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La Lettre du Cancérologue - volume X - n° 3 - mai/juin 2001
AUTOGREFFE
En adjuvant
•
•Étude de Gianni
L’essai présenté par A. Gianni (abstr. 80) avait pour but
d’évaluer l’impact sur la survie de la chimiothérapie à haute
dose (HD) avec autogreffe chez des patientes de moins de
60 ans ayant un envahissement axillaire de plus de trois gan-
glions. Le bras de référence était l’association séquentielle
d’une monochimiothérapie par épirubicine (120 mg/m2) toutes
les 3 semaines pendant 3 cycles, suivie de 6 cures de CMF.
Toutes les patientes, quel que soit le statut des récepteurs hor-
monaux de la tumeur, ont reçu du tamoxifène pendant 5 ans.
Avec un suivi de 5 ans et une analyse en intention de traiter,
cette étude ne montre pas de bénéfice en survie sans récidive
ou en survie globale chez les patientes ayant reçu la chimio-
thérapie intensifiée. Une analyse en sous-groupe montrerait
une tendance (non significative) à l’augmentation de la survie
sans récidive chez les patientes les plus jeunes (moins de
45 ans) et chez celles ayant entre 4 et 9 N+. Une aménorrhée
définitive était constante dans le bras HD et n’est apparue que
chez 50 % des patientes du bras “standard”.
•
•Étude du CALGB
L’étude coopérative du CALGB, du SWOG et du NCIC, ran-
domisée et prospective, comparait deux combinaisons d’alky-
lants en consolidation (CPB haute dose + greffe ou CPB à
dose intermédiaire) après un CAF chez des patientes présen-
tant un cancer du sein de stades II ou IIIA avec plus de 10 gan-
glions envahis (Peters, abstr. 81). Cette étude, présentée à
l’ASCO 1999, a inclus 884 patientes et a maintenant un suivi
médian de plus de 5 ans. La chimiothérapie à haute dose utili-
sée dans le conditionnement pour la greffe était particulière-
ment toxique, avec 32 décès toxiques dans le bras autogreffe
contre aucun dans l’autre bras. Le taux de récidives de la
maladie était inférieur dans le bras haute dose ; cependant, en
raison des décès toxiques à court et à long terme, la survie sans
événement n’est pas différente entre les groupes. La survie
globale est identique, avec un taux de 70 % à 5 ans et de 62 %
à 10 ans. Dans une analyse en sous-groupe, la survie sans évé-
nement chez les patientes de moins de 50 ans tend à être légè-
rement supérieure (p = 0,09) dans le bras intensifié. Au total,
cet essai ne montre pas de bénéfice de l’autogreffe dans le trai-
tement adjuvant des patientes à haut risque (> 10 N+). On peut
noter que la survie globale des patientes dans le bras de réfé-
rence (CPB à dose intermédiaire) est particulièrement bonne
en comparaison historique avec les séries antérieures du
groupe.
•
•L’essai PEGASE 01
Cette étude multicentrique française présentée par H. Roché
(abstr. 102) a comparé, chez 314 patientes avec un envahisse-
ment ganglionnaire de plus de 8 ganglions, une chimiothérapie
adjuvante conventionnelle de 4 cures de FEC 100, suivie ou
non d’une intensification avec réinjection de cellules souches
périphériques + tamoxifène si RH+. Le régime de conditionne-
ment pour la greffe consistait en cyclophosphamide
120 mg/kg, mitoxantrone 45 mg/m2et alkéran 140 mg/m2
(CMA). Le suivi médian est de 39 mois. La différence en sur-
vie sans récidive à 3 ans est significativement supérieure dans
le bras HD par rapport au bras standard (respectivement 71 %
et 55 %, p = 0,02). La survie globale à 3 ans n’est pas diffé-
rente (85 % et 84 %). Au cours de la discussion qui a suivi la
présentation de poster de H. Roché, F.J. Esteva, du MD
Anderson, a présenté la superposition des courbes de l’essai du
CALGB 9082 (Peters) et de l’essai PEGASE 01.
Cette comparaison laisse supposer que le bras de référence du
protocole PEGASE 01, c’est-à-dire 4 cures de FEC 100, est
inférieur à une chimiothérapie plus forte comme le CPB à dose
intermédiaire sans intensification.
Une étude japonaise (Tokuda, abstr. 148) de 97 patientes a
comparé 6 cures de FAC à 6 FAC suivis d’une intensification
dans les cancers du sein avec une atteinte ganglionnaire supé-
rieure à 10 N+. En analyse en intention de traiter, avec un
recul médian de 4 ans, la survie n’était pas significativement
différente entre le bras standard et le bras haute dose : respecti-
vement 66 % et 68 %.
En situation métastatique
L’étude multicentrique canadienne MA6 a porté sur l’intérêt
d’une chimiothérapie à haute dose après une chimiothérapie
d’induction conventionnelle en première ligne de traitement du
cancer du sein métastatique. Les patientes recevaient 4 cycles
de chimiothérapie contenant des anthracyclines et/ou des
taxanes. En cas de réponse, elles étaient randomisées entre la
poursuite de la même chimiothérapie pendant encore 2 à
4cycles, soit un à deux cycles du même traitement suivis
d’une intensification par cyclophosphamide, carboplatine et
mitoxantrone, elle-même suivie de réinjection de cellules
souches périphériques. Sept décès toxiques sont survenus dans
le bras intensifié contre aucun dans le bras conventionnel. La
survie sans progression est significativement améliorée dans le
bras avec intensification (médiane de 1 an contre 0,7 an,
p=0,0143). La survie globale, en revanche, n’est pas diffé-
rente entre les deux bras (2 ans dans le bras HD et 2,3 ans dans
le bras standard, p = 0,95). Au total, la chimiothérapie inten-
sive n’a pas montré de bénéfice en termes de survie globale
chez les patientes métastatiques. L’avantage en termes de sur-
vie sans progression est discutable en raison de la toxicité du
traitement à haute dose.
CANCER DU SEIN MÉTASTATIQUE
Étude UKCCCR
Dans cet essai multicentrique britannique, 705 patientes en
première ligne de traitement pour un cancer du sein métasta-
tique ont été randomisées entre une association ET (épirubi-
cine 75 mg/m2et paclitaxel 200 mg/m2) et une association EC
(épirubicine 75 mg/m2et cyclophosphamide 600 mg/m2). Les
patientes recevaient un cycle toutes les 3 semaines. Six cycles
étaient prévus. La stratification s’effectuait en tenant compte
des traitements antérieurs en adjuvant par anthracyclines, des
sites métastatiques, de la maladie mesurable et de l’indice de