptôme à la date des dernières nouvelles Dans la population symptomatique opérée (n = 234) Pour les patients vus avec des troubles neurologiques lors de la première consultation, la prise en charge proposée a été uniforme avec intervention neurochirurgicale et suivi en médecine physique et de réadaptation. A travers ces diagrammes circulaires, nous avons voulu établir un état des lieux de leur retentissement fonctionnel à la date des dernières nouvelles. Troubles moteurs Les troubles moteurs sont présents chez 11 % des patients uniquement. Tous les enfants de cette cohorte sont marchant, et seuls 4 % peuvent nécessiter d’un appareil léger ou distal pour leur déambulation. Les personnes présentant un lipome du cône médullaire les troubles moteurs sont rares et peu sévères. 27 7% 4% 5 4 3 89% Figure 3.13 – Score fonctionnel moteur de la population symptomatique, à la date des dernières nouvelles Troubles sensitifs Seuls 8 % des patients souffrent de troubles sensitifs. Néanmoins la moitié d’entre eux se plaignent de douleurs ou de troubles sévères avec un retentissement fonctionnel important. Les déficits sensitifs sont rares mais nécessitent une prise en charge au long cours afin d’en minimiser les conséquences, dont l’amputation. 4% 2% 2% 92% 4 3 2 1 Figure 3.14 – Score fonctionnel sensitif de la population symptomatique, à la date des dernières nouvelles Troubles vésicaux Les troubles vésicaux sphinctériens touchent une plus grande partie de la population. Il y a notamment 5 % soit 13 patients qui présentent une incontinence urinaire. La continence a pu être obtenue pour 23 patients au moyen de sondages vésicaux propres intermittents. Et 20 présentent des troubles au retentissement fonctionnel faible. Presque un quart de cet échantillon souffre de troubles vésico-sphinctérien engageant des soins quotidiens et un handicap majeur pour 36 enfants. Les troubles vésicaux sont les troubles les plus handicapant répertoriés au sein de cette population. 28 8% 9% 2% 3% 5 4 3 2 1 78% Figure 3.15 – Score fonctionnel vésical de la population symptomatique, à la date des dernières nouvelles Troubles intestinaux La moitié des enfants souffre de troubles intestinaux à type de constipation, dont 4 % de manière sévère, mais aussi d’incontinence fécale pour 4 % d’entre eux. Cette incontinence a un retentissement social majeur dès l’âge de la propreté atteint. Les troubles intestinaux sont donc les symptômes les plus fréquents retrouvés chez ces enfants. 4% 42% 4% 4 3 2 1 50% Figure 3.16 – Score fonctionnel intestinal de la population symptomatique, à la date des dernières nouvelles Dans la population asymptomatique opérée après 1995 (n = 43) Nous avons voulu établir le même état des lieux pour les patients suivis plus précocement par l’équipe donc ne présentant pas de symptômes initialement. Afin que la prise en charge soit uniforme, nous avons sélectionné les patients ne présentant pas de symptômes initialement suivis après 1995, qui n’ont donc été opérés que devant une aggravation neurologique. Troubles moteurs Les troubles moteurs sont présents chez 21 % des patients uniquement. Seuls 2 % peuvent nécessiter d’un appareil léger ou distal comme aide à la marche. Ces enfants présentent des troubles moteurs de manière rare et peu sévère. 29 19% 2% 5 4 3 79% Figure 3.17 – Score fonctionnel moteur de la population asymptomatique opérée après 1995, à la date des dernières nouvelles Troubles sensitifs Seuls 7 % des patients souffrent de troubles sensitifs mais il s’agit pour tous de troubles avec un retentissement important, à savoir des douleurs ou des maux perforants plantaires. Les déficits sensitifs sont rares mais généralement lourds. 93% 2% 4 5% 2 1 Figure 3.18 – Score fonctionnel sensitif de la population asymptomatique opérée après 1995, à la date des dernières nouvelles Troubles vésicaux Les troubles vésicaux sphinctériens touchent presque la moitié de cette population. Il y a notamment 10 % qui présentent une incontinence urinaire. La continence a pu être obtenue pour 28 % des patients au moyen de sondages vésicaux propres intermittents. Et 11 % présentent des troubles au retentissement fonctionnel faible. Les troubles vésicaux sont les troubles les plus handicapant répertoriés au sein de cette population. 30 28% 11% 5 5% 5% 4 3 2 1 51% Figure 3.19 – Score fonctionnel vésical de la population asymptomatique opérée après 1995, à la date des dernières nouvelles Troubles intestinaux Au sein de cet échantillon, 91 % des patients n’ont pas de troubles intestinaux ou une constipation modérée. Mais les 9 % restant souffrent d’incontinence fécale. Cette incontinence a un retentissement social majeur dès l’âge de la propreté atteint. Les troubles intestinaux sont dans cet échantillon rares mais avec un retentissement sévère. 