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Correspondances en pelvi-périnéologie - n° 2, vol. IV - avril/mai/juin 2004
o m b re d e patho logies n e uro l o g i q u e s
a l t é rant les centres intégrateurs ou les
relais médullaires ou périphériques modifient la
physiologie vésicosphinctérienne normale. La
l i b é ration de l’automatisme mictionnel par sup-
p ression des influx inhibiteurs ou réapparition du
r é f l e xe Cmédié par les fibres capsaïcine-sensibles
est responsable d’un syndrome clinique d’hyper-
activité vésicale dont le substratum physiopatho-
logique est le plus souvent une hyperactivité du
d é t r u s o r, définie par des contractions non inhi-
bées survenant durant le remplissage vésical. Cli-
niquement, ce dysfonctionnement vésicosphinc-
térien se manifeste le plus souvent par une
incontinence urinaire surbesoin impérieux etpar
une pollakiurie avec ou sans nycturie. L’ i n c o n t i-
nence urinaire est souvent socialement inva l i-
danteet conduit parfois les patientsà limiterleurs
activités professionnelles ou les différentes acti-
vités de leur vie quotidienne. Le pronostic vital
peut aussi être mis en jeu par le risque de dégra-
dation secondaire du haut appareil, lié aux
complications infectieusesdelamauvaisevidange
vésicale et du régime de hautes pressions intra-
vésicales. Les traitements actuellement pro p o s é s
en pre m i è reintention sont les anticholinerg i q u e s .
Ils présentent de nombreux effets indésira b l e s
tels que sécheresse de bouche, constipation ou
t roubles de l’accommodation, limitant ainsi leur
utilisation. Par ailleurs, l’efficacité des anticholi-
n e rgiques n’est parfois que partielle, et demeure
insuffisante pour éviter l’incontinence etpro t é g e r
lehautappareil desrisques dedégradation secon-
d a i re. Parmi les autres traitements sont actuelle-
ment proposés l’injection intradétrusorienne de
t oxine botulique, la neurostimulation de Brindley
et l’entérocystoplastie d’agrandissement.
La neuromodulation des racines sacrées est une
a u t re thérapeutique efficace dans l’hypera c t i-
vité vésicale (1). Elle consiste en la pose d’une
é l e c t rode de stimulation électrique au contact
de la troisième ou de la quatrième racine sacrée
pour stabiliser l’activité du détrusor. Son effica-
cité clinique et urodynamique a été bien démon-
t r é e ( 1 ) . Préalablement à l’implantation défini-
tive, des essais sont réalisés avec une électrode
de stimulation test provisoire, posée au contact
de la troisième ou de la quatrième racine sacrée
sous contrôle scanographique et maintenue en
place durant quelques jours, permettant ainsi
d ’ é valuer cliniquement et uro d y n a m i q u e m e n t
l’efficacité du traitement et d’envisager en cas
de réponse positive l’implantation définitive du
boîtier de neuromodulation. Mais cette phase
de test est contraignante, avec le recours néces-
saire à une hospitalisation. Par ailleurs, les sti-
mulations électriques d’afférences périphé-
riques comme le nerf dorsal de la verge chez les
patients blessés médullaires ont montré leur
efficacité pour déprimer l’hyperactivité de la
vessie : augmentation de la capacité vésicale,
diminution de la fréquence et de l’amplitude
des contractions du détrusor (2). La stimulation
c h ronique du nerf sciatique poplité interne a
également montré son efficacité dans le traite-
ment des symptômes liés à l’hyperactivité de la
vessie, tels que la pollakiurie, les impériosités
et les épisodes d’incontinence ( 3 ). L’effet uro-
dynamique en aigu a également bien été
démontré (4). Afin, éventuellement, d’utiliser la
stimulation du nerf sciatique poplité interne,
méthode simple et non inva s i ve, comme test
aigu de l’efficacité d’une neuromodulation chro-
nique des racines sacrées, nous avons réalisé
une é tude p ro s p e c t i ve co mp aran t l ’ef fi ca c it é
urodynamique de la stimulation de la troisième
racine sacrée par une électrode test et de la sti-
mulation du sciatique poplité interne.
M
ATÉRIELS ET MÉTHODES
Tre i z e pa tie nts o nt é té i nc lu s : 11 f emm es e t
2 hommes, d’âge moyen 53,7 ans (sd 14,5 ans).
L’origine des troubles était neurologique pour 11
d’entre eux : 5 lésions encéphaliques, 4 lésions
m é d u l l a i res et 2 s clé roses e n p la ques. D eux
patients présentaient une instabilité vésicale
idiopathique dans le cadre d’une immaturité
vésicale.
Tous avaient une hyperactivité vésicale consta-
tée lors d’une cystomanométrie standard à eau
à 50 ml/mn (critère ICS : contractions invo l o n-
t a i res du détrusor durant la phase de re m p l i s-
sage, spontanées ou provoquées) re s p o n s a b l e
d’une incontinence urinaire par impériosité pré-
dominante résistante aux traitements parasym-
pathicolytiques ou avec mauvaise tolérance de
ceux-ci. Était exclu tout patient ayant une contre -
indication à la cystomanométrie, une infection
u r i n a i resymptomatique, une lithiase vésicale,
une contre-indication à la pose d’une électrode
test de neuromodulation, un traitement anti-
coagulant ou un trouble de la crase sanguine.
Tous les patients bénéficiaient de l’implantation
d’une électrode test de neuromodulation des
racines sacrées au contact de la troisième racine
R
ÉFÉRENCES
B
IBLIOGRAPHIQUES
1 . C h a r t i e r-K as t le r E . U ro d y n a m i c
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2 . Weeler JS. Bladder inhibition by
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c o r d i n j u r y p a t i e n t s . J U r o l
1992;147(1):100-3.
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