DOSSIER THÉMATIQUE Penser sa féminité après un cancer du sein Problématique de la réinsertion professionnelle en cancérologie Occupational reintegration of cancer survivors J.M. Dilhuydy* L a prise en compte des données socioprofessionnelles et l'organisation de la réinsertion professionnelle font partie de la prise en charge globale des patients (1). Pour les patients en âge de travailler, la possibilité de poursuivre ou de reprendre une activité professionnelle participe à leur qualité de vie tout en leur assurant une sécurité financière. Il s'agit non seulement de maintenir un réseau amical et relationnel mais aussi de réinvestir des rôles, des responsabilités correspondant au moins aux aspirations d'avant la maladie, pour reconstruire un nouvel équilibre. La problématique de la réinsertion professionnelle en cancérologie ne peut être négligée compte tenu de l'incidence des cancers. En France, les nouveaux cas de cancers sont passés de 170 000 en 1980 à 280 000 en 2000 avec une augmentation de 50 % des cancers du sein, du côlon-rectum et de la prostate soit, pour chaque année, une file active de 900 000 personnes, dont 23 % sont encore dans le monde du travail. Selon les auteurs et les pays, 20 à 40 % des patients avec un cancer, même localisé, perdent leur emploi. Le retentissement de la maladie persiste au fil du temps avec des conséquences possibles plusieurs années après. Quelles sont les données de la littérature ? Quelles conséquences en tirer dans notre pratique quotidienne ? La reprise de l'activité professionnelle après un cancer * Chef de service honoraire de radiothérapie, Institut Bergonié, 229, cours de l’Argonne, 33076 Bordeaux Cedex. Schraub et Bosset (2) ont étudié en 1982 une cohorte de patients traités dans le département de radiothérapie du CHU de Besançon. L'envoi de 22 | La Lettre du Sénologue • n° 47 - janvier-février-mars 2010 348 questionnaires sur les modalités de la reprise du travail a été suivi de 297 réponses (85 %) : 190 patients sur 297 (63,9 %) ont repris le travail à temps complet dans l'emploi initial, avec un taux moyen d'absentéisme de 10 mois. La reprise a été plus difficile pour les patients avec un cancer des voies aéro-digestives supérieures (VADS) ou un cancer des bronches ; 36 % d’entre eux (107/297) n'ont pas repris le travail, en raison de séquelles importantes (78 %), d'un licenciement (43 %) ou d'une retraite anticipée (30 %). Les femmes ont été deux fois plus touchées que les hommes par le chômage. Chez les hommes, ce sont les plus jeunes et les ouvriers qui ont été davantage pénalisés. D'après les auteurs, la réinsertion socioprofessionnelle dépend de l'âge des patients, de leur catégorie socioprofessionnelle, de leur motivation et du secteur dans lequel ils pratiquent (secteur privé/secteur public) du fait d'une protection plus ou moins importante. Van der Wouden (3) a noté en 1992, à propos d'une série de 849 patients aux Pays-Bas, que seuls 44 % d’entre eux retournent au travail avec une promotion ultérieure moins rapide et des conséquences financières évidentes. Le temps partiel (24 %) est plus utilisé par les femmes que par les hommes : 58 % versus 7 %. Bradley (4) a étudié aux États-Unis en 2002 le maintien dans l'emploi 5 à 7 ans après un cancer au stade précoce pour 253 patients. Parmi les patients qui travaillaient au moment du diagnostic, 67 % ont conservé leur emploi ; les patients qui se sont arrêtés de travailler se répartissent ainsi : 54 % ont accédé à la retraite, 24 % ont présenté des problèmes de santé, 4 % ont démissionné, 9 % ont été confrontés à la fermeture de leur entreprise, 9 % ont évoqué d’autres causes. Résumé L’aide à la réinsertion professionnelle est une facette importante de la prise en charge globale des patients. Elle participe à la qualité de vie des patients et de leurs proches. La reprise du travail dépend de plusieurs facteurs liés aux données socioculturelles de chacun : âge, genre, niveau d’études, statut marital, à la gravité de la maladie et aux caractéristiques de la profession pratiquée, voire à ses contraintes. La reprise du travail, quand elle est possible, n’est pas toujours définitive compte tenu de l’évolution de la maladie, de l’absentéisme liée à la fatigue résiduelle. L’organisation de la reprise d’une activité professionnelle ou du maintien dans l’emploi suppose une