Malentendu? Sentiment d’exclusion? Ou bien, il y a problème! FEA

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Canadian OnCOlOgy nursing JOurnal • VOlume 25, issue 1, Winter 2015
reVue Canadienne de sOins infirmiers en OnCOlOgie
FEATURES
DemanDez à un éthicien
Malentendu? Sentiment dexclusion?
Ou bien, il y a problème!
par Blair Henry
Situation :
Je suis inrmière dans une unité don-
co-gynécologie aux hospitalisées. Nous
avons récemment vécu une situation qui a
complètement bouleversé le personnel inr-
mier. Une femme atteinte d’un cancer de
lovaire en phase terminale a été admise
dans notre unité et le médecin lui a pro-
posé un traitement expérimental qu’elle a
accepté. Mais nous savions que ce traite-
ment aurait des eets secondaires et cela
signiait quelle ne pourrait jamais ren-
trer chez elle si elle le suivait. Pourtant,
elle parlait de retourner chez elle, de partir
en vacances avec sa famille l’été prochain
et de coudre une robe pour la cérémonie
de remise des diplômes de sa lle qui était
dans trois mois. Nous étions certaines
quelle serait incapable de faire ces choses-là.
Son mari et ses deux lles ne cessaient de
parler eux aussi de ces objectifs lorsqu’ils
venaient lui rendre visite. Ils ne semblaient
pas réaliser à quel point elle était malade et
même mourante. Nous ne savions pas quoi
faire. Certaines d’entre nous pensaient que
nous devrions lui parler de nos inquiétudes
tandis que dautres pensaient le contraire et
que nous devrions laisser les choses comme
elles étaient. Que nous conseillez-vous?
RéponSe De BlaiR :
Merci de me communiquer ce cas
des plus intéressants. Laissez-moi tout
d’abord l’aborder dans une perspective
systémique : cela m’attriste toujours
lorsque jentends dire qu’un membre
de l’équipe interprofessionnelle est
confronté à ce genre denjeu. Il s’agit
là du type d’information que tous les
membres de l’équipe interprofession-
nelle devraient partager et comprendre
au sujet de leurs patients s’ils veulent
leur fournir les meilleurs soins pos-
sibles. Quand des décisions de ce genre
sont prises sans que tous les membres
de l’équipe ne soient au courant des
conversations qui les ont précédées et
la mesure dans laquelle ces décisions
sont « éclairées », cela crée énormé-
ment de détresse pour les profession-
nels de la santé. Il peut être très utile
de s’assurer de la présence d’autres pro-
fessionnels de la santé lors de la dis-
cussion des options de traitement ou
encore de rédiger une note de dossier
bien documentée soulignant la façon
dont les décisions sont prises: il se peut
que nous n’aimions pas les choix faits
par nos patients, mais au moins nous
savons comment ils y sont arrivés.
En ce qui concerne l’enjeu que vous
avez présenté, je me propose d’utili-
ser un cadre conceptuel déthique pour
montrer comment on peut aborder des
situations de ce genre. Il existe beau-
coup de cadres déthique mais celui que
j’aimerais employer dans le cas présent
s’appelle le cadre I.D.E.A. Il résulte
de travaux réalisés par le Toronto
Community Care Access Centre et a été
par la suite adopté par divers autorités
de soins de santé.
I.D.E.A. est une astuce mnémotech-
nique qui représente les quatre étapes
distinctes des délibérations éthiques :
Identication des faits, Détermination
des principes éthiques/politiques/
determinant factors played out in
the patient’s decision to proceed with
this trial (determine if full informed
consent underpins the patient’s
decision)
• Develop a plan on how to respond to
the observed/perceived “misunder-
standings” of the patient and family.
Perhaps another meeting is needed
with the MRP and patient to provide
further clarication and information.
• Support patient choice if this is what
she wants and she truly understands
the risks.
Act
• Discuss with the Gyn-Onc sta/res-
ident (together as a team) your con-
cerns. If the patient is making a
decision based on incorrect data,
then a new plan of action would be
required. If the patient has heard all
the information and has chosen to
proceed and to be optimistic, we need
to support that choice. However, con-
sent is a process and she needs to be
reminded that she can choose to stop
her involvement with the study on
her own.
• Also, a suggested referral to palliative
care to assist in symptom manage-
ment and having the crucial conver-
sations might be a good adjunct in
these cases.
