STABLON Pour s’attaquer aux racines de la dépression.

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É ditorial
Directeur de la publication : Claudie Damour-Terrasson
Travail et psychiatrie
La Lettre du Psychiatre
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Psychiatry and work
•• F. Deschamps*
Éditorial
La Lettre du Psychiatre
L
e génie et la maladie mentale ont souvent été associés. Des hommes au
nom ou au titre prestigieux ont souffert durant une partie ou la totalité
de leur existence de troubles mentaux avérés. Parmi les plus illustres
contemporains, il faut citer John Forbes Nash, chez lequel fut diagnostiquée une
schizophrénie et qui obtint le prix Nobel d’économie en 1994. Sur un plan plus
historique, un trouble bipolaire fut a posteriori diagnostiqué chez Isaac Newton,
Paul Gauguin, Virginia Woolf, Edgar Poe, sans oublier, même si cela reste plus
discutable, Victor Hugo, Charles Dickens, ou Friedrich Nietzsche. Quant à Camille
Claudel, elle fut prise en charge pour une psychose paranoïaque. Handicap,
travail et création ne sont donc pas incompatibles.
Néanmoins, la maladie mentale constitue de nos jours un frein majeur à
l’insertion professionnelle. De tout temps, la plupart des malades atteints de
pathologie mentale sévère ont été considérés comme incapables d’assurer une
activité professionnelle sur le long terme. Si quelques expériences isolées ont pu
voir le jour en des temps reculés, ce n’est qu’au cours du xxe siècle que la société
a reconnu à ces patients un droit à l’existence, un droit au travail, un droit à la
rémunération, c’est-à-dire un droit à l’autonomie.
Par ailleurs, le travail peut également être à l’origine d’un certain nombre
de maladies regroupées sous l’intitulé “souffrance au travail”. L’explosion du
nombre de consultations pour ce motif est soulignée aussi bien par les partenaires
sociaux que par le corps médical. Il est d’ailleurs difficile d’évaluer, sur le plan
épidémiologique, la prévalence du burnout, ou syndrome d’épuisement
professionnel, du harcèlement moral en milieu professionnel, des syndromes
anxio-dépressifs, conséquences d’ambiances de travail délétères, sans oublier
le Karoshi, maladie identifiée pour la première fois au pays du soleil levant, et
traduisible mot pour mot par “mort par le travail”. Des critères sont d’ailleurs
notifiés pour justifier de cette maladie : en effet, une victime du Karoshi (ou sa
famille) doit justifier d’une journée de 24 heures de travail continu la veille du
décès ou de 18 heures par jour durant la semaine précédant l’épisode fatal.
Le travail est donc ambivalent, à la fois facteur d’insertion et de désinsertion
sociétale. Sur un plan purement médical, le rôle du réseau constitué par le
psychiatre, le médecin traitant, le médecin du travail, sans oublier le médecin
* Unité fonctionnelle de pathologie fonctionnelle et santé au travail, hôpital Sébastopol, Reims.
La Lettre du Psychiatre - Vol. IV - n° 5 - septembre-octobre 2008
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de la caisse de Sécurité sociale est déterminant dans le cadre
d’une insertion professionnelle en adéquation avec les capacités
du patient, mais aussi pour éviter d’hypothéquer le capital
santé du salarié ou de tout autre actif. Le monde du travail
contemporain possède également sa part de schizophrénie. En
effet, il est ouvert aux personnes handicapées, aux victimes de
troubles mentaux, favorisant le financement total ou partiel
de l’adaptation de leur poste de travail, réduisant les charges
des employeurs, allégeant et adaptant le travail de l’intéressé.
Ces mesures ne cessent de se renforcer depuis la première loi
de 1975 concernant les travailleurs handicapés, intégrant
les travailleurs atteints de troubles mentaux, et, récemment,
une entité omnipotente dans ce domaine, à savoir la maison
départementale des personnes handicapées, a été créée.
Le monde professionnel est donc un Janus à deux faces. L’autre
visage procède de la mondialisation, qui durcit les critères
permettant à un salarié de se faire embaucher, impliquant
une notion de rentabilité accrue. Ce phénomène a d’ailleurs
été aggravé en France, tout facteur politique mis à part, par
les 35 heures, qui ont conduit les entreprises à un gain de
productivité de plus de 10 %, resserrant l’étau de l’efficacité.
