DOSSIER Prévention du cancer du sein chez les femmes porteuses d’une mutation de BRCA1 ou de BRCA2 Breast cancer prevention in BRCA1 or BRCA2 mutation carriers P. Pujol* Risques Notion de risque Le risque est une préoccupation importante de notre société. À l’échelon individuel, l’importance réelle d’un facteur de risque se heurte cependant à une interprétation subjective des probabilités. Il est en effet difficile, pour une personne, de transposer sur le plan individuel un risque collectif, car la perception du risque est souvent assimilée à une notion de “tout ou rien”. Cependant, les risques relatifs (c’est-à-dire rapportés à ceux de la population générale) sont en pratique très différents en fonction du facteur considéré. En matière de * Unité d’oncogénétique, CHU de Montpellier ; unité Inserm 896 CRCM Val-d’Aurelle. 100 Risque cumulé (%) L a prévention est aujourd’hui une question majeure chez les femmes prédisposées au cancer du sein, du fait de l’identification croissante des personnes porteuses d’une mutation de BRCA1 (BReast CAncer gene 1) ou de BRCA2 lors des consultations d’oncogénétique (près de 15 000 en France selon le rapport d’activité oncogénétique de l’Institut national du cancer [INCa]), du recours plus fréquent à la mastectomie prophylactique (MP) et de la validation récente de thérapeutiques médicales préventives. On connaît l’influence majeure des estrogènes sur la promotion de la cancérogenèse mammaire sporadique. Elle se retrouve également pour les prédispositions BRCA1 ou BRCA2, comme le montre l’effet très important de l’ovariectomie prophylactique avant la ménopause sur le risque de cancer du sein des femmes porteuses d’une mutation de BRCA1 ou de BRCA2 (1, 2). L’hormonodépendance est la cible principale des actions de prévention primaire. Celles-ci se déclinent essentiellement en 2 aspects : la limitation de l’exposition aux facteurs de risque et les thérapeutiques antiestrogéniques. Nous rappellerons dans cet article les grandes lignes des recommandations en matière de chirurgie prophylactique, puis discuterons de l’évolution des pratiques et des problématiques nouvelles qui se posent aujourd’hui au clinicien. 80 60 40 20 0 Population Vie hormonale alimentation THS Densité Birad 3 ou 4 Lésion histo Fam non BRCA BRCA1/2 Figure 1. Risque cumulé de cancer du sein en fonction des facteurs de risque. La Lettre du Sénologue • No 60 - avril-mai-juin 2013 | 5 Résumé Mots-clés À l’heure où 15 000 personnes porteuses d’une mutation de BRCA1 ou de BRCA2 sont identifiées en France et où on estime à plus de 100 000 le nombre total de personnes prédisposées, les données s’accumulent sur le bénéfice de la prise en charge. Cet article fait le point sur les facteurs de risque, dans un contexte de mutation de BRCA1 et de BRCA2, de la chirurgie préventive chez une femme indemne ou atteinte d’un cancer du sein et sur les données récentes des essais de prévention médicale. Cancer du sein Prévention BRCA1 BRCA2 Summary In France, 15000 BRCA1 or BRCA2 gene mutation carriers have been identified over the last decade. This article aims to review the risk factors and the preventive strategies in women with a deleterious BRCA1 or BRCA2 gene mutation. cancer du sein, les facteurs de risque identifiés varient dans un ordre de grandeur considérable (figure 1, p. 5). Il faut tenir compte de la quantification de ces risques pour mesurer le bénéfice potentiel des actions préventives (tableau). Les antécédents familiaux représentent le principal risque de cancer du sein. Les mutations BRCA1 et BRCA2 confèrent des risques cumulés de 56 à 80 %, qui sont les risques les plus forts identifiés. Facteurs de risque Keywords ◆ Âge L’âge est un facteur de risque important du cancer du sein : en France, le pic d’incidence se situe entre 50 et 60 ans. L’âge reste un facteur important chez les femmes porteuses d’une mutation de BRCA1 ou de BRCA2. Breast cancer Prevention BRCA1 BRCA2 ◆ Facteurs nutritionnels et sédentarité La quantité totale de calories consommées et l’obésité après 30 ans sont des facteurs de risque établis pour les cancers postménopausiques dans la population générale (3). La consommation d’alcool augmente le risque de cancer du sein (au-delà de 20 g, soit plus de 2 verres de vin par 24 heures) [4]. La consommation importante de fruits et légumes semble diminuer le risque (RR > 0,6), possiblement par un effet antioxydant. Un exercice physique modéré régulier diminuerait également le risque (RR ≈ 0,70) [4]. Chez les femmes présentant une mutation, une relation entre risque et indice de masse corporelle (IMC) a pu être