sensibilisation de tous les soignants à cette problématique, une connaissance de la protection sociale et du code du travail avec les différents congés, le temps partiel thérapeutique,les visites de préreprise et de reprise. La collaboration entre médecins généralistes, spécialistes, médecins conseils, médecins du travail et travailleurs sociaux est fondamentale. Le Plan Cancer II a prévu une évaluation du contexte socioprofessionnel des patients dans le cadre du dispositif d’annonce, du programme personnalisé de soins, lors des consultations de l’après-cancer. En Hollande, Spelten (5) a réalisé en 2002 une revue de la littérature à partir des bases de données Medline et de Psyclit allant de 1985 à 1999. Il a recensé 14 études qui comportaient une méthodologie fiable. Le retour au travail est possible pour 62 % des patients en âge de travailler (extrêmes : 30-93), facilité par le soutien des collègues. Les caractéristiques individuelles et socioculturelles des patients, comme le genre, le statut marital, le niveau d'études ou l'importance du salaire n'ont pas de relation très significative avec la reprise du travail dans cette étude. L'âge n'est significatif que dans la moitié des séries étudiées. La reprise du travail est difficile pour les travailleurs manuels ou dans les emplois où les efforts musculaires sont nécessaires. Ce sont les patients avec un cancer des VADS qui ont le plus de difficultés à reprendre une activité professionnelle. Short (6), en 2005 aux États-Unis, a étudié les modalités de la reprise du travail 1 à 5 ans après le diagnostic dans une série de 1 433 patients avec un cancer, qui travaillaient tous avant le traitement (âge : 25-62 ans) : à 6 mois, 43 % ont repris le travail ; entre 6 et 11 mois, 73 % des patients au total ont repris une activité professionnelle ; 79 % entre 12 et 23 mois, 81 % entre 24 et 35 mois et 84 % entre 36 et 47 mois. Parmi les patients qui ont repris le travail 6 à 11 mois après le diagnostic (73 %), 11 % ont quitté leur travail dans les 3 ans et 14 % dans les 4 ans. Les patients qui ont le plus de difficultés à reprendre le travail ont présenté des cancers des VADS ou des lymphomes de stade IV. Toujours aux États-Unis, Buckwalter (7), en 2007, a repris une série de 666 patients traités pour un cancer des VADS, dont 239 avaient un emploi au moment du diagnostic ; 91 ont arrêté de travailler en raison de difficultés pour parler et s'alimenter, d'une fatigue et de douleurs résiduelles, d'une apparence "incompatible" avec une vie sociale, mais 31 ont repris le travail 1 an après. De Boer (8), en Hollande, a réalisé une revue de la littérature entre 1966 et 2006 sur l'avenir professionnel des enfants qui ont eu un cancer. À l'âge adulte, ils ont en moyenne 2 fois moins de chances de pouvoir travailler et jusqu’à 5 fois moins s'ils ont eu une tumeur du système nerveux central. Les éléments prédictifs significatifs qui entrent en jeu sont l'âge d'apparition le plus précoce, le niveau d'études, le quotient intellectuel, le déficit moteur, la comitialité, le sexe féminin et un traitement avec radiothérapie. La Direction de la recherche des études de l'évaluation et des statistiques (DREES) a publié en 2006 (9)une étude sur une série de patients en emploi et âgés de moins de 58 ans au moment du diagnostic : parmi ceux qui avaient un emploi (40 %), 19 % ont quitté ou perdu leur emploi deux ans plus tard ; 15 % n'ont jamais interrompu leur activité pour congé maladie tandis que 14 % sont demeurés en congé maladie ; 52 % ont repris leur activité à un moment ou à un autre. Au total, 4 patients sur 10 estiment avoir été pénalisés sur le plan professionnel, ce qui est le cas aussi de 1 des 5 patients qui ont continué à travailler. Pour l'ensemble des patients, 1 sur 6 déclare avoir subi une diminution de revenus. Pryce (10), en Grande-Bretagne, en 2006, a déterminé, en étude multivariée, dans une série de 328 patients guéris, les éléments facilitateurs pour la poursuite du travail ou le retour au travail. La flexibilité du secteur professionnel, la gestion de la fatigue résiduelle, l'absence ou le retard des remboursements des actes médicaux sont des éléments déterminants. La reprise du travail est aussi corrélée à l'avis “primordial” du médecin traitant sur la reprise et aux entretiens nécessaires avec l'employeur. Mots-clés Maintien