La Lettre du Neurologue Nerf & Muscle • Vol. XV - n° 1 - janvier 2011 | 31
IMAGE COMMENTÉE
évocateurs de corps polyglucosans (figures 2 et 3).
Un déficit sévère en enzyme branchante du glycogène
(GBE) est confirmé ainsi que la mutation du gène
GBE1. On conclut donc à une glycogénose de type IV,
dans une forme adulte, de révélation tardive à corps
polyglucosans avec atteinte du système nerveux à la
fois central et périphérique.
Maladies à rechercher devant
une leucoencéphalopathie
associée à une neuropathie
périphérique
1. Xanthomatose cérébro-tendineuse : avec ou sans
xanthomes cliniques mis en évidence, neuropathie
axonale ou démyélinisante, dosage du cholestanol
plasmatique.
2. Déficit en cobalamine C : dosage de l’homocystéi-
némie, acide méthylmalonique.
3. Déficit en MTHFR : dosage de l’homocystéinémie,
acide méthylmalonique.
4. Leucodystrophie métachromatique : dosage de
l’arylsulfatase A leucocytaire.
5. Maladie de Krabbe : dosage de la galacto-cérébro-
sidase leucocytaire.
6. Maladie de Refsum, troubles de la biogenèse
peroxysomale et trouble du métabolisme de l’acide
pristanique : dosage de l’acide phytanique, de l’acide
pristanique et dosage des acides gras à très longues
chaînes.
7. Maladies mitochondriales : MNGIE (neuropathie
démyélinisante, dosage de la thymidine phospho-
rylase), déficit en complexe 1 et syndrome de Kearns-
Sayre (neuropathie axonale).
8. Maladie de Fabry : dosage alpha-galactosidase
leucocytaire.
9. Adrénomyéloneuropathie : dosage des acides gras
à très longues chaînes.
10. Maladie de l’adulte à corps polyglucosans : biopsie
cutanée creux axillaire, dosage de la GBE.
Discussion
L’association d’une neuropathie périphérique et
d’une leucoencéphalopathie doit faire rechercher
en priorité un trouble inné du métabolisme (1, 2),
même lorsque les premiers symptômes sont tardifs,
à l’âge adulte, comme c’est le cas dans notre obser-
vation. Les aspects IRM de la leucoencéphalopathie
sont évocateurs de certaines pathologies (2). Le type
de la neuropathie peut aussi orienter les recherches.
Mais on sait que des neuropathies démyélinisantes
ou axonales ont été décrites dans des xanthoma-
toses cérébro-tendineuses ou des maladies de
Refsum (1). La recherche doit donc être systéma-
tique. Notre observation illustre bien cet aspect,
car les atteintes périphériques dans les maladies
à corps polyglucosans ont d’abord été présentées
comme des atteintes du motoneurone périphérique
(type corne antérieure) [3], avant que l’on s’aper-
çoive de la présence de polyneuropathies axonales
sentivo-motrices plus classiques (4). Cette obser-
vation permet de noter, avec l’évolution, des valeurs
limites démyélinisantes. La notion d’aggravation et
d’évolutivité de la neuropathie est importante à noter
dans ce cas. Cet aspect différencie les neuropathies
métaboliques des autres neuropathies héréditaires,
souvent plus stables, en particulier sur le plan ENMG.
Le spectre clinique des glycogénoses de type IV est
très large, allant de la forme néonatale très grave avec
défaillance hépatique à des formes myopathiques
ou cardiomyopathiques plus tardives jusqu’à des
formes adultes de maladies à corps polyglucosans
ou, comme ici, multisystémiques. Les éléments
d’orientation sont, pour cette dernière forme :
l’origine juive ashkénase – mais qui n’est pas systé-
matique (chez les patients non juifs ashkénases, le
dosage de la GBE peut d’ailleurs s’avérer normale),
l’âge de début (vers 40-60 ans), l’importance des
sphinctériens vésicaux (qui avaient ici inauguré
la maladie), et l’association d’une neuropathie
périphérique et d’une leucoencéphalopathie. Cette
dernière peut présenter des aspects évocateurs avec
une atteinte cortico-spinale sus et sous-tentorielle
avec hypersignal dans le tronc et atrophie (5). Une
atteinte cognitive avec démence et une paraparésie
spastique sont également souvent observées. Il s’agit
d’un diagnostic important à faire car, comme dans
d’autres maladies métaboliques, un traitement pourra
peut-être être proposé prochainement et permettra
d’empêcher l’évolutivité importante décrite dans
cette observation. ■
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Références
bibliographiques