Politique, savoir, subjectivation. Recherche sur la question du sujet dans... philosophie politique française contemporaine

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Politique, savoir, subjectivation. Recherche sur la question du sujet dans la
philosophie politique française contemporaine
« La question de la philosophie, ce nest pas la
question de la politique, c’est la question du sujet
dans la politique1 ».
1. Introduction
Le prétexte de cet essai et de la journée d’étude dont il est issu est fourni par les
travaux du Groupe de Recherches Matérialistes, en particulier par l’opuscule Esquisse d’une
contribution à la critique de l’économie des savoirs2. Mon intention première est de
comprendre comment s’y pose la question du sujet. Plus précisément, je chercherai à voir
selon quelles modalités une réflexion sur la production du savoir rencontre comme un de ses
moments essentiels le problème de la constitution de sujets. Comment en somme composent
procès de connaissance et procès de subjectivation (au sens large et neutre de production de
sujet ou de position de subjectivité) ? telle est la question qui forme le fil conducteur de ce
texte et de la lecture de l’Esquisse qu’il propose. Or c’est entre ces deux procès, on le verra,
que se loge quelque chose que l’ouvrage reconnaît comme « la politique ». D’où la question
que par la bande je lui adresserai : quel concept de la politique autorisent ses présupposés
quant au savoir et au sujet ? Vers quel concept de la politique fait-il signe (et peut-être : ne
peut-il pas ne pas faire signe) ? Nous donne-t-il de quoi la penser (théoriquement et/ou
pratiquement) ? En un mot, le livre en tant qu’essai d’épistémologie matérialiste du sujet
social de la connaissance –, en est-il quitte avec la politique ?
Une lecture interne ne suffirait pas à poser avec justesse ces questions. En outre
convient-il au moins si l’on souhaite ne pas dépareiller dans l’ensemble proposé ici de
conformer cette intervention à certains principes, et à une manière, surtout, à un mode
d’exposition ou d’exhibition de la pensée qui serait « matérialiste » en un sen précis, celui
qu’explore justement le groupe de recherche suscité en ce sens, un discours sera dit
« matérialiste » d’exposer pour les problématiser ses limites spécifiques, les conditions
théoriques et matérielles qui le déterminent. Aussi vais-je interroger les propres conditions de
possibilité théoriques de l’Esquisse : il faudra rapporter le livre à la constellation conceptuelle
il s’inscrit, il puise sa « matière première théorique » et qui, comme telle, dessine son
horizon et peut-être ses limites. Sans doute faudrait-il aussi mettre au jour les effets singuliers
qu’il compte y inscrire, saisir sa « différence spécifique » au regard de la structure de ce
champ théorique. C’est pourquoi j’adresserai à divers auteurs entre Althusser et Foucault,
Balibar, Badiou ou Rancière – une question identique à celle élaborée à propos de l’Esquisse :
quel concept de la politique émerge au carrefour de lanalyse du savoir et du sujet ? S’il
devait apparaître, au terme d’un parcours l’Esquisse se verra rapportée à sa trame
théorique, moins des différences spécifiques qu’une homogénéité conceptuelle, même
insatisfaisante pour la pensée, que serait-elle, sinon celle des philosophies actuelles de la
politique réputées radicales ?
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1 M. Foucault, Le gouvernement de soi et des autres. Cours au Collège de France, 1982-1983, Paris,
Gallimard/Seuil, « Hautes Études », 2008, p. 295.
2 G. Sibertin-Blanc, S. Legrand, Esquisse d’une contribution à la critique de l’économie des savoirs, Rennes, Le
Clou dans le Fer, 2009, 103 p. (désormais abrégé Esquisse). Compte-rendu par Y. Citton, « Démontage de
l’université, guerre des évaluations et luttes de classes », in La revue internationale des livres et des idées, n° 11,
2009, p. 25-26.
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2. Savoir, fonction-sujet et politisation dans l’Esquisse
L’énoncé qui fonde le livre est : « La théorie, la pensée sont des matérialités de plein
droit3 ». C’est dire que la connaissance (que j’identifie ici au savoir) ne dérive pas du jeu réglé
entretenu par les facultés d’un sujet transcendantal et que l’histoire du savoir ne s’ordonne en
aucune façon à un progrès. Le savoir s’indexe sur des pratiques et des procès, des rapports
sociaux trans-individuels, et son histoire relève de rapports de forces en conflit, de ce que ces
rapports s’insèrent dans un tout social, un mode de production à l’organisation complexe qui
les surdéterminent. Penser la pensée, ce sera alors rapporter à ses conditions de possibilité et
d’existence pratiques (historiques, économiques et sociales) et théoriques (conceptuelles) la
production de la connaissance pour une formation sociale donnée. Aussi ne pensera-t-on pas
le savoir en général mais bien une « économie restreinte des savoirs » (ERS) elle-même en
rapport à une « économie sociale générale ». D’où un mode de position singulier de la
question du sujet. L’économie des savoirs comme mode de production restreint existe selon
trois « moments » (contemporains et connectés) : la production de production ; la production
de circulation ; la production de consommation. La constitution de la forme de la subjectivité
est attachée au premier de ces niveaux, celui de la production de production, définit comme
« production des sujets producteurs […] et des moyens de production4 ».
Le sujet du savoir ne pourra donc être pensé comme isolé ou monadique. Il ne sera pas
confondu avec la forme d’une conscience identique à elle-même posée au départ ou au
fondement de la possibilité de la connaissance. Le sujet doit être conçu comme rapport,
relation à et, d’abord, comme relation à autre chose que soi, et mise en rapport d’éléments
qui l’excèdent. En toute rigueur, il n’y a de sujet qu’en rapport avec des « moyens de
production » qui lui préexistent et qui sont eux-mêmes reliés à un mode (restreint) de
production. Mieux, le sujet assume ce rôle considérable de mettre en rapport économie
restreinte et économie générale, de leur servir d’entremise ou de point d’articulation : c’est
« par le biais des formes d’assujettissement, des fonctions-sujets suscitées à leur
entrecroisement5 » qu’elles s’épousent. L’instance subjective n’est pensable qu’en relation de
dérivation à l’égard de conditions matérielles sous lesquelles, par lesquelles, pour lesquelles
elle existe. Il y a, dans tout processus de connaissance de l’objet, constitution d’un lieu du
subjectif, dans un certain champ pratique et théorique matériellement déterminé : ce lieu ne
préexiste pas au savoir, il est un événement de son procès.
Contre l’anthropologie philosophique, l’humanisme classique et la pensée essentialiste
ou substantialiste du sujet, c’est simplement rappeler, avec Marx, que l’essence de l’homme
est ce qui passe entre les individus (soit « l’ensemble des rapports sociaux6 ») et que, selon ce
cadre de pensée, le sujet n’est jamais que le support ou le porteur (Träger) de structures
(matérielles (sociales) et symboliques (idéologiques)) qui le dépassent, dont il endosse les
masques7, auxquelles il fonctionne (« comme le moteur fonctionne à l’essence8 »), et dont il
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3 Ibid., p. 17.
4 Ibid., p. 25.
5 Ibid., p. 27.
6 « Das menschliche Wesen ist kein dem einzelnen Individuum inwohnendes Abstractum. In seiner Wirklichkeit
ist es das ensemble der gesellschaftlichen Verhältnisse », K. Marx, « Thesen über Feuerbach » [1845], in
Philosophische und ökonomische Schriften », Stuttgart, Reclam, 2008, p. 48. Lire le commentaire de É. Balibar,
La philosophie de Marx [1993], Paris, La Découverte, 2001, p. 17 sq., spécialement p. 30-31, et la notion de
« transindividuel » : « Il s’agit […] de penser l’humanité comme une réalité transindividuelle […] ce qui existe
entre les individus, du fait de leurs multiples interactions ».
