Contre-indications
Elles sont liées :
– au toxique : ingestion de produit caustique
ou moussant ;
– aux antécédents du patient : ulcère
gastrique en évolution ou chirurgie
œsogastrique ;
– au patient lui-même :
– chez la femme enceinte, le lavage
gastrique doit être évité ; après le
troisième mois de grossesse, s’il doit être
pratiqué, il l’est en décubitus latéral
gauche ;
– chez l’enfant, il est préférable d’utiliser
l’apomorphine, vomitif moins
traumatisant que le lavage.
Description
de la technique
Un tube de Faucher de gros calibre (ch 36)
est introduit par voie oropharyngée dans
l’estomac. Il doit être mousse à son extrémité
pour être atraumatique et pourvu d’orifices
latéraux (au moins deux), pour éviter que,
lors du siphonnage, cette extrémité ne
vienne se coller contre la paroi. L’extrémité
proximale est pourvue d’un récipient, ou
tulipe, d’une contenance maximale de
800 mL.
Le liquide de lavage est de l’eau tiède
(37 °C), rendue isotonique au plasma grâce
à l’adjonction de sel (9 g/L).
Chez le sujet conscient (Glasgow supérieur
à 8), le tube de Faucher lubrifié (huile de
vaseline médicinale) est introduit par voie
oropharyngée, en position assise ou en
décubitus latéral gauche répondant à la
position latérale de sécurité (PLS).
Sa position est vérifiée par insufflation d’air
(50 mL) et recherche de bruits aériens
stétacoustiques dans la zone épigastrique.
Le lavage consiste en l’introduction de
500 mL de solution isotonique qui est
récupérée par siphonnage, et ainsi de suite.
Un dosage toxicologique peut être réalisé
tous les 30 L dans le liquide de siphonnage.
Le lavage peut être répété jusqu’à
négativation des prélèvements.
La technique doit être expliquée au patient,
et notamment la nécessité d’une bonne
collaboration lors du passage du tube dans
l’oropharynx, nettement facilité par des
mouvements de déglutition.
Chez le patient somnolent ou inconscient
(Glasgow inférieur à 8), chez le sujet
présentant des pauses respiratoires ou une
bradypnée, l’intubation préalable s’impose.
De toute façon, la pratique du lavage
gastrique ne doit se faire que sous
monitorage permanent (électrocardio-
gramme [ECG], pouls, tension artérielle,
saturation du sang artériel en oxygène
[SaO
2
]). Deux personnes sont nécessaires
pour mettre en œuvre la technique et
surveiller le patient pendant toute la durée
du lavage, en moyenne 30 minutes.
Dans quelle position
effectuer ce lavage ?
L’anatomie nous impose, pour être efficaces,
de pratiquer ce lavage en décubitus ventral
(procubitus). En décubitus dorsal, le tube
digestif, dans sa partie supérieure
orogastrique, a cette particularité d’être très
antérieur dans ses deux extrémités et très
postérieur dans son trajet.
L’orifice cardial fixe l’estomac sur la partie
gauche et postérieure du massif vertébral.
L’orifice pyloroduodénal en fixe l’autre
extrémité sur le flanc droit. Nous avons
montré que le décubitus dorsal impose à
l’estomac une disposition en bissac de part
et d’autre de la colonne vertébrale, alors
qu’en décubitus ventral, la poche gastrique
ne fait qu’une position.
Une alternative est le décubitus latéral
gauche.
Complications
Elles sont liées :
– à la technique :
– évacuation bloquée : aliments, toux ;
– hémorragie gastrique : au cours du
lavage, le liquide de siphonnage peut
revenir rosé, témoignant d’une suffusion
hémorragique ; il s’agit très souvent d’une
gastrite érosive liée à la rigidité du tube
de Faucher, imposant l’arrêt du
traitement ; un contrôle endoscopique est
réalisé secondairement ;
– hypothermie : l’administration de 30 L,
et quelquefois 120 L, d’une solution à
20 °C peut conduire à des hypothermies ;
le liquide de lavage doit être maintenu à
une température constante de 37 °C ;
– intoxication par l’eau : l’administration
d’une solution hypotonique peut conduire
à un passage d’eau entraînant une
surcharge volémique pouvant conduire à
un œdème aigu du poumon, une
hyponatrémie de dilution. Un cliché
radiologique des poumons est toujours
réalisé après le lavage ;
– au patient : les intoxications
médicamenteuses volontaires (IMV) sont
souvent somnolentes, comateuses ou sous
l’emprise de drogues à potentialité
cardiovasculaire (tricycliques) ; le lavage
gastrique, chez ces sujets, peut conduire à :
– un syndrome de Mendelson : il est donc
nécessaire d’intuber tous les patients
comateux (Glasgow inférieur à 7) ; on
peut le réaliser, comme en anesthésie, avec
une sonde armée, ceci avant le
retournement et l’introduction du tube de
Faucher ;
– à un état de choc au retournement,
collapsus de retournement : les patients
ayant ingéré des drogues comme les
tricycliques (plus de 1 g), des
tonicardiaques (digitaliques) ou des
antiarythmiques (Cordaronet, Cipralant),
sont pourvoyeurs d’instabilité
hémodynamique ; le retournement en
décubitus ventral peut induire une
inefficacité hémodynamique.
Chez ces patients, il est préférable de
pratiquer le lavage gastrique en décubitus
latéral gauche. Un ECG systématique doit
être effectué avant le lavage de toute IMV, à
la recherche des troubles liés à
l’imprégnation de ces drogues (allongement
de QT, élargissement de QRS, bloc de
branche droit complet ou incomplet), contre-
indiquant le décubitus ventral.
L’efficacité du lavage gastrique dépend donc
du respect de ses indications, des conditions
qu’il exige pour être mis en œuvre et de la
disponibilité des équipes en temps et en
nombre pour en assurer la surveillance.
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