
358 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 7 - septembre 2012
Stratégies thérapeutiques dans le cancer colorectal métastatique non résécable
MISE AU POINT
la formation de néovaisseaux tumoraux. Son AMM
permet de l’associer à toutes les chimiothérapies
classiques (fluoropyrimidines, oxali platine, irino-
técan) en première ou en deuxième ligne thérapeu-
tique.
Antiangiogéniques en attente d’AMM
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L’aflibercept, protéine de fusion des récepteurs
du VEGF, vient d’être validé aux États-Unis (par la
Food and Drug Administration) pour le traitement du
CCRM échappant à une chimiothérapie de première
ligne à base d’oxaliplatine. Il constitue ainsi un récep-
teur circulant qui se lie au VEGF A, au VEGF B et au
Placenta Growth Factor (PlGF) avec une affinité plus
forte que leurs récepteurs natifs.
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Le régorafénib est un inhibiteur multikinase dont
l’action antiangiogénique est due à l’inhibition de
VEGFR2-Tie2. Cette nouvelle molécule, toujours
en cours de développement, s’administre par voie
orale quotidiennement. Une demande d’AMM devrait
être formulée pour les patients atteints de CCRM en
situation d’échappement thérapeutique.
Antiangiogéniques non validés
D’autres inhibiteurs oraux de l’activité tyrosine
kinase du récepteur au VEGF (sunitinib, vatalanib,
cédiranib) n’ont en revanche pas montré de bénéfice
par rapport à un placebo ou au bévacizumab.
◆Effets indésirables des antiangiogéniques
L’utilisation de ces agents a révélé des effets
indésirables spécifiques des antiangiogéniques :
saignement, hypertension artérielle (HTA), fistule,
perforation digestive, événements thromboem-
boliques artériels, retard de cicatrisation et
protéinurie.
◆Inhibiteurs du récepteur à l’EGF
Le cétuximab et le panitumumab sont des anti-
corps monoclonaux dirigés contre le récepteur
de l’Epidermal Growth Factor (EGFR). L’inhibition
de ce récepteur a une action antiproliférative.
L’utilisation de ces médicaments est limitée aux
patients n’ayant pas de mutation du gène Kirsten
Rat Sarcoma viral oncogene homolog (KRAS) [14].
La recherche de ce type de mutation peut être
réalisée soit sur la tumeur primitive, soit sur une
métastase. La sélection des patients “sensibles” aux
anti-EGFR pourrait être optimisée par la recherche
d’autres gènes tumoraux impliqués dans la voies de
l’EGF, tels que BRAF ou NRAS (15-17). Des travaux
récents suggèrent que l’exposition préalable à une
chimiothérapie permet d’amplifier l’effet des agents
anti-EGFR, ce qui plaide plutôt en faveur de leur
utilisation dans une ligne avancée (deuxième ou
troisième).
Traitement de première ligne
◆Le choix de la chimiothérapie :
à base d’irinotécan ou d’oxaliplatine ?
L’étude C97-3 fut la première à comparer l’ajout
d’oxaliplatine (FOLFOX) ou d’irinotécan (FOLFIRI)
au 5-FU (8). Dans cette étude, il n’y avait aucune
différence en termes de taux de réponse et de survie
sans progression (SSP) de première ligne, ni de
survie globale (SG) entre les 2 bras. En revanche,
les profils de tolérance étaient différents : toxi-
cités digestives (nausées, vomissements, mucite)
et alopécie plus fréquentes avec FOLFIRI, neutro-
pénie et neuropathie avec FOLFOX. La neuro-
pathie induite par l’oxaliplatine représentait la
principale raison d’arrêt du FOLFOX, chez des
patients toujours sensibles à ce traitement. Ainsi,
la gestion de cet effet indésirable à caractère cumu-
latif permet d’améliorer le potentiel thérapeutique
du FOLFOX.
◆Le choix de la thérapie ciblée à associer :
antiangiogéniques ou anti-EGFR ?
Antiangiogéniques
L’ajout de bévacizumab à une chimiothérapie à base
d’oxaliplatine (étude N016966) ou d’irinotécan
(étude AVF2107g) améliore la SSP des patients quel
que soit le statut mutationnel du gène KRAS (18-20).
L’amplitude du bénéfice apporté par ce médicament
était plus importante avec l’irinotécan (HR = 0,54)
qu’avec l’oxaliplatine (HR = 0,83). Cela peut être
dû soit à une meilleure synergie entre irinotécan
et bévacizumab, soit à une durée d’exposition au
bévacizumab plus longue dans l’essai avec irinotécan
(figure, p. 357, stratégies 1 et 2). Le bévacizumab
permet aussi d’améliorer l’efficacité d’une fluoropyri-
midine seule, avec un bénéfice important en termes
de SSP (étude AVF2192g avec 5-FU, HR = 0,50 ;
étude MAX avec capécitabine, HR = 0,63) [21, 22].
Anti-EGFR
L’ajout du cétuximab ou du panitumumab à une
chimiothérapie de type FOLFIRI ou FOLFOX a montré
un bénéfice en termes de SSP (étude CRYSTAL,
HR = 0,68 ; étude PRIME, HR = 0,83), mais unique-
ment chez les patients n’ayant pas de mutation
du gène KRAS (23-26). En revanche, un bénéfice
en SG ne s’observait que dans l’étude CRYSTAL.