Dossier scientifique
8 // Revue FRancophone des LaboRatoiRes - FévRieR 2012 - 439 bis
3. Encéphalites aiguës primitives
3.1. Encéphalite herpétique
L’encéphalite herpétique est la première cause d’encépha-
lite virale primitive sporadique dans les pays occidentaux.
Elle survient à tous les âges de la vie, avec un pic dans
la première année de vie, puis après l’âge de 50 ans. Elle
est quasi exclusivement due au virus herpes simplex de
type 1 (HSV-1) sauf dans la période néo-natale où elle
peut être due aussi bien à HSV-1 qu’à HSV-2. C’est une
urgence diagnostique et thérapeutique. Le LCR est nor-
mal au début de la maladie dans une faible proportion
de cas (5 %), mais il est le plus souvent lymphocytaire
(de 10 à 500 éléments/µl), avec parfois des hématies,
une protéinorachie modérée (< 1,5 g/l), et une glyco-
rachie normale. L’IFN-alpha dans le LCR est élevé dans
95 % des cas d’encéphalite herpétique chez l’adulte. La
PCR est la technique de référence du diagnostic. L’ADN
viral est décelable dans le LCR prélevé lors de la première
semaine de l’infection chez 95 à 100 % des patients adultes.
Une PCR négative au début de la maladie peut être due à
des prélèvements trop précoces, contenant peu d’éléments
cellulaires, ou ne contenant pas encore le génome viral,
cas plus fréquent en pédiatrie. L’ADN HSV reste décelable
sous traitement antiviral dans un à deux tiers des cas au
cours de la deuxième semaine, et disparaît en règle après
15 jours de traitement. La persistance d’une PCR positive
à la n de cette période, rarement recherchée sauf si l’état
du patient ne s’améliore pas, peut faire discuter la poursuite
prolongée du traitement. La sérologie sanguine apporte
peu de renseignements, car la maladie survient chez des
sujets déjà porteurs dans deux tiers des cas d’anticorps
dirigés contre HSV-1. La synthèse intra-thécale d’IgG HSV
est constante, elle persiste pendant des années.
3.2. Encéphalite à virus
de la varicelle et du zona
Une encéphalite primitive survient exceptionnellement au
cours de la varicelle, on l’observe et on la redoute chez
les sujets immunodéprimés ayant une virémie cellulaire
sanguine persistante, chez lesquels le virus peut envahir
le SNC. On observe plus fréquemment les complications
neurologiques du VZV au décours du zona, chez des
patients âgés et/ou immunodéprimés. Chez
ces sujets, les encéphalites ou encéphalo-
pathies liées au VZV sont fréquemment
associées à une vasculopathie des gros
ou des petits vaisseaux cérébraux, occa-
sionnant des accidents vasculaires céré-
braux ischémiques et/ou hémorragiques
par thrombose et infarctus. Une forme
particulière associe le zona ophtalmique
à une thrombose des artères cérébrales
homolatérales. On observe également des
atteintes mixtes de la substance grise et
de la substance blanche (leucoencépha-
lite multifocale) liées à l’atteinte multiple
des petits vaisseaux cérébraux. Le dia-
gnostic de ces atteintes neurologiques est
facile lorsqu’existe la notion d’une érup-
tion zostérienne récente ou concomitante, mais il existe
de nombreuses formes neurologiques sans éruption. Le
VZV est par ordre de fréquence la 2e cause reconnue des
encéphalites aiguës virales, cela justie de le rechercher
systématiquement surtout chez le sujet immunodéprimé
et/ou âgé, ce d’autant qu’existe un traitement antiviral
spécique. Le diagnostic repose sur la PCR, très sensible.
3. 3. Encéphalites dues aux arbovirus
Les arbovirus appartiennent à des familles de virus variées
(Togaviridae, Flaviviridae, Bunyaviridae, Reoviridae). La
prévalence des infections à arbovirus, qui surviennent
sur un mode épidémique saisonnier, varie en fonction de
zones géographiques dont les limites sont dénies par les
vecteurs des virus, tiques, moustiques et phlébotomes.
Ce sont les causes les plus fréquentes d’encéphalites
épidémiques. La fréquence et la gravité des atteintes
neuro-méningées varient selon le virus et l’âge de l’hôte.
L’encéphalite japonaise est de loin la plus fréquente, avec
une incidence annuelle de 50 000 cas dont 15 000 décès.
Le diagnostic, guidé par la notion de voyage en zone
d’endémie, repose sur la mise en évidence d’IgM sériques,
ou d’une élévation signicative du titre des AC sériques
sur deux prélèvements espacés de 51 jours. La présence
des IgM dans le LCR est inconstante. Des tests utilisant
la PCR ont été élaborés pour certaines de ces infections.
3. 4. Encéphalite rabique
La rage est largement répandue en Asie et en Afrique, où
elle est essentiellement transmise par le chien : en Inde,
30 000décès annuels sont imputables à la rage. La mala-
die est devenue exceptionnelle dans les pays occidentaux
grâce aux mesures de prévention, en dehors des cas impor-
tés. Le diagnostic est porté dans les centres antirabiques
spécialisés. Il est difcile à la phase précoce. Le LCR est
normal ou lymphocytaire. La sérologie ne se positive qu’à
partir de la deuxième semaine de la maladie, parfois elle
est encore négative au moment du décès. L’isolement
du virus à partir du LCR ou de la salive est inconstant, la
détection directe des antigènes viraux dans les prélève-
ments lacrymaux, salivaires, de LCR, dans les biopsies
cutanées ou sur des frottis de cornée n’est possible qu’à
un stade tardif. Les techniques de PCR permettent à pré-
sent de détecter le génome viral dans le LCR et la salive.
Tableau II – Diagnostic virologique des encéphalites.
Encéphalites primitives Encéphalites post-infectieuses
Sérum LCR Sérum LCR
Phase aiguë
IFN alpha Négatif > 2 UI/ml Négatif Négatif
Si positif LCR > sérum Si positif LCR < sérum
PCR Positive Négative
IgG Variables Absentes Présentes Inconstants
IgM Inconstantes Inconstantes Présentes Absentes
Phase tardive
IFN alpha Négatif Négatif Négatif Négatif
PCR Négative Négative
IgG Élévation Synthèse Diminution Absentes