L’analgésie péridurale peut être renforcée à tout moment, pour
permettre des manœuvres obstétricales ou la réalisation d’une
césarienne en semi-urgence.
L’analgésie péridurale est idéalement réalisée tôt dans le tra-
vail, avec, à titre systématique :
– pose d’une voie veineuse de gros calibre (16 G),
– utilisation de sérum salé à 0,9 % pour l’expansion volémique
en cas d’hypovolémie et tout au long du travail (le Ringer lac-
tate doit être évité),
– décubitus latéral gauche pour prévention de la compression
aortocave,
– la concentration d’anesthésique local doit être la plus faible
possible (en association avec un morphinique) pour limiter le
bloc moteur, tout en procurant une analgésie de qualité, dont le
niveau et la symétrie seront régulièrement testés.
Les patientes diabétiques sont classiquement plus sensibles
aux anesthésiques locaux et l’existence préalable d’une neuro-
pathie sensitivomotrice doit faire éviter tout risque de com-
pression nerveuse, en cas de mauvaise position non ressentie
sur la table d’accouchement.
Césarienne
L’installation pour césarienne doit éviter tout point de com-
pression.
En cas de césarienne programmée, une anesthésie péridurale
ou une rachianesthésie peuvent être réalisées en respectant les
mêmes consignes que pour l’analgésie du travail (prévention
de la compression aortocave, utilisation de sérum salé à 0,9 %
comme soluté de remplissage). Toute hypotension doit être
immédiatement corrigée, par l’injection intraveineuse directe
d’éphédrine ou, mieux, par la perfusion continue en Y de
500 ml de sérum salé à 0,9 % contenant 30 mg d’éphédrine et
100 µg de néosynéphrine, dont le débit sera modulé en fonc-
tion de la pression artérielle (4).
L’anesthésie générale sera réservée aux contre-indications de
l’anesthésie médullaire.
En cas de césarienne en urgence :
– si l’extraction doit être réalisée dans les 5 mn (procidence du
cordon par exemple), le seul choix possible est l’anesthésie
générale, qu’il y ait une péridurale en place ou non. L’alcalini-
sation du contenu gastrique doit être systématiquement réali-
sée avant l’induction par un anti-H2 effervescent immédiate-
ment efficace ;
– si la césarienne est urgente, dans un délai de 15-20 mn envi-
ron, une analgésie péridurale efficace et symétrique peut être
complétée rapidement jusqu’à un niveau T4 avec de la lido-
caïne 2 % adrénalinée. S’il n’y a pas de cathéter en place, on
pourra choisir l’anesthésie générale ou la rachianesthésie,
selon les cas et l’existence ou non de contre-indications à l’une
ou l’autre de ces techniques.
SURVEILLANCE ET CONTRÔLE GLYCÉMIQUE
EN PÉRIPARTUM
Pendant toute la grossesse, le contrôle glycémique doit être
optimisé, en se basant sur les glycémies pré- et postprandiales,
y compris pour le diabète gestationnel (5).
Si l’optimisation de l’équilibre glycémique dès le début de la
grossesse est indispensable pour réduire les complications
maternofœtales, la période du travail et de l’accouchement
nécessite également d’obtenir une normoglycémie.
En effet, l’hyperglycémie maternelle péripartum aggrave l’aci-
dose et l’hypoxie fœtales et elle est à l’origine d’hypoglycé-
mies chez le nouveau-né, en raison de l’hyperinsulinisme
fœtal. Le placenta métabolise le glucose maternel en lactate, ce
qui augmente l’acidose fœtale. Il est donc recommandé de ne
pas utiliser de Ringer lactate, précurseur du glucose, pendant
le travail (6).
Le protocole d’insulinothérapie sera réajusté au cours du tra-
vail selon les glycémies observées.
Dans les heures qui suivent l’accouchement, les besoins en
insuline baissent de 50 à 60 %. En cas d’accouchement par
voie basse, l’insulinothérapie peut être reprise par voie sous-
cutanée ou par pompe, à doses adaptées aux glycémies pré-
prandiales. En cas de césarienne, l’insulinothérapie par voie
intraveineuse sera poursuivie à doses adaptées avec une perfu-
sion de glucosé à 5 % jusqu’à la reprise du transit.
Chez le nouveau-né, le cycle glycémique et l’alimentation sont
commencés dès la naissance.
Au total, la prise en charge anesthésique d’une parturiente dia-
bétique en salle d’accouchement est guidée par l’évaluation
réalisée en consultation d’anesthésie. Il s’agit d’un accouche-
DOSSIER
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La Lettre du Gynécologue - n° 269 - février 2002
Glycémie capillaire (mmol/l) Insuline (unités/heure) Apports
<04,4 0 G 5 %
< 05,5 0,5 G 5 %
< 07,7 1 G 5 %
< 10,0 1,5 G 5%
< 12,2 2 NaCl 0,9 %
> 12,2 2,5 NaCl 0,9 %
Tableau I. Exemple de protocole d’insulinothérapie intraveineuse,
selon glycémies horaires (7).
En pratique (tableau I) :
Lorsque l’accouchement est programmé, il est recom-
mandé de remplacer la veille au soir l’insuline lente par
une même dose d’insuline intermédiaire.
La parturiente reste à jeun le matin, avec mise en route :
– d’une insulinothérapie à la seringue électrique dès que la
glycémie est supérieure à 1,20 g/l (6,5 mmol/l),
– d’une perfusion de glucosé à 5 % sur une base de 125 à
150 g de glucose par 24 heures.
La surveillance de la glycémie est horaire. Les objectifs
sont de maintenir une glycémie entre 5 et 6 mmol/l (0,9 à
1,1 g/l).