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Fluctuation de la relation Etat-Entreprises publiques dans les pays en transition. Cas de l’Algérie
AHMED ZAID Malika, Laboratoire REDYL - UMMTO
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entrepris dans le cadre de la théorie de la recherche de la rente ou rent-seeking pour faire le
lien entre les phénomènes observés dans les comportements des agents et acteurs dans une
économie rentière qui seront analysés dans le premier paragraphe en relation avec les facteurs
favorisant ou alimentant la recherche de la rente et, partant sa dilapidation, dans le second
paragraphe.
1. Les comportements rentiers des acteurs :
Une généralisation de la théorie de la recherche de rente peut être envisagée pour l'ensemble
des transferts de revenus qui transitent par l'Etat, ce qui conduit à considérer nombre de pays
en développement comme de véritables « sociétés de recherche de rente ». La présence de
rente a une influence sur le comportement des agents économiques mais aussi sur les
institutions politiques. Ces deux aspects sont intimement liés et interagissent mutuellement
pour favoriser l’essor des activités de recherche de rentes, lesquelles sont des activités de
transferts et non de création de richesses. L’abondance en certaines formes de ressources
notamment celles dont l’exploitation connait une forte concentration entre les mains d’une
minorité et qui est difficile d’accès aux nouveaux entrants, comme le pétrole et le gaz est
associée à des institutions fragiles, encourageant le comportement de recherche de rentes.
Mais en pratique, il est difficile d’isoler l’effet de la rente proprement dite sur les pays
exportateurs de ressources naturelles ; tout de même, on peut admettre que leurs économies
sont sensibles aux fluctuations et à la volatilité des cours, en particulier aux chocs provoqués
par les hausses ou les baisses brutales et à leurs effets sur le taux de change et sur l’emploi
[TALAHIT, 2012]. Pour ces pays exportateurs, c’est par le biais des revenus d’exportation
que ces fluctuations peuvent se diffuser, avec des effets sur le budget de l’Etat par la fiscalité
(redevance, impôt sur les bénéfices des compagnies pétrolières), mais aussi sur les réserves de
change, et ces effets seront d’autant plus amplifiées que la part des hydrocarbures dans les
exportations sera élevée. Une baisse importante et brutale des revenus pétroliers exerce un
choc sur l’économie. A l’opposé, une hausse importante de ces revenus qui peut être la
conséquence d’une augmentation de la demande d’énergie, consécutive à la croissance de
l’économie mondiale, ou de tensions politiques et géopolitiques se traduisant par des tensions
sur les marchés pétroliers, peut se manifester de manière diverse selon la structure de cette
économie et sa capacité à absorber ces revenus (consommation, investissement, placements
financiers). Ces effets se manifestent sur la fiscalité, le budget de l’Etat, la politique de
redistribution et plus largement sur la politique économique et peuvent amplifier des
phénomènes comme le gaspillage, la corruption, l’augmentation des dépenses improductives.
C’est à ce titre que l’étude des comportements des agents à travers les différents segments du
processus de redistribution de la rente notamment, la culture qui en résulte et les lieux de
capture de la rente où se constituent et se pérennisent les groupes de pression, s’avère
intéressante ainsi que leur connexion avec le politique et l’institutionnel.
On saisit donc que les agents qui tirent un gain extra du captage de la rente ont intérêt à
s’opposer au changement qui tend à entraver leur démarche, quitte à se constituer en groupes
de pression. De plus, s’il y a collusion entre ces groupes de pression et l’élite politique d’un
pays, ils deviennent alors hostiles à toute tentative de réforme des institutions qui, non
seulement, réduirait leurs rentes économiques mais menacerait même leur assise politique,
voire leur existence. L’école virginienne a étudié le comportement de ces coalitions du point
de vue de leur capacité à capter une rente supplémentaire, cette dernière étant définie comme
une activité politique normale d’individus ou de groupes qui consacrent des ressources rares