Dirigée par le Pr P. Amarenco Topiramate dans le tremblement essentiel N Le tremblement essentiel (TE) est le trouble du mouvement le plus fréquent. L’efficacité limitée et les effets indésirables du propanolol et de la primidone ont suscité l’intérêt pour d’autres thérapeutiques. Sur la base de l’efficacité anecdotique du topiramate dans cette indication, Ondo et al. ont mené une étude multicentrique en double aveugle versus placebo sur 208 patients atteints de TE modéré à sévère. Le critère principal d’efficacité était l’amélioration du score TRS évaluant la sévérité (amplitude) du TE, l’aptitude du patient à effectuer certaines tâches motrices et le retentissement du handicap estimé par le patient lui-même. La dose cible de topiramate était de 400 mg/j. L’étude a duré 24 semaines et a montré une amélioration significative de l’échelle TRS dans le groupe topiramate (29 % versus 16 %). La fonction et le handicap, en particulier, sont des items qui semblent permettre d’estimer l’efficacité thérapeutique, puisque l’amélioration atteignait le seuil statistique de significativité. La sévérité du tremblement était réduite dans le groupe topiramate, mais de façon non significative. L’amélioration du score TRS survenait dès 4 semaines pour une dose de 100 mg de topiramate. La dose moyenne de topiramate à la fin de l’étude était de 292 mg/j. Des effets indésirables étaient observés dans 31,9 % des cas versus 9,5 % dans le groupe placebo. Il s’agissait essentiellement de paresthésies, de troubles attentionnels, de nausées et de somnolence pour le groupe topiramate. » Commentaire. Le topiramate semble être un traitement efficace et susceptible d’améliorer la fonction et le handicap des patients atteints de TE. Une étude comparative des différents traitements médicamenteux du TE serait intéressante pour évaluer le bénéfice réel de l’utilisation du topiramate par rapport aux autres molécules. Sa relative bonne tolérance et son mécanisme d’action différent devraient permettre de l’associer aux autres traitements dans les cas sévères de TE. S. Cantiniaux, service de neurologie, CHU La Timone, Marseille. » Ondo WG et al. Topiramate in essential tremor. Neurology 2006;66:672-7. Instillation intraputaminale de GDNF dans la maladie de Parkinson N Il n’existe actuellement aucun traitement permettant d’arrêter le processus neurodégénératif de la maladie de Parkinson (MP). Le facteur de croissance dérivé des cellules gliales (GDNF) possède des propriétés neurotrophiques, en particulier sur les neurones dopaminergiques, et, dans une étude pilote, son instillation intraputaminale avait permis une amélioration des signes moteurs chez 5 patients parkinsoniens. Lang et al. ont conduit une étude multicentrique, randomisée, en double aveugle versus placebo visant à évaluer l’efficacité et la tolérance de l’instillation stéréotaxique intraputaminale de GDNF. Trente-quatre patients ayant une MP évoluée ont été randomisés en 2 groupes. Le critère principal d’évaluation était le pourcentage d’amélioration de l’échelle motrice de l’UPDRS en phase off après 6 mois de traitement. La mesure de la fixation en 18F-dopa par PET scan dans le putamen postérieur a également été étudiée au début et à la fin de l’étude. À l’issue de cette étude, aucune différence significative n’a été observée en termes d’efficacité entre les 2 groupes. La procédure a été relativement bien tolérée. Trois patients ont développé des anticorps anti-GDNF. La fixation intraputaminale postérieure de 18Fdopa en PET scan était augmentée de 23 % à la fin de l’étude dans le groupe GDNF, alors qu’elle était diminuée dans le groupe placebo (22 patients étudiés sur 34). » Commentaire. L’instillation intraputaminale de GDNF est bien tolérée, mais ne semble pas confirmer les résultats précédents en termes d’efficacité. L’augmentation de la fixation putaminale de 18F-dopa confirme pourtant l’action locale du GDNF. L’étude était-elle trop courte pour apprécier un effet neuroprotecteur ? Les patients étaient-ils trop sévèrement atteints ? La zone cible putaminale était-elle trop restreinte ? Les anticorps anti-GDNF ont-ils un rôle neutralisant ou un effet pathogène ? Toutes ces interrogations sont autant de points à résoudre avant de décider de l’avenir du GDNF dans la MP. N Les données sur les facteurs environnementaux pouvant favoriser la survenue d’une sclérose latérale amyotrophique (SLA) restent fragiles et controversées (rôle de facteurs traumatiques ?). Cette étude avait pour but de rechercher des facteurs de risque alimentaire. Il s’agit d’une étude cas-témoins qui a inclus 132 patients atteints de SLA et 220 contrôles sains. Les patients répondaient tous aux critères classiques de SLA (critères d’El Escorial). Ils