134 | La Lettre du Psychiatre • Vol. VIII - no 5 - septembre-octobre 2012
Points forts
»
Ce n’est pas le caractère sexuel du crime qui est corrélé au taux de testostérone mais la violence et
les traits de personnalité antisociale associés aux comportements criminels.
»
Il existe une très faible corrélation entre le taux de testostérone et l’agressivité, cette très faible
corrélation positive étant surtout observée chez les sujets ayant commis un crime ou un délit associé
à un comportement agressif.
»La fréquence des comportements antisociaux et des condamnations pour crimes serait plus élevée
chez les hommes présentant le génotype XYY que chez ceux présentant le génotype XXY.
»
Une théorie associant un dysfonctionnement frontal à l’origine d’une désinhibition pouvant favo-
riser l’émergence de certains comportements sexuels inappropriés, et un dysfonctionnement temporal
à l’origine d’une hypersexualité est évoquée pour tenter d’expliquer les comportements pédophiles.
Mots-clés
Violence
Sexualité
Paraphilie
Pédophilie
Androgènes
Highlights
»
Violence and antisocial
personality traits are linked
to criminality rather than to
the sexual component of the
crime itself.
»
There is a weak correlation
between testosterone levels
and agressiveness, this corre-
lation is mostly observed in the
most aggressive offenders.
»
The prevalence of antisocial
behavior and crime might be
increased in subjects carrying
the XYY genotype but not in
those carrying the XXY geno-
type.
»
The combination of a frontal
dysfunction with disinhibition
(which may increase the risk of
inappropriate sexual behavior)
with a temporal dysfunction
(which may be associated
with hypersexuality) has been
hypothesized as a cause of
pedophilic behaviors.
Keywords
Violence
Sexual behavior
Paraphilia
Pedophilia
Androgens
régulée par un mécanisme de rétrocontrôle sur l’axe
hypothalamo-hypophysotesticulaire, faisant inter-
venir l’hormone lutéinisante hypophysaire (LH) et la
Gonadotrophin Hormone Releasing Hormone (GnRH
ou gonadolibérine), d’origine hypothalamique.
La testostérone est capable de restaurer les érec-
tions nocturnes chez les hommes adultes présentant
un hypogonadisme. Un niveau minimal de testo-
stérone semble nécessaire au comportement sexuel
masculin. Cependant, le seuil minimal est discuté.
Bien que la rigidité et la tumescence semblent andro-
géno-dépendantes, les érections en réponse à des
stimuli érotiques visuels ne le sont pas ; en revanche,
les érections en réponse à des stimuli auditifs le
seraient peut-être davantage. Dans quelle mesure
les érections résultant de fantasmes ou de stimu-
lations tactiles le sont-elles ? La question demeure
controversée.
La testostérone contrôlerait également les processus
enzymatiques impliqués dans le déclenchement et
la fin de l’érection (4). Chez les hommes, l’activité
sexuelle (masturbation ou relation sexuelle) et/ou le
fait de regarder des vidéos érotiques pourraient être
associés à une augmentation du taux de testostérone.
Liens entre hormones
sexuelles et violence
ou déviance sexuelle
Aucune étude n’a montré que les sujets présentant
une hypersexualité ou des comportements sexuels
violents ou déviants avaient des taux de testostérone
plasmatique de base plus élevés. En réalité, le béné-
fice observé lorsqu’on réduit le taux de testostérone
provient probablement d’une diminution globale de
l’activité sexuelle.
Les études les plus nombreuses portent sur les
comportements sexuels pédophiles. Une hypersécré-
tion notable de la LH a été observée en réponse à une
stimulation par la GnRH chez 28 sujets pédophiles,
comparativement à 14 témoins, alors que les taux de
base de la LH et de la testostérone étaient normaux,
la réponse de la testostérone à la stimulation par
GnRH n’est pas rapportée. Ces résultats pourraient
signifier qu’il existe un dysfonctionnement de l’axe
hypothalamo-hypophysotesticulaire chez les pédo-
philes (5). M. Maes et al. ont rapporté une diminution
des taux de prolactinémie chez 8 sujets pédophiles,
comparativement à 19 témoins sains, diminution qui
pourrait avoir des conséquences sur le système dopa-
minergique (6). On sait qu’une hyperprolactinémie a
pour conséquence une inhibition du comportement
sexuel, une réduction de la pulsatilité de la GnRH, avec
pour corollaire une réduction de la testostéronémie ;
les conséquences de l’hypoprolactinémie sont moins
bien connues. Une étude récente en IRM montre un
lien entre l’activation des régions cérébrales impli-
quées dans le comportement sexuel chez des sujets
témoins de sexe masculin lors de la visualisation de
vidéos érotiques et les taux sanguins de prolactine.
Liens entre hormones sexuelles
et comportement agressif
K. Jordan et al. ont réalisé une analyse des études
publiées tentant d’établir un lien entre les taux plas-
matiques (ou salivaires) de testostérone ou de LH et
les comportements criminels sexuels (pédophilie, viols,
ou autres types de crimes sexuels) [3]. Ils concluent
que ce n’est pas le caractère sexuel du crime qui est lié
au taux de testostérone mais plutôt la violence et les
traits de personnalité antisociale associés aux compor-
tements criminels. La recherche d’un lien potentiel
entre agressivité et testostérone a donné lieu à de
nombreuses publications depuis les années 1970. Dans
une méta-analyse récente de 30 études, J. Archer et
al. ont mis en évidence une très faible corrélation
entre le taux de testostérone et l’agressivité (avec
un coefficient de corrélation de 0,08), cette très faible
corrélation positive étant surtout observée chez les
délinquants, indépendamment du caractère sexuel
ou non du délit (7). À l’inverse, d’autres études ont
rapporté des taux plus faibles de testostérone chez
les pédophiles et les exhibitionnistes.
Liens entre chromosome Y
et comportement sexuel
La nature et l’importance des liens existant entre
certains types de malformations chromosomiques
impliquant les chromosomes sexuels, tout particu-