Commentaires sur des présentations faites durant la conférence de l’ACIO/CANO 2014 C ommuniqué

111
Canadian OnCOlOgy nursing JOurnal • VOlume 25, issue 1, Winter 2015
reVue Canadienne de sOins infirmiers en OnCOlOgie
Communiqué
Commentaires sur des présentations faites durant
la conférence de l’ACIO/CANO 2014
Les commentaires suivants portent sur des présentations orales données lors de la conférence de lACIO/CANO 2014, tenue du 26 au 29
octobre à Québec. Les auteures de ces commentaires sont des membres du Réseau des doctorants, un tout nouveau groupe créé par le Comité
de la recherche de lACIO/CANO.
Auteures et titre de lA
présentAtion
Lun, Lisa et Persaud, Soma. Is what I
need to know what my patient actually
want to know? (Ce que je dois savoir
correspond-il à ce que mon patient
souhaite réellement savoir?) Une
comparaison entre les besoins des
inrmiers et inrmières en oncologie
en matière de ressources et les besoins
prioritaires des patients en oncologie
en matière de soutien à la n d’un
traitement. (Séance de la conférence :
VIII-04-C).
Résumé de la présentation
Le Comité inrmier régional de
thérapie systémique (CIRTS) du
RLISS du Centre (Réseau local d’in-
tégration des services de santé) a par-
ticipé à un projet déducation des
patients en deux parties visant à nor-
maliser et optimiser l’ore de res-
sources d’information et déducation
aux patients recevant un traitement
oncologique dans sa région géogra-
phique. La première partie du projet
a cerné un besoin daborder le sou-
tien que les patients reçoivent durant
la transition de la phase de traitement
à celle de survie. Dans la deuxième
partie du projet, les chercheuses ont
administré un sondage aux inr-
mières cliniciennes en santé commu-
nautaire et en chimiothérapie (n=69)
et aux patients (n=101). Le sondage
visait à recueillir des données sur la
façon dont les inrmières en onco-
logie répondaient aux besoins infor-
mationnels des patients, le long des
axes suivants : domaines d’informa-
tion prioritaires, ressources utilisées
et façons dont ces dernières sont uti-
lisées. La présentation donnée lors de
la conférence de l’ACIO/CANO 2014
comparait et contrastait la perception
des besoins et des priorités en matière
d’information parmi les patients et les
inrmières.
Commentaires de J. Kohlisur la
présentation
De nombreuses études ont montré
que les personnes atteintes de cancer
présentent une vaste gamme de besoins
en matière de soins psychosociaux et de
soins de soutien. La recherche recom-
mande de tenir compte de ces besoins
aux étapes de l’évaluation, de la plani-
cation et de l’intervention liées aux
soins en oncologie (Howell et al, 2009;
Fitch, 2008). Il existe une documen-
tation scientique abondante sur les
besoins informationnels des patients
en oncologie, dontles suivants : les prio-
rités informationnelles courantes, les
sources d’information et les styles d’ap-
prentissage les plus communs. Le fait
de répondre aux besoins information-
nels dun patient produit les avantages
suivants, entre autres : participation
accrue du patient aux processus déci-
sionnels; plus grande satisfaction du
patient par rapport aux options de trai-
tement; niveaux moindres de confu-
sion, danxiété et de peur (Rutten, Arora,
Bakos, Aziz & Rowland, 2004).
Les questions de sondage adminis-
tré dans le cadre du projet déducation
des patients du CIRTS intégraient des
connaissances scientiques actuelles
sur les besoins informationnels les plus
courants et les ressources utilisées. Ce
projet a examiné l’abondant bassin
de recherche menée dans des milieux
locaux pragmatiques de façon à recenser
les pratiques actuelles au sein du réseau
de santé ainsi que les lacunes poten-
tielles en ce qui concerne les besoins
informationnels des patients. Un autre
élément intéressant de cette étude est
l’inclusion à la fois d’inrmières et d’in-
rmiers (qui travaillent dans des cli-
niques en soins communautaires et en
chimiothérapie) et de patients, ce qui a
permis de comparer les similitudes et
les diérences entre les deux groupes.
Les données de sondage sur les
besoins informationnels en matière de
symptômes et de préoccupations psycho-
logiques et pratiques ont révélé des simi-
litudes et des diérences sur les plans
suivants : l’information dont les inr-
mières croient avoir besoin pour mieux
servir leurs patients, et les préoccupa-
tions prioritaires des patients. Lexemple
suivant illustre ces similitudes et dif-
férences. Selon les réponses des deux
groupes, l’information sur la gestion de
la fatigue était très importante, tandis
que dautres enjeux comme ceux liés à la
fertilité, à l’image corporelle et à la santé
sexuelle étaient jugés très prioritaires par
les inrmières, mais non par les patients.