30% 9% 4 3 1 61% Figure 3.20 – Score fonctionnel intestinal de la population asymptomatique opérée après 1995, à la date des dernières nouvelles 31 32 Discussion 4.1 Comparaison à la cohorte de lipome médullaire de 1997 Ce travail fait directement suite à une précédente étude [41] écrite par la même équipe neurochirurgicale encadrant ce travail. Dans cette étude publiée en 1997, la population décrite était composée de 253 enfants atteints de lipome du cône médullaire et 38 enfants atteints de lipome du filum terminal, tous opérés entre 1972 et 1994. La cohorte actuelle est donc composée d’une partie de ces premiers patients. La principale différence entre ces deux études est l’attitude chirurgicale qui n’est plus devenue systématique pour les patients asymptomatiques. Nous allons comparer ici les résultats des deux cohortes. 4.1.1 Sexe Dans l’étude datant de 1997, il existait une prépondérance féminine avec un ratio de 1,6/1 parmi les patients atteints de lipome du cône et du filum de manière confondue. Cette prépondérance existe également dans la cohorte actuelle mais de manière moins marquée avec un ratio à 1,24/1. 4.1.2 Âge En 1997, l’âge moyen de diagnostic était de 6,4 ans. Néanmoins, le diagnostic a été fait de manière plus précoce lors des quatre dernières années de l’étude durant lesquelles l’âge moyen était de 9 mois. Cette tendance à un diagnostic plus rapide s’est confirmée dans cette étude avec un âge de diagnostic médian de 142 jours (soit entre 4 et 5 mois) et un âge moyen de 4,01 ans. De même la proportion de diagnostic anténatal a augmenté : 2 % versus 6 %, très certainement par l’amélioration des techniques d’imagerie fœtale au cours des années, notamment échographiques. L’hypothèse que les anomalies cutanées permettent un diagnostic plus rapide était déjà rapportée dans l’étude précédente et se confirme actuellement. L’âge des premiers symptômes semble quant à lui relativement stable avec une première description des déficits à l’âge de 5 ans en moyenne versus 4,22 ans sur la cohorte actuelle. 4.1.3 Les formes syndromiques Dans la cohorte initiale, seize syndromes de Currarino étaient décrits. Dans l’étude actuelle un seul a été répertorié. Il est possible que ces syndromes précédemment décrits n’étaient pas 33 associés à des lipomes du cône médullaire mais de manière préférentielle à des lipomes du filum. En effet, l’association avec les filums lipomateux est bien plus fréquente qu’avec les lipomes du cône [55]. La proportion d’agénésie sacrée était également plus importante qu’à l’heure actuelle (20 % versus 14 %). 4.1.4 Symptomatologie La présence d’un stigmate cutané de dysraphisme est un signe qui semble stable au cours des années (89 % versus 83 %), avec comme anomalie la plus fréquente une masse sous-cutanée. La proportion de patients symptomatiques lors de la première consultation semble diminuer avec respectivement 57 % et 47 %, ce qui peut être expliqué par un diagnostic plus précoce. En effet, l’examen neurologique chez le nourrisson ou le très jeune enfant ne permet pas parfois de dépister des signes cliniques discrets tels que des déficits moteurs ou sensitifs localisés ou des troubles vésico-sphinctériens avant l’âge de l’acquisition de la propreté. Néanmoins, la présentation clinique rapportée dans ces deux études est très proche. En effet, les troubles les plus souvent retrouvés dans la cohorte initiale sont des troubles sphinctériens (42 %) et majoritairement urinaires (57 %). Des troubles moteurs étaient retrouvés dans un tiers de la population. En revanche les troubles sensitifs et douloureux étaient plus fréquents car retrouvés respectivement chez 28 % et 13 % de la population contre 6 % et 5 %. L’hypothèse suggérée dans notre étude était que les douleurs et les troubles sensitifs se présentaient secondairement, et qu’une intervention chirurgicale faite suffisamment tôt permettait de les éviter. 4.1.5 Prise en charge neurochirurgicale Dans la première étude, la majorité des patients étaient opérés avant l’âge de 1 an. Par la suite, du fait de la décision d’intervention uniquement si les symptômes apparaissaient, l’âge moyen de l’intervention s’est vue reculé à 5,97 ans avec un âge médian à 617 jours. Les complications locales décrites sont identiques dans les 2 études. De même, aucune mortalité n’est à constater dans l’une ou l’autre. Les détériorations neurologiques au long cours étaient plus fréquentes dans la cohorte initiale. En effet, les patients symptomatiques ont vu leur examen neurologique se dégrader pour 33 % en 1995 d’entre eux contre 25 % actuellement, et pour les patients asymptomatiques initialement : 47 % contre 31 % respectivement. Il s’avère que parmi les 39 patients opérés sans symptôme initialement décrit qui ont connu une aggravation neurologique, 15 ont été opérés avant 1995 et sans apparition de symptômes. Ces 15 patients (soit 18 % de la population asymptomatique opérée avant 1995) ont donc eu leur examen neurologique dégradé à la suite de la chirurgie. Les 24 autres