dans l’emploi Réinsertion professionnelle Oncologie Keywords Occupational rehabilitationemployment Return to work Oncology La reprise de l'activité professionnelle après un cancer du sein Schraub (2), dans une série de 297 patients avec un cancer, a étudié un sous-groupe de 86 patientes avec un cancer du sein : 56 sur 86 (65 %) ont repris leur profession initiale, dont 43 sans aucune difficulté ; 30 patientes (34,8 %) n'ont pas repris d’activité : 2 ont été mises à la retraite, 6 ont bénéficié d'une préretraite, 12 ont subi un licenciement économique, 4 étaient en arrêt de travail et 6 étaient toujours en congé de longue durée compte tenu d'un reclassement impossible. Fanello (11), avec l'équipe d'Angers en 1993, a pu analyser la situation de 160 femmes âgées de 50 ans La Lettre du Sénologue • n° 47 - janvier-février-mars 2010 | 23 DOSSIER THÉMATIQUE Références bibliographiques 1. Dilhuydy JM. La réinsertion professionnelle des patientes traitées pour un cancer du sein. Oncologie 2006; 8:245-50. 2. Schraub S, Briand CM, Bosset JF, Altwegg TH. Réinsertion professionnelle des cancéreux traités. Bull Cancer 1982;69:393-8. 3. Van der Wouden JC, GreavesOtte JGW, Greaves J, Kruyt PHM, Venleeuwen 0, Van der Does E. Occupational reintegration of long term cancer survivors. JOM 1992;34:1084-9. 4. Bradley CL, Bednarek HL. Employment patterns of long-term cancer survivors. Psycho-Oncology 2002;11:188-98. 5. Spelten ER, Sprangers MAG, Verbeek JHAM. Factors reported to influence the return to work of cancer survivors: a literature review. Psycho-Oncology 2002;11:124-31. 6. Short PF, Vasey JJ, Tunceli K. Employment pathways in a large cohort of adult cancer survivors. Cancer 2005;103:1212-301. 7. Buckwalter AE, Karnell LH, Smith RB, Christensen AJ, Funk GF. Patient-reported factors associated with discontinuing employment following head and neck cancer treatment. 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Public Health Rep 1996;111:236-41. 14. Serin D, Pujol H, Schraub S, Chevalier H. Parcours de femmes 1993 : enquête d’opinion (SOFRES) réalisée auprès des femmes traitées pour cancers gynécologiques et mammaires et auprès des équipes Penser sa féminité après un cancer du sein au plus traitées pour un cancer du sein. La durée moyenne de l'arrêt de travail est de 9,2 mois. La reprise du travail s'effectue pour 88 % des patientes : 77 % dans le même secteur professionnel et 11 % avec changement de secteur ; 26 % des patientes ont demandé une réduction de leur temps de travail. Les facteurs de reprise du travail sont liés à l'âge des patientes, au secteur professionnel, à la catégorie professionnelle et au type de traitements subi. La motivation des patientes reste un élément important. La reprise du travail est de 100 % pour les patientes de moins de 40 ans et de 76 % après 45 ans. Les changements d'emploi sont plus fréquents dans le secteur privé (14 %). Les professions indépendantes entraînent un arrêt de travail plus court ; 21 % des femmes de ménage et 14 % des employés ne reprennent pas le travail. La durée du traitement, en particulier la prescription d'une chimiothérapie, prolonge l'arrêt du travail. La motivation personnelle reste un atout important pour la reprise, qu'elle soit psychologique, intellectuelle ou financière. Bushnow (12), aux États-Unis, en 1995, a montré à partir d'une étude rétrospective de patientes avec un cancer du sein débutant que la chimiothérapie adjuvante n'influait pas sur le retour au travail : 92 % des patientes qui ont subi une chimiothérapie et 94% des patientes sans chimiothérapie ont repris leur activité professionnelle. Satariano (13), en Italie, en 1996, a montré que le taux de reprise était de 72 % pour une série de 296 patientes qui travaillaient au moment du diagnostic. La non-reprise était liée à la fatigue résiduelle, à des problèmes fonctionnels, au besoin d'une assistance pour les transports et au stade de la maladie. L'étude SOFRES de 1998 publiée par Serin (14) a colligé 2 868 patientes (2 539 avec un cancer du sein et 329 avec un cancer gynécologique). Parmi les femmes en activité avant la maladie, 55 % devenaient inactives pendant le traitement et 63 % reprenaient une activité après le traitement. Les femmes avec un cancer du sein sont confrontées à des difficultés financières dans 9 % des cas, à des problèmes de prêts bancaires dans 4 % des cas et à des problèmes d'assurance dans 3 %. Stewart (15) a étudié, au Canada en 2001, le vécu au travail des femmes avec un cancer du sein sans récidive 5 ans après le traitement (n = 378) : 50 % n'ont pas hésité à révéler leur diagnostic aux collègues de travail et à leur hiérarchie ; 43,7 % des femmes pensent que cette révélation n'a pas affecté les modalités de leur travail ; 41,1 % ont modifié leur 24 | La Lettre du Sénologue • n° 47 - janvier-février-mars 2010 plan de carrière en raison d'une motivation moindre ; 3 % ont perçu une discrimination ; 26,3 % pensent que l'épreuve qu'elles ont vécue leur a permis de réaliser leurs objectifs et 6,5 % rapportent même un changement de carrière positif. Kornblith (16), au Canada, en 2003, a analysé l'ajustement des femmes traitées pour un cancer du sein à un stade débutant avec chimiothérapie adjuvante 20 ans après le traitement (n = 153) : 13 % des patientes ont encore un problème professionnel, 26 % ont un problème d'assurance et 7 % subissent un retentissement socio-économique négatif. Une comparaison sur la perception de l’impact socioéconomique a été étudiée chez les femmes en âge de travailler (18-64 ans) selon le type de cancer. Le retentissement du vécu est négatif pour 9 % des patientes avec un cancer du sein (n = 79), pour 37 % des patientes avec une maladie de Hodgkin (n = 107) et pour 40 % des patientes avec une leucémie (n = 95). Maunsell (17), au Québec, en 2004, a étudié l'impact possible d'une discrimination professionnelle 3 ans après le traitement pour une cohorte de 646 patientes avec un cancer du sein, appariées à 890 femmes du même âge sans cancer. L'activité professionnelle est identique au début de la surveillance. Trois ans après le traitement, 21 % des femmes avec un cancer et 15 % de la population contrôle sont sans emploi. L'arrêt de l'activité professionnelle dans les deux groupes relève d'une décision personnelle. Aucune discrimination n'a été rapportée dans les deux groupes. Les auteurs précisent bien que ces résultats concernent une population donnée et ne peuvent préjuger des difficultés rencontrées par tel ou tel individu. Bouknight (18), aux États-Unis, en 2006, rapporte une série de 416 patientes questionnées 12 et 18 mois après le diagnostic : 80 % d’entre elles ont repris le travail ; 87 % soulignent l'importance de l'absence de discrimination et du soutien des employeurs. Balak (19), aux Pays-Bas, en 2008, rapporte une série de 154 patientes avec un cancer du sein au stade précoce. La durée moyenne de l'arrêt de travail, de 11,4 ± 5 mois, dépend du type de traitement ; elle est plus longue si le traitement comporte une chimiothérapie ou un traitement combiné. La reprise dans le cadre d'un temps partiel est liée aux séquelles du curage axillaire. Ahn (20), en Corée, en 2008, a rapporté une série de 1 594 patientes qui travaillaient avant leur maladie. L'emploi diminue de 47,6 à 33,2 % après le traitement. Il existe une corrélation significative avec le niveau d'études, les bas revenus, les comorbidités, le stade DOSSIER THÉMATIQUE évolué de la maladie et les séquelles d'une mastectomie. La fatigue résiduelle est un obstacle essentiel. Mieux protégées sur le plan financier, les femmes mariées s'arrêtent plus facilement de travailler. Commentaires Données de la littérature La perte d'emploi ou la modification de l'activité professionnelle est une réalité liée à la maladie. Les facteurs favorisants et les obstacles à la réinsertion ont été bien individualisés. La reprise du travail dépend des caractéristiques de la maladie, du type de cancer (2, 5, 6, 8, 16), de son stade d'évolution, des séquelles fonctionnelles, voire des handicaps liés aux différents traitements (11, 12, 16, 19, 20), des séquelles psychologiques et cognitives dues en particulier à la chimiothérapie (19, 21), des symptômes résiduels comme la douleur et la fatigue et des comorbidités associées (7, 8, 10, 13, 20). La durée du congé maladie est un élément important. Un cancer dans l'enfance, les cancers des VADS, du poumon, du côlon-rectum, du cerveau, tous les cancers à un stade évolué pénalisent plus particulièrement les patients (2, 5, 6, 8, 16). Les données socio-biographiques jouent un rôle important : l'âge, le genre, le niveau d'études, le statut marital, les revenus familiaux interfèrent (2, 5, 11). Les adultes les plus jeunes seront confrontés au chômage, les plus âgés glisseront facilement vers une préretraite. Les travailleurs manuels auront plus de difficultés à reprendre le travail que "les cols blancs" (2, 5, 11). Les femmes feront plus appel, si cela est possible, au temps partiel (3). Les femmes mariées sont semble-t-il moins motivées pour une reprise du travail en raison d'un deuxième salaire au foyer (20). Le métier précédemment exercé avec ses contraintes physiques, ses impératifs psychologiques, son éloignement possible peut être un obstacle à une reprise facile. Selon le secteur professionnel du patient – secteur public plus sécurisé ou secteur libéral plus ou moins flexible (10, 11) – selon son statut – salarié titulaire, intérimaire ou cadre –, la reprise du travail sera plus ou moins aisée. L’aspect éventuellement valorisant de la fonction a aussi son importance. Le contexte économique actuel n'est pas particulièrement facilitateur, avec une sortie de crise incertaine et un niveau de chômage croissant (10,7 % pour 2010, 18 % pour les moins de 24 ans). Le type de protection sociale de chaque patient est aussi à prendre en considération (2, 11). En France, le régime des fonctionnaires ou assimilés assure un congé maladie complété par des congés longue maladie et de longue durée qui permettent de conserver l’intégralité du salaire pendant 4 ans au total, avec un demi-salaire pendant 2 ans. Les non-titulaires peuvent bénéficier de l’intégralité du salaire pendant 1 an, avec ensuite la moitié du salaire pendant 2 ans. Un temps partiel thérapeutique peut être attribué à l’issue des congés. Les salariés (régime général et agricole) et les exploitants agricoles, les travailleurs non salariés, les artisans et indépendants, les professions libérales sont beaucoup moins protégés (23). Le soutien de la famille et des proches reste primordial avec, toutefois, un risque d'hyperprotection, voire d’infantilisation, qui peut freiner toute démarche volontaire. Le soutien de l'employeur (10, 18) et l'absence de discrimination au travail (15, 17, 18), malgré un certain absentéisme, sont essentiels. La reprise du travail après le traitement n'implique pas que l'activité professionnelle sera poursuivie dans les années qui suivent malgré l'absence d'évolution de la maladie. Même 20 ans après le diagnostic, les problèmes professionnels peuvent perdurer et il faut en tenir compte (15, 16). Comment optimiser la réinsertion professionnelle ? La réinsertion socioprofessionnelle passe par un dépistage social précoce qui permet de prédire les difficultés qui seront rencontrées après le traitement et par l'organisation d'actions "préventives" pour éviter l'installation de situations inextricables avec des difficultés financières et psychologiques qui retentiront sur la vie familiale. Le service social a mis en place dans notre institution, depuis de nombreuses années, une consultation sociale "branchée" sur les consultations médicales. Dès le diagnostic, les patientes peuvent consulter l'assistante sociale, qui peut ainsi les informer des démarches à faire en fonction de leur contexte socioéconomique et professionnel. Cette consultation permet d'expliquer aux patients et à leurs proches les modalités des arrêts de travail, de les informer sur les médecins à consulter et les commissions à saisir, tout en respectant leur projet de vie ultérieur et leur autonomie (22). Un document sur la protection sociale, “Démarches sociales et cancer”, rédigé dans le cadre des guides SOR Patient en 2004, mis à jour et édité par l'Institut national du cancer (INCa) en 2009, est distribué systématiquement comme support à l'intervention sociale (23). Références bibliographiques soignantes qui les ont prises en charge. Bull Cancer 1998;85: 578-88. 15. Stewart DE, Cheung AM, Duff S et al. Long-term breast cancer survivors: confidentiality, disclosure, effects on work and insurance. Psycho-Oncology 2001;10: 259-63. 16. Kornblith AB, Herdon JE, Weiss RB et al. Long-term adjustment of survivors of early-stage breast carcinoma, 20 years after adjuvant chemotherapy. Cancer 2003;98:679-89. 17. Maunsell E, Drolet M, Brisson J, Brisson C, Masse B, Deschenes L. Work situation after breast cancer: results from a populationbased study. J Natl Cancer lnst 2004;96:1813-22. 18. Bouknight RR, Bradley CJ, Luo Z. Correlates of return to work for breast cancer survivors. J Clin Oncol 2006;24:345-53. 19. Balak F, Roelen CAM, Koopmans PC, Ten Berge EE. Return to work after early-stage breast cancer: a cohort study into the effects of treatment and cancerrelated symtoms. J Occup Rehabil 2008;18:267-72. 20. Ahn E, Cho J, Shin DW et al. Impact of breast cancer diagnosis and treatment on work-related life and factors affecting them. Breast Cancer Res Treat 2008;X:1060-3. 21. Schagen SB, Vandam F, Muller MJ, Boogerd W, Lindeboom J, Brunong PF. 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Plan Cancer 2003-2007 ; Plan Cancer 2009-2013 : www.plancancer.fr/textesderéférence La Lettre du Sénologue • n° 47 - janvier-février-mars 2010 | 25 DOSSIER THÉMATIQUE Penser sa féminité après un cancer du sein Le Plan Cancer (24), actualisé pour la période 20092013, prévoit une prise en charge personnalisée des patients avec une évaluation sociale dans le cadre du dispositif d’annonce, du programme personnalisé de soins, de l’après-cancer. Un référentiel national pour détecter la fragilité sociale et la précarité doit être mis au point (mesures 25, 26). Les réponses aux situations de handicap et de perte d’autonomie doivent être améliorées (mesure 27). L’assurabilité pour obtenir des prêts doit être facilitée au maximum (mesure 28). La réinsertion socioprofessionnelle implique une collaboration entre le médecin soignant, le médecin du travail, le médecin conseil et les différentes commissions prévues à cet effet comme la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH) ou la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH). Cette collaboration suppose de la part des soignants une bonne connaissance de la législation et des modalités de maintien dans l'emploi (1). Le médecin du travail est un interlocuteur essentiel compte tenu de ses prérogatives pour les modalités de reprise du travail, pour l'aménagement d'un poste de travail ou pour adresser le patient à la CDAPH. Il ne faut pas hésiter à le joindre en cas de difficulté de reprise du travail. Il faut souligner que le Code du travail a prévu non seulement une consultation de reprise du travail, mais aussi une consultation de préreprise avant la fin de l'arrêt de travail (art. R 241-51). La consultation de préreprise est trop souvent négligée par manque d'information des patients et des médecins. Effectuée avant la fin de l'arrêt de travail, elle permet de prévoir des mesures d'adaptation au poste de travail, de mettre en place de façon précoce des mesures de maintien dans l'emploi ou de prévoir une reconversion professionnelle. Elle peut être demandée par le salarié ou par son médecin traitant ou le médecin conseil de sa caisse d’assurance maladie. Conclusion La réinsertion socioprofessionnelle des patients traités pour un cancer est un enjeu qui mérite toute l'attention des soignants, qui doivent non seulement être sensibilisés à cette problématique, mais aussi se comporter comme des acteurs efficients en toute connaissance des données de la protection sociale (1). ■ agenda 13-15 mai 2010, Arcachon Journées annuelles de la SOFMIS : Femmes à haut risque de cancer mammaire APÔLES Santé Terres Neuves, BP152, 33321 Bègles Cedex Tél. : 05 56 75 36 09 Fax 05 56 75 22 98 E-mail : [email protected] 18 juin 2010, Reims 1er colloque francophone sur les cancers du sein in situ Programme : – Revue complète des aspects épidémiologiques, diagnostiques, anatomopathologiques et thérapeutiques – Actualisation des études rétrospectives et des essais randomisés – Facteurs de risque de rechute – Recommandations INCaSFSPM Coordonnateur scientifique : Dr Bruno Cutuli (polyclinique Courlancy) Tél. : 03 26 84 02 84 – Fax 03 26 84 70 20 E-mail : [email protected] Organisation et inscription : Reims événements organisation : 12, bld du GénéralLeclerc, 51722 Reims Cedex Contact : Mme Sophie Fournal Tél. : 03 26 77 44 60 – Fax 03 26 77 44 81 Inscription Internet à partir du 4 janvier 2010 http://www.reims-evenements.fr 26 | La Lettre du Sénologue • n° 47 - janvier-février-mars 2010 3-5 novembre 2010, Strasbourg 32es Journées de la Société française de 3 5 novembre 32 2010 sénologie et de pathosénologie logie mammaire : La femme jeune face au la femme jeune face au cancer du sein cancer du sein Contact : Michèle Peter, 8, quai de l’Ill, 67400 Illkirch. Tél. : