MISE AU POINT Reprise des anthracyclines en phase métastatique du cancer du sein : une stratégie efficace Anthracyclines in metastatic breast cancer: an effective strategy J.P. Spano1, T. Facchini2, M. Spielmann3, D. Coeffic4, L.M. Dourthe5, E.C. Antoine6 E n France, l’incidence annuelle du cancer du sein a augmenté de 23 % au cours des 10 dernières années, pour atteindre 52 588 nouveaux cas en 2010 ; la mortalité a cependant diminué de 13 % (11 300 décès) [1]. Avec une survie relative à 5 ans d’environ 85 %, le cancer du sein se classe parmi les cancers de “bon pronostic”. Néanmoins, ce paramètre demeure probablement insuffisant, puisque près de 50 % des rechutes surviennent après 5 ans. Ces pourcentages dépendent essentiellement du stade de la maladie et des caractéristiques biopathologiques de la tumeur initiale. En phase méta­ statique, les enjeux s’organisent autour du choix des traitements disponibles, le plus souvent utilisés de manière séquentielle et continue. Au sein de notre arsenal thérapeutique actuel, les anthracyclines, et plus particulièrement leurs formes liposomales, offrent, pour une survie globale (SG) équivalente, une stratégie thérapeutique dont il importe de réévaluer l’intérêt. 1 Groupe hospitalier de la Pitié-­ Salpêtrière, Paris. 2 Institut du cancer Courlancy, Reims. 3 Institut de cancérologie GustaveRoussy, Villejuif. 4 Groupe hospitalier DiaconessesCroix-Saint-Simon, Paris. 5 Clinique Sainte-Anne, Strasbourg. 6 Clinique Seine. Hartmann, Neuilly-sur- Historique : avant et après les taxanes Avant les taxanes : place des anthracyclines en situation adjuvante Avant l’ère des taxanes, les anthracyclines se sont imposées comme les agents de référence en ­adjuvant, 350 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 7 - septembre 2012 en association, au sein de différents protocoles (doxorubicine + cyclophosphamide [AC], 5 fluorouracile + doxorubicine + cyclophosphamide [FAC]). Elles permettent une réduction du risque relatif de décès de 16 % (p < 0,001) comparativement au cyclophosphamide + méthotrexate + 5-FU (CMF) [2]. En dépit de discussions concernant l’exacte équivalence de dose (50 mg puis 100 mg [3]), l’épirubicine a remplacé progressivement la doxorubicine en Europe, en raison de son meilleur rapport bénéfice/risque à court et à long termes (4). Au stade métastatique En 1998, la méta-analyse de R. Fossati et al. (5) a montré un bénéfice en survie des associations avec anthracyclines sur les monochimiothérapies. Néanmoins, ces résultats ne permettaient pas de répondre à la question de l’intérêt des stratégies concomitantes et séquentielles avant progression ainsi que des stratégies de maintenance en phase métastatique. Aussi, la seule supériorité manifeste des associations avec anthracyclines concernait le taux de réponse objective (RO) et le délai avant progression, notamment dans des situations de maladie dite agressive, avec une forte masse tumorale, des sites multiples, un profil évolutif rapide symptomatique ; le délai d’obtention d’une réponse devenait alors en effet un critère cliniquement pertinent et nettement en faveur des polychimiothérapies avec anthracyclines. Résumé Après s’être imposées comme références en première ligne métastatique puis en situation adjuvante dans le cancer du sein, les anthracyclines accusent une diminution constante de leur utilisation en situation métastatique. Cette évolution repose-t-elle sur des éléments rationnels validés, notamment sur une supériorité des taxanes, une résistance démontrée après exposition adjuvante, une toxicité cardiaque limitante incontournable, ou tous ces éléments classiquement décisifs méritent-ils vraiment d’être nuancés selon les situations ? Les anthracyclines liposomales, dont l’index thérapeutique est supérieur à celui des anthracyclines conventionnelles, particulièrement concernant la tolérance cardiaque, nous permettent de réévaluer la place des anthracyclines en situation métastatique. Le dogme des taxanes révisé Dans les années 1990, les taxanes modifient les stratégies thérapeutiques : leur développement en première ligne métastatique et leur utilisation croissante dans des protocoles adjuvants avec anthra­cyclines