patients ont été opéré après 1995 et ont déclaré de nouveaux symptômes avant la chirurgie pour 15 d’entre eux. 34 4.2 Evolution naturelle d’un lipome du cône médullaire A partir de la population asymptomatique suivie à partir de 1995, nous pouvons établir le profil évolutif des lipomes du cône médullaire. En effet, parmi ces 134 patients suivis avant l’apparition de symptômes par cette équipe multidisciplinaire seuls 44 patients (33 %) ont été opérés. Cette opération a eu lieu sur une apparition de symptômes neurologiques uniquement, puisque la stratégie conservative était déjà mise en place. Ainsi 67 % de ces enfants restent asymptomatiques sur une durée de recul moyenne de : 6,69 ans et une durée maximale de 25 ans (suivi initié par l’équipe de référence après 1995). L’âge moyen d’apparition des premiers symptômes étant de 5 ans, il est probable que la majorité de ces enfants ne deviennent jamais symptomatiques de leur malformation médullaire. Néanmoins, cette hypothèse devra être confirmée en poursuivant le suivi de ces enfants au long cours. Il est relaté dans la littérature des découvertes de lipomes du cône médullaire à l’âge adulte [31] [21]. Il faut également préciser, comme dit précédemment que le nombre d’enfants asymptomatiques et restant asymptomatiques est très probablement sous-estimé, car le suivi en Médecine Physique et de Réadaptation n’étant pas toujours nécessaire, tous les enfants n’ont pas été inclus dans cette cohorte. 4.3 Facteurs pronostiques Au travers de cette étude, au-delà de décrire l’évolution des patients atteints de lipome du cône médullaire, nous avons cherché à identifier des facteurs pronostiques s’il en existe. 4.3.1 Le niveau inférieur de la moelle Comme relaté ci-dessus, la grande majorité des patients a un moelle épinière définie comme basse (inférieure à L2). De plus, la majorité des patients symptomatiques a un cône médullaire en regard du sacrum, au contraire des patients asymptomatiques. Ce facteur pronostique a également été étudié au sein d’une cohorte de lipome du filum terminale [55]. Dans cette étude, aucune corrélation entre les symptômes et le niveau inférieur de la moelle n’avait été retrouvée. Il pourrait donc s’agir d’un aspect spécifique des lipomes du cône médullaire. 4.3.2 La longueur du lipome du cône médullaire Lors de la description des résultats, il a été noté que plus les lipomes avaient une longueur importante plus ils semblaient être symptomatiques. Aucune autre étude ne reprend ce critère, ce qui ne nous permet pas de l’étayer. 4.3.3 La libération médullaire Dans cette cohorte, les enfants ne déclarant pas d’aggravation postopératoire auraient généralement une meilleure libération médullaire décrite en peropératoire. Cette libération médullaire 35 est ici définie par une résection totale ou subtotale du lipome et une moelle épinière détendue. Dans les études récentes apparaît un facteur pronostique important qui est le ratio du diamètre entre le moignon médullaire et le sac dural [53] [10] [38]. En effet, plus ce ratio serait petit (notamment si < 30 %) et donc la résection la plus complète possible plus l’évolution neurologique au long cours serait favorable. Dans cette optique, l’étude la plus récente viendrait même à encourager une absence de chirurgie si la résection ne peut pas être totale ou subtotale [38]. 4.4 4.4.1 Indication de l’intervention neurochirurgicale Dans la littérature Les dysraphismes de type lipome du cône médullaire ont initialement été considérés comme voués à devenir symptomatiques, l’indication neurochirurgicale était donc posée rapidement après le diagnostic. Cette attitude reste la règle appliquée pour les patients avec des symptômes évolutifs. Mais c’est en 1995, lors de l’analyse de la cohorte précédente qu’est remis en cause ce principe de chirurgie prophylactique [41]. C’est cette stratégie thérapeutique, de surveillance chez les patients asymptomatiques, qui est mise en place dans cette étude à partir de l’année 1995. Cette attitude a donné lieu à une seconde publication de l’équipe neurochirurgicale [26]. Les résultats incitent à poursuivre cette stratégie conservative. En effet, le suivi de patients atteints de lipome du cône montre que seuls 20 % s’aggravent à 3 ans, et 33 % à 9 ans. De plus, les conclusions de cette étude sont confirmées par l’équipe britannique neurochirurgicale de référence dans cette pathologie [62] (aggravation de 18 % à 2 ans et 40 % à 10 ans). Cette attitude de surveillance rapprochée devant servir à ne poser l’indication de la chirurgie uniquement aux enfants symptomatiques révèle des difficultés. En effet, cette stratégie nécessite un suivi rapproché régulier avec un examen neurologique complet. Outre la fréquence de cette surveillance, l’examen doit être fait par des personnes expérimentées et habituées à ce type de pathologie médullaire dont les signes peuvent être discrets et difficilement