retrouvée (5). ◆ Facteurs hormonaux Exogènes Dans la population générale, le traitement hormonal de la ménopause représente un risque relatif de 1,4 au-delà de 5 ans (6). Certaines études retrouvent une augmentation du risque modérée chez les utilisatrices de contraception orale (4). Ces risques sont encore controversés chez les femmes porteuses d’une mutation (7, 8). Endogènes La puberté précoce et la ménopause tardive sont des facteurs de risque bien établis, de même qu‘une première grossesse tardive (4). L’allaitement protège Tableau. Risque relatif et bénéfice potentiel de la prévention en fonction des facteurs de risque. Facteurs de risque RR Intervention Faisabilité Effets indésirables Bénéfice en termes de réduction Validation Alimentation OH (> 2 verres/j) 1,3 Alimentation riche en fibres, pauvre en graisse animale Difficile en dehors de recommandation globale (OMS) 0,3 Non Surpoids Sédentarité 1,3 Absence de surpoids, exercice physique régulier 0,3 Oui Allaitement Parité 1,2-1,4 Durée d’allaitement, grossesses jeune, multiples Difficile en pratique 0,3 Non CO Faible Éviter Difficile en pratique 0,1 Non THS 1,3 Éviter Difficile en pratique 0,3 Oui Gail score > 1,66 > 1,66 Tamoxifène Prévention médicale Effets indésirables : thrombophlébite, cancer de l’utérus 0,4 Oui Gail score > 1,66 > 1,66 Raloxifène Prévention médicale Effets indésirables thromboemboliques 0,4 Oui Gail score > 1,66 > 1,66 Exémestane Prévention médicale Peu d'effets indésirables sévères : ostéopénie, altération modérée de la qualité de vie 0,65 Oui 10 Chirurgie prophylactique mammaire Intégrité physique, psychologie 0,95-0,98 Oui BRCA1/2 CO : contraception orale ; OH : alcool ; THS : traitement hormonal substitutif. 6 | La Lettre du Sénologue • No 60 - avril-mai-juin 2013 DOSSIER du risque de cancer du sein. Cet effet protecteur augmente avec la durée de l’allaitement (4). L’influence de ces facteurs n’est pas bien établie chez les femmes présentant une mutation (1, 5). Prévention Prévention médicale ◆ Actions sur les facteurs de risque Le bénéfice potentiel des actions de prévention primaire est représenté dans le tableau. En pratique, la mise en œuvre et la puissance de ces mesures restent assez limitées (difficulté d’agir sur les facteurs nutritionnels, tendance sociétale moderne pour la vie reproductive de la femme, risque relatif faible de chaque facteur pris isolément). Chez les femmes présentant une mutation de BRCA1 ou de BRCA2, une perte de poids (de 4,5 kg entre 18 et 30 ans) semblait associée à une réduction du risque de cancer du sein avant 40 ans (9). De plus, l’influence des facteurs de la vie reproductive (grossesse, allaitement, parité) reste controversée chez les femmes porteuses de ces mutations (1, 5). Il n’y a donc pas de recommandations spécifiques à ce sujet. De même, l’usage de la contraception hormonale chez les femmes jeunes porteuses d’une mutation de BRCA1 ou de BRCA2 n’est pas contre-indiqué. Si la contraception pourrait augmenter le risque de cancer du sein, elle semble diminuer l’incidence du cancer de l’ovaire chez les femmes porteuses d’une mutation (7). ◆ Hormonoprévention L’hormonothérapie (HT) par les antiestrogènes (tamoxifène et raloxifène) a fait la preuve de son efficacité préventive chez des femmes à risque élevé dans des essais cliniques randomisés (IBIS1, STAR, etc.) [figure 2]. Leur prescription pour la prévention du cancer du sein a été approuvée par les autorités médicales aux États-Unis, mais il n’y a pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM) en France dans cette indication, du fait d’effets indésirables rares mais graves : possible cancer de l’utérus, phlébites et embolies pulmonaires. La famille des inhibiteurs d’aromatase (IA) est devenue l’HT de référence pour prévenir les récidives de cancer de sein survenant après la ménopause. Dans cette indication, les IA se sont révélés plus efficaces et moins toxiques que le tamoxifène. Leur efficacité dans la prévention du cancer controlatéral est supérieure à celle du tamoxifène, comme le montre la figure 2. MAP.3 est un essai de prévention par les IA qui a récemment livré ses résultats (10). Au total, 4 560 femmes ménopausées présentant un risque de cancer du sein (antécédents familiaux, score de Gail supérieur à 1,66, hyperplasie atypique, etc.) ont été randomisées et ont reçu soit de l’exémestane, soit un placebo. Après 3 ans, une réduction de 65 % des cancers invasifs – conformément à l’hypothèse initiale − a été observée dans le groupe recevant de l’exémestane par rapport à celui recevant le placebo. Les effets indésirables les plus