mais aussi du “travail réel” des
soignants.
«Dans cette unité, la personne à
l’accueil déploie une activité de
régulation très importante des
déplacements des usagers, de leurs
accompagnateurs et du person-
nel infirmier, explique Elise
Ledoux. Elle avertit de l’arrivée
du client. » Il faut aussi tenir
compte du fait que les patients
sont transportés par les brancar-
diers, et ramenés par eux après
l’intervention.
«Les observations démontrent
aussi que les infirmières déploient
des stratégies de surveillance des
patients au retour du bloc opéra-
toire, poursuit-elle. Or, cette fonc-
tion cruciale est facilitée si le
matériel dont elles ont besoin
est localisé dans les salles d’obser-
vation. » Pendant les périodes
de récupération des patients,
les infirmières réalisent un cer-
tain nombre de tâches si la
surveillance reste possible. En-
fin, le personnel doit souvent
aider les patients à se rhabiller.
Choix de fonctionnement
Le projet de conception ou
de réaménagement architectural
d’une unité doit s’appuyer sur
des choix de fonctionnement
discutés, dont certains peuvent
être simulés sur plans ou ma-
quette. Parmi ces choix pour
cette unité, citons :
•l’emplacement de l’unité par
rapport au lieu d’intervention ;
•l’emplacement de la clinique
de pré-admission ;
•l’accompagnement des usagers
(souhaite-t-on que les accompa-
gnants entrent dans l’unité ?) ;
•les modalités d’accueil des pa-
tients et des accompagnants ;
•le choix ou non d’un regroupe-
ment des civières en une ou plu-
sieurs salles d’observation (3).
Choix d’architecture
et de matériels
Les choix retenus sont :
•la décentralisation des postes in-
firmiers et des salles d’observation ;
•la possibilité pour les accom-
pagnants de suivre les patients,
impliquant de concevoir un sa-
lon des accompagnants dans
l’unité ;
•l’attribution, dans la salle d’ob-
servation, d’un espace de déga-
gement suffisant pour manipuler
les civières : 1,50 m de part et
d’autre, et 1,80 m au bout de la
civière ;
•l’attribution, à côté des ci-
vières, d’un espace de range-
ments pour la literie comme
pour différents soins est prévu ;
•l’option de minipostes infir-
miers décentralisés, dans les-
quels il a été prévu de regrouper
tous les matériels nécessaires ;
•l’option de chambres à qua-
tre lits pour les courts séjours,
localisées en face des salles
d’observation, réduisant ainsi
la longueur du service, afin
de diminuer les temps de
déplacement ;
•l’utilisation de civières à hau-
teur variable, pour permettre de
passer facilement le patient de
la civière au lit, et munies
d’une cinquième roue, pour ré-
duire l’effort nécessaire dans les
déplacements ;
•l’usage de la civière-chaise,
plus large que la civière habi-
tuelle et transformable, qui peut
faciliter le transport.
Ces analyses ergonomiques ont
permis de dégager de nombreux
repères d’aménagement. «Ils ont
concerné la localisation des diffé-
rents locaux dans l’unité et la
conception du poste d’accueil, des
aires de circulation, des salles
d’observation, des réserves et des
utilités souillées, souligne Benoît
Béland. Avant le réaménagement,
les relations médecins-infirmières
se faisaient dans la salle d’observa-
tion, ajoute Elise Ledoux. Nous
avons prévu un local à l’écart. »
Il s’agit donc d’une sorte de lo-
cal pour les discussions entre
soignants destiné à faciliter les
mises au point sur l’évolution de
l’état des patients. «Par ailleurs,
si le malade ne sort pas le jour
même, dit-elle, nous souhaitions
privilégier le fait que l’accompa-
gnant puisse passer une nuit dans
l’unité s’il le souhaitait. Nous
avons prévu pour cela un lieu
aménagé. »
Post-évaluation
Deux ans après l’ouverture du
nouveau service, une évaluation
du résultat permet de constater :
•un taux de satisfaction élevé
des soignants ;
•une diminution du nombre et
de la durée des déplacements ;
•une diminution du temps de
recherche des patients ;
•une diminution des efforts à
fournir lors des transports et
transferts de patients.
Aucun accident du travail,
enfin, n’a été constaté depuis
deux ans dans cette nouvelle
unité. Ainsi, l’analyse du travail
des soignants a permis d’effec-
tuer des choix en matière de
fonctionnement et d’aménage-
ment des espaces. En effet, le
travail interactif entre l’équipe,
l’ergonome et les architectes fa-
vorise une meilleure prise en
compte des exigences dans les
projets d’aménagement des es-
paces de travail.
Marc Blin
(1) L’unité devait s’appeler “unité d’inter-
vention d’un jour” ou bien “unité de court
séjour”. “Le terme chirurgie d’un jour
n’est pas tout à fait exact, puisque plu-
sieurs interventions réalisées sont des
interventions diagnostiques et quelques-
unes sont thérapeutiques, nous a expli-
qué Elise Ledoux. De véritables chirur-
gies cardiaques nécessitent une durée
de séjour beaucoup plus longue.”
(2) 4eConférence internationale sur la
santé au travail des travailleurs de santé
de la CIST, 28 septembre - 1er octobre 1999,
Montréal.
(3) Il s’agit d’une salle d’observation plutôt
que d’une salle de réveil, puisque plusieurs
interventions ne nécessitent pas des anes-
thésies générales.
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