détectables particulièrement chez le nourrisson ou chez le jeune enfant, avec une coopération limitée lors de l’examen médical. De plus, aucun score, qui permettre d’uniformiser la prise en charge de ces enfants, n’est pour le moment universellement admis. Une revue de la littérature a récemment été faite afin de répertorier les scores existants et d’en proposer un [33]. Le développement d’une surveillance standardisée permettrait aussi une comparaison plus aisée des différentes études et stratégies thérapeutiques. D’autre part, l’étude actuelle ne permet pas de conclure quant à cette stratégie thérapeutique. Au sein de cette cohorte existe un biais de recrutement majeur. En effet, les patients inclus devaient être suivis de manière conjointe entre le Service de neurochirurgie de l’hôpital Necker-enfants malades (Paris) et le Service de médecine physique et de réadaptation (MPR) fonctionnelle pédiatrique de l’hôpital Trousseau (Paris). Les enfants asymptomatiques initialement vus par les neurochirurgiens n’ont pas été adressés de manière systématique en consultation de MPR, a fortiori pour les patients restant asymptomatiques. Cette cohorte reflète principalement le parcours et l’évolution d’enfants symptomatiques. Il est important d’ajouter, que cette stratégie conservative n’est pas appliquée par tous et reste discutée. Dans une étude récente [53], le choix est donné aux parents des enfants atteints de lipome du cône médullaire asymptomatiques de choisir la prise en charge entre surveillance avec 36 traitement conservateur ou chirurgie prophylactique. 57 % des patients ont choisi de recourir à l’intervention chirurgicale. L’objectif de cet article était de démontrer l’intérêt de la chirurgie prophylactique afin d’éviter le risque de déficit neurologique grave. Aucune différence significative n’a pu être mise en évidence. Une seconde étude [38] remet également en question cette stratégie, dans laquelle l’auteur prône la chirurgie prophylactique avec résection totale ou subtotale du lipome. 4.4.2 Avec l’attitude chirurgicale mise en place en 1995 Quand nous étudions la population asymptomatique opérée après 1995, nous observons que 37 % de ces patients notent une détérioration de leurs symptômes neurologiques. Malgré cela, 72 % de ces enfants ont, à l’issue du suivi avec un recul moyen de 6,3 années, un score fonctionnel considéré comme normal et seuls 2 (5 %) ont un handicap considéré comme sévère. Les symptômes présentés par les enfants sont rarement des troubles moteurs ou sensitifs. Les problèmes intestinaux sont plus rares que dans la population symptomatique opérée mais 9 % se plaignent d’incontinence fécale. Les symptômes les plus fréquents sont les troubles vésicaux. Un quart de cette population a recours à des sondages intermittents. Cette dernière proportion est plus importante dans ce sous-groupe malgré une prise en charge uniforme avec notamment la même équipe neurochirurgicale et la même équipe de médecine physique et de réadaptation. Il serait pour cela intéressant d’étudier plus précisément les facteurs pronostiques de ces enfants, et notamment la morphologie du lipome. En effet, les 2 patients souffrant d’un retentissement fonctionnel majeur ont une chirurgie dite non satisfaisante. De plus, comparé à la littérature récente [38], le taux de détérioration neurologique dans cette population est plus important que celui rapporté avec une chirurgie faite de manière prophylactique (6 %). A cela, il faut remarquer, que la cohorte ici étudiée est la seule qui relate les troubles intestinaux autre que l’incontinence. En effet, le symptôme "constipation" qui est de loin le plus fréquemment rapporté dans cette cohorte n’est mentionné dans aucune autre étude. La détérioration intestinale est donc probablement sous-estimée dans la littérature. De plus, le Service de médecine physique et de réadaptation prenant en charge ses enfants a une expertise dans les troubles vésico-sphinctériens. Ceux-ci sont donc recherchés de manière systématique et précise. 37 38 Implication de la spécialité de Médecine Physique et de Réadaptation 5.1 Prise en charge diagnostique des dysraphismes fermés Pour la prise en charge des dysraphismes de l’enfant, la place d’une équipe pédiatrique de MPR se détermine en collaboration étroite avec les équipes chirurgicales (neurochirurgie, chirurgie urologique et orthopédique) tant pour l’aspect diagnostique que thérapeutique. Cette collaboration est effective lors de consultations, multidisciplinaires ou non, mais aussi à l’occasion de discussions formalisées médico-chirurgicales pédiatriques et adultes. Les motifs de consultations dans un service de MPR pédiatrique sont divers. Il peut s’agir du suivi d’enfants porteurs de pathologies chroniques dont le diagnostic est établi ou de consultations d’enfants présentant différents symptômes à l’origine d’une situation de handicap dont l’étiologie