fréquents dans le groupe recevant l’exémestane étaient des douleurs articulaires, des bouffées de chaleur et de la fatigue. Cependant, la surincidence de ces effets indésirables, dans le groupe traité par exémestane par rapport au groupe contrôle, n’était respectivement que de 3, 8 et 2 % (30 versus 27 %, 40 versus 32 % et 23 versus 21 %). Aucune toxicité cardiovasculaire ou osseuse n’a été observée, ni d’excès d’autres cancers sur la période d’observation limitée de l’essai de 3 ans (10). Parallèlement, les données de toxicité à long terme sont rassurantes dans les essais d’HT adjuvante. IBIS 2 est un autre essai thérapeutique international qui s’adresse aux femmes opérées par traitement conservateur pour un carcinome intracanalaire (CIS) dont les récepteurs hormonaux (RH) sont positifs, ainsi qu’à des femmes à risque. Pour celles ayant eu un CIS, 5 ans de tamoxifène (1 comprimé/j, traitement standard) sont comparés à 5 ans d’anastrozole (traitement en évaluation). Chez les femmes à risque, l’anastrozole a été comparé à un placebo. Aucun de ces 2 essais ne cible le risque majeur : celui des femmes porteuses d’une mutation de BRCA1 ou de BRCA2. Pour celles ayant une mutation de BRCA1, le risque absolu de cancer du sein est de l’ordre de 70 à 80 %. Un essai randomisé de prévention par le létrozole chez la femme ménopausée porteuse d’une mutation de BRCA1 ou de BRCA2 est actuellement en cours en France (11). Cet essai, appelé 100 80 60 NSABP-P1 italienne Marsden Ibis 1 Cancer du sein controlatéral PETO ATAC MA17 IES BIG ARNO 40 20 0 Pas de Tamoxifène traitement Tamoxifène 70 % IA Figure 2. Efficacité de la prévention hormonale par le tamoxifène et les IA. IA : inhibiteurs d’aromatase. La Lettre du Sénologue • No 60 - avril-mai-juin 2013 | 7 DOSSIER Prise en charge des seins d’une “femme mutée” Prévention du cancer du sein chez les femmes porteuses d’une mutation de BRCA1 ou de BRCA2 LIBER, inclut aujourd’hui environ 160 femmes (sur un total de 330 prévues). Ces résultats sont attendus, car ils pourraient permettre d’offrir à ces personnes à très haut risque une alternative à la MP. Prévention chirurgicale La MP constitue, malgré son caractère mutilant, une méthode de prévention du cancer du sein aujourd’hui validée dans certaines situations à très haut risque. Les recommandations en matière de chirurgie prophylactique en France ont fait l’objet d’un travail de consensus mené sous l’égide de l’INCa (8). ◆ Quelles sont les femmes concernées ? Les principales prédispositions génétiques sont liées aux gènes BRCA1 et BRCA2. Pour une femme porteuse d’une mutation de BRCA1, le risque absolu de cancer du sein est de l’ordre de 80 % (12). Ces situations ne sont plus rares aujourd’hui. De nos jours, en France, plus de 10 000 femmes sont porteuses d’une mutation de BRCA1 ou de BRCA2 identifiée, selon le rapport d’activité oncogénétique de l’INCa. Parmi elles, un tiers environ ont déjà été touchées par le cancer du sein et un autre tiers le seront au cours de la vie. À côté de ce risque génétique identifiable, il existe d’autres situations familiales dans lesquelles l’analyse génétique ne permet pas de caractérisation moléculaire du risque. Ces situations sont les plus fréquentes. Notons que, pour les 15 000 personnes porteuses d’une mutation identifiée, plus de 50 000 ont eu des tests parce que leur histoire familiale a été retenue comme évocatrice lors des consultations d’oncogénétique. Le risque familial doit faire l’objet d’une évaluation et d’une réflexion dans le cadre d’un programme personnalisé de prise en charge ou de surveillance, y compris en l’absence de mutations de BRCA1 et de BRCA2. Dans certains cas, le risque de cancer du sein cumulé, qui peut être estimé par différents modèles de calcul de risque, est très élevé (supérieur à 30 %). Lorsque le patient demande un traitement préventif, la chirurgie prophylactique peut être discutée dans ces situations rares où le risque familial, même s’il ne peut être établi précisément, est très élevé (8). Les carcinomes canalaires in situ (CCIS) peuvent également faire l’objet d’une chirurgie radicale, en particulier dans les formes étendues ou lorsque les berges chirurgicales ne sont pas saines. Cette chirurgie radicale du sein atteint par une lésion 8 | La Lettre du Sénologue • No 60 - avril-mai-juin 2013 préinvasive s’apparente à un traitement préventif du cancer du sein invasif. Parfois, la patiente est demandeuse d’une prophylaxie, notamment en cas de risque familial. Aux États-Unis, une forte augmentation du nombre de mastectomies controlatérales dans les CCIS a été observée ces