les imposent comme traitement systématique, aux dépens des anthracyclines et indépendamment du délai avant rechute méta­ statique. En adjuvant, l’ajout d’un taxane à une association concomitante ou séquentielle à base d’anthracyclines améliore la survie sans rechute et la SG pour des patientes considérées à haut risque (N+) : réduction significative du risque de rechute (15 à 20 %) et de décès (15 %), avec une réduction du risque absolu de rechute à 5 ans de 5 % et des décès de 3 % (6). L’intérêt des taxanes en première ligne métastatique pour la SG a pu être réévalué au sein de la métaanalyse de l’EORTC (7) : les associations taxane + anthracycline apportent un avantage significatif comparativement aux associations sans taxane en termes de réponse tumorale − 57 % (10 % de réponse complète [RC]) versus 46 % (6 % de RC) [p < 0,001] − et de survie sans progression (SSP) − médiane : 7,7 versus 6,9 mois (p = 0,031) −, mais sans avantage significatif en termes de SG (19,2 versus 19,8 mois ; p = 0,24), avec un suivi médian de plus de 40 mois. Le bénéfice supposé plus important des taxanes sur les méta­stases viscérales n’a pas été confirmé. Une deuxième méta-analyse (8) confirme ces résultats, et il est aujourd’hui admis que les taxanes (seuls ou en association) ne permettent pas, comparativement aux anthracyclines, de gain en SG en première ligne métastatique. Il est dès lors justifié de réévaluer la place des anthracyclines à ce stade, et ce d’autant que ces études ont été réalisées chez des patientes non exposées aux taxanes en adjuvant. Une alternative sans anthracycline, l’association paclitaxel + bévacizumab (9), comparée au paclitaxel seul, a permis de doubler la SSP (11,8 versus 5,9 mois ; p < 0,001), sans différence significative pour la SG (26,7 versus 25,2 mois ; p = 0,16). Dans les conditions de cette étude, l’association a démontré un avantage significatif en SSP et en taux de réponse par rapport au paclitaxel hebdomadaire en mono­ thérapie. Ce dernier bras, utilisé comme ­référentiel de première ligne, demeure cependant sujet à discussion : il peut être justifié chez des patientes non éligibles aux anthracyclines, dans toutes les autres situations de première ligne et la réintroduction possible des anthracyclines reste un acte de réflexion admis. Il est important de rappeler que, dans cette étude, plus de 50 % des patientes traitées n’avaient jamais été exposées aux anthracyclines. Les anthracyclines ont-elles une place en première ligne métastatique ? (tableau I, p. 352) Chez des patientes prétraitées en adjuvant ou néo-adjuvant par des anthracyclines, 2 grandes options thérapeutiques se présentent : la réintroduction immédiate des anthracyclines en fonction des paramètres décisionnels classiques (intervalle libre avant rechute supérieur ou égal à 1 an et dose cumulée non atteinte) ou l’utilisation de taxanes. Dans ce cadre, l’association docétaxel + capécitabine (versus docétaxel seul) a montré un avantage en SG (14,5 versus 11,5 mois ; p = 0,0126) [10], mais sur une population hétérogène (première à troisième ligne). En cas de rechute précoce après un traitement adjuvant combinant le plus souvent anthracyclines et taxanes, il est habituel, devant le risque de résistance, d’utiliser d’autres molécules (vinorelbine, gemcitabine, capécitabine, etc.) [11]. Mais que savons-nous aujourd’hui de la résistance aux anthracyclines ? Cette question demeure essentielle avant d’envisager leur réintroduction éventuelle en première ligne chez des patientes déjà exposées en adjuvant. Il n’existe pas de définition consensuelle de la résistance acquise aux anthracyclines ; selon X. Pivot et al. (12), elle se définit comme une progression primaire ou dans les 6 mois suivant l’exposition. Un délai de 12 mois semble constituer un seuil valide pour définir une notion de résistance clinique. Il faut cependant rappeler qu’un traitement adjuvant avec ou sans anthracycline réduit généralement le taux de réponse et le taux de SSP du traitement de première ligne, sans constituer une résistance réelle aux anthracyclines si l’intervalle libre avant rechute Mots-clés Cancer du sein Première ligne métastatique Anthracyclines Doxorubicine