n’est pas connue. Les symptômes présentés peuvent être d’ordre orthopédique (malposition d’un pied, entorses à répétition, déformation rachidienne), fonctionnel (retard des acquisitions motrices, anomalie de la marche, douleur) ou sphinctérien (retard d’acquisition de la propreté urinaire ou fécale, infections urinaires à répétition). Un médecin de MPR formé à l’ensemble de ces troubles et à la pédiatrie courante pourra, par un examen clinique soigneux comportant un examen neurologique métamérique à orientation médullaire, retrouver une étiologie et proposer une prise en charge adaptée. En pédiatrie, la croissance physique et la maturation neurologique qui nécessitent un suivi particulier, donnent des signes menant au diagnostic. La neuro-orthopédie pédiatrique justifie son existence par le fait que des troubles orthopédiques chez l’enfant peuvent être le reflet de pathologies neurologiques. Un signe orthopédique peut conduire à retrouver une étiologie neurologique cérébrale, médullaire ou neuromusculaire [29]. L’étude de cette cohorte montre que les symptômes les plus fréquemment retrouvés sont discrets et doivent être recherchés systématiquement. Par ordre de fréquence, le premier symptôme est la constipation, puis les troubles urinaires et enfin les troubles orthopédiques souvent discrets. Parmi ces derniers, nous pouvons citer une inégalité de longueur des membres inférieurs de quelques centimètres ou un arrière pied varus à l’origine d’entorses externes de cheville. C’est dans cet intérêt diagnostique qu’un examen complet avec un interrogatoire précis ciblant non seulement la symptomatologie orthopédique mais également vésicale et intestinale est indispensable pour chaque enfant consultant. 39 5.2 Prise en charge thérapeutique des dysraphismes fermés Parmi les symptômes répertoriés dans cette étude, l’équipe de MPR est principalement concernée par trois d’entre eux : les troubles urinaires, intestinaux et orthopédiques. 5.2.1 Prise en charge neuro-urologique L’objectif de la prise en charge neuro-urologique est triple : 1. préserver la fonction rénale (éviter toute dilatation du haut appareil urinaire ou tout épisode infectieux), 2. éviter l’altération de la paroi vésicale qui peut évoluer vers un trouble de la compliance, 3. assurer une continence urinaire socialement acceptable à l’âge habituel de la propreté. Ces trois objectifs sont atteints aux seules conditions d’avoir, de façon précoce et pérenne, un réservoir vésical capacitif et à basse pression (une vessie sans trouble de la compliance, ni hyperactivité) et une vidange vésicale complète, régulière et à basse pression (une vessie contractile avec une bonne synergie vésico-sphinctérienne per mictionnelle). Si toutes ces conditions ne sont pas obtenues de façon spontanée, différents moyens thérapeutiques d’intention progressive sont mis en place. L’hyperactivité vésicale telle que définie par les recommandations de l’International Children’s Continence Society [3] est recherchée au cours d’un bilan urodynamique. Le traitement de première intention est un traitement oral anticholinergique et en deuxième intention, lors d’inefficacité ou d’intolérance des anticholinergiques, par injections intra détrusoriennes de toxine botulique [54] [18]. En troisième intention, après échec des deux précédentes thérapeutiques ou en raison de trouble prédominant de la compliance vésicale, une entéroplastie d’agrandissement vésical est proposée. La vidange vésicale spontanée, quand elle est incomplète ou entraînant une haute pression intra-vésicale par dyssynergie vésico-sphinctérienne conduisant fréquemment à un reflux vésicourétéral, doit être remplacée par une vidange mécanique par sondages urinaires intermittents propres [30]. Les sondages sont effectués par un tiers (les parents ou un IDE) dans un premier temps puis de manière autonome par l’enfant entre 6 et 8 ans [14]. L’intégration du soin dans la vie quotidienne de l’enfant et l’apprentissage du geste technique sont appris au cours de séances d’éducation thérapeutique répétées aussi souvent que nécessaire et comportant un suivi régulier en consultation ou téléphonique. Lors du passage de l’hétéro-sondage à l’auto-sondage de nouvelles séances sont renouvelées chez le grand enfant et l’adolescent. La qualité des séances d’éducation thérapeutique semble être la clé de la réussite du passage de l’adolescent en milieu adulte [2]. 5.2.2 Prise en charge intestinale et sphinctérienne Chez les patients atteints de dysraphisme, les troubles intestinaux sont avant tout liés à la parésie colique responsable d’une stase colique avec encombrement stercoral et incontinence fécale par débordement [4] [56]. Le caractère congénital de ces malformations est à l’origine d’un déficit de la sensation du besoin de défécation qu’il faut prendre en compte lors de l’éducation à la propreté, l’enfant n’ayant aucun signal défécatoire. A la différence des troubles neuro-urologiques, ces troubles neuro-colo-rectaux n’ont pas d’autre retentissement que le confort et l’intégration 40 sociale très étroitement corrélée à la continence fécale en toute circonstance. L’incontinence fécale est un symptôme majeur mais néanmoins peu exploré. Dans la littérature pédiatrique, peu d’études s’y intéressent bien qu’il soit le symptôme le plus fréquemment retrouvé quand il est recherché. L’objectif de cette prise en charge est double : minimiser le risque d’infection urinaire en luttant contre la constipation [7] et assurer une continence fécale par la vidange colo-rectale complète et régulière [20]. Pour atteindre ces objectifs, la constipation doit être mise en évidence par un interrogatoire très dirigé de l’enfant et de sa famille : fréquence et consistance des selles (avec une aide visuelle telle que l’échelle validée de Bristol [47]), difficulté d’émission avec douleur défécatoire, rectorragie, fissure anale, incontinence fécale à l’effort [12]. La continence fécale est primordiale pour l’intégration sociale de ces enfants, tous marchants. Les moyens thérapeutiques à disposition sont des laxatifs [46] qui doivent être pris au long cours et de manière systématique, à associer à des règles hygiéno-diététiques simples, qui seules sont insuffisantes. Ceci a pour but d’optimiser la vidange colo-rectale en évitant toute douleur abdominale ou défécatoire. Si la consistance des selles n’est pas satisfaisante ou s’il existe une encoprésie des lavements évacuateurs sont proposés. Ils permettent d’obtenir une vidange totale au moment désiré afin de garantir une continence durant un ou plusieurs jours. Ces différentes études [57] [24] [20] [6] obtiennent une continence fécale complète dans 69 à 85 % de leur cohorte atteinte de dysraphisme fermé. Tout comme les sondages urinaires intermittents, les lavements pourront être effectués de manière autonome par l’enfant. L’éducation thérapeutique des parents et des enfants est primordiale dans l’adhésion aux soins. Ces thérapeutiques doivent être intégrés progressivement dans la vie quotidienne des familles, sans empêcher une éducation à la propreté à l’âge habituel [44]. 5.2.3 Prise en charge orthopédique Les principaux problèmes orthopédiques concernent les membres inférieurs de façon souvent asymétrique et sont représentés par des inégalités de longueur des membres inférieurs et des déformations des pieds à type de pieds creux varus équin. Les symptômes orthopédiques sont rares et peu invalidants. Tous les enfants de cette cohorte sont marchants et aucun ne nécessite un appareillage lourd de suppléance. Une scoliose d’étiologie neurologique est exceptionnellement retrouvée dans ces atteintes médullaires sacrées. Quelques rares scolioses malformatives avec asymétrie de croissance sont retrouvées. L’atteinte des hanches est également exceptionnelle. Le médecin de MPR a le rôle d’évaluer régulièrement la non évolutivité des symptômes et d’assurer tout au long de la croissance la préservation de la souplesse des articulations concernées par la paralysie musculaire. Le maintien de la souplesse articulaire permet la croissance harmonieuse des pièces osseuses et ainsi limiter leur déformation. Les moyens pour maintenir la souplesse articulaire d’un pied varus équin sont utilisés de façon isolée ou associée : kinésithérapie d’assouplissement associée au moins à une attelle suro-pédieuse nocturne de posture, attelle courte de marche lors d’atteinte paralytique responsable d’un mauvais placement du pied au sol [13], ténotomie chirurgicale lors de rétractions tendineuses irréductibles par les moyens sus cités. Ce suivi en MPR est complémentaire aux suivis ponctuels faits en chirurgie orthopédique pédiatrique. 41 5.2.4 Prise en charge de réadaptation En dehors du suivi médical pur, le médecin spécialiste en MPR a un rôle de coordinateur entre les différents acteurs médicaux, chirurgicaux et socio-éducatifs. Il contribue à l’insertion sociale de ces enfants sous toutes ses formes et en fonction de l’âge. Les exemples sont variés et nombreux : contact avec les médecins de centre de Protection Maternelle et Infantile en vue d’une intégration en crèche pour informer des modalités d’hétéro-sondage urinaires intermittents d’un nourrisson, contact avec les médecins scolaires pour une insertion scolaire optimale en terme d’activités physiques et/ou d’accessibilité des toilettes pour la pratique d’auto-sondages par un enfant de primaire (rédaction d’un Projet d’Accueil Individualisé), établissement d’un dossier à la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) du département visant à faire reconnaître la situation de handicap, contact avec l’enseignant d’Education Physique et Sportive pour signifier les possibilités de l’enfant (rédaction d’un certificat d’aptitude circonstancié lors d’une consultation "sport et handicap" dans le service de