dernières années [13]. ◆ Augmentation du recours à la mastectomie prophylactique Variation dans le temps Le recours à la MP est en augmentation sensible ces dernières années dans différents pays (13, 14). Cette pratique était initialement plus fréquente dans les pays anglo-saxons et d’Europe du Nord, probablement pour des raisons socioculturelles (15). Elle reste encore assez marginale en France, mais une évolution récente est sensible. Dans la cohorte française GENEPSO, on estime à 6 % (55 femmes sur 922 indemnes) le nombre de MP bilatérales et à 13 % (75 femmes sur 583 atteintes) le nombre de mastectomies préventives controlatérales chez les femmes porteuses d’une mutation de BRCA1 ou de BRCA2 (versus 4 et 6 % respectivement il y a 5 ans, selon la cohorte GENEPSO, Dr Noguès, communication : groupe génétique et cancer 2011). Cette évolution est à mettre en parallèle avec la tendance générale actuelle à l’augmentation des mastectomies totales par rapport aux mastectomies conservatrices ces dernières années dans les cancers invasifs [16]. La préférence d’un traitement chirurgical radical, dans des situations où le traitement conservateur a montré qu’il était aussi valide pour le contrôle locorégional de la maladie, pose la question d’une chirurgie dont l’objectif est davantage une prophylaxie d’un second cancer homolatéral que de la récidive (17). Variation géographique L’étude de K.A. Metcalfe et al. a montré que le taux de MP varie beaucoup selon les pays (figure 3) [14]. Cependant, quel que soit le pays d’origine, la majorité des femmes porteuses d’une mutation n’opte pas pour la chirurgie prophylactique. Les autres options de dépistage personnalisé et d’évaluation de la prévention médicale gardent donc une large place. ◆ Quel bénéfice en termes d’incidence et de mortalité ? Incidence L’efficacité en termes de réduction du risque est estimée entre 90 et 98 % (18-20). Bien qu’il n’existe pas d’études comparatives des différents types de DOSSIER Mortalité Il n’existe pas d’études cliniques randomisées en matière de chirurgie prophylactique, ni d’étude castémoins montrant une diminution de la mortalité chez les femmes à très haut risque. Celle-ci reste cependant très probable au vu de la diminution de l’incidence rapportée. Des modèles ont estimé l’effet de la chirurgie prophylactique sur la survie, ainsi que celui des autres moyens de prise en charge (annexectomie, dépistage) [24, 25]. L’étude menée par A.W. Kurian et al. a montré un bénéfice en termes de survie estimé à 3,5 % si la mastectomie bilatérale prophylactique (MBP) est pratiquée à 40 ans, et à 2 % supplémentaires lorsqu’elle est réalisée à 25 ans (quand une annexectomie et un dépistage sont réalisés) [figure 4, p. 10] (25). De la même façon, le bénéfice éventuel sur la survie d’une mastectomie controlatérale n’est actuellement pas démontré, même si son effet préventif est important. Quelle chirurgie ? Outre la réduction du risque, le choix du type de geste chirurgical doit aussi prendre en compte le résultat esthétique. Celui-ci est lié à la qualité, à l’épaisseur et à l’étendue des tissus cutané et souscutané préservés. Nous n’aborderons ici que succinctement les aspects techniques chirurgicaux, ceux-ci étant détaillés dans les recommandations récentes de l’INCa. La problématique est complexe. Si les mastectomies avec conservation de la PAM et de l’étui aboutissent à de meilleurs résultats esthétiques (26-28), ce n’est pas forcément gage d’un meilleur taux de satisfaction globale des patientes, certaines redoutant un risque résiduel de cancer (29). Il manque des études comparatives en matière de chirurgie prophylactique pour avoir une vision globale de la balance bénéfice/risque des différents types de chirurgie. Le choix du type de chirurgie est donc une décision multiparamétrique dans laquelle entrent en ligne de compte la demande de la femme, la morphologie, une éventuelle radiothérapie (RT) antérieure, l’école chirurgicale, etc. 5 4 Incidence cumulée (%) chirurgie, une réduction du risque décroissante est probablement obtenue par la mastectomie totale, la mastectomie avec conservation de l’étui cutané et la mastectomie avec conservation de la plaque aréolomamelonnaire (PAM) respectivement. Le surrisque lié à la conservation de l’étui cutané ou de la PAM n’est cependant pas clairement démontré. La chirurgie prophylactique controlatérale diminue le risque de cancer controlatéral d’environ 95 % (21-23). Traitement Exémestane Placebo Placebo Incidence annuelle % (IC95) 0,19 (0,08-0,30) 0,55 (0,36-0,73) 3 HR = 0,35 ; IC95 : 0,18-0,70 p = 0,002 2 1 Exémestane 0 