Dossier
tmiqu
Le Courrier de la Transplantation - Volume VI - n
o 3 - juillet-août-septembre 2006
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tion du FI, proportion plus importante
que celle rapportée par D. Kavanagh et
al. de 2 cas sur 76 (2,6 %), probablement
surtout des adultes (15), par J. Esparza-
Gordillo et al. (14) de 1 cas sur 41 (2 %)
et par J. Caprioli et al. (6) de 7 cas sur
156 (4,5 %). La proportion de patients
avec une mutation de MCP est de 10 à
15 %, chez les enfants et les adultes (6,
14, 16-18).
Globalement, le résultat des greffes chez
les patients atteints de SHU D-génoty-
pés est mauvais. E. Bresin et al., dans
une revue récente, observaient que, sur
40 patients, 67 % avaient eu au moins
un échec de greffe, dû à une récidive
du SHU dans 81,5 % des cas et à des
phénomènes de rejet dans 18,5 % des
cas (19). Le taux de survie des greffons
à un an était de 32 % pour les transplan-
tations avec donneurs décédés et de 50 %
pour celles avec donneurs vivants. Le
taux global de récidive du SHU était de
60 %, conduisant à une perte du greffon
dans 91,6 % des cas. Le délai entre la
transplantation et la perte du greffon par
récidive était inférieur ou égal à un an
dans 82,6 % des cas, allant de 3 jours à
2 ans. Le taux de perte du greffon par
récidive du SHU était de 42,8 % lors-
que le SHU avait débuté dans l’enfance,
62,5 % lorsqu’il avait débuté à l’âge
adulte. Le fait d’éviter les inhibiteurs
des anticalcineurines n’améliorait pas
le taux de succès (19).
Des résultats défavorables sont également
constatés dans la cohorte pédiatrique fran-
çaise génotypée par le FH, FI et MCP :
15 enfants ont reçu 24 transplantations
rénales, dont 23 avec un donneur décédé
et 23 après néphrectomie bilatérale. Dix
de ces 15 enfants (66 %) ont eu au moins
un échec de greffe. En effet, 8 greffes sur
24 (33 %) seulement sont fonctionnelles,
avec un recul de un à 12 ans, et 16 sur
24 (67 %) ont échoué, dont 12 avant la
n de la première année postgreffe. Sur
ces 12 échecs précoces, 8 étaient dus à
une thrombose du greffon survenue 0
à 45 jours après l’intervention, 3 à la
récidive du SHU, et un à une infection à
cytomégalovirus (CMV). Cette fréquence
inhabituelle des thromboses (8 échecs sur
16 – 50 % – dont 8 des 12 échecs pré-
coces, 67 %) n’a pas été rapportée dans
la littérature (19), et suggère un risque
thrombogène des anomalies du com-
plément ou l’existence des facteurs de
risque de thrombose additionnels. Dans
cette série pédiatrique, le taux de récidive
du SHU après transplantation a été de
33 % (8 greffes sur 24), sous la forme
d’un SHU complet (6 cas, récidive aux
3
e
, 8
e
, 15
e
, 30
e
, 60
e
jours et 7
e
mois après
greffe) ou d’une récidive histologique de
MAT sur une biopsie rénale faite pour une
augmentation modérée de la créatininé-
mie (2 cas, un an et demi et 12 ans après
greffe). Sur ces 8 récidives, 3 ont entraîné
la perte immédiate du greffon, 2 une perte
retardée 3,5 et 5,5 ans après la récidive,
les trois derniers greffons étant fonction-
nels 1, 2,4 et 12 ans après la récidive.
Au total, 5 des 8 greffons (62 %) avec
récidive du SHU ont fonctionné au moins
pendant un an, alors que le SHU initial
avait entraîné d’emblée une insufsance
rénale terminale. La raison pour laquelle
la récidive du SHU est éventuellement
moins sévère que le SHU primitif est
incertaine. On peut s’interroger sur le rôle
de polymorphismes de MCP du greffon
dans la sévérité de la récidive (14, 20).
Les patients porteurs de mutations
du FH et du FI ont l’évolution la plus
défavorable après greffe. Dans la série
pédiatrique française, 6 enfants avec
mutation du FH ont eu 7 transplanta-
tions. Deux transplantations sur 7 (28 %)
n’ont eu aucun événement défavorable,
avec un recul de 5 et 12 ans. La cause
de perte précoce (moins d’un an après
transplantation) a été une récidive du
SHU dans un cas et une thrombose de
l’artère rénale dans 2 cas. La récidive a
conduit à la perte du greffon au bout de
3 ans et demi dans un autre cas, tandis
que 2 greffons sont fonctionnels en dépit
d’une récidive, avec un recul de 18 mois
et de 12 ans. Au total, 4 des 5 greffons
non perdus précocement par thrombose,
soit 80 %, ont eu une récidive de SHU
clinique ou histologique, conduisant
à la perte du greffon dans 2 cas sur 4
(50 %). Dans la revue de E. Bresin et al.
(19), une récidive du SHU est survenue
dans 27 cas sur 36 (74 %) porteurs d’une
mutation du FH, conduisant à la perte
du greffon dans 21 cas sur 27 (78 %).
La non-prescription d’inhibiteurs de la
calcineurine, le type de donneur, le taux
du FH circulant, le type et la position de
la mutation dans le gène du FH étaient
sans inuence sur le risque et l’évolution
de la récidive du SHU.
Dans la série pédiatrique française, deux
enfants porteurs d’une mutation du FI
ont été transplantés. L’un n’a eu aucun
problème et a une fonction normale du
greffon 3 ans et 6 mois après la transplan-
tation. L’autre a eu une récidive du SHU
au 15e jour postgreffe, mais a conservé
une fonction rénale sufsante jusqu’au
retour en dialyse 5 ans et 6 mois après
la transplantation. Dans la littérature, les
3 patients porteurs d’une mutation du FI
greffés ont tous récidivé après greffe et
ont perdu leur greffon à la suite de la
récidive (19).
Le seul enfant porteur d’une mutation
de MCP transplanté dans la série pédia-
trique française n’a pas récidivé après
greffe mais a perdu son greffon 5 ans et
6 mois après la transplantation par rejet
lié à une non-compliance thérapeutique.
Ce cas s’ajoute aux 7 cas transplantés
publiés, dont un seul a eu une récidive
après greffe (16, 18, 19). L’absence
usuelle de récidive est logique, puisque
le greffon est censé apporter la MCP
normale. Le seul patient qui a eu une
récidive a un prol complémentaire
suggérant la présence d’une mutation
d’une autre protéine régulatrice du
complément, associée à la mutation
de MCP (18).
Dix enfants de la série pédiatrique fran-
çaise atteints d’un SHU D- inexpliqué
(pas de mutation du FH, FI ni de MCP)
ont reçu 14 transplantations. Dix d’entre
elles (71 %) ont échoué, par thrombose
du greffon dans 6 cas, récidive du SHU
dans 2 cas, rejet par non-compliance dans
un cas, infection à cytomégalovirus dans
un cas. Au total, une récidive du SHU
est survenue dans 3 des 8 greffes non