MPR), contact avec des soignants paramédicaux (infirmiers ou kinésithérapeutes) pour expliquer les soins prescrits. Le médecin de MPR facilite l’interaction entre les différentes spécialités. Ces interactions se font durant des consultations mais aussi lors de réunions de concertation pluridisciplinaire et des staffs médico-chirurgicaux réguliers associant médecins de pédiatrie et médecins d’adultes. Ainsi, l’organisation des différents intervenants, chirurgiens (neurochirurgie, orthopédique, viscérale) ou paramédicaux peut se faire à bon escient et de manière fluide. Les enfants et leurs familles bénéficient d’un suivi multidisciplinaire au long cours facilité : venues à l’hôpital moins fréquentes, interaction entre les différentes spécialités permettant d’obtenir une réponse complète à des questions. Au sein de cette équipe, le suivi pédiatrique se constitue d’une consultation multidisciplinaire (MPR, neurochirurgie, chirurgie orthopédique et chirurgie viscérale) tous les 6 mois jusqu’à l’âge de la propreté de l’enfant, puis de manière annuelle en cas d’absence d’évolution. Des consultations de MPR sont mises en place de manière plus fréquente suivant l’âge ou la symptomatologie de l’enfant. Ainsi lors de périodes charnières, en pré ou post-opératoires ou lors d’apprentissage à des gestes techniques, l’enfant peut être vue de manière mensuelle. Il en est de même lors de la mise en place d’un traitement au long cours ou afin de suivre un symptôme évolutif. L’adolescence étant une période difficile, il est souvent nécessaire d’alléger la prise en charge afin de ne pas rompre la relation de confiance avec le patient. L’autonomie du jeune adulte à se prendre en charge nous parait très liée à la qualité de l’éducation thérapeutique à la période adolescente. Tout patient est invité à reprendre rapidement contact avec le service en cas d’évènement intercurrent, tel qu’une infection urinaire. 5.3 Formalisation de la transition et du transfert du suivi pédiatrique vers le suivi adulte Au-delà de l’enfance, c’est la vie d’adulte qu’il faut organiser avec un relais de cette prise en charge multidisciplinaire qu’il faut évoquer dès l’adolescence. Les équipes de pédiatrie ont l’obligation légale d’organiser le transfert du suivi pédiatrique de l’adolescent en milieu adulte [2] [16] pour éviter toute rupture de soin et répondre aux demandes du jeune adulte surtout en termes de sexualité et de projet professionnel. Dans notre expérience, ce transfert est effectué avec des équipes d’adultes rompues à la prise en charge des atteintes 42 médullaires à l’occasion de consultation « de passage » réunissant soignants pédiatres et adultes. Lors de ces consultations de transition, le grand adolescent, devenu notre interlocuteur privilégié, reçoit personnellement un résumé de l’ensemble de son dossier pédiatrique et rencontre un travailleur social pour l’informer de ses droits. Il lui est expliqué les modalités du suivi adulte. Le suivi neurochirurgical souvent simple à l’âge adulte est poursuivi par l’équipe pédiatrique [63]. Le suivi orthopédique est généralement non nécessaire, les interventions chirurgicales étant faites au cours de l’enfance. L’équipe MPR d’adultes assurent le suivi génito-sphinctérien indispensable chez les patients symptomatiques, qui est en lien avec une équipe de chirurgie urologique adulte. Les patients asymptomatiques non opérés doivent être suivis au long cours de manière suffisante pour confirmer la non-évolutivité. 43 44 Conclusion Cette étude décrit une cohorte de 546 enfants atteints de lipome du cône médullaire suivis conjointement en neurochirurgie et médecine physique et de réadaptation. Au travers de cette cohorte, nous avons expliqué la symptomatologie précise de ces enfants après une prise en charge neurochirurgicale, dégagé de potentiels facteurs pronostiques, et décrit leur évolution naturelle. Le diagnostic est généralement établi avant les un an du patient, sauf en cas d’absence de stigmate cutané menant à un diagnostic plus tardif. Les premiers symptômes apparaissent le plus souvent avant les 5 ans de l’enfant. Au sein de cette cohorte, 76 % des patients ont subi une intervention neurochirurgicale de libération médullaire. Avant 1995, l’intervention est effectuée de manière systématique dès le diagnostic posé. Les facteurs pronostiques de symptomatologie retrouvés sont : une taille importante du lipome, une moelle épinière particulièrement basse, des malformations radiculaires et une libération chirurgicale médullaire non optimale. A la suite de l’intervention neurochirurgicale, il est répertorié 21 % de complications locales et la nécessité d’une 2nde intervention dans moins de 1 % des cas. De plus, la détérioration neurologique s’est poursuivie chez 12 % des patients opérés. Après 1995, les deux tiers des enfants asymptomatiques à l’initiation du suivi n’ont ni connu de détérioration neurologique