étaient recrutés dans des centres spécialisés dans la SLA aux Pays-Bas. Il était demandé aux patients de rechercher deux sujets contrôles qui ne soient pas leur époux ou épouse. La comparaison des groupes patients et contrôles ne montrait pas de différences pour des facteurs confondants éventuels (sexe, âge, niveau d’éducation, tabac, indice de masse corporelle). Les sujets devaient remplir un questionnaire nutritionnel précis comportant 104 questions. Il avait notamment pour objet de quantifier les apports en graisse en séparant les différents types de lipides (acides gras saturés, mono-insaturés, polyinsaturés, cholestérol). Les apports en glutamate et en plusieurs substances antioxydantes (vitamine E, vitamine C, riboflavine) étaient également évalués. Le résultat est que le risque de développer une SLA apparaît diminué en cas de consommation élevée en acides gras polyinsaturés et en vitamine E (OR identiques de 0,4 ; IC : 0,2 à 0,7 ; p = 0,001), avec un effet synergique des deux substances. Les autres facteurs alimentaires, notamment la prise de glutamate, n’étaient pas impliqués. » Commentaire. Ce travail ne peut bien sûr être comparé aux grandes études épidémiologiques sur l’athérome. On retiendra quand même que les graisses, à condition qu’elles soient polyinsaturées, et la vitamine E pourraient être des facteurs de protection contre la SLA. Bien que l’excitotoxicité joue un rôle dans la pathogénie de la SLA, cette étude renforce l’idée que la consommation de glutamate ne joue aucun rôle. P.F. Pradat, fédération des maladies du système nerveux, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris. SC » Lang AE et al. Randomized controlled trial of intraputamenal glial cell line-derived neurotrophic factor infusion in Parkinson disease. Ann Neurol 2006;59:459-66. La Lettre du Neurologue - Vol. X - n° 7 - septembre 2006 LN7-UNEbis.indd 245 Manger gras pour éviter la SLA Revue de presse R evue de presse » Veldink JH, Kalmijn S, Groeneveld GJ et al. Intake of polyunsaturated fatty acids and vitamin E reduces the risk of developing amyotrophic lateral sclerosis. J Neurol Neurosurg Psychiatry; published online Apr 2006. 245 21/09/06 16:00:11 Revue de presse R evue de presse Retour à la clinique ! Ou le syndrome de Parsonage-Turner “revisité” à partir d’une série de 246 cas N Les Pays-Bas se sont organisés en centre de référence très tôt et l’ensemble du pays adresse les syndromes de Parsonage-Turner au centre de Nijmegen depuis 2000. Cela leur permet de présenter les aspects cliniques, paracliniques et évolutifs de 246 cas, 199 formes idiopathiques et 47 formes familiales héréditaires. L’incidence annuelle est autour de 2 ou 3 pour 100 000. Les critères d’inclusion étaient assez larges, car un tiers des patients présentaient une variation phénotypique (9 cas sans douleur, 8 avec un déficit avant la douleur, 55 avec un territoire d’atteinte non classique comme le plexus lombo-sacré). Une foule d’informations ressort de cette étude, mais si l’on veut retenir les principaux éléments ou les surprises, la douleur reste présente dans 90 % des cas, dont 60 % à prédominance nocturne et bilatérale, asymétrique dans 28,5 %. La douleur peut durer longtemps (21 jours en moyenne), particulièrement chez les hommes. Le traitement le plus efficace de la douleur est l’association anti-inflammatoire non stéroïdien opiacés. La paralysie apparaît entre 24 heures et 2 semaines plus tard, mais dans 27,2 % des cas après 2 semaines. On retrouve tous les territoires, particulièrement le classique plexus brachial supérieur et moyen avec grand dentelé (50 %) ou sans grand dentelé (21 %), mais exceptionnellement le sterno-cléidomastoïdien ou les muscles paravertébraux. L’atrophie apparaît en général autour de la 5e semaine. On peut également noter la fréquence des troubles sensitifs même s’ils restent au second plan (69,2 %) ainsi que des signes dysautonomiques ou vasomoteurs dans 15,4 % des cas, mais jamais de signe de Claude Bernard-Horner. Un facteur favorisant (infection, chirurgie, grossesse, accouchement, etc.) n’est retrouvé que dans 53,2 % des cas, en moyenne dans la semaine précédente. Sur le plan des examens paracliniques, des cas avec enzymes hépatiques élevés ont été relevés ainsi que des anticorps antigangliosides. On note également l’absence de fréquence notable du diabète et la radiographie systématique du thorax retrouve 11 cas d’élévation de la coupole diaphragmatique. En revanche, le liquide céphalo-rachidien (LCR) est peu perturbé (4 cas sur 32) et de même l’IRM du plexus (3 cas sur 50). Un taux très élevé de rechutes est rapporté dans 26 % des cas dont 19 % dans les 2 ans, 246 LN7-UNEbis.indd 246 surtout chez les jeunes. Les séquelles à long