0 2 275 2 285 1 1 905 1 902 2 1 468 1 468 3 986 980 4 477 464 5 82 77 Années Figure 3. Efficacité préventive de l’exémestane (étude MAP3) [aimablement transmis par P. Goss]. La mastectomie est généralement associée à une reconstruction. Celle-ci peut être immédiate (le plus souvent) ou différée. La reconstruction par implant prothétique rétropectoral ne génère pas d’autres cicatrices. Son inconvénient est la présence d’un corps étranger et les complications précoces (douleur, hématome, nécrose) et tardives (luxation). Le risque d’une nouvelle intervention avoisine 50 % (30). La reconstruction par lambeaux musculocutanés (grand dorsal, TRAM [Transverse Rectus Abdominis Myocutaneous], DIEP [Deep Inferior Epigastric Perforator], lambeau de Rubens, etc.) donne un résultat plus proche du sein naturel et a une meilleure évolution à long terme. Elle nécessite des équipes très spécialisées. Le taux de complication est estimé à 28 % (31), le taux de réintervention, entre 6 et 21 % (31-33). ◆ Parcours Dans les situations à très haut risque, la MP peut donc être envisagée en fonction de la demande de la patiente informée de façon éclairée. C’est cette demande qui est le meilleur indicateur de l’acceptation de cette mesure préventive par la patiente et de sa satisfaction ultérieure (34, 35). L’histoire familiale est souvent un élément déterminant de la demande (34, 35). Il s’agit donc d’éclairer la réflexion de la patiente par l’information donnée par une équipe multidisciplinaire incluant un chirurgien expérimenté en chirurgie plastique, un oncogénéticien, le médecin référent (oncologue médical, gynécologue, médecin traitant, etc.) et un psychologue. La Lettre du Sénologue • No 60 - avril-mai-juin 2013 | 9 DOSSIER Prise en charge des seins d’une “femme mutée” Prévention du cancer du sein chez les femmes porteuses d’une mutation de BRCA1 ou de BRCA2 Patientes ménoposées ayant une mutation BRCA1/2 Consentement éclairé Randomisation, double aveugle (n = 336) Létrozole (1 cp/j) Placebo (1 cp/j) Durée du traitement : 5 ans 5 ans de suivi après traitement Figure 4. Schéma de l’essai LIBER. L’information doit porter sur : ➤ l’efficacité en termes de réduction du risque ; ➤ le type de chirurgie proposé (mastectomie totale ou avec conservation de l’étui cutané ou sous-cutané) ; ➤ les conséquences sur l’image corporelle et la sexualité ; ➤ la morbidité de la chirurgie (rançon cicatricielle, risque de rejet de la prothèse, aspect fonctionnel de sensibilité, de mobilité, etc.). Une consultation avec un psychologue est nécessaire lors de la réflexion. La présence du conjoint est souhaitable. Un délai de réflexion pouvant être de plusieurs mois est également souhaitable afin que la patiente ait suffisamment de temps pour assimiler les informations reçues et prendre sa décision. Toute décision de MP doit être discutée et validée en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP). Les MP doivent être réalisées par des chirurgiens spécialisés en sénologie et maîtrisant les techniques d’exérèse et de reconstruction. ◆ Deux situations particulières : le diagnostic génétique “urgent” et la prévention controlatérale Situation où un diagnostic de mutation peut être utile “en urgence” Lorsqu’un cancer du sein est diagnostiqué, le statut génétique peut, dans certaines situations, contribuer à l’élaboration du programme personnalisé de soin, notamment concernant l’option d’un traitement conservateur ou radical mammaire mais aussi, parfois, du traitement prophylactique mammaire controlatéral ou ovarien. Schématiquement, il y a 2 cas de figure. 10 | La Lettre du Sénologue • No 60 - avril-mai-juin 2013 ➤ Cancer du sein survenant chez une femme appartenant à une famille où une mutation délétère a été identifiée Lorsque la mutation familiale est connue, le laboratoire de biologie moléculaire est en mesure de déterminer sa présence en 2 à 4 semaines le plus souvent (médiane : 3 semaines selon le rapport d’activité oncogénétique de l’INCa de 2009). Il est en effet préférable de s’assurer de la présence de la mutation familiale en raison de la possibilité de phénocopies, c’est-à-dire l’existence d’un cancer du sein non génétique à l’intérieur d’une famille (fréquence estimée à 6 %) [36]. ➤ Cancer du sein survenant chez une femme appartenant à une famille à risque héréditaire non encore testée C’est le cas le plus fréquent : la présomption d’une forme héréditaire est forte en raison de critères évocateurs (bilatéralité, précocité, nombreux cas, cas de cancer de l’ovaire, de cancer du sein chez l’homme, etc.), mais la famille n’a pas encore fait l’objet d’une