La Lettre du Neurologue - n° 6 - vol. II - décembre 1998 313
rieuses s’accompagnent souvent de dysurie, certains patients
restant parfois un temps prolongé à essayer d’uriner sans résul-
tat, la miction ne devenant possible qu’avec le déblocage spon-
tané ou provoqué par l’apomorphine. L’effet favorable de l’apo-
morphine sur l’hyperactivité vésicale des parkinsoniens, alors
qu’elle n’a pas d’effet sur les vessies hypoactives, apporte un
argument supplémentaire pour présumer que la carence en
dopamine n’est pas la seule cause des troubles urinaires de la
MPI.
Les phénomènes moteurs paroxystiques s’associent parfois à
des sensations très gênantes de ténesme ano-rectal douloureux,
qui peuvent être traitées par la toxine botulinique mais avec des
résultats inconstants. Il s’agit alors de patients évolués, porteurs
de complications multiples notamment motrices, difficiles à
traiter. Il faut remarquer que la toxine botulinique, qui est utili-
sée chez les paraplégiques, n’a pas a priori d’indication dans la
dysurie rencontrée lors de symptômes extrapyramidaux,
puisque celle-ci n’est pas liée à une dyssynergie vésico-sphinc-
térienne striée.
R. Gray et coll. (9) ont comparé les données urodynamiques de
sujets âgés indemnes de maladie neurologique, de sujets atteints
de la maladie de Parkinson, de sujets souffrant d’une maladie
cérébro-vasculaire et de sujets déments. Ils ont constaté que la
capacité vésicale était réduite chez les parkinsoniens hommes et
femmes par comparaison à celle des patients indemnes de mala-
die neurologique, mais que la contractilité du détrusor était
similaire dans les deux populations. L’étude des populations
atteintes de maladie cérébro-vasculaire ou de démence ne mon-
trait pas d’anomalie spécifique. R. Gray et coll. en ont conclu
que les troubles du fonctionnement urinaire dans la maladie de
Parkinson pourraient ne pas être directement liés à la maladie
mais simplement à l’âge.
Il est probable que la vérité se situe dans un terme médian avec,
d’une part, une hyperactivité vésicale en rapport avec les lésions
encéphaliques dans la maladie de Parkinson, et, d’autre part, des
troubles liés à l’âge avec la possibilité d’une hypoactivité secon-
daire à une neuropathie périphérique, ainsi qu’à une diminution de
la contractilité du détrusor, qui peut réduire l’efficacité vésicale et
entraîner ainsi une vidange incomplète, à l’origine d’une inconti-
nence, comme cela a été démontré par Resnick et Yalla (10).
THÉRAPEUTIQUE
La prise en charge des troubles urinaires dans la maladie de
Parkinson et les syndromes extrapyramidaux est difficile. Au
début, de simples mictions impérieuses peuvent être acceptées,
si tant est qu’elles n’entraînent pas de gêne, ce d’autant que l’on
connaît l’effet favorable de la L-dopa et des agonistes dopami-
nergiques sur l’hyperactivité du détrusor (7). Ces symptômes
peuvent, en effet, complètement disparaître lors de la mise en
route ou du renforcement du traitement.
Parmi les agonistes dopaminergiques, le piribédil, utilisable par
voie intraveineuse en test urodynamique (données personnelles
non publiées), est efficace sur les vessies hyperactives (figure
2), et peut, assez facilement, être utilisé per os, mais les autres
agonistes dopaminergiques sont également actifs. Les anticholi-
nergiques, telle l’oxybutinine, sont efficaces dans l’hyperactivi-
té mais ont des effets secondaires qui limiteront leur utilisation
en raison de la constipation fréquente des parkinsoniens et de
leur propension à entraîner des troubles des fonctions cognitives
chez les sujets les plus âgés (hallucinations, troubles du com-
portement, confusion). La desmopressine (Minirin®), en sur-
veillant l’apparition d’une éventuelle hyponatrémie, peut être
très utile pour réduire ou supprimer la pollakiurie nocturne. De
même, l’utilisation des formes de dopa à libération prolongée,
en prise vespérale, peut parfois être efficace sur la pollakiurie
nocturne, et aider, au moins, à préserver l’indépendance noctur-
ne des patients pour accomplir leurs besoins.
Figure 2. Test au piribédil (3 mg en intraveineux) chez un patient par-
kinsonien sevré de L-dopa.
La capacité vésicale passe de 215 ml à 259 ml vingt-six minutes après
l’injection et la première sensation de besoin passe de 68 ml à 113 ml
avec un léger accroissement du résidu post-mictionnel.
Avant injection
26 min après injection