7 Voir É. Balibar, « Sur les concepts fondamentaux du matérialisme historique », in L. Althusser et. al., Lire Le
Capital [1965], Paris, PUF, 2008, p. 513.
8 Selon limage fameuse de L. Althusser, « Idéologie et appareils idéologiques d’État » [1970], in Positions,
Paris, Éd. Sociales, 1982.
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résulte du fait qu’il vient se loger à la place qui lui est comme par avance réservée : ce
pourquoi on ne parlera que d’« effet-sujet » ou de « fonction-sujet ». Or, si le sujet du savoir
ne peut être pensé comme isolé, on va aussi voir qu’il ne peut pas davantage être dit figé, fixe,
donné une fois pour toutes : relation à autre chose que lui-même, le sujet est essentiellement
rapport de transformation, métamorphose.
Relevons d’abord que la notion de « production » s’entend dans l’Esquisse en une
double acception. Il a une simple valeur descriptive (les trois moments de la production), d’où
s’induit la question qui préside à une description matérialiste de l’économie des savoirs : sous
quelles modalités ses forces et moyens de production sont-ils produits ? Mais le terme
acquiert encore un sens auquel est attaché un jugement de valeur. Ainsi lorsque sont opposées
consommation « productive du savoir » et consommation « improductive », ou lorsque sont
repérées les « stases d’antiproduction9 » qui parasitent les processus de production ou de
circulation. D’où s’induit une question formant l’horizon « éthique » de la recherche : que
valent les diverses modalités ou manières d’user du savoir, à chaque étape de son procès de
production ? La description matérialiste du mode de production des producteurs du savoir
insiste en somme sur sa contingence foncière et met en évidence l’existence de la possibilité
d’autres usages de ce procès. Elle implique de fait un questionnement quant aux diverses
modalités d’usage de la connaissance (antagoniques voire antagonistes) et leur valeur
respective. Mais la question du sujet doit alors être reposée, comme l’indique ce qui peut
passer pour l’interrogation directrice du livre : « Quel type de subjectivité productrice, quel
type de subjectivité de circulation, que type de subjectivité consommatrice […] sont suscités
ou reproduits par tel ou tel régime de l’ERS ?10 ». On le voit : ne poser le sujet qu’en rapport
à des moyens de production qui le déterminent socialement implique la thèse très forte selon
laquelle la manière dont le sujet se rapporte à ces moyens et au procès global de production
des savoirs dans ses différents moments est passible d’un jugement de valeur, puisqu’il y
aurait différentes façons d’actualiser ce rapport hiérarchisées selon qu’elles soient productives
ou improductives. Et de fait, le livre esquisse une typologie des figures du sujet.
Passons rapidement sur le sujet improductif (alias sujet « idéologique », « idéaliste »,
« tautologique »). Il n’est que l’incapacité concrète de rapporter le processus de production
des savoirs à ses « conditions matérielles d’existence ». Ces conditions sont alors
« naturalisées », et tout est vécu comme si elles correspondaient au mouvement implacable
d’une réalité à laquelle il n’est possible que de s’adapter (par exemple en la reflétant dans la
théorie). Sous les oripeaux de l’« auteur », du « médiatique » ou du « lecteur passif », le sujet
improductif n’est que le pur vecteur d’une reproduction sans écart du mode de production
habituel.
Que serait par contraste un « sujet productif » ? Le livre suspend sa création à une
double exigence : l’invention pratique de groupes de recherches aux méthodes originales (les
Appareils Théoriques de Groupe, ATG11) ; un travail de réflexion dont le maître-mot est celui
de « fonction-critique » théorique12. Non détachable d’une structure ATG, le sujet productif
de la connaissance se doit d’exercer une fonction critique dans le champ du savoir. Si le sujet
improductif « naturalisait » les conditions de sa propre production, c’est donc à un intense
travail de problématisation critique et historique de ces conditions que s’emploiera le sujet
« productif » (tâche d’historicisation). Trois concepts ceux d’intolérable, d’expérience et de
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9 Esquisse, par exemple p. 57.