liposomale Cardiotoxicité Résistance aux anthracyclines Summary After to be imposed as references in first-line metastatic breast cancer, then in adjuvant setting, anthracyclines accuse a constant reduction in their use in metastatic situation. This evolution is it based on validated rational data, including on taxanes superiority, demonstrated resistance after pre-exposure in adjuvant, limiting cardiac toxicity or all these classically decisionmaking elements deserve they really be nuanced according to the situation? Liposomal anthracyclines with an therapeutic index greater than conventional anthracyclines particularly regarding cardiac toxicity, allow us to re-evaluate the place of the anthracyclines in metastatic setting. Keywords Breast cancer First-line chemotherapy Metastatic Anthracyclines Liposomal anthracyclines Cardiac toxicity Anthracyclines resistance La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 7 - septembre 2012 | 351 MISE AU POINT Reprise des anthracyclines en phase métastatique du cancer du sein : une stratégie efficace Tableau I. Études de phase III sur la doxorubicine liposomale (pégylée et non pégylée) [15-17, 19]. J.A. Sparano (15) G. Batist et al. (17) L. Harris et al. (16) S. Chan et al. (19) DT 75 mg/m2 + C* 30 mg/m2 versus DT 75 mg/m2 M 60 mg/m2 + C 600 mg/m2 versus D 60 mg/m2 + C 600 mg/m2 M 75 mg/m2 versus D 75 mg/m2 M 75 mg/m2 + C 600 mg/m2 versus E 75 mg/m2 + C 600 mg/m2 751 297 224 160 > 99 versus 99 32 versus 39 40 versus 41 0 – 240 240 Réponse objective (%) 35 versus 26 43 versus 43 HR = 1,01 ; IC95 : 0,78-1,31 26 versus 26 HR = 1,00 ; IC95 : 0,64-1,56 46 versus 39 HR = 1,19 ; IC95 : 0,83-1,72 ; p = 0,42 Survie sans progression (mois) 9,8 versus 7 5,1 versus 5,5 HR = 1,03 ; IC95 : 0,8-1,33 ; p = 0,82 3,8 versus 4,3 HR = 0,92 ; IC95 : 0,66-1,26 ; p = 0,59 7,7 versus 5,6 HR = 1,52 ; IC95 : 1,06-2,2 ; p = 0,022 Baisse de la fraction d’éjection ventriculaire gauche (%) 5 versus 5 % ICC = 1 versus 1 % 6 versus 21 p = 0,0001 12 versus 27 p = 0,008 ICC = 1,8 versus 7,8 % p = 0,0001 < 499 mg/m2 : 5,2 versus 10,2 % > 500 mg/m2 : 3,9 versus 0 % ICC = 0 Schéma Patientes (n) Patientes prétraitées (%) Dose moyenne d’anthracycline (mg/m2) C : cyclophosphamide ; C* : doxorubicine pégylée (Caelyx®) ; DT : docétaxel ; E : épirubicine ; ICC : insuffisance cardiaque congestive ; M : doxorubicine non pégylée (DLNP) [Myocet®]. dépasse les 12 mois, et cela indépendamment de l’agressivité de la tumeur initiale, des molécules utilisées et de la durée du traitement adjuvant. Ce facteur pronostique est même retrouvé dans le cas d’un intervalle libre de plus de 48 mois (13). La doxorubicine liposomale a démontré un réel intérêt en cas de rechute après un traitement adjuvant ou néo-adjuvant par anthracyclines conventionnelles. Concrètement, l’utilisation d’une doxorubicine liposomale non pégylée (DLNP) en monothérapie s’avère significativement supérieure en termes de taux de réponse et de temps médian avant échec du traitement (mais ne modifie pas la SG) par comparaison avec une monothérapie par doxorubicine conventionnelle : le taux de réponse globale est de 31 versus 11 % (p = 0,04), et le temps médian jusqu’à échec du traitement est significativement plus long (4,2 versus 2,1 mois ; p = 0,01) [14]. Chez des patientes toutes prétraitées en adjuvant par anthracyclines (intervalle libre médian : 25 mois), l’ajout de la doxorubicine liposomale pégylée (DLP) au docétaxel augmente significativement le temps médian jusqu’à progression : 9,8 versus 7,0 mois (p = 0,000001), ainsi que le taux de réponse global : 35 versus 26 % (p = 0,0085), mais ne modifie pas la SG. Trente-quatre pour cent des patientes ont dû arrêter le traitement pour toxicité dans le bras DLP (syndrome mains-pieds et mucites) ; en revanche, il importe de noter l’absence de différence en termes 352 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 7 - septembre 2012 de toxicité cardiaque entre les 2 groupes (15). Ces 2 études confirment l’intérêt clinique des formes liposomales en première ligne métastatique après exposition aux anthracyclines en adjuvant, et ­l’absence de toxicité cardiaque limitante, ce qui valide la possibilité de réintroduire précocement cette classe thérapeutique majeure. Les anthracyclines liposomales : une moindre toxicité cardiaque (tableau II) La cardiotoxicité est considérée comme le principal facteur limitant de la réintroduction des anthracyclines. Les anthracyclines liposomales, dont la toxicité cardiaque est significativement moindre, ont incontestablement permis de revoir en ­profondeur cette approche et ouvrent la perspective d’une utilisation prolongée, notamment en phase métastatique. La DLNP améliore l’index thérapeutique de la doxorubicine conventionnelle par une diminution significative de la cardiotoxicité, que ce soit en monothérapie ou en association avec le cyclophosphamide. L’efficacité est comparable, et la tolérance cardiaque, significativement meilleure (p = 0,0001) [16]. La dose médiane seuil pour MISE AU POINT Tableau II. Réduction de la cardiotoxicité. Synthèse des 4 études sur la doxorubicine liposomale (16, 17, 19, 20). M 75 Patientes (n) D 75 MC 60 214 DC 60 MC 75 297 EC 75 C* 50 160 D 60 509 Insuffisance cardiaque congestive (%) 2 8 0 3 0 0 2 2 Baisse de la fraction d’éjection ventriculaire gauche (%) 13 32 6 18 4 4 10 48 C : cyclophosphamide ; C* : doxorubicine pégylée (Caelyx®) ; D : doxorubicine ; E : épirubicine ; M : doxorubicine non pégylée (DLNP) [Myocet®]. laquelle apparaissent les premiers cas de toxicité cardiaque est de 2 220 mg/m2 pour la DLNP et de 480 mg/m2 pour la doxorubicine conventionnelle. Les patientes recevant la forme liposomale ont un risque réduit de 80 % de développer une cardiotoxicité, et cette diminution du risque est encore plus importante chez les patientes présentant des facteurs de risque de cardiotoxicité (17, 18). C’est pourquoi il paraissait important de comparer l’utilisation de ces formes liposomales à celle de l’épirubicine. L’étude de S. Chan et al. (19) a comparé, en association avec le cyclophosphamide, la DLNP à l’épirubicine : son efficacité est confirmée, avec une supériorité significative en termes de SSP (7,7 versus 5,6 mois ; p = 0,02) [tableau I]. Si la SG est comparable dans les 2 bras (18,3 versus 16,0 mois ; p = 0,504), la durée de la réponse a été significativement plus longue avec la DLNP (10,0 versus 7,7 mois ; p = 0,005). L’incidence de la cardiotoxicité a été faible et équivalente dans les 2 groupes, sans aucun cas d’insuffisance cardiaque congestive. Les résultats en termes de taux de RO et, surtout, de délai avant progression de cette association sont similaires à ceux des meilleures associations comportant des taxanes (7). La DLP est aussi efficace que la doxorubicine conventionnelle, avec une moindre cardiotoxicité, même chez les patientes prétraitées en adjuvant par anthracyclines (p < 0,001) [20]. Elle est moins alopéciante mais dotée de toxicités cutanéomuqueuses significativement plus marquées : érythrodysesthésies palmoplantaires, stomatites et mucites, souvent limitantes. Son utilisation doit parfois être restreinte à la monothérapie, et il peut être nécessaire de réduire son dosage. L’étude poolée de S.E. Al-Batran, de 2010, a évalué la réintroduction d’anthracyclines liposomales de type DLP chez des patientes déjà prétraitées par anthracyclines en situation adjuvante ou métastatique (“une sorte de rechallenge thérapeutique”). Le bénéfice clinique global a été de 37,2 % et, en analyse univariée, ce bénéfice s’est montré ­ épendant de l’état général des patientes mesuré d par l’indice ECOG : 53,3 % si ECOG 0 ; 35,5 % si ECOG 1 ; 18,2 % si ECOG 2). En analyse multivariée, seul l’état général, ou indice de performance (PS), s’est révélé significativement lié au bénéfice clinique global (p = 0,038) [21]. Les anthracyclines liposomales : des associations prometteuses Le meilleur index thérapeutique des formes liposomales a permis de tester des associations avec des taxanes associées ou non au trastuzumab (chez des patientes surexprimant HER2). Notamment, une étude pilote de phase II chez 69 patientes HER2+ traitées en première ligne métastatique, associant DLNP + paclitaxel + ­trastuzumab, a rapporté, outre l’absence de toxicité cardiaque limitante (fraction d’éjection ventriculaire gauche [FEVG] basale médiane : 63% ; FEVG après 6 cycles : 60 %), un taux de réponse remarquable (98,1 %) avec un temps médian jusqu’à progression prometteur, de 22,1 mois (22). Cela confirme à nouveau l’intérêt des anthracyclines dans les formes HER2+, jusqu’alors contre-indiquées en raison de la toxicité cardiaque observée en association avec le trastuzumab. Les formes liposomales sont-elles susceptibles de renverser ce dogme ? De larges études de phase III restent nécessaires. L’association de DLP au bévacizumab a été évaluée, mais une cardiotoxicité sévère associée à un syndrome mains-pieds limitant ne permet pas d’envisager actuellement de développement ultérieur de cette association (23). La place des anthracyclines en première ligne métastatique du cancer du sein en termes d’efficacité ne fait pas de doute ; les résistances définitives et complètes aux anthracyclines sont, en pratique clinique, assez rares, et le facteur limitant reste la toxicité cardiaque. Les formes liposomales permettent désormais un meilleur index thérapeuLa Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 7 - septembre 2012 | 353 MISE AU POINT Reprise des anthracyclines en phase métastatique du cancer du sein : une stratégie efficace LETTRES Sous sommaire largeur 105 mm tique, autorisant leur réintroduction dans l’immense majorité des situations cliniques. Elles conservent une place de choix au sein de notre arsenal thérapeutique contre le cancer du sein métastatique, et il est raisonnable de prendre en compte cette option de traitement dès l’instauration de la première ligne. La décision finale doit néanmoins demeurer individualisée et guidée par les paramètres classiques prédictifs d’efficacité et de tolérance en l’absence d’un biomarqueur fiable, reproductible et utilisable en pratique clinique courante. Chez les patientes HER2+, les résultats encourageants des essais de phase II associant la DLNP au trastuzumab avec ou sans taxane doivent être confirmés par des essais de phase III. Les formes liposomales permettent aujourd’hui une réelle réflexion sur leur place en situation métastatique, offrant dès lors au clinicien de nouveaux choix thérapeutiques, élargissant ainsi l’arsenal disponible, ce qui, dans l’histoire de la prise en charge du cancer du sein métastatique, ne s’est jamais avéré inutile. ■ Liens d’intérêts : J.P. Spano déclare avoir des liens d’intérêts avec Roche, Cephalon, Lilly, AstraZeneca, Esai, Sanofi, Glaxo­SmithKline, MSD (VIH), Merck Serono, Gilead (VIH). Références bibliographiques 1. Institut national du cancer. www.e-cancer.fr/depistage/ depistage-du-cancer-du-sein/dossier-pour-les-professionnels 2. Early Breast Cancer Trialists’ Collaborative Group. Effects of chemotherapy and hormonal therapy for early breast cancer on recurrence and 15-year survival: an overview of the randomised trials. Lancet 2005;365(9472): 1687-717. Sous 2 colonnes 3. Bonneterre J, Roché H, Kerbrat P et al. Long-term cardiac largeur 140 follow-up in mm relapse-free patients after six courses of fluorouracil, epirubicin, and cyclophosphamide, with either 50 or 100 mg of epirubicin, as adjuvant therapy for node-positive breast cancer: French adjuvant study group. J Clin Oncol 2004;22(15):3070-9. 4. Bonneterre J, Roché H, Kerbrat P et al. Epirubicin increases long-term survival in adjuvant chemotherapy of patients with poor-prognosis, node-positive, early breast cancer: 10-year follow-up results of the French adjuvant study group 05 randomized trial. J Clin Oncol 2005;23(12):2686-93. 5. Fossati R, Confalonieri C, Torri V et al. Cytotoxic and hormonal treatment for metastatic breast cancer: a systematic review of published randomized trials involving 31,510 women. J Clin Oncol 1998;16(10):3439-60. 6. De Laurentiis M, Cancello G, D’Agostino D et al. Taxanebased combinations as adjuvant chemotherapy of early breast cancer: a meta-analysis of randomized trials. J Clin Oncol 2008;26(1):44-53. 7. Piccart-Gebhart MJ, Burzykowski T, Buyse M et al. Taxanes alone or in combination with anthracyclines as first-line therapy of patients with metastatic breast cancer. J Clin Oncol 2008;26(12):1980-6. 8. Carrick S, Parker S, Thornton CE, Ghersi D, Simes J, Wilcken N. 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