ASCO 2007
Cancer du sein
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La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 6-7 - juin-juillet 2007
les patientes recevaient 80 mg/m² de docétaxel et 5 mg deux fois
par jour per os d’axitinib ou placebo. Les patientes en progres-
sion pouvaient bénéfi cier de la levée de l’aveugle et recevoir de
l’axitinib (crossover chez 13 patientes). Les eff ets secondaires
les plus importants (grades 3-4, docétaxel-axatinib versus
docétaxel-placebo) sont la diarrhée (11 % versus 0 %), la fatigue
(13 versus 5 %), les mucites (13 % versus 2 %) et les neutropé-
nies fébriles (16 versus 7 %). Les patientes ont reçu en moyenne
7 cycles de docétaxel. Le taux de réponse objective est signifi -
cativement augmenté avec l’axitinib (40 % versus 23 % ; p = 0,03).
Le taux de survie sans progression était augmenté à la limite de
la signifi cativité statistique : 8,2 mois versus 7 mois (p = 0,052).
Dans une analyse planifi ée, il apparaît que la diff érence en faveur
de l’axitinib est surtout importante chez les patientes qui avaient
reçu une chimiothérapie adjuvante : 45 % de réponse versus 13 %
(p = 0,003), 9 versus 6,3 mois en survie sans progression (p = 0,01).
Six patientes sont encore dans l’étude en aveugle et 2 autres sous
axitinib sans progression au-delà de 8 mois. L’association axitinib-
docétaxel a montré une activité clinique et est assez bien tolérée.
Il existe certainement un développement des antiangiogéniques
oraux en association avec la chimiothérapie.
Pertuzumab
Les résultats préliminaires d’un essai de phase II, qui évaluait
le taux de réponse chez des patientes ayant un cancer du sein
métastatique HER2 positif et progressant sous trastuzumab ont
été présentés (Baselga J, abstract 1004). L’activation de HER2
passe par sa dimérisation avec un autre récepteur de la même
famille, HER3 ou HER1. La liaison des deux récepteurs extra-
membranaires entraîne l’activation du domaine tyrosine kinase
qui se trouve en intramembranaire, initiant la transduction du
signal. Le pertuzumab est un anticorps anti-HER2 qui se lie au
niveau du site intervenant dans la dimérisation de HER2 avec
HER3 et HER1. Ce site est diff érent de celui du trastuzumab
dont la fi xation n’interfère pas avec cette liaison entre récepteurs.
Le pertuzumab et le trastuzumab ont été administrés en perfu-
sion toutes les 3 semaines. Il s’agit d’une phase II selon un plan
séquentiel. Les résultats, présentés lors du congrès, portaient
sur 42 patientes pour la toxicité et sur 33 pour la réponse. La
seule toxicité de grade 3 observée est une diarrhée. Une réponse
complète et 5 réponses partielles ont été observées, soit un taux
de 18 % de réponses objectives. Sept patientes ont également
eu une maladie stable pendant plus de 6 mois, soit au total près
de 40 % de bénéfi ce clinique. Cette étude démontre qu’il est
possible d’obtenir une réversion de la résistance au trastuzumab
avec un autre anticorps ciblant HER2. Les résultats cliniques du
pertuzumab sans trastuzumab ne sont pas connus.
Ixabépilone
Il nous a été donné connaissance des résultats de l’étude rando-
misée ayant comparé l’association d’ixabépilone et de capé-
citabine à la capécitabine chez des patientes métastatiques
ayant déjà reçu des anthracyclines et des taxanes (Vahdat L,
abstract 1006). L’ixabépilone appartient à une nouvelle classe
d’agents, les épothilones ; ils inhibent la dépolymérisation de
la tubuline, qui a montré une activité dans un essai de phase II
portant sur les tumeurs résistantes aux taxanes. Les patientes
devaient avoir progressé rapidement après un traitement par
taxanes et anthracyclines en phase métastatique ou en adju-
vant. Sept cent cinquante-deux patientes ont été incluses de
septembre 2003 à janvier 2006. La très grande majorité des
patientes avait reçu une à deux lignes de chimiothérapie au
stade métastatique. La survie sans progression était signifi ca-
tivement augmentée dans le bras avec l’ixabépilone : 5,8 mois
versus 4,2 mois (p = 0,0003). Cette diff érence était retrouvée dans
tous les sous-groupes (atteinte viscérale ou non, tumeur triple
négative ou non, état général, âge, traitement antérieur). Le taux
de réponses objectives après relecture était de 35 % contre 14 %
avec capécitabine seule (p < 0,0001). La toxicité hématologique
était signifi cativement plus élevée avec l’association, entraînant
une augmentation des décès toxiques par neutropénie fébrile
chez les patientes ayant des perturbations du bilan hépatique,
ce qui a amené ensuite à exclure ces patientes. En dehors des
eff ets secondaires classiques de la capécitabine (syndrome mains-
pieds, diarrhées), la principale toxicité de l’ixabépilone est une
neuropathie sensitive de grades 3-4 dans 23 % des cas et dont
la médiane de résolution était de 6 semaines. En conclusion,
l’ixabépilone a montré une effi cacité dans les cancers du sein
métastatiques résistants aux anthracyclines et aux taxanes.
Lapatinib
Les résultats de l’association du lapatinib (1 500 mg/jour p.o. en
continu) au paclitaxel (175 mg/m² toutes les 3 semaines) ont été
comparés à ceux du paclitaxel avec placebo en première ligne
dans le cancer du sein métastatique (Di Léo A, abstract 1011).
Cinq cent quatre-vingts patientes ont été incluses dans cette
étude. Le statut HER2 de leur tumeur était négatif ou inconnu.
Il est à noter que la majorité des patientes venait de pays
de l’Europe de l’Est et d’Amérique du Sud. Les principaux
eff ets secondaires, tous grades confondus, signifi cativement
augmentés par le lapatinib, étaient la diarrhée (58 versus 26 ;
p < 0,0001), les rashs cutanés (44 versus 22 ; p < 0,0001), les
mucites (13 versus 3 ; p < 0,0001). Le taux de décès toxiques était
augmenté par le lapatinib en raison de diarrhée associée à la
neutropénie (2,7 versus 0,6 %). Ce taux s’est nettement réduit
avec l’expérience acquise des investigateurs dans la surveillance
des patientes. Il n’y a pas eu de cardiotoxité particulière. Le taux
de réponses objectives dans le bras lapatinib + paclitaxel était de
35,1 % contre 25,3 % dans le bras paclitaxel seul (p = 0,008). La
survie sans progression n’était pas signifi cativement diff érente
dans les deux bras (6,7 versus 5,3 mois ; p = 0,142) ; il en était
de même pour la survie globale (22,8 versus 20 mois ; p = 0,21).
Plus de 90 % des tumeurs primitives ont pu être analysées de
façon centralisée pour la détermination rétrospective du statut
HER2. Cinquante-deux patientes (19 %) dans le bras association
et 39 (15 %) dans le bras paclitaxel seul étaient HER2 positives.
Pour les patientes dont la tumeur surexprimait HER2, les taux de
réponses étaient respectivement de 60 % versus 36 % (p = 0,027)
pour l’association et le paclitaxel seul. En revanche, pour les
patientes dont la tumeur était HER2-, les taux de réponses