revue De presse dirigé par
le Pr T. Moreau
156 | La Lettre du Neurologue • Vol. XIII - n° 5 - mai 2009
Il s’est avéré avoir un effet spectaculaire sur les symptômes moteurs et a également permis
de réduire le dosage de L-dopa. Toutefois, ce dernier traitement est hautement invasif et
requiert une grande précision afin d’atteindre les sites dont la stimulation sera efficace. Par
ailleurs, la difficulté de cette intervention en fait un traitement très coûteux. Dans un article
récent, R. Fuentes et al. ont testé une stratégie alternative : la stimulation électrique des
faisceaux dorsaux de la moelle épinière. Leur expérience réalisée sur deux modèles murins
de la maladie de Parkinson (souris DAT-KO et rats ayant subi une lésion des noyaux dopa-
minergiques) montre que les stimulations électriques améliorent très significativement les
symptômes moteurs induits par l’altération du système dopaminergique (les déplacements
des souris traitées sont multipliés par 26). Les auteurs indiquent par ailleurs que ces stimu-
lations restaurent l’activité neuronale du cortex moteur et du striatum, de même qu’elles
augmentent l’efficacité de la L-dopa sur la motricité (3 mg produisent une amélioration de
la motricité, au lieu de 15 mg chez les animaux non stimulés).
S.V.
Neuropsychologie de l’expertise
On observe souvent, chez des individus qui développent des aptitudes spécifiques (musiciens,
mathématiciens, etc.), une augmentation du volume de la matière grise dans certaines
régions cérébrales. L’utilisation d’une carte spatiale mentale riche et complexe chez les
chauffeurs de taxi londoniens s’accompagne d’une augmentation significative du volume
de leur hippocampe postérieur. Cette augmentation du volume confère-t-elle un avantage
cognitif étendu, ou bien cette expertise a-t-elle au contraire un coût ? Se développe-t-elle
aux dépens d’autres activités cognitives ? K. Woollett et E.A. Maguire ont étudié le profil
cognitif de ces chauffeurs pour évaluer les effets de l’expertise sur d’autres capacités
mnésiques. En combinant des analyses en neuro-imagerie et une très large batterie de
tests neuropsychologiques, ils ont révélé que les chauffeurs de taxi sont moins perfor-
mants que des sujets contrôles pour la formation et la rétention d’associations visuelles et
verbales, et que leur hippocampe antérieur a un volume significativement inférieur. Cette
diminution du volume est corrélée à l’ancienneté des chauffeurs, mais pas à leur déficit de
performances dans la réalisation de tâches de mémoire associative, pourtant dépendantes
de l’hippocampe.
E. Lesburguères,
CNIC (université Bordeaux 1, CNRS, UMR 5228)
Encéphalite associée aux anticorps antirécepteurs
NMDA
Après avoir décrit en 2007 un nouveau syndrome neuropsychiatrique – l’encéphalite associée
aux anticorps antirécepteurs NMDA (1) – J. Dalmau et al. en précisent les caractéristiques
avec une série de 100 cas (2).
Dans cette étude, les patients étaient en majorité des femmes (91 %), jeunes (âge moyen :
23 ans). Une phase prodomique était souvent constatée avec hyperthermie et céphalées
dans les deux semaines précédant l’hospitalisation. Le tableau assez stéréotypé comportait
des symptômes initiaux toujours psychiatriques (anxiété, agitation, délire, hallucinations)
et parfois des troubles mnésiques. Il s’enrichissait ensuite de convulsions, de troubles de la
conscience, d’une dysautonomie ou d’une hypoventilation nécessitant une prise en charge
en réanimation. Des dyskinésies orofaciales et des mouvements oculaires anarchiques étaient
fréquents et caractéristiques.
Commentaire
Quel est le lien entre le volume de l’hippocampe
et les capacités facilitées ou réduites de ces chauf-
feurs de taxi ? Les auteurs suggèrent que l’intense
expérience spatiale a eu pour effet de produire
des variations de volume de l’hippocampe, pous-
sant ainsi le système vers ses limites, et altérant
les capacités de traitement de nouvelles informa-
tions de l’hippocampe. Selon cette interprétation,
l’expertise agirait comme le vieillissement normal,
et favoriserait des connexions et des aptitudes
anciennes au détriment de nouvelles.
Référence bibliographique
Woollett K, Maguire EA. Navigational expertise may
compromise anterograde associative memory. Neuropsy-
chologia 2009;47(4):1088-95.
Commentaire
Ces résultats encourageants nécessitent bien
évidemment d’être confirmés chez le primate.
L’explication proposée par les auteurs quant à
l’efficacité de ce traitement rend cependant opti-
miste : ils suggèrent en effet que ces stimulations
de la moelle épinière améliorent la motricité des
animaux en produisant une désynchronisation
des circuits moteurs ; autrement dit, par un méca-
nisme similaire à celui de la stimulation cérébrale
profonde.
Référence bibliographique
Fuentes R, Petersson P, Siesser WB, Caron MG et al. Spinal
cord stimulation restores locomotion in animal models of
Parkinson’s disease. Science 2009;323:1578-82.
Commentaire
De manière analogique au syndrome de Lambert-
Eaton (LE), l’encéphalite associée aux anticorps
antirécepteurs NMDA (NMDA-R-Ab) peut survenir
avec ou sans tumeur et donc être ou non para-
néoplasique. Mais, si la présence d’un cancer
pulmonaire dans le LE est de mauvais pronostic,
celle d’un tératome ovarien dans l’encéphalite à
NMDA-R-Ab est de bon pronostic, car il s’agit d’une
tumeur curable.
L’encéphalite à NMDA-R-Ab fait partie du groupe
des encéphalites limbiques à anticorps dirigés
contre un antigène membranaire (comme les anti-
corps anticanaux potassiques voltage-dépendants
et les antineuropiles) dont la réponse au traitement