L Prévention du cancer du sein chez les femmes porteuses

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DOSSIER
Prévention du cancer du sein
chez les femmes porteuses
d’une mutation de BRCA1
ou de BRCA2
Breast cancer prevention in BRCA1 or BRCA2 mutation
carriers
P. Pujol*
Risques
Notion de risque
Le risque est une préoccupation importante de
notre société. À l’échelon individuel, l’importance
réelle d’un facteur de risque se heurte cependant
à une interprétation subjective des probabilités. Il
est en effet difficile, pour une personne, de transposer sur le plan individuel un risque collectif, car
la perception du risque est souvent assimilée à une
notion de “tout ou rien”. Cependant, les risques
relatifs (c’est-à-dire rapportés à ceux de la population générale) sont en pratique très différents
en fonction du facteur considéré. En matière de
* Unité d’oncogénétique, CHU de
Montpellier ; unité Inserm 896 CRCM
Val-d’Aurelle.
100
Risque cumulé (%)
L
a prévention est aujourd’hui une question
majeure chez les femmes prédisposées au
cancer du sein, du fait de l’identification croissante des personnes porteuses d’une mutation de
BRCA1 (BReast CAncer gene 1) ou de BRCA2 lors des
consultations d’oncogénétique (près de 15 000 en
France selon le rapport d’activité oncogénétique de
l’Institut national du cancer [INCa]), du recours plus
fréquent à la mastectomie prophylactique (MP) et
de la validation récente de thérapeutiques médicales
préventives.
On connaît l’influence majeure des estrogènes sur la promotion de la cancérogenèse
mammaire sporadique. Elle se retrouve également pour les prédispositions BRCA1 ou
BRCA2, comme le montre l’effet très important de l’ovariectomie prophylactique avant la
ménopause sur le risque de cancer du sein des
femmes porteuses d’une mutation de BRCA1
ou de BRCA2 (1, 2).
L’hormonodépendance est la cible principale des
actions de prévention primaire. Celles-ci se déclinent
essentiellement en 2 aspects : la limitation de l’exposition aux facteurs de risque et les thérapeutiques
antiestrogéniques.
Nous rappellerons dans cet article les grandes lignes
des recommandations en matière de chirurgie prophylactique, puis discuterons de l’évolution des
pratiques et des problématiques nouvelles qui se
posent aujourd’hui au clinicien.
80
60
40
20
0
Population
Vie
hormonale
alimentation
THS
Densité
Birad 3 ou 4
Lésion
histo
Fam
non
BRCA
BRCA1/2
Figure 1. Risque cumulé de cancer du sein en fonction des facteurs de risque.
La Lettre du Sénologue • No 60 - avril-mai-juin 2013 |
5
Résumé
Mots-clés
À l’heure où 15 000 personnes porteuses d’une mutation de BRCA1 ou de BRCA2 sont identifiées en France
et où on estime à plus de 100 000 le nombre total de personnes prédisposées, les données s’accumulent
sur le bénéfice de la prise en charge. Cet article fait le point sur les facteurs de risque, dans un contexte
de mutation de BRCA1 et de BRCA2, de la chirurgie préventive chez une femme indemne ou atteinte d’un
cancer du sein et sur les données récentes des essais de prévention médicale.
Cancer du sein
Prévention
BRCA1
BRCA2
Summary
In France, 15000 BRCA1
or BRCA2 gene mutation
carriers have been identified over the last decade.
This article aims to review
the risk factors and the
preventive strategies in
women with a deleterious
BRCA1 or BRCA2 gene
mutation.
cancer du sein, les facteurs de risque identifiés
varient dans un ordre de grandeur considérable
(figure 1, p. 5). Il faut tenir compte de la quantification de ces risques pour mesurer le bénéfice
potentiel des actions préventives (tableau). Les
antécédents familiaux représentent le principal
risque de cancer du sein. Les mutations BRCA1 et
BRCA2 confèrent des risques cumulés de 56 à 80 %,
qui sont les risques les plus forts identifiés.
Facteurs de risque
Keywords
◆ Âge
L’âge est un facteur de risque important du cancer
du sein : en France, le pic d’incidence se situe entre
50 et 60 ans. L’âge reste un facteur important chez
les femmes porteuses d’une mutation de BRCA1
ou de BRCA2.
Breast cancer
Prevention
BRCA1
BRCA2
◆ Facteurs nutritionnels et sédentarité
La quantité totale de calories consommées et
l’obésité après 30 ans sont des facteurs de risque
établis pour les cancers postménopausiques dans la
population générale (3). La consommation d’alcool
augmente le risque de cancer du sein (au-delà de
20 g, soit plus de 2 verres de vin par 24 heures) [4].
La consommation importante de fruits et légumes
semble diminuer le risque (RR > 0,6), possiblement
par un effet antioxydant. Un exercice physique
modéré régulier diminuerait également le risque
(RR ≈ 0,70) [4]. Chez les femmes présentant une
mutation, une relation entre risque et indice de
masse corporelle (IMC) a pu être retrouvée (5).
◆ Facteurs hormonaux
Exogènes
Dans la population générale, le traitement hormonal
de la ménopause représente un risque relatif de 1,4
au-delà de 5 ans (6). Certaines études retrouvent
une augmentation du risque modérée chez les utilisatrices de contraception orale (4). Ces risques
sont encore controversés chez les femmes porteuses
d’une mutation (7, 8).
Endogènes
La puberté précoce et la ménopause tardive sont
des facteurs de risque bien établis, de même qu‘une
première grossesse tardive (4). L’allaitement protège
Tableau. Risque relatif et bénéfice potentiel de la prévention en fonction des facteurs de risque.
Facteurs
de risque
RR
Intervention
Faisabilité
Effets indésirables
Bénéfice en termes
de réduction
Validation
Alimentation OH
(> 2 verres/j)
1,3
Alimentation riche en fibres,
pauvre en graisse animale
Difficile en dehors de recommandation globale
(OMS)
0,3
Non
Surpoids Sédentarité
1,3
Absence de surpoids,
exercice physique régulier
0,3
Oui
Allaitement Parité
1,2-1,4
Durée d’allaitement,
grossesses jeune, multiples
Difficile en pratique
0,3
Non
CO
Faible
Éviter
Difficile en pratique
0,1
Non
THS
1,3
Éviter
Difficile en pratique
0,3
Oui
Gail score > 1,66
> 1,66
Tamoxifène
Prévention médicale
Effets indésirables :
thrombophlébite, cancer de l’utérus
0,4
Oui
Gail score > 1,66
> 1,66
Raloxifène
Prévention médicale
Effets indésirables
thromboemboliques
0,4
Oui
Gail score > 1,66
> 1,66
Exémestane
Prévention médicale
Peu d'effets indésirables sévères : ostéopénie,
altération modérée de la qualité de vie
0,65
Oui
10
Chirurgie prophylactique mammaire
Intégrité physique, psychologie
0,95-0,98
Oui
BRCA1/2
CO : contraception orale ; OH : alcool ; THS : traitement hormonal substitutif.
6 | La Lettre du Sénologue • No 60 - avril-mai-juin 2013
DOSSIER
du risque de cancer du sein. Cet effet protecteur augmente avec la durée de l’allaitement (4). L’influence
de ces facteurs n’est pas bien établie chez les femmes
présentant une mutation (1, 5).
Prévention
Prévention médicale
◆ Actions sur les facteurs de risque
Le bénéfice potentiel des actions de prévention primaire est représenté dans le tableau. En pratique,
la mise en œuvre et la puissance de ces mesures
restent assez limitées (difficulté d’agir sur les facteurs nutritionnels, tendance sociétale moderne
pour la vie reproductive de la femme, risque relatif
faible de chaque facteur pris isolément). Chez les
femmes présentant une mutation de BRCA1 ou
de BRCA2, une perte de poids (de 4,5 kg entre 18
et 30 ans) semblait associée à une réduction du
risque de cancer du sein avant 40 ans (9). De plus,
l’influence des facteurs de la vie reproductive (grossesse, allaitement, parité) reste controversée chez
les femmes porteuses de ces mutations (1, 5). Il n’y a
donc pas de recommandations spécifiques à ce sujet.
De même, l’usage de la contraception hormonale
chez les femmes jeunes porteuses d’une mutation
de BRCA1 ou de BRCA2 n’est pas contre-indiqué. Si
la contraception pourrait augmenter le risque de
cancer du sein, elle semble diminuer l’incidence du
cancer de l’ovaire chez les femmes porteuses d’une
mutation (7).
◆ Hormonoprévention
L’hormonothérapie (HT) par les antiestrogènes
(tamoxifène et raloxifène) a fait la preuve de son
efficacité préventive chez des femmes à risque
élevé dans des essais cliniques randomisés (IBIS1,
STAR, etc.) [figure 2]. Leur prescription pour la
prévention du cancer du sein a été approuvée par
les autorités médicales aux États-Unis, mais il n’y
a pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM)
en France dans cette indication, du fait d’effets
indésirables rares mais graves : possible cancer
de l’utérus, phlébites et embolies pulmonaires.
La famille des inhibiteurs d’aromatase (IA) est
devenue l’HT de référence pour prévenir les récidives de cancer de sein survenant après la ménopause. Dans cette indication, les IA se sont révélés
plus efficaces et moins toxiques que le tamoxifène.
Leur efficacité dans la prévention du cancer controlatéral est supérieure à celle du tamoxifène, comme
le montre la figure 2.
MAP.3 est un essai de prévention par les IA qui
a récemment livré ses résultats (10). Au total,
4 560 femmes ménopausées présentant un risque
de cancer du sein (antécédents familiaux, score de
Gail supérieur à 1,66, hyperplasie atypique, etc.) ont
été randomisées et ont reçu soit de l’exémestane,
soit un placebo. Après 3 ans, une réduction de 65 %
des cancers invasifs – conformément à l’hypothèse
initiale − a été observée dans le groupe recevant de
l’exémestane par rapport à celui recevant le placebo.
Les effets indésirables les plus fréquents dans le
groupe recevant l’exémestane étaient des douleurs
articulaires, des bouffées de chaleur et de la fatigue.
Cependant, la surincidence de ces effets indésirables,
dans le groupe traité par exémestane par rapport au
groupe contrôle, n’était respectivement que de 3,
8 et 2 % (30 versus 27 %, 40 versus 32 % et 23 versus
21 %). Aucune toxicité cardiovasculaire ou osseuse
n’a été observée, ni d’excès d’autres cancers sur la
période d’observation limitée de l’essai de 3 ans (10).
Parallèlement, les données de toxicité à long terme
sont rassurantes dans les essais d’HT adjuvante.
IBIS 2 est un autre essai thérapeutique international
qui s’adresse aux femmes opérées par traitement
conservateur pour un carcinome intracanalaire (CIS)
dont les récepteurs hormonaux (RH) sont positifs,
ainsi qu’à des femmes à risque. Pour celles ayant eu
un CIS, 5 ans de tamoxifène (1 comprimé/j, traitement standard) sont comparés à 5 ans d’anastrozole (traitement en évaluation). Chez les femmes
à risque, l’anastrozole a été comparé à un placebo.
Aucun de ces 2 essais ne cible le risque majeur : celui
des femmes porteuses d’une mutation de BRCA1 ou
de BRCA2. Pour celles ayant une mutation de BRCA1,
le risque absolu de cancer du sein est de l’ordre de
70 à 80 %. Un essai randomisé de prévention par
le létrozole chez la femme ménopausée porteuse
d’une mutation de BRCA1 ou de BRCA2 est actuellement en cours en France (11). Cet essai, appelé
100
80
60
NSABP-P1
italienne
Marsden
Ibis 1
Cancer du sein controlatéral
PETO
ATAC
MA17
IES
BIG
ARNO
40
20
0
Pas de Tamoxifène
traitement
Tamoxifène
70 %
IA
Figure 2. Efficacité de la prévention hormonale par le tamoxifène et les IA.
IA : inhibiteurs d’aromatase.
La Lettre du Sénologue • No 60 - avril-mai-juin 2013 |
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DOSSIER
Prise en charge des seins
d’une “femme mutée”
Prévention du cancer du sein chez les femmes porteuses d’une mutation
de BRCA1 ou de BRCA2
LIBER, inclut aujourd’hui environ 160 femmes (sur un
total de 330 prévues). Ces résultats sont attendus,
car ils pourraient permettre d’offrir à ces personnes
à très haut risque une alternative à la MP.
Prévention chirurgicale
La MP constitue, malgré son caractère mutilant,
une méthode de prévention du cancer du sein
aujourd’hui validée dans certaines situations à très
haut risque. Les recommandations en matière de
chirurgie prophylactique en France ont fait l’objet
d’un travail de consensus mené sous l’égide de
l’INCa (8).
◆ Quelles sont les femmes concernées ?
Les principales prédispositions génétiques sont liées
aux gènes BRCA1 et BRCA2. Pour une femme porteuse d’une mutation de BRCA1, le risque absolu de
cancer du sein est de l’ordre de 80 % (12). Ces situations ne sont plus rares aujourd’hui. De nos jours,
en France, plus de 10 000 femmes sont porteuses
d’une mutation de BRCA1 ou de BRCA2 identifiée,
selon le rapport d’activité oncogénétique de l’INCa.
Parmi elles, un tiers environ ont déjà été touchées
par le cancer du sein et un autre tiers le seront au
cours de la vie.
À côté de ce risque génétique identifiable, il existe
d’autres situations familiales dans lesquelles
l’analyse génétique ne permet pas de caractérisation moléculaire du risque. Ces situations sont les
plus fréquentes. Notons que, pour les 15 000 personnes porteuses d’une mutation identifiée, plus
de 50 000 ont eu des tests parce que leur histoire
familiale a été retenue comme évocatrice lors des
consultations d’oncogénétique. Le risque familial
doit faire l’objet d’une évaluation et d’une réflexion
dans le cadre d’un programme personnalisé de prise
en charge ou de surveillance, y compris en l’absence
de mutations de BRCA1 et de BRCA2. Dans certains
cas, le risque de cancer du sein cumulé, qui peut être
estimé par différents modèles de calcul de risque,
est très élevé (supérieur à 30 %). Lorsque le patient
demande un traitement préventif, la chirurgie prophylactique peut être discutée dans ces situations
rares où le risque familial, même s’il ne peut être
établi précisément, est très élevé (8).
Les carcinomes canalaires in situ (CCIS) peuvent
également faire l’objet d’une chirurgie radicale, en
particulier dans les formes étendues ou lorsque
les berges chirurgicales ne sont pas saines. Cette
chirurgie radicale du sein atteint par une lésion
8 | La Lettre du Sénologue • No 60 - avril-mai-juin 2013
préinvasive s’apparente à un traitement préventif
du cancer du sein invasif. Parfois, la patiente est
demandeuse d’une prophylaxie, notamment en cas
de risque familial. Aux États-Unis, une forte augmentation du nombre de mastectomies controlatérales dans les CCIS a été observée ces dernières
années [13].
◆ Augmentation du recours à la mastectomie
prophylactique
Variation dans le temps
Le recours à la MP est en augmentation sensible ces
dernières années dans différents pays (13, 14). Cette
pratique était initialement plus fréquente dans les
pays anglo-saxons et d’Europe du Nord, probablement
pour des raisons socioculturelles (15). Elle reste encore
assez marginale en France, mais une évolution récente
est sensible. Dans la cohorte française GENEPSO,
on estime à 6 % (55 femmes sur 922 indemnes) le
nombre de MP bilatérales et à 13 % (75 femmes sur
583 atteintes) le nombre de mastectomies préventives controlatérales chez les femmes porteuses d’une
mutation de BRCA1 ou de BRCA2 (versus 4 et 6 %
respectivement il y a 5 ans, selon la cohorte GENEPSO,
Dr Noguès, communication : groupe génétique et
cancer 2011). Cette évolution est à mettre en parallèle
avec la tendance générale actuelle à l’augmentation
des mastectomies totales par rapport aux mastectomies conservatrices ces dernières années dans les
cancers invasifs [16]. La préférence d’un traitement
chirurgical radical, dans des situations où le traitement conservateur a montré qu’il était aussi valide
pour le contrôle locorégional de la maladie, pose la
question d’une chirurgie dont l’objectif est davantage
une prophylaxie d’un second cancer homolatéral que
de la récidive (17).
Variation géographique
L’étude de K.A. Metcalfe et al. a montré que le taux
de MP varie beaucoup selon les pays (figure 3) [14].
Cependant, quel que soit le pays d’origine, la majorité des femmes porteuses d’une mutation n’opte
pas pour la chirurgie prophylactique. Les autres
options de dépistage personnalisé et d’évaluation
de la prévention médicale gardent donc une large
place.
◆ Quel bénéfice en termes d’incidence
et de mortalité ?
Incidence
L’efficacité en termes de réduction du risque est
estimée entre 90 et 98 % (18-20). Bien qu’il n’existe
pas d’études comparatives des différents types de
DOSSIER
Mortalité
Il n’existe pas d’études cliniques randomisées en
matière de chirurgie prophylactique, ni d’étude castémoins montrant une diminution de la mortalité
chez les femmes à très haut risque. Celle-ci reste
cependant très probable au vu de la diminution
de l’incidence rapportée. Des modèles ont estimé
l’effet de la chirurgie prophylactique sur la survie,
ainsi que celui des autres moyens de prise en charge
(annexectomie, dépistage) [24, 25]. L’étude menée
par A.W. Kurian et al. a montré un bénéfice en termes
de survie estimé à 3,5 % si la mastectomie bilatérale
prophylactique (MBP) est pratiquée à 40 ans, et à
2 % supplémentaires lorsqu’elle est réalisée à 25 ans
(quand une annexectomie et un dépistage sont réalisés) [figure 4, p. 10] (25). De la même façon, le
bénéfice éventuel sur la survie d’une mastectomie
controlatérale n’est actuellement pas démontré,
même si son effet préventif est important.
Quelle chirurgie ?
Outre la réduction du risque, le choix du type de
geste chirurgical doit aussi prendre en compte le
résultat esthétique. Celui-ci est lié à la qualité, à
l’épaisseur et à l’étendue des tissus cutané et souscutané préservés. Nous n’aborderons ici que succinctement les aspects techniques chirurgicaux,
ceux-ci étant détaillés dans les recommandations
récentes de l’INCa. La problématique est complexe.
Si les mastectomies avec conservation de la PAM
et de l’étui aboutissent à de meilleurs résultats
esthétiques (26-28), ce n’est pas forcément gage
d’un meilleur taux de satisfaction globale des
patientes, certaines redoutant un risque résiduel
de cancer (29).
Il manque des études comparatives en matière
de chirurgie prophylactique pour avoir une vision
globale de la balance bénéfice/risque des différents
types de chirurgie. Le choix du type de chirurgie est
donc une décision multiparamétrique dans laquelle
entrent en ligne de compte la demande de la femme,
la morphologie, une éventuelle radiothérapie (RT)
antérieure, l’école chirurgicale, etc.
5
4
Incidence cumulée (%)
chirurgie, une réduction du risque décroissante est
probablement obtenue par la mastectomie totale, la
mastectomie avec conservation de l’étui cutané et la
mastectomie avec conservation de la plaque aréolomamelonnaire (PAM) respectivement. Le surrisque lié
à la conservation de l’étui cutané ou de la PAM n’est
cependant pas clairement démontré. La chirurgie
prophylactique controlatérale diminue le risque de
cancer controlatéral d’environ 95 % (21-23).
Traitement
Exémestane
Placebo
Placebo
Incidence annuelle % (IC95)
0,19 (0,08-0,30)
0,55 (0,36-0,73)
3
HR = 0,35 ; IC95 : 0,18-0,70
p = 0,002
2
1
Exémestane
0
0
2 275
2 285
1
1 905
1 902
2
1 468
1 468
3
986
980
4
477
464
5
82
77
Années
Figure 3. Efficacité préventive de l’exémestane (étude MAP3) [aimablement transmis
par P. Goss].
La mastectomie est généralement associée à une
reconstruction. Celle-ci peut être immédiate (le plus
souvent) ou différée. La reconstruction par implant
prothétique rétropectoral ne génère pas d’autres cicatrices. Son inconvénient est la présence d’un corps
étranger et les complications précoces (douleur,
hématome, nécrose) et tardives (luxation). Le risque
d’une nouvelle intervention avoisine 50 % (30). La
reconstruction par lambeaux musculocutanés (grand
dorsal, TRAM [Transverse Rectus Abdominis Myocutaneous], DIEP [Deep Inferior Epigastric Perforator],
lambeau de Rubens, etc.) donne un résultat plus
proche du sein naturel et a une meilleure évolution
à long terme. Elle nécessite des équipes très spécialisées. Le taux de complication est estimé à 28 % (31),
le taux de réintervention, entre 6 et 21 % (31-33).
◆ Parcours
Dans les situations à très haut risque, la MP peut
donc être envisagée en fonction de la demande de
la patiente informée de façon éclairée. C’est cette
demande qui est le meilleur indicateur de l’acceptation de cette mesure préventive par la patiente
et de sa satisfaction ultérieure (34, 35). L’histoire
familiale est souvent un élément déterminant de la
demande (34, 35).
Il s’agit donc d’éclairer la réflexion de la patiente
par l’information donnée par une équipe multidisciplinaire incluant un chirurgien expérimenté en
chirurgie plastique, un oncogénéticien, le médecin
référent (oncologue médical, gynécologue, médecin
traitant, etc.) et un psychologue.
La Lettre du Sénologue • No 60 - avril-mai-juin 2013 |
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DOSSIER
Prise en charge des seins
d’une “femme mutée”
Prévention du cancer du sein chez les femmes porteuses d’une mutation
de BRCA1 ou de BRCA2
Patientes ménoposées ayant une mutation BRCA1/2
Consentement éclairé
Randomisation, double aveugle (n = 336)
Létrozole (1 cp/j)
Placebo (1 cp/j)
Durée du traitement : 5 ans
5 ans de suivi après traitement
Figure 4. Schéma de l’essai LIBER.
L’information doit porter sur :
➤ l’efficacité en termes de réduction du risque ;
➤ le type de chirurgie proposé (mastectomie
totale ou avec conservation de l’étui cutané ou
sous-cutané) ;
➤ les conséquences sur l’image corporelle et la
sexualité ;
➤ la morbidité de la chirurgie (rançon cicatricielle,
risque de rejet de la prothèse, aspect fonctionnel de
sensibilité, de mobilité, etc.).
Une consultation avec un psychologue est nécessaire lors de la réflexion. La présence du conjoint est
souhaitable. Un délai de réflexion pouvant être de
plusieurs mois est également souhaitable afin que la
patiente ait suffisamment de temps pour assimiler
les informations reçues et prendre sa décision.
Toute décision de MP doit être discutée et validée
en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP).
Les MP doivent être réalisées par des chirurgiens
spécialisés en sénologie et maîtrisant les techniques
d’exérèse et de reconstruction.
◆ Deux situations particulières : le diagnostic
génétique “urgent” et la prévention
controlatérale
Situation où un diagnostic de mutation peut être
utile “en urgence”
Lorsqu’un cancer du sein est diagnostiqué, le statut
génétique peut, dans certaines situations, contribuer
à l’élaboration du programme personnalisé de soin,
notamment concernant l’option d’un traitement
conservateur ou radical mammaire mais aussi,
parfois, du traitement prophylactique mammaire
controlatéral ou ovarien.
Schématiquement, il y a 2 cas de figure.
10 | La Lettre du Sénologue • No 60 - avril-mai-juin 2013
➤ Cancer du sein survenant chez une femme appartenant à une famille où une mutation délétère a été
identifiée
Lorsque la mutation familiale est connue, le laboratoire de biologie moléculaire est en mesure de
déterminer sa présence en 2 à 4 semaines le plus
souvent (médiane : 3 semaines selon le rapport
d’activité oncogénétique de l’INCa de 2009). Il est
en effet préférable de s’assurer de la présence de
la mutation familiale en raison de la possibilité de
phénocopies, c’est-à-dire l’existence d’un cancer
du sein non génétique à l’intérieur d’une famille
(fréquence estimée à 6 %) [36].
➤ Cancer du sein survenant chez une femme appartenant à une famille à risque héréditaire non encore testée
C’est le cas le plus fréquent : la présomption d’une
forme héréditaire est forte en raison de critères évocateurs (bilatéralité, précocité, nombreux cas, cas de
cancer de l’ovaire, de cancer du sein chez l’homme,
etc.), mais la famille n’a pas encore fait l’objet d’une
recherche de mutation.
Le délai pour les analyses génétiques varie selon
les laboratoires (de 10 à 65 semaines selon les
données de l’INCa de 2010), avec une médiane de
36 semaines. Dans un certain nombre de laboratoires, elles peuvent cependant être demandées en
priorité si l’on pense que le risque génétique est
élevé et que le résultat peut contribuer à la décision
d’un traitement radical plutôt que conservateur.
Ce délai, qui peut être alors de 6 à 12 semaines,
peut être compatible avec une chimiothérapie (CT)
néo-adjuvante.
Les informations sur le risque controlatéral et ses
possibles conséquences restent délicates à gérer au
moment du diagnostic et pendant les traitements
initiaux (37). Cette possibilité de recherche de mutation rapide doit donc être réservée aux femmes envisageant un geste préventif.
Chirurgie mammaire préventive controlatérale
Le risque controlatéral est souvent l’objet d’une préoccupation importante chez les patientes ayant eu
un cancer du sein. Cette inquiétude est renforcée
lorsqu’existe une histoire familiale qui influence
fortement leur perception du risque. En France
comme dans d’autres pays, le recours à la mastectomie controlatérale dans des situations à très haut
risque est nettement plus fréquent que le recours à
la MBP chez les femmes porteuses d’une mutation
de BRCA1 ou de BRCA2 [38].
Les risques de cancer controlatéral sont très élevés
en présence d’une mutation de BRCA1 ou de BRCA2,
allant de 10 à 31 % à 5 ans et de 25 à 40 % à 10 ans
DOSSIER
(39-42). Ce risque est de 2 à 10 % à 10 ans pour
les cas sporadiques. Indépendamment de l’hérédité, le risque de cancer du sein controlatéral est
plus important chez la femme jeune, pour un type
histologique lobulaire de la tumeur initiale et pour
un caractère multicentrique (43).
Ce risque n’a pas tendance à diminuer avec le
temps, contrairement au risque de récidive locale
ou de métastase à distance, il est donc d’autant
plus significatif que le pronostic du premier cancer
est favorable et que la femme est jeune. Dans une
récente étude de cohorte rétrospective, la chirurgie
controlatérale semble augmenter la survie globale
(SG) des patientes opérées (44).
Le risque de récidive locale dans le sein traité ne
paraît pas plus élevé en cas de mutation de BRCA1 ou
de BRCA2 que dans les formes sporadiques (40-42,
45, 46). En revanche, le risque de deuxième cancer
homolatéral ou controlatéral reste élevé, même s’il
paraît diminué par les traitements systémiques de
CT et d’HT (41, 47).
Mastectomie controlatérale
Alors que la chirurgie conservatrice suivie d’une RT
assure, dans beaucoup de situations, un contrôle de
la maladie locorégionale similaire à celui obtenu par
le traitement radical, une nette augmentation du
nombre des chirurgies préventives controlatérales
est observée aux États-Unis (figure 1, p. 5) [48].
Cette augmentation est d’origine multifactorielle :
consultations d’oncogénétique et accès aux tests
génétiques, offre de reconstruction immédiate et
utilisation de l’IRM, etc. (tableau, p. 6) [16]. Une
surestimation du risque dans les situations où une
mutation de BRCA1 ou de BRCA2 n’a pas été mise
en évidence paraît également vraisemblable.
Le nombre de femmes atteintes s’orientant vers
une chirurgie préventive controlatérale est important mais varie selon les séries et les pays (38). Il
varie aussi selon le moment où la mutation est
connue (36). Ainsi, lorsque la recherche de la
mutation est faite au moment du diagnostic de
cancer du sein, la majorité des femmes ayant une
mutation délétère choisissent la mastectomie bilatérale (49). Les facteurs prédictifs d’une mastectomie controlatérale sont le jeune âge et le type
de la chirurgie initiale (15 % en cas de chirurgie
conservatrice et 63 % en cas de mastectomie).
Les femmes qui ont subi une annexectomie sont
également plus demandeuses d’une mastectomie
controlatérale (33 versus 18 %) [38]. Des différences socioculturelles ont également été avancées (15). La qualité de la relation entre le médecin
et le malade et l’information donnée par le médecin
expliquent aussi, probablement, une partie de ces
divergences (50). Le sexe du chirurgien pourrait
même jouer un rôle (16).
En dehors de l’élément fondamental, c’est-à-dire la
préoccupation et la demande de la patiente, le choix
d’une chirurgie préventive controlatérale dépend
(comme nous l’avions déjà mentionné en abordant
les recommandations de l’INCa) d’un certain nombre
d’éléments :
➤ le pronostic du cancer du sein ;
➤ l’âge (une espérance de vie limitée est un facteur
dissuasif ; il faut également noter que la mastectomie bilatérale à 25 ans n’améliore la SG que de
2 %, par rapport à une mastectomie réalisée à l’âge
de 40 ans) ;
➤ le contexte personnel (âge de la patiente, nombre
d’enfants, âge des enfants, situation familiale) ;
➤ les représentations de la maladie à travers la
situation familiale (nombre de cas de cancer du sein
ou de l’ovaire, proximité des personnes touchées,
nombre de décès par cancer dans la famille) ;
➤ les traitements systémiques éventuellement
associés (CT, traitements à visée hormonale [tamoxifène, antiaromatase chez les femmes ménopausées],
chirurgie préventive des annexes) ;
➤ les possibilités de reconstruction uni- ou bilatérale et du type de geste déjà réalisé ;
➤ le morphotype (désir de symétrie en cas d’obésité) ;
➤ le type de chirurgie effectué sur le sein atteint
(mastectomie ou conservation possible) ;
➤ le caractère invasif ou non de la tumeur ;
➤ la présentation par les soignants de chaque possibilité et des risques qui lui sont liés et de l’avis du
ou des médecins ;
➤ le gène muté (BRCA1 ou BRCA2, bien que, en
pratique, cet élément soit rarement pris en compte).
Les problèmes techniques de la chirurgie mammaire
“prophylactique” controlatérale chez les patientes
déjà traitées pour un cancer du sein sont complexes
et sont développés dans les recommandations
de l’INCa. Ils doivent faire l’objet d’une réflexion
multidisciplinaire approfondie au cas par cas, car
les situations peuvent être très différentes d’une
patiente à l’autre.
Chez une patiente à contexte héréditaire chez
laquelle vient d’être découvert un cancer du sein
et qui souhaite envisager une prophylaxie mammaire, le diagnostic de mutation peut être utile
pour décider si la chirurgie doit être conservatrice
et s’il faut pratiquer une reconstruction. Idéalement,
le diagnostic de mutation doit être demandé en
La Lettre du Sénologue • No 60 - avril-mai-juin 2013 |
11
DOSSIER
Prise en charge des seins
d’une “femme mutée”
Prévention du cancer du sein chez les femmes porteuses d’une mutation
de BRCA1 ou de BRCA2
urgence, la RT grevant le pronostic esthétique d’un
possible geste ultérieur radical (cf. supra).
Considérations psychologiques
Il est primordial de prendre en compte les motivations et les conséquences psychologiques de la
chirurgie préventive. Elles font l’objet d’une analyse
détaillée dans les recommandations de l’INCa
de 2009 (Saltel 2009). Les études dont on dispose
portent sur la satisfaction de la patiente quant à
la décision, les conséquences esthétiques, le bienêtre psychosocial, l’anxiété devant le cancer, l’image
corporelle et la sexualité (21, 51).
La grande majorité des femmes ayant subi une
chirurgie préventive bilatérale n’expriment aucun
regret concernant leur décision (52, 53). Environ
70 % des femmes qui ont eu une chirurgie préventive
bilatérale se disent satisfaites à long terme, 11 %
sont neutres et 19 % ne sont pas satisfaites (54). Les
effets négatifs les plus marqués concernent l’image
corporelle ; l’effet positif le plus important est la
réduction de la peur du cancer (54).
Dans une série de la Mayo Clinic (États-Unis), la
satisfaction a été jugée plus importante après une
mastectomie controlatérale (83 % de patientes
satisfaites à 10 ans) qu’après une MBP (70 % à
15 ans) [54, 55]. Dans une autre étude, des questionnaires ont retrouvé le même degré de satisfaction
concernant la chirurgie controlatérale, mais environ
20 % faisaient état de la persistance d’un certain
degré de mécontentement ou de conséquences
psychosociales négatives dans les réponses aux
questions ouvertes : image corporelle, problèmes
avec les implants, douleurs chroniques, problèmes
sexuels [56].
L’absence d’altération de la qualité de vie se
retrouve dans la plupart des études portant sur les
chirurgies prophylactiques bilatérales (20, 57) ou
controlatérales (58). Plusieurs auteurs ont rapporté
que les femmes ayant subi une chirurgie mammaire préventive (bilatérale ou controlatérale) sur
recommandation des médecins ont plus de mal à en
accepter les conséquences que celles n’ayant pas
reçu d’avis spécifique (52, 54, 59). Apparemment,
les femmes s’orientent assez tôt vers la chirurgie
préventive, avant le résultat du test, et reviennent
rarement sur leur choix (60). Cette étude confirme
aussi le chemin à parcourir avant la réalisation du
geste, puisque seules 3 % des patientes ont subi
la mastectomie dans l’année suivant la délivrance
du résultat (60).
12 | La Lettre du Sénologue • No 60 - avril-mai-juin 2013
◆ Parcours psychologique
Plusieurs étapes dans le processus psychologique
de chirurgie préventive ont été décrites (61). On
distingue :
➤ le processus de décision, qui s’élabore le plus
souvent à partir des expériences vécues et de l’histoire familiale. Ainsi, la perte d’un proche ou le fait
que la patiente approche l’âge où d’autres femmes
de sa famille ont été atteintes sont autant d’éléments importants de la perception d’un risque
majeur et de la demande ;
➤ l’argumentaire. La patiente doit répondre à
des questionnements, voire des jugements, de ses
proches concernant sa décision. Son entourage
immédiat − conjugal, familial mais aussi amical et
socioprofessionnel − jouera un rôle important, soit
en tant que soutien, soit en tant que critique du
bien-fondé de sa décision ;
➤ les suites immédiates de l’opération. La
chirurgie prophylactique est le plus souvent suivie
d’une reconstruction qui peut se faire en même
temps ou ultérieurement. Des répercussions physiques et fonctionnelles sont quasi constantes :
douleurs, troubles ou absence de sensibilité, difficultés motrices, lymphœdèmes, reprise chirurgicale sur complications (hématome, infection,
déplacement prothétique), etc. L’accompagnement
et le soutien des soignants et des proches sont
essentiels ;
➤ le processus de deuil de l’organe opéré. Celui-ci
peut être long s’il participe à l’estime de soi. Les
regards et les discussions des proches et des soignants sont, là aussi, des éléments essentiels pour
l’élaboration d’une nouvelle image de soi et de ce
deuil. Il est important d’éviter de présenter la mastectomie bilatérale ou controlatérale comme une
opportunité de chirurgie plastique. Le nouveau sein
doit cependant être réinvesti sur le plan psychologique et physique ;
➤ la réhabilitation, très progressive et parsemée
de doutes et d’hésitations. L’accompagnement
psychologique est important après la chirurgie
prophylactique. Elle a pour but, comme le décrit
P. Saltel dans les recommandations nationales de
l’INCa (62), de faire que “le choix n’apparaisse
pas tant comme le résultat d’une peur mais bien
comme une détermination courageuse à s’affranchir d’une menace qui les gênait dans leur épanouissement personnel”.
À toutes les étapes précitées, l’accompagnement
psychologique et le soutien des proches sont
essentiels. Ceux-ci ne doivent pas être négligés,
en particulier à distance de la chirurgie préventive.
DOSSIER
Conclusion
La prévention primaire du cancer du sein s’appuie
classiquement sur la limitation de l’exposition aux
facteurs de risque. Elle a toutefois ses limites chez
les femmes porteuses d’une mutation de BRCA1
ou de BRCA2, cas dans lequel ces mesures n’ont
pas été validées spécifiquement et dans lequel le
risque est très élevé.
Aujourd’hui, la prévention hormonale du cancer du
sein est, quant à elle, validée par de grands essais
cliniques. Des situations à haut risque sont bien
identifiées, et les effets indésirables des molécules,
connus. Cependant, en France, ni le tamoxifène ni
l’exémestane n’ont l’AMM. Dans l’éditorial faisant
suite à la publication du New England Journal
of Medicine montrant l’efficacité préventive de
l’exémestane, l’auteur concluait que nous avons
aujourd’hui les connaissances et les outils pour une
prévention active du cancer du sein. Les derniers
mots de l’éditorial étaient les suivants : “We have
run out of excuses. What are we waiting for?”1 L’essai
de prévention LIBER ciblant les femmes porteuses
de mutations apportera des éclairages importants.
Dans le contexte d’une mutation de BRCA1 ou de
BRCA2, toute discussion envisageant une chirurgie
prophylactique nécessite une approche globale
prenant en compte, en premier lieu, le souhait de
la patiente après une information éclairée et multidisciplinaire. Cette information, qui doit rester le
plus neutre possible et respecter le libre-arbitre de la
personne, doit aborder les risques de cancer du sein
ultérieur, d’une part, et les conséquences esthétiques
et psychologiques de la chirurgie, d’autre part.
Enfin, dans certaines situations où un cancer est
diagnostiqué, la connaissance du statut génétique
peut être utile à l’établissement du programme personnalisé de soin si la patiente, concernée par le
risque familial, souhaite ménager des perspectives
chirurgicales préventives à court ou à long terme.
Dans ces situations, une procédure accélérée de
recherche de mutation peut être envisagée.
■
1. “Nous n’avons plus d’excuses.
Qu’attendons-nous ?”
L’auteur déclare ne pas avoir
de liens d’intérêts.
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DOSSIER
Prévention du cancer du sein chez les
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La Lettre du Sénologue • No 60 - avril-mai-juin 2013 | 1
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