ni d’intervention neurochirurgicale. La durée moyenne du suivi est de 6 ans, quant à l’apparition des symptômes elle se fait majoritairement avant les 5 ans de l’enfant. L’hypothèse que ces enfants resteront asymptomatiques peut être évoquée. A partir de cette date, 91 % des patients initialement asymptomatiques (opérés ou non par la suite) sont restés asymptomatiques, 7 % souffrent d’un retentissement mineur de leurs symptômes et 2 % connaissent un retentissement majeur. Cette cohorte confirme les conclusions données que par la première étude publiée en 1995. La prise en charge neurochirurgicale des patients asymptomatiques est toujours controversée. Les facteurs pronostiques cités nécessitent d’être approfondis parmi lesquels la morphologie du lipome et la qualité de sa résection. Les originalités de cette étude sont : le nombre de patients étudiés, il s’agit jusqu’à présent de la plus grande cohorte de lipome du cône médullaire connue, mais également de la seule cohorte prenant en compte les symptômes intestinaux, qui sont les plus souvent rapportés. La fréquence et la gravité des symptômes vésico-sphinctériens soulignent l’importance de la prise en charge de ces patients en médecine physique et de réadaptation. 45 46 Bibliographie et références internet [1] Développement précoce du système nerveux : différenciation du tube neural et des crêtes neurales. http://www.embryology.ch/francais/vcns/tubecrete01.html, 2016. [2] Handicaps moteurs et associés : le passage de l’enfant à l’adulte. enjeux médicaux et médicosociaux dans la période 15-25 ans. http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_1271613/, 2016. [3] Austin, P. F., Bauer, S. B., Bower, W., Chase, J., Franco, I., Hoebeke, P., et al. The standardization of terminology of lower urinary tract function in children and adolescents : update report from the standardization committee of the international children’s continence society. The Journal of urology 191, 6 (2014), 1863–65. [4] Bischoff, A., Levitt, M. A., Bauer, C., Jackson, L., Holder, M., and Peña, A. 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Neurochirurgie 54, 5 (2008), 615–17. 52 Lipome du cône médullaire : une étude de 546 enfants du suivi neurochirurgical à la prise en charge en médecine physique et de réadaptation. L’évolution des symptômes des enfants atteints de lipome du cône médullaire est mal connue. Ce travail a pour objectifs, de décrire les symptômes et l’évolution naturelle avec ou sans chirurgie des patients atteints de cette malformation et de mettre en évidence certains facteurs pronostiques. Les symptômes les plus fréquents sont la constipation et l’encoprésie. Ce sont les troubles vésico-sphinctériens dont le retentissement est le plus important. À la suite de l’intervention neurochirurgicale, la détérioration neurologique s’est poursuivie chez 12 % des patients. Après 1995, 217 enfants asymptomatiques initialement n’ont subi d’intervention neurochirurgicale que si des symptômes apparaissaient. 91 % de ces patients (opérés ou non) sont restés asymptomatiques. Les facteurs pronostiques retrouvés sont : un lipome de taille importante, un cône médullaire particulièrement bas, des malformations radiculaires et un résultat chirurgical insatisfaisant. La fréquence et la gravité des symptômes vésico-sphinctériens soulignent l’importance de la prise en charge de ces patients en médecine physique et de réadaptation. Mots clés : Dysraphisme, lipome du cône médullaire, enfants, médecine physique et de réadaptation, chirurgie prophylactique. Lipoma of the conus : a study about 546 children from the neurosurgical care to a physical and rehabilitation medicine management. For the children with a lipoma of the conus the evolution of the symptoms remains unclear. The aims of this work are to describe the symptoms and the natural history with or without surgery of this malformation and to highlight some prognostic factors. The most frequent symptoms are constipation and faecal incontinence. The bladder dysfunctions are those having the biggest impact on the social life of the children. Following the neurosurgery, the neurologic deterioration has continued for 12 % of the patients. After 1995, 217 children without symptoms at the first consultation went to surgery only if neurological signs appeared. 91 % of those patients (with or without surgery) remained asymptomatic. The prognostic factors we find are : the lipoma size, a very low conus medullaris position, nerve roots malformations and an unsatisfactory outcome surgery. The frequency and the severity of the urinary and bowel dysfunctions alone require a physical and rehabilitation medicine follow-up. Keywords : Dysraphism, lipoma of the conus, children, physical and rehabilitation medicine, prophylactic surgery. Université Paris Descartes Faculté de Médecine Paris Descartes 15, rue de l’Ecole de Médecine 75270 Paris cedex 06