Infirmière en oncologie Une profession qui affirme sa spécificité D ans certains pays d’Europe, les infirmières en oncologie sont reconnues comme des spécialistes d’une pathologie particulière. Ce n’est pas encore le cas en France, alors que la maladie implique les soignants dans des relations très fortes et une qualité de soins faisant appel à des compétences variées et de plus en plus pointues. «Dans les prochaines années, les infirmiers qui prodiguent des soins aux patients atteints de cancer devront recevoir une formation nouvelle adaptée aux nouveaux besoins. Aujourd’hui, des disparités considérables existent en matière de formation infirmière en cancérologie. Les infirmiers doivent s’investir dans les travaux de recherche et utiliser celle-ci dans la pratique quotidienne, afin de faire évoluer leurs connaissances et leur statut», déclare N. Kearney, Présidente de l’EONS (Association européenne d’infirmiers en oncologie). Dans les traitements des cancers, la recherche se diversifie. De nombreuses recherches fondamentales ont permis de mieux comprendre les éléments présidant à la cancérisation des cellules, agressions physico-chimiques et anomalies génétiques entre autres. Les cytotoxiques, couramment utilisés, ont connu de nombreux progrès mais malgré leur efficacité, restent parfois insuffisants. Limiter la multiplica- Lors de la deuxième Rencontre des infirmières en oncologie, des infirmières ont partagé leurs expériences sur des sujets variés, avec l’objectif l’amélioration de la qualité des soins dispensés aux patients et une reconnaissance au sein de la profession de leur spécialité et spécificité. tion et la dissémination des cellules cancéreuses est un axe de développement. D’autres approches concernent les “vaccins” (traduction impropre de l’anglais vaccine), les inhibiteurs de l’angiogénèse et les modificateurs des signaux de transduction. Aujourd’hui, les traitements anticancéreux, telles la chirurgie, la chimiothérapie sont souvent responsables de réactions momentanées entraînant une atteinte à la qualité de vie des patients. Préserver la qualité de vie Un des symptômes les plus fréquents dans les maladies cancéreuses, est celui de la fatigue. «La fatigue est réelle même si elle est très subjective. Elle est omniprésente, mais souvent négligée, ignorée, considérée comme une conséquence inéluctable de la maladie. Cette fatigue-fatalité nuit à la qualité de vie des patients et souvent à leur adhésion aux soins», souligne D. Cognis (Marseille). Malheureusement la prise en charge de la fatigue n’est pas une priorité actuelle du système de santé français. Textes législatifs définissant l’exercice infirmier • Loi 78165 du 31 mai 1978 définissant la profession infirmière. • Loi 80257 du 12 juillet 1978 modifiant certaines dispositions du code de la santé publique. • Décret 81539 du 11 mai 1981 relatif à la fonction infirmière. • Décret 84689 du 17 juillet 1984 relatif aux actes professionnels et à l’exercice de la profession infirmière • Décret 89758 du 18 octobre 1989 modifiant le décret 84689 • Décret 93221 du 16 février 1993 relatif aux actes pofessionnels • Circulaire DGS/PS 97412 du 30 mai 1997 relative à l’application du décret 93345 12 D’autant que le traitement de la douleur devient le symptôme prioritaire. Douleur et fatigue ont pourtant un point commun, celui de la mise en œuvre du rôle propre de l’infirmier. Prendre en charge l’une et l’autre signifie de considérer le patient comme un sujet de soins, en prenant compte de la globalité de ce qu’il vit. C’est aussi un champ de développement de la profession qui y affirme son savoir. En oncologie, le traitement de la douleur est un élément incontournable. Des centres anti-douleurs, traitant exclusivement les douleurs liées au cancer sont souvent implantés, comme à Villejuif (94), dans les centres de lutte contre le cancer. Le temps est le facteur premier, surtout dans la consultation d’un nouveau patient. A Villejuif, les consultations infirmières sont assurées quotidiennement, à la fois en consultation externe et en équipe mobile. «Le rôle infirmier en analgésie, souligne M. Echaubard (Villejuif) en citant un extrait de “pursuit of excellence”, c’est le savoir faire et l’art de prendre soin d’une personne qui transforment une technique en une intervention infirmière». Mais cette approche doit-elle être réservée seulement aux soins de la douleur ? Ainsi la santé sexuelle est-elle un élément reconnu aujourd’hui comme important qui atteint la qualité de vie du patient et nuit à sa volonté de guérir. Surtout quand sont atteintes les parties génitales ou celles correspondant à une image de séduction. Cette localisation du cancer, et aussi le type de cancer, peuvent entraîner des conséquences sous forme de perturbations des comportements et/ou de dysfonctionnement sexuel. Le rôle des soignants est important pour aider le malade et son conjoint à s’exprimer sur ce sujet, s’il le désire. «Les soignants doivent instaurer une relation de confiance et de repect. La plupart du temps, ils doivent prendre l’initiative pour en parler avec le couple, car les malades abordent rarement le sujet en premier», souligne B. Puissochet (Clermont-Ferrand). S’appuyer sur les services de soins palliatifs Accompagner les malades en fin de vie est souvent le lot des services d’oncologie. Le rôle infirmier consiste donc aussi à aider ceux qui ont à regarder la mort en face. Pour A. Delogne de Reims, «la prise en charge d’un patient en soins palliatifs est toujours une nouvelle Aventure. Ce terme est pris dans le sens de la découverte, de rencontre, de communication avec le patient, avec la famille et l’entourage, avec les autres soignants». Bien souvent se pose le problème du dit et du non-dit. «Le rôle des soignants est de faire comprendre que certaines attitudes peuvent être génératrices de regrets. Pour que les messages soient acceptés, il faut du temps, pour que chacun trouve sa place, en respectant celle du patient», poursuit-elle. Le patient français est-il prêt à être éduqué ? Un programme d’éducation suédois “Apprendre à vivre avec un cancer”, a été conçu pour les patients atteints de cancer et leurs proches, afin de les informer et leur fournir un soutien psycholo- gique. Ce programme plus proche des mentalités anglo-saxones, envisage l’éducation des patients qui le souhaitent, en leur demandant une implication personnelle par leur positionnement individuel au sein de leur entourage et du groupe. Il se présente sous forme de cours, au contenu pré-établi, se déroulant au rythme de 2 heures par semaine pendant 8 semaines. On y évoque la physiologie pathologie de la maladie, ainsi que les traitements et leurs effets secondaires et la prise en charge et le soutien psychologique au travers de méthodes de relaxation ou d’arthérapie. En oncologie, plus que jamais, les soins infirmiers sont de nature à la fois technique, relationnelle et éducative. A-L. P. D’après les interventions infirmières des rencontres infirmières en oncologie organisées par l’Afic en collaboration avec la division oncologie de Bristol-Myers Squibb. proINFIRMIER fessions santé INFIRMIÈRE 13