Working with a patient who has “cho-
sen” to hear only the positive elements
of a treatment plan or to be “overly opti-
mistic” about the prospects of research
study isn’t easy to attend to, as a health
care professional. In those cases we
need to clearly understand where our
duty” begins and ends. Doing that in a
team is much easier!
au Sujet De l’auteuR
Blair Henry M.É.Th., Éthicien, Centre des sciences de la santé Sunnybrook, professeur,
Département de médecine familiale et communautaire. Membre au Centre conjoint de
bioéthique. Université de Toronto, Toronto, ON
98 Volume 25, Issue 1, WInter 2015 • CanadIan onCology nursIng Journal
reVue CanadIenne de soIns InfIrmIers en onCologIe
FEATURES
lois/normes professionnelles perti-
nents qu’il est nécessaire de considé-
rer, Exploration des diverses options à
la lumière des faits et de l’information
pertinente, puis, Action permettant
la mise en œuvre de l’option orant la
meilleure orientation et enn, évalua-
tion au fur et à mesure des progrès.
Voici comment cela pourrait s’appli-
quer dans le cas présent :
Identication des faits (parfois, il ne
s’agit pas seulement de ce qui a été
exposé mais aussi de découvrir ce que
vous ne savez pas!)
• Quelle est la phase dessai du médica-
ment expérimental? Quelles sont les
preuves à l’appui/l’expérience passée
en la matière?
• Pensez-vous que son pronos-
tic sombre est dû à la mala-
die sous-jacente ou aux eets
secondaires éventuels du médica-
ment expérimental?
• Pourquoi ne pourra-t-elle pas retour-
ner chez elle si elle prend ce médica-
ment expérimental?
• Dégagez quelles conversations ont-eu
lieu et ce quon lui a réellement dit?
• Quels sont les objectifs de la patiente
en matière de soins constituent-ils
ce que la patiente exprime sincère-
ment? Quexprime-t-elle en présence
de ses proches?
• Quelle compréhension le médecin
a-t-il du pronostic?
• Pourrait-il y avoir dautres raisons
pour lesquelles elle parle de ces
choses apparemment irréalisables?
Une fois que vous avez obtenu l’in-
formation ci-dessus et quelle a été dis-
cutée plus avant, essayez de dégager
l’enjeu éthique réel de ce cas. Selon
moi, l’enjeu éthique est le suivant : La
patiente a-t-elle donné un consente-
ment à la fois total et éclairé envers ce
plan?
Déterminez les principes, politiques,
lois, etc. pertinents
• L’autonomie serait une des questions
qui inueraient grandement sur la
démarche à suivre
• Assurez-vous qu’un consentement à
la fois plein et éclairé a été donné tel
que la loi l’exige
• Explorez l’incidence de la coerci-
tion celle-ci peut être en jeu dans
cette situation
• Loptimisme thérapeutique aurait-il
ici une incidence sur le jugement?
• En outre, est-il nécessaire que
l’équipe de soins œuvre de façon
unie et quelle ne provoque pas de la
détresse chez les patientes et leurs
proches? Il importe que l’équipe règle
ce problème en son sein à titre de pre-
mière mesure.
Explorez les options
• La première étape consiste à deman-
der qu’au départ, la question soit
uniquement abordée au niveau de
l’équipe (préserver l’unité de l’équipe)
• Assurez-vous dobtenir des cla-
rications de la part du princi-
pal médecin responsable (PMR)
relativement au médicament expéri-
mental et de découvrir quels sont les
facteurs déterminants qui ont amené
la patiente à participer à cet essai
(déterminez si un consentement
plein et éclairé est à la base de la déci-
sion de la patiente)
• Élaborez un plan sur la façon de réa-
gir aux malentendus observés/per-
çus de la patiente et de sa famille. Il
faudra peut-être organiser une autre
réunion avec le PMR et la patiente
dans le but de fournir davantage de
clarication et d’information
• Soutenez le choix de la patiente si
cest ce qu’elle veut et quelle com-
prend réellement les risques.
Agissez
• Discutez de vos inquiétudes avec le
personnel/le résident donco-gyné
(ensemble à titre déquipe). Si la
patiente a pris sa décision en fonc-
tion de données inexactes, un nou-
veau plan d’action serait nécessaire.
Si la patiente avait entendu toute
l’information et avait choisi de pro-
céder ainsi et dêtre optimiste à cet
eet, il vous faut appuyer ce choix.
Cependant, le consentement est
un processus et il faut lui rappeler
quelle a le droit d’interrompre, de
son propre chef, son implication dans
l’étude
• De plus, la suggestion d’un aiguillage
vers les soins palliatifs an d’aider
au niveau de la gestion des symp-
tômes et la tenue des conversations
cruciales pourraient constituer une
bonne option dans ces cas-là.
Œuvrer auprès d’une patiente qui
a « choisi » de ne retenir que les élé-
ments positifs d’un plan de traitement
ou dêtre « exagérément optimiste » à
propos des résultats éventuels de l’étude
de recherche nest pas une situation
facile à gérer pour les professionnels de
la santé. Dans ces cas-là, nous devons
comprendre clairement où notre
« devoir » commence et nit. Et, cest
quelque chose qu’il est beaucoup plus
facile de faire au sein d’une équipe!
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