10 Ibid., p. 72.
11 Ibid., p. 46 sq.
12 Ibid., p. 52, 72.
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transformation vont alors caractériser le sujet productif : il n’est qu’un certain rapport,
signalé par un affect (l’« intolérable »), à une transformation de l’expérience, elle-même
vecteur d’une transformation de sa propre expérience. Détaillons ces trois traits qui ont pour
point commun de brouiller les frontières du subjectif et de l’objectif (conformément au primat
d’un « transindividuel ») :
- « L’intolérable » est l’effet « subjectif » occasionné par les développements
« objectifs » d’une conjoncture donnée, quand tout indique que quelque chose, autour de
nous, est en train de changer, mais sans que nous puissions savoir vraiment ce qui change, ni,
a fortiori, sans que nous puissions le nommer. Si bien que cet affect n’est au fond ni vraiment
subjectif (aucun sujet ne le supporte réellement sinon un sujet à venir) ni vraiment objectif
(puisqu’il concerne un devenir possible, non encore complètement advenu, de la situation
objective)13. Tel est l’espace, entre-deux, d’actualisation d’une « fonction-critique » ;
- on nommera « expérience » le lieu de ce qui, autour de nous, est affecté d’un bougé,
à condition de voir qu’elle n’est définitoire d’aucun objet, pas plus qu’elle ne serait la
propriété d’un quelconque sujet. L’intolérable suppose que quelque chose dans l’« expérience
impersonnelle14 » (le murmure anonyme des pensées et du pensable qui nous environne) ait
déjà changé. Mais ce changement est par repli l’occasion pour le sujet d’une expérience
transformatrice de lui-même. La « fonction-critique » rejoint ici une interrogation sur les
limites : déporté par un affect aux limites de ce qui est habituellement pensable dans un
champ particulier de l’expérience sous un mode de production donné, le sujet découvre
l’occasion d’une expérience-limite de soi ;
- c’est pourquoi le sujet ne peut pas plus être dit figé qu’isolé. S’il est le support de
procès sociaux, il faut voir que ceux-ci sont eux-mêmes soumis à des variations, des
transformations. Ainsi la production d’un sujet productif paraît dériver d’une transformation
plus ou moins radicale de l’état antérieurement donné d’un champ singulier : elle enveloppe
immédiatement une transformation du mode de production de ses sujets : « La transformation
objective d’un espace du savoir est immédiatement transformation subjective de ses
producteurs15 ». Le procès de transformation est celui d’une détermination réciproque ou
mutuelle de l’expérience du sujet et du sujet de l’expérience.
En synthèse, le sujet « productif » advient dans l’écart ouvert par une transformation
de son expérience habituelle (et qu’indique l’affect d’intolérable), à condition d’effectuer une
expérience critique de cet écart lui-même et, partant, une transformation de soi. C’est
pourquoi le « sujet productif » doit in fine être pensé comme un « rapport de dé-
subjectivation16 ». Comme rapport, non seulement parce qu’il n’existe qu’en relation avec des
conditions matérielles en devenir dont il doit assurer, par une réflexion théorico-pratique,
l’historicisation, mais aussi parce qu’il n’effectue ce travail que sous une forme collective (un
ATG en rapport avec d’autres ATG). Rapport de « dé-subjectivation », enfin, parce que
l’expérience menée aux limites d’un mode de production des savoirs est transformation de la
« fonction-sujet » que lui assignait, jusqu’alors, ce dernier : elle devra donc débuter par
l’expérience d’une rupture, voire d’une destruction en forme de désidentification.
Un dernier élément du livre retient l’attention : l’usage qu’il propose du concept de
« politique ». Une dimension dite « politique » y est utilisée comme critère (strictement
immanent) permettant de discriminer production « productives » et « improductives » des
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13 Ibid., p. 68 sq.
14 Ibid., p. 82.
15 Ibid., p. 73. Je souligne.
16 Ibid., p. 81.
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sujets. Le livre insiste sur ceci que nous ne savons pas a priori ce qui est politique et ce qui ne
l’est pas ; mieux encore, qu’un pareil partage a priori, appliqué à la production du savoir, est
bien fait pour figer celle-ci dans une éternelle et improductive reproduction du même : « La
catégorie même de politique, la coupure prédéfinie du politique et du non-politique, est
précisément et paradoxalement un instrument de blocage des mouvements réels de
politisation17 ». On nommera dès lors « politisation » ou production productive de la
production le mouvement qui contribue au « déplacement » de ce partage a priori : c’est
le « critère » sous lequel il sera possible de départager sujet productif et improductif. On voit
que celui-ci est immanent (ou circulaire) : la politique est ce qui inocule la politique dans un
champ de l’expérience, elle n’est que le mouvement qui fait apparaître comme non critiqué
notre définition spontanée de la politique et qui, du même coup, déplace le codage habituel de
l’expérience elle est pure politisation. Simple trajectoire, elle n’est en ce sens rien de
substantiel, et le sujet productif, qui ne l’est pas davantage, n’est que ce qui supporte cette
trajectoire subversive. Leurs productions subjectivation et politisation sont strictement
contemporaines ou immédiates.
Résumons la thèse de l’Esquisse. L’analyse matérialiste du mode de production du
savoir découvre suscitées par son procès des « fonctions-sujets ». Celles-ci sont plus ou moins
productives, selon qu’elles contribuent au déplacement du mode habituel (c’est-à-dire
improductif) de la production du savoir et de ses sujets. Elles participent dans ce cas à une
« fonction-critique » de politisation de l’expérience. Si bien que l’expression « subjectivation
politique », par exemple, doit s’éclairer du premier terme qui la constitue : le concept de
« politique » ne pourra faire office de point de départ d’une recherche portant sur les formes
possibles de subjectivité au contraire, le contenu du concept de politique se déduira
« immédiatement » des subjectivations effectivement subversives.
La pensée du sujet au cœur du livre s’organise selon trois étapes : 1) refus de se
donner au départ de la recherche une notion « substantialiste » du sujet, critique implicite des
catégories héritées de l’humanisme classique ; 2) ce point de départ ouvre à une investigation
d’abord négative, une enquête critique à propos des modes sous lesquels sont effectivement
produits des « fonctions-sujets » ici dites « improductives » ; 3) interrogation qui se poursuit
en une tâche positive consistant à dégager les conditions théoriques et pratiques d’une autre
expérience du sujet, productive celle- (« dé-subjectivation »). Je vais maintenant montrer
comment le livre sur ce point répète exactement les acquis principaux de la pensée du sujet
élaborée, d’Althusser à Foucault, par la philosophie politique française contemporaine. On
pourra alors revenir sur le fait que celle-ci trouve régulièrement son impulsion dans une
épistémologie matérialiste des discours constitutifs de la connaissance ; et qu’elle semble
toujours impliquer un concept de la politique qui, pour être immanent, ne s’en mordrait peut-
être pas moins la queue.
3. Du procès sans sujet à la subjectivation (Althusser, Badiou, Rancière, Foucault)
Cette structure tripartite ne peut passer pour un fait de hasard : elle est la structure
même sous laquelle ne peut pas ne pas être pensé le sujet lorsqu’il s’agit d’en contester la
détermination classique (de Kant à Husserl) sans pour autant purement et simplement
l’abandonner. C’est ce que Balibar voit fort bien à propos du structuralisme et de son
« mouvement typique », qu’il désigne comme une
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17 Ibid., p. 49.
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