terme sont très importantes avec des douleurs et/ou une parésie dans 2/3 des cas après 3 ans, 22,3 % des patients n’ayant pu reprendre leur travail. Quarante et un patients ont été traités en ouvert par corticoïdes en moyenne dans les 10 premiers jours avec une semaine à 1 mg/kg, puis une décroissance par 10 mg en 8 jours avec seulement un temps plus court de récupération du déficit moteur comparativement au groupe non traité. Si l’on compare les formes héréditaires aux formes idiopathiques, elles ont un début plus précoce, un taux de récidive plus élevé (3,5 contre 1,5), une atteinte en dehors du tronc supérieur du plexus plus fréquente et des paralysies et séquelles plus sévères. » Commentaire. Il s’agit de la plus grande série publiée de syndrome de Parsonage-Turner et les lecteurs risquent d’être surpris par une série d’idées reçues battues en brèche. On connaissait déjà bien les formes atypiques (nerf phrénique, nerf interosseux antérieur, nerf récurrent, plexus brachial complet, voire forme beaucoup plus rare au niveau lombo-sacré), ces formes repoussant les limites de ce syndrome surtout caractérisé par une phase algique importante et quasi constante, puis un déficit “en patch” très particulier et distinct. On est cependant impressionné par l’importance des formes familiales, d’une part, et, dans les formes idiopathiques, du nombre d’atteintes bilatérales, de taux de rechutes et de séquelles à long terme. Il y a bien évidemment un effet centre, reconnu par les auteurs, qui conduit à adresser les formes particulières, sévères ou récidivantes plutôt que les formes plus “bénignes” et de bon pronostic. Mais on peut néanmoins se poser la question du nombre fréquent de cas qui ne récupèrent que partiellement avec des conséquences socioprofessionnelles non négligeables. Cela repose la question d’un traitement immunomodulateur (corticoïdes, voire Ig i.v.) précoce, et spécialement en cas de rechute souvent plus facile à repérer. Une étude contrôlée est actuellement en cours aux Pays-Bas avec des corticoïdes contre placebo. Ses résultats seront sûrement très intéressants à découvrir. T. Maisonobe, fédération de neurophysiologie clinique, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris. » Van Alfen N, van Engelen BGM. The clinical spectrum of neuralgic amyotrophy in 246 cases. Brain 2006;129:438-50. Stimulation intrahippocampique : des premiers résultats contrôlés peu encourageants… N Les auteurs rapportent les résultats chez 4 patients de la stimulation chronique de l’hippocampe par électrode intracérébrale. Les 4 patients recrutés souffraient tous d’une épilepsie temporale pharmacorésistante avec sclérose hippocampique gauche (n = 2) ou bilatérale (n = 2) chez qui l’intervention a été récusée du fait du risque mnésique (présence de troubles mnésiques verbaux et visuo-spatiaux). Le schéma expérimental de l’étude était le suivant : – période baseline de 3 mois pour apprécier la fréquence habituelle des crises ; – implantation stéréotaxique d’une électrode intrahippocampique gauche ; – randomisation en double aveugle des patients en 3 périodes de cross-over alternant des périodes d’un mois de stimulation (on) et d’un mois de non-stimulation (off). Les résultats en termes d’efficacité montraient une réduction médiane de 15 % de la fréquence des crises (résultat non significatif par rapport à la baseline). À titre individuel, 3 patients sur 4 ont noté une amélioration de la fréquence de leurs crises avec une prolongation de l’effet chez un patient stimulé pendant 4 ans. Il n’existait pas d’effets indésirables significatifs. » Commentaire. Trouver d’autres solutions pour tenter d’améliorer la fréquence des crises des patients épileptiques pharmacorésistants chez qui la chirurgie est contre-indiquée demeure un enjeu de taille. La stimulation (du nerf vague, des noyaux gris) fait partie de ces solutions alternatives avec des résultats inégaux selon le site d’implantation. Depuis quelques années, se pose la question de la stimulation intracérébrale directe du foyer épileptique avec des premiers résultats encourageants, mais obtenus sur des études en ouvert. La présente étude qui porte sur un tout petit effectif de patients, mais qui a le mérite d’être contrôlée et en double aveugle, apporte des résultats bien peu encourageants vu le coût et la lourdeur de la procédure. Reste à tester la méthode sur de plus grands effectifs… S. Dupont, unité d’épileptologie, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris. » Tellez-Zenteno JF, McLachlan RS. Parrent A, Kubu CS, Wiebe S. Hippocampal electrical stimulation in mesial temporal lobe epilepsy. Neurology 2006;66:1490-4. La Lettre du Neurologue - Vol. X - n° 7 - septembre 2006 21/09/06 16:00:11