Le rendement et son corollaire, la rentabilité, sans oublier
l’absence de reconnaissance, y compris sur le plan financier,
conduisent à exacerber le dystress décrit par J. Siegrist et
R. Karasek. Une demande forte, une faible autonomie et une
récompense (financière ou promotionnelle) qui n’est pas au
rendez-vous sont des moteurs de frustration, de démotivation
et, plus souvent, de dépression.
Dans la pratique quotidienne des consultations de maladie
professionnelle, nos avis et nos recommandations concernent
la définition du profil d’employabilité en adéquation avec les
caractéristiques personnelles du patient demandeur d’emploi,
mais surtout de son projet professionnel.
Depuis moins d’un quinquennat, nous assistons, presque
impuissants, à la litanie des patients victimes des conséquences
de conflits les opposant à leur hiérarchie ou à des collègues
de travail, générant un syndrome anxio-dépressif. La plupart
s’en extirpent difficilement par un avis médical d’inaptitude
au poste, formulé par le médecin du travail. Les séquelles
sont conséquentes, pouvant conduire dans un nombre
non négligeable de cas à envisager une invalidité pour des
sujets qui sont très loin de disposer du nombre de trimestres
nécessaires pour faire valoir leur droit à la retraite. C’est la
raison pour laquelle nous avons mis en place une consultation
de souffrance au travail. Non seulement elle permet d’identifier
les stresseurs, mais elle fournit aussi une aide précieuse aux
patients afin qu’ils puissent faire le point sur leur situation
professionnelle et décider de gérer ces stresseurs ou, au
contraire, de se séparer de leur entreprise. Ces consultations
animées par deux psychologues du travail sont d’une efficience
qui ne cesse de nous étonner ; elles sont d’ailleurs totalement
embolisées par le nombre de demandes. La petite cinquantaine
de patients qui en ont bénéficié ont tous pu reprendre pied
(avec le sourire) dans la vie professionnelle, à l’intérieur ou à
l’extérieur de l’entreprise.
Une collègue médecin du travail (1) a étudié, il y a peu de temps,
le niveau d’insertion professionnelle en milieu ordinaire d’un
échantillon de salariés atteints de pathologie mentale (troubles
bipolaires, schizophrénie, psychose hallucinatoire chronique,
délire paranoïaque ou état délirant aigu). Cette enquête a été
menée grâce aux psychiatres et aux médecins du travail d’une
région. Un échantillon représentatif de la population visée
dans cette région a pu être étudié. La prévalence des patients
atteints de l’une des pathologies précédemment mentionnées et
travaillant en milieu ordinaire est de 0,15 %. Les actifs atteints
de troubles bipolaires sont, de loin, les plus nombreux, suivis
de la population des schizophrènes. En règle générale, ces
patients occupent des postes étiquetés “peu à moyennement
qualifiés”, essentiellement dans le secteur administratif et,
de façon plus anecdotique, dans l’industrie, à des postes de
fabrication. Ces insertions professionnelles ont nécessité des
aménagements de poste dans environ deux tiers des cas. Les
patients atteints d’un état délirant aigu sont peu nombreux à
poursuivre une carrière professionnelle en milieu ordinaire. Le
chiffre de 1,5 salarié pour 1 000 insérés en milieu ordinaire est
à comparer aux centaines de milliers de personnes en âge de
travailler et traitées pour ces pathologies mentales.
Le chemin à parcourir pour obtenir le droit au travail,
rémunéré ou non, de tous ceux qui sont en mesure de rendre
un service à notre société postindustrielle est semé d’obstacles
qui ne sont pas incontournables.
référence bibliographique
1. Chabanais-Motin J, Venier AC, Lesage FX, Deschamps F. Insertion professionnelle des salariés atteints d’une pathologie mentale sévère. Pratique en santé
mentale 2006;4 :39-45.
La Lettre du Psychiatre - Vol. IV - n° 5 - septembre-octobre 2008
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