L Activité physique adaptée et cancer du pancréas : étude APACaP

publicité
Actualités
à la 25e JFCD
Activité physique adaptée
et cancer du pancréas :
étude APACaP
Physical activity in patients with pancreatic
adenocarcinoma: the APACaP study
C. Neuzillet*, P. Hammel*
C. Neuzillet
P. Hammel
L
e bénéfice de l’activité physique après le diagnostic d’un cancer a été démontré en termes
d’amélioration symptomatique : diminution
de la fatigue, amélioration de la qualité de vie, de
l’état psychologique et émotionnel, et de l’observance aux traitements (1, 2). Un effet bénéfique
de l’activité physique sur la survie a également été
rapporté dans certains cancers, et serait médié au
niveau moléculaire par, entre autres, une diminution de l’insulinorésistance, de l’insulinosécrétion
et du taux d’IGF-1 [3]. L’Institut national du cancer
(INCa) recommande la pratique d’une activité
physique adaptée (APA : moyen qui permet la mise
en mouvement des personnes qui, en raison de leur
état physique, ne peuvent pratiquer une activité
Étude ouverte
Adénocarcinome
du pancréas
localement avancé
ou métastatique
PS OMS ≤ 2
(n = 200)
R
physique dans des conditions habituelles) pendant
et après les soins en cancérologie.
L’adénocarcinome du pancréas est une maladie
fréquente (deuxième cancer digestif en incidence
avec plus de 10 000 nouveaux cas par an) dont la
gravité est bien connue (taux de survie globale à
5 ans inférieur à 5 %). Plus de 80 % des malades ont
une tumeur non résécable (localement avancée ou
métastatique) au moment du diagnostic. Il n’existe
pas de données à ce jour dans la littérature concernant les effets de l’APA dans cette indication.
Les malades atteints d’un adénocarcinome du
pancréas non résécable pourraient tirer profit de
la pratique de l’APA sur le plan symptomatique.
La fatigue est un symptôme quasi constamment
Prise en charge habituelle
Durée totale (intervention + suivi) : 24 mois
Prise en charge habituelle + APA (16 semaines)
Stratification
✓ Centre
✓ Stade (localement avancé
ou métastatique)
✓ Type de chimiothérapie
(hebdomadaire ou /2 semaines)
✓ PS OMS (0-1 ou 2)
✓ Niveau d’activité physique
(questionnaire GPAQ)
APA : activité physique adaptée.
* Service de gastroentérologiepancréatologie, hôpital Beaujon,
Clichy.
Figure. Schéma de l’étude APACaP.
152 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXIII - n° 5 - mai 2014
Exercices
✓ Aérobies
✓ De résistance musculaire
avec “accompagnant APA” (proche avec lequel le patient
pratique au moins une des séances d’exercice par semaine)
Prise en charge nutritionnelle
Résumé
L’activité physique adaptée (APA) pendant la chimiothérapie est une option innovante et prometteuse
pour diminuer la fatigue et améliorer la qualité de vie des malades. L’adénocarcinome du pancréas est
fréquent (deuxième cancer digestif en termes d’incidence) et de mauvais pronostic. Les effets potentiels
de l’APA dans l’adénocarcinome du pancréas avancé ne sont pas connus. L’étude multicentrique randomisée APACaP étudiera, pour la première fois et de façon prospective, les effets d’un programme d’APA
dans cette indication.
rapporté par ces malades ; elle est responsable
d’une altération significative de la qualité de vie.
La pratique de l’APA pourrait diminuer cette fatigue
et avoir un effet bénéfique sur d’autres symptômes
(douleur, symptômes anxiodépressifs, dénutrition), induisant globalement une amélioration de
la qualité de vie. Il existe par ailleurs des relations
entre insulinorésistance, sécrétions d’insuline et
d’IGF-1 et carcinogenèse pancréatique. Du fait de la
diminution de l’insulinorésistance et des sécrétions
d’insuline et d’IGF-1 qu’elle entraîne, l’APA pourrait
avoir un effet bénéfique sur le pronostic (survie)
de ces malades.
APACaP est une étude randomisée multicentrique
intergroupe (GERCOR, FFCD, PRODIGE) dont
l’objectif est de tester l’efficacité sur la fatigue
(MFI-20 [Multidimensional Fatigue Inventory]) et
la qualité de vie (EORTC QLQ-C30 [European Organisation for Research and Treatment of Cancer - Quality
of Life Questionnaire]) d’un programme d’APA chez
les malades ayant un adénocarcinome du pancréas
non résécable (figure). L’ouverture des inclusions
est prévue au troisième trimestre 2014.
Une telle intervention peut sembler paradoxale du
fait des multiples symptômes liés à l’adénocarcinome du pancréas (fatigue, dépression, douleur,
dénutrition) qui pourraient limiter la pratique de
l’APA. Au contraire, nous pensons qu’un programme
d’APA, s’il tient compte des spécificités de l’adénocarcinome du pancréas, peut améliorer les symptômes et la qualité de vie. Si cette étude montre que
l’APA est faisable, efficace et coût-efficace, l’étape
suivante sera la généralisation de l’APA en complément de la chimiothérapie dans la prise en charge
de l’adénocarcinome du pancréas avancé et d’autres
cancers digestifs.
■
C. Neuzillet et P. Hammel déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
Mots-clés
Cancer du pancréas
Activité physique
Soins de support
Summary
Exercise during chemotherapy is a novel and promising
option to reduce fatigue and
improve quality of life, and has
been shown to be efficient and
feasible in patients with various
cancers. Pancreatic adenocarcinoma (PAC) is the second
digestive cancer in terms
of incidence and one of the
poorest in terms of prognosis.
The potential effects of physical
activity in advanced PAC have
never been explored to date.
The APACaP multicenter randomized study will for the first
time prospectively evaluate
the effects of a physical activity intervention in patients
with unresectable PAC.
Keywords
Pancreatic adenocarcinoma
Physical activity
Supportive care
Références bibliographiques
1. Cramp F, Byron-Daniel J. Exercise for the management of
cancer-related fatigue in adults. Cochrane Database Syst
Rev 2012;11:CD006145.
2. Mishra SI, Scherer RW, Snyder C et al. Exercise interventions on health-related quality of life for people with
cancer during active treatment. Cochrane Database Syst
Rev 2012;8:CD008465.
3. Ballard-Barbash R, Friedenreich CM, Courneya KS et al.
Physical activity, biomarkers, and disease outcomes in
cancer survivors: a systematic review. J Natl Cancer Inst
2012;104(11):815-40.
La Lettre du Cancérologue • Vol. XXIII - n° 5 - mai 2014 | 153
Téléchargement