recherche de mutation. Le délai pour les analyses génétiques varie selon les laboratoires (de 10 à 65 semaines selon les données de l’INCa de 2010), avec une médiane de 36 semaines. Dans un certain nombre de laboratoires, elles peuvent cependant être demandées en priorité si l’on pense que le risque génétique est élevé et que le résultat peut contribuer à la décision d’un traitement radical plutôt que conservateur. Ce délai, qui peut être alors de 6 à 12 semaines, peut être compatible avec une chimiothérapie (CT) néo-adjuvante. Les informations sur le risque controlatéral et ses possibles conséquences restent délicates à gérer au moment du diagnostic et pendant les traitements initiaux (37). Cette possibilité de recherche de mutation rapide doit donc être réservée aux femmes envisageant un geste préventif. Chirurgie mammaire préventive controlatérale Le risque controlatéral est souvent l’objet d’une préoccupation importante chez les patientes ayant eu un cancer du sein. Cette inquiétude est renforcée lorsqu’existe une histoire familiale qui influence fortement leur perception du risque. En France comme dans d’autres pays, le recours à la mastectomie controlatérale dans des situations à très haut risque est nettement plus fréquent que le recours à la MBP chez les femmes porteuses d’une mutation de BRCA1 ou de BRCA2 [38]. Les risques de cancer controlatéral sont très élevés en présence d’une mutation de BRCA1 ou de BRCA2, allant de 10 à 31 % à 5 ans et de 25 à 40 % à 10 ans DOSSIER (39-42). Ce risque est de 2 à 10 % à 10 ans pour les cas sporadiques. Indépendamment de l’hérédité, le risque de cancer du sein controlatéral est plus important chez la femme jeune, pour un type histologique lobulaire de la tumeur initiale et pour un caractère multicentrique (43). Ce risque n’a pas tendance à diminuer avec le temps, contrairement au risque de récidive locale ou de métastase à distance, il est donc d’autant plus significatif que le pronostic du premier cancer est favorable et que la femme est jeune. Dans une récente étude de cohorte rétrospective, la chirurgie controlatérale semble augmenter la survie globale (SG) des patientes opérées (44). Le risque de récidive locale dans le sein traité ne paraît pas plus élevé en cas de mutation de BRCA1 ou de BRCA2 que dans les formes sporadiques (40-42, 45, 46). En revanche, le risque de deuxième cancer homolatéral ou controlatéral reste élevé, même s’il paraît diminué par les traitements systémiques de CT et d’HT (41, 47). Mastectomie controlatérale Alors que la chirurgie conservatrice suivie d’une RT assure, dans beaucoup de situations, un contrôle de la maladie locorégionale similaire à celui obtenu par le traitement radical, une nette augmentation du nombre des chirurgies préventives controlatérales est observée aux États-Unis (figure 1, p. 5) [48]. Cette augmentation est d’origine multifactorielle : consultations d’oncogénétique et accès aux tests génétiques, offre de reconstruction immédiate et utilisation de l’IRM, etc. (tableau, p. 6) [16]. Une surestimation du risque dans les situations où une mutation de BRCA1 ou de BRCA2 n’a pas été mise en évidence paraît également vraisemblable. Le nombre de femmes atteintes s’orientant vers une chirurgie préventive controlatérale est important mais varie selon les séries et les pays (38). Il varie aussi selon le moment où la mutation est connue (36). Ainsi, lorsque la recherche de la mutation est faite au moment du diagnostic de cancer du sein, la majorité des femmes ayant une mutation délétère choisissent la mastectomie bilatérale (49). Les facteurs prédictifs d’une mastectomie controlatérale sont le jeune âge et le type de la chirurgie initiale (15 % en cas de chirurgie conservatrice et 63 % en cas de mastectomie). Les femmes qui ont subi une annexectomie sont également plus demandeuses d’une mastectomie controlatérale (33 versus 18 %) [38]. Des différences socioculturelles ont également été avancées (15). La qualité de la relation entre le médecin et le malade et l’information donnée par le médecin expliquent aussi, probablement, une partie de ces divergences (50). Le sexe du chirurgien pourrait même jouer un rôle (16). En dehors de l’élément fondamental, c’est-à-dire la préoccupation et la demande de la patiente, le choix d’une chirurgie préventive controlatérale dépend (comme nous l’avions déjà mentionné en abordant les recommandations de l’INCa) d’un certain nombre d’éléments : ➤ le pronostic du cancer du sein ; ➤ l’âge (une espérance de vie limitée est un facteur dissuasif ; il faut également noter que la mastectomie bilatérale à 25 ans n’améliore la SG que de 2 %, par rapport à une mastectomie réalisée à l’âge de 40 ans) ; ➤ le contexte personnel (âge de la patiente, nombre d’enfants, âge des enfants, situation familiale) ; ➤ les représentations de la maladie à travers la situation familiale (nombre de cas de cancer du sein ou de l’ovaire, proximité des personnes touchées, nombre de décès par cancer dans la famille) ; ➤ les traitements systémiques éventuellement associés (CT, traitements à visée hormonale [tamoxifène, antiaromatase chez les femmes ménopausées], chirurgie préventive des annexes) ; ➤ les possibilités de reconstruction uni- ou bilatérale et du type de geste déjà réalisé ; ➤ le morphotype (désir de symétrie en cas d’obésité) ; ➤ le type de chirurgie effectué sur le sein atteint (mastectomie ou conservation possible) ; ➤ le caractère invasif ou non de la tumeur ; ➤ la présentation par les soignants de chaque possibilité et des risques qui lui sont liés et de l’avis du ou des médecins ; ➤ le gène muté (BRCA1 ou BRCA2, bien que, en pratique, cet élément soit rarement pris en compte). Les problèmes techniques de la chirurgie mammaire “prophylactique” controlatérale chez les patientes déjà traitées pour un cancer du sein sont complexes et sont développés dans les recommandations de l’INCa. Ils doivent faire l’objet d’une réflexion multidisciplinaire approfondie au cas par cas, car les situations peuvent être très différentes d’une patiente à l’autre. Chez une patiente à contexte héréditaire chez laquelle vient d’être découvert un cancer du sein et qui souhaite envisager une prophylaxie mammaire, le diagnostic de mutation peut être utile pour décider si la chirurgie doit être conservatrice et s’il faut pratiquer une reconstruction. Idéalement, le diagnostic de mutation doit être demandé en La Lettre du Sénologue • No 60 - avril-mai-juin 2013 | 11 DOSSIER Prise en charge des seins d’une “femme mutée” Prévention du cancer du sein chez les femmes porteuses d’une mutation de BRCA1 ou de BRCA2 urgence, la RT grevant le pronostic esthétique d’un possible geste ultérieur radical (cf. supra). Considérations psychologiques Il est primordial de prendre en compte les motivations et les conséquences psychologiques de la chirurgie préventive. Elles font l’objet d’une analyse détaillée dans les recommandations de l’INCa de 2009 (Saltel 2009). Les études dont on dispose portent sur la satisfaction de la patiente quant à la décision, les conséquences esthétiques, le bienêtre psychosocial, l’anxiété devant le cancer, l’image corporelle et la sexualité (21, 51). La grande majorité des femmes ayant subi une chirurgie préventive bilatérale n’expriment aucun regret concernant leur décision (52, 53). Environ 70 % des femmes qui ont eu une chirurgie préventive bilatérale se disent satisfaites à long terme, 11 % sont neutres et 19 % ne sont pas satisfaites (54). Les effets négatifs les plus marqués concernent l’image corporelle ; l’effet positif le plus important est la réduction de la peur du cancer (54). Dans une série de la Mayo Clinic (États-Unis), la satisfaction a été jugée plus importante après une mastectomie controlatérale (83 % de patientes satisfaites à 10 ans) qu’après une MBP (70 % à 15 ans) [54, 55]. Dans une autre étude, des questionnaires ont retrouvé le même degré de satisfaction concernant la chirurgie controlatérale, mais environ 20 % faisaient état de la persistance d’un certain degré de mécontentement ou de conséquences psychosociales négatives dans les réponses aux questions ouvertes : image corporelle, problèmes avec les implants, douleurs chroniques, problèmes sexuels [56]. L’absence d’altération de la qualité de vie se retrouve dans la plupart des études portant sur les chirurgies prophylactiques bilatérales (20, 57) ou controlatérales (58). Plusieurs auteurs ont rapporté que les femmes ayant subi une chirurgie mammaire préventive (bilatérale ou controlatérale) sur recommandation des médecins ont plus de mal à en accepter les conséquences que celles n’ayant pas reçu d’avis spécifique (52, 54, 59). Apparemment, les femmes s’orientent assez tôt vers la chirurgie préventive, avant le résultat du test, et reviennent rarement sur leur choix (60). Cette étude confirme aussi le chemin à parcourir avant la réalisation du geste, puisque seules 3 % des patientes ont subi la mastectomie dans l’année suivant la délivrance du résultat (60). 12 | La Lettre du Sénologue • No 60 - avril-mai-juin 2013 ◆ Parcours psychologique Plusieurs étapes dans le processus psychologique de chirurgie préventive ont été décrites (61). On distingue : ➤ le processus de décision, qui s’élabore le plus souvent à partir des expériences vécues et de l’histoire familiale. Ainsi, la perte d’un proche ou le fait que la patiente approche l’âge où d’autres femmes de sa famille ont été atteintes sont autant d’éléments importants de la perception d’un risque majeur et de la demande ; ➤ l’argumentaire. La patiente doit répondre à des questionnements, voire des jugements, de ses proches concernant sa décision. Son entourage immédiat − conjugal, familial mais aussi amical et socioprofessionnel − jouera un rôle important, soit en tant que soutien, soit en tant que critique du bien-fondé de sa décision ; ➤ les suites immédiates de l’opération. La chirurgie prophylactique est le plus souvent suivie d’une reconstruction qui peut se faire en même temps ou ultérieurement. Des répercussions physiques et fonctionnelles sont quasi constantes : douleurs, troubles ou absence de sensibilité, difficultés motrices, lymphœdèmes, reprise chirurgicale sur complications (hématome, infection, déplacement prothétique), etc. L’accompagnement et le soutien des soignants et des proches sont essentiels ; ➤ le processus de deuil de l’organe opéré. Celui-ci peut être long s’il participe à l’estime de soi. Les regards et les discussions des proches et des soignants sont, là aussi, des éléments essentiels pour l’élaboration d’une nouvelle image de soi et de ce deuil. Il est important d’éviter de présenter la mastectomie bilatérale ou controlatérale comme une opportunité de chirurgie plastique. Le nouveau sein doit cependant être réinvesti sur le plan psychologique et physique ; ➤ la réhabilitation, très progressive et parsemée de doutes et d’hésitations. L’accompagnement psychologique est important après la chirurgie prophylactique. Elle a pour but, comme le décrit P. Saltel dans les recommandations nationales de l’INCa (62), de faire que “le choix n’apparaisse pas tant comme le résultat d’une peur mais bien comme une détermination courageuse à s’affranchir d’une menace qui les gênait dans leur épanouissement personnel”. À toutes les étapes précitées, l’accompagnement psychologique et le soutien des proches sont essentiels. Ceux-ci ne doivent pas être négligés, en particulier à distance de la chirurgie préventive. DOSSIER Conclusion La prévention primaire du cancer du sein s’appuie classiquement sur la limitation de l’exposition aux facteurs de risque. Elle a toutefois ses limites chez les femmes porteuses d’une mutation de BRCA1 ou de BRCA2, cas dans lequel ces mesures n’ont pas été validées spécifiquement et dans lequel le risque est très élevé. Aujourd’hui, la prévention hormonale du cancer du sein est, quant à elle, validée par de grands essais cliniques. Des situations à haut risque sont bien identifiées, et les effets indésirables des molécules, connus. Cependant, en France, ni le tamoxifène ni l’exémestane n’ont l’AMM. Dans l’éditorial faisant suite à la publication du New England Journal of Medicine montrant l’efficacité préventive de l’exémestane, l’auteur concluait que nous avons aujourd’hui les connaissances et les outils pour une prévention active du cancer du sein. Les derniers mots de l’éditorial étaient les suivants : “We have run out of excuses. What are we waiting for?”1 L’essai de prévention LIBER ciblant les femmes porteuses de mutations apportera des éclairages importants. Dans le contexte d’une mutation de BRCA1 ou de BRCA2, toute discussion envisageant une chirurgie prophylactique nécessite une approche globale prenant en compte, en premier lieu, le souhait de la patiente après une information éclairée et multidisciplinaire. Cette information, qui doit rester le plus neutre possible et respecter le libre-arbitre de la personne, doit aborder les risques de cancer du sein ultérieur, d’une part, et les conséquences esthétiques et psychologiques de la chirurgie, d’autre part. Enfin, dans certaines situations où un cancer est diagnostiqué, la connaissance du statut génétique peut être utile à l’établissement du programme personnalisé de soin si la patiente, concernée par le risque familial, souhaite ménager des perspectives chirurgicales préventives à court ou à long terme. Dans ces situations, une procédure accélérée de recherche de mutation peut être envisagée. ■ 1. “Nous n’avons plus d’excuses. Qu’attendons-nous ?” L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts. Références bibliographiques 1. Noruzinia M, Coupier I, Pujol P. Is BRCA1/BRCA2related breast carcinogenesis estrogen dependent? Cancer 2005;104(8):1567-74. 2. Rebbeck TR, Kauff ND, Domchek SM. 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