Par contre, l’information sur la création
dune « nouvelle vie normale » et sur l’an-
xiété était perçue comme hautement
prioritaire par les patients, mais non par
les inrmières.
Dans le contexte régional, les résul-
tats de ce projet appuient les eorts
du Comité inrmier régional de théra-
pie systémique (CIRTS) du RLISS du
Centre visant à orir, dans sa région,
une éducation et du soutien aux clini-
ciens ainsi que des soins en oncologie
mieux adaptés aux besoins des patients.
Ces renseignements ont déjà com-
mencé à être utilisés dans la pratique;
par exemple, les résultats du sondage
ont aidé à dénir le contenu dune jour-
née régionale déducation en soins inr-
miers en oncologie.
Bien que la taille relativement
réduite de l’échantillon de patients et
d’inrmières ne permette pas de géné-
raliser les résultats du sondage, le pro-
jet met en relief les composantes qui
doivent être prises en compte : les
patients, les cliniciens et l’organisa-
tion. Au niveau de la direction, ce projet
illustre, pour les organismes, le besoin
112 Volume 25, Issue 1, WInter 2015 • CanadIan onCology nursIng Journal
reVue CanadIenne de soIns InfIrmIers en onCologIe
Communiqué
de continuellement rééchir au carac-
tère approprié des pratiques actuelles
de soins de santé et de déterminer si
ces dernières répondent aux besoins
réels des patients. Au niveau clinique,
ce projet rappelle à tous qu’il existe bien
souvent un écart entre ce que le person-
nel inrmier, dune part, et les patients,
dautre part, considèrent comme des
besoins prioritaires.
En bref
Ce que nous savions déjà :
• Les patients atteints de cancer ont
souvent besoin d’information sur leur
maladie, les traitements, le pronostic
et les eets secondaires.
• Le fait de répondre aux besoins infor-
mationnels des patients peut avoir un
eet positif sur leur capacité dadap-
tation, sur leur degré danxiété et de
peur et sur leur capacité de commu-
niquer et de prendre des décisions.
Ce que cette présentation a permis de
démontrer :
• Établissement des similitudes et des
diérences dans les perceptions des
patients et des inrmières et inr-
miers concernant les priorités infor-
mationnelles réelles des patients
réFérenCes
Fitch, M. (2008). Cadre des soins de soutien.
Revue canadienne de soins inrmiers en
oncologie, 18(1), 6-14.
Howell, D., Currie, S., Mayo, S., Jones, G.,
Boyle, M., Hack, T., Green, E., … Digout,
C. (2009). Guide pancanadien de pratique
clinique : évaluation des besoins en soins
psychosociaux du patient adulte atteint de
cancer, Toronto, Partenariat canadien
contre le cancer (groupe daction pour
l’expérience globale du cancer) et
Association canadienne doncologie
psychosociale.
Rutten, L., Arora, N., Bakos, A., Aziz, N.,
& Rowland, J. (2005). Information
needs and sources of information
among cancer patients: A systemic
review of research (1980–2003). Patient
Education and Counseling, 57, 250–261.
doi:10.1016/j.pec.2004.06.006
Auteures et titre de lA présentAtion
Enders, W., Whiteside, D.J., Champ, S.
(2014). Maintaining Competency in
Specialized Rural Cancer Treatment
Centers [Le maintien du niveau
de compétence dans des centres
spécialisés de traitement anticancéreux
en milieu rural] (Séance de la
conférence : V-04-A).
Résumé de la présentation
Malgré l’importance des lignes direc-
trices pour la pratique, il arrive souvent
quelles ne soient pas utilisées dans des
milieux inrmiers ruraux ou éloignés
en raison de leur caractère peu pratique
dans ces contextes (Kulig, Kilpatrick,
Mott & Zimmer, 2013) et/ou d’un
manque de connaissances de la part
des prestataires (Bettencourt, Schlegel,
Talley & Molix, 2007). Cette présenta-
tion décrivait les actions prises par une
équipe inrmière en oncologie an
délaborer un programme pour le per-
sonnel inrmier chargé de la chimiothé-
rapie dans des environnements à faible
volume, en vue de maintenir leur niveau
de compétence. Au moyen des résultats
de sondages menés auprès de diérents
intervenants, les auteures ont adapté
des lignes directrices pertinentes exis-
tantes en vue de créer un programme
pilote de normes de compétence pour
la pratique qui comprenait les éléments
suivants : surveillance du personnel, sou-
tien éducationnel structuré, suivi et éva-
luation. Dans le cadre de ce programme,
les membres du personnel maintiennent
leur niveau de compétence en faisant
deux quarts de travail par mois dans
l’aire dadministration des chimiothé-
rapies ou en administrant 12 traite-
ments de chimiothérapie au cours dune
période de trois mois. En cas de non-sa-
tisfaction de ces critères, les membres
du personnel doivent eectuer une
auto-évaluation de leurs compétences,
participer à une téléconférence avec une
inrmière enseignante en vue de passer
en revue les politiques et les ressources
documentaires et daccompagner un
membre du personnel inrmier qualié
dans un quart de travail en administra-
tion de chimiothérapie. Il existe dautres
protocoles pour le personnel inrmier
qui nadministre pas de chimiothéra-
pies pendant des périodes dépassant
trois mois. Les auteurs ont recueilli des
données de référence, et le programme
pilote a été lancé.
Commentaires de J. Galica sur la
présentation
Entre 19 et 30 % de la population
canadienne vivent dans des régions
pouvant être dénies comme rurales
(Bollman & Clemenson, 2008). En rai-
son de l’incidence croissante du can-
cer (Comité consultatif des Statistiques
canadiennes sur le cancer, Société cana-
dienne du cancer, 2013), on a mis en
place diérents projets visant à aider
les patients atteints dun cancer en
régions rurales à recevoir des traite-
ments de chimiothérapie plus près de
chez eux (Goldstein & Margo, 2001;
Pong et al., 2000). Cependant, les inr-
miers et inrmières qualiés qui tra-
vaillent dans ces milieux peuvent ne
pas avoir susamment doccasions de
maintenir leur niveau de compétence
en administration de ces agents cyto-
toxiques. Cette présentation décrivait la
création dun programme visant à assu-
rer le maintien des compétences du per-
sonnel inrmier qui pratique dans des
milieux ruraux où l’administration de
chimiothérapies est peu fréquente. Ce
programme a été mis au point pour
combler une lacune cernée par des
inrmiers et inrmières en oncolo-
gie de première ligne dans des régions
rurales.
La présentation ne permet pas déta-
blir clairement si la documentation
empirique était disponible ou si les
auteures l’ont examinée et/ou inté-
grée au programme. Cependant, le pro-
gramme a été mis au point en adaptant
des lignes directrices professionnelles
semblables à celles dun contexte inr-
mier rural, contexte dans lequel les
soins aux personnes atteintes de cancer
peuvent ne pas être les seuls soins pro-
digués aux patients. De plus, les créa-
teurs du programme ont évalué les
besoins d’inrmiers et inrmières de
première ligne qui pratiquaient dans des
113
Canadian OnCOlOgy nursing JOurnal • VOlume 25, issue 1, Winter 2015
reVue Canadienne de sOins infirmiers en OnCOlOgie
Communiqué
milieux de cancérologie ruraux, en vue
d’intégrer au programme des éléments
susceptibles de renforcer leurs compé-
tences en administration de traitements
de chimiothérapie. Cependant, on ne
sait pas si ces inrmiers et inrmières
connaissaient les directives actuelles
sur les compétences en chimiothérapie
telles que celles présentées par l’Asso-
ciation canadienne des inrmières en
oncologie (Burns et al., date omise). Les
créatrices du programme ont recensé
les besoins des inrmières et inrmiers
ayant une compréhension détaillée des
compétences exigées deux en vue d’in-
tégrer au programme un contenu perti-
nent et approprié. Dans le même ordre
d’idées, il se peut que l’expérience rela-
tivement faible des répondants, dont la
plupart travaillaient à temps partiel (47
%) et avaient moins de deux ans dex-
périence en soins inrmiers en oncolo-
gie (43%), ait eu un eet négatif sur le
choix du contenu du programme. Il se
peut que les données provenant de cet
échantillon ne soient pas représenta-
tives des compétences d’inrmières et
d’inrmiers possédant une plus grande
expérience en soins en oncologie et
une connaissance plus approfondie des
questions liées à la pratique. Cela dit, il
se peut que cette catégorie de praticiens
permette de mieux établir les besoins
en matière déducation et de ressources
dans les milieux de pratique inrmière
en oncologie à faible volume.
Malgré ces lacunes, les créatrices du
programme ont puisé dans des sources
d’information pertinentes. Le détail de
cette présentation pourrait être particu-
lièrement intéressant pour les adminis-
trateurs et les inrmières et inrmiers
qui travaillent dans des milieux ruraux
à faible volume de chimiothérapie. Les
résultats du programme pilote, qui
seront évalués en 2015, seront particu-
lièrement intéressants. Les créatrices
du programme évaluent en eet le rou-
lement du personnel, la satisfaction du
personnel, les erreurs en matière de
médicaments, l’utilité des ressources
éducationnelles et les coûts généraux.
Ces données seront certainement utiles
pour tout centre qui envisagerait de
mettre sur pied un programme de ren-
forcement des compétences pour son
personnel.
Le personnel inrmier rural a été
décrit comme un personnel inrmier
généraliste ayant besoin de connais-
sances spécialisées (Zibrik, MacLeod
& Zimmer, 2010), ce qui peut présen-
ter des dés, vu l’évolution constante
des traitements contre le cancer (Hewitt,
Greeneld & Stovall, 2006). Ces dés,
auxquels il faut rajouter l’irrégularité des
cas de chimiothérapie en régions rurales,
justient l’intégration d’initiatives
comme celle présentée par Enders et col-
lègues (2014). Le détail de ce programme,
ainsi que les résultats de son évaluation
(en cours), aideront les cadres et les cli-
niciens et cliniciennes à s’assurer que
les patients atteints de cancer en régions
rurales et reculées continuent de recevoir
des soins sécuritaires et des traitements
cytotoxiques de la part d’inrmières et
d’inrmiers compétents.
En bref
Ce que nous savions déjà :
• Les inrmiers et inrmières en onco-
logie doivent maintenir leur niveau
de compétences an dadministrer
des agents cytotoxiques.
• Les lignes directrices pour la pratique
ne sont pas toujours applicables dans
les contextes ruraux, et/ou les presta-
taires ne les connaissent pas toujours.
Ce que cette présentation a permis de
démontrer :
• Les inrmiers et inrmières en onco-
logie en régions rurales souhaitent
renforcer leurs compétences en admi-
nistration de chimiothérapie dans des
contextes à faible volume.
• La documentation scientique axée
sur les soins aux personnes atteintes
de cancer dans les milieux ruraux est
peu abondante.
• Les inrmières et inrmiers sont très
bien placés pour élaborer et mettre en
œuvre des stratégies de renforcement
continu des compétences.
Prochaines étapes :
• Nous avons besoin de plus de
recherche pour comprendre les expé-
riences des patients atteints de cancer,
des survivants et du personnel inr-
mier en oncologie en régions rurales.
• Il convient dexplorer des initiatives
sur la façon de faciliter les soins aux
personnes atteintes de cancer dans
les milieux ruraux.
réFérenCes
Bettencourt, B.A., Schlegel, R.J., Talley, A.E.,
& Molix, L.A. (2007). The breast cancer
experience of rural women: A literature
review. Psycho-Oyncolog, 16(July), 875–
887. doi:10.1002/pon
Bollman, R.D., & Clemenson, H.A. (2008).
Structure and change in Canada’s rural
demography: An update to 2006. Rural
and Small Town Canada Analysis Bulletin,
7(7).
Burns, K., Hartzell, R., Hues, B., Karrei,
I., Lejambe, V., Mercer, L., … Truant,
T. (n.d.). Standards and competencies
for cancer chemotherapy nursing practice.
Vancouver, BC: CANO.
Comité consultatif des Statistiques
canadiennes sur le cancer, Société
canadienne du cancer. (2013). Statistiques
canadiennes sur le cancer 2013. Toronto,
Canada. Récupéré de : http://www.
cancer.ca/~/media/cancer.ca/CW/
cancer%20information/cancer%20
101/Canadian%20cancer%20statistics/
canadian-cancer-statistics-2013-FR.pdf
Goldstein, D., & Margo, J. (2001). Cancer in
the bush—Optimizing clinical services.
Cancer Forum, 25(2), 121–125. Retrieved
from http://www.cancerforum.org.au/
File/2001/July/CF01Jul_121-125.pdf
Hewitt, M., Greeneld, S., & Stovall, E.
(2006). From cancer patient to cancer
survivor: Lost in transition. Washington,
DC. Retrieved from www.nap.edu/
catalog/11468.html
Kulig, J.C., Kilpatrick, K., Mott, P., &
Zimmer, L. (2013). Rural and remote
nursing practice: An updated documentary
analysis. Lethbridge. doi:RRN2-02
Pong, R.W., Irvine, A., McChesney, C.,
DesRochers, C., Valiquette, A., & Blanco,
H. (2000). Chemotherapy closer to home.
Retrieved from http://www.cranhr.ca/
pdf/focus/FOCUS02-A2.pdf
Zibrik, K.J., MacLeod, M.L.P., & Zimmer, L.V.
(2010). Professionalism in rural acute-
care nursing. The Canadian Journal of
Nursing Research/Revue Canadienne de
Recherche En Sciences Inrmières, 42(1),
20–36. Retrieved from http://www.ncbi.
nlm.nih.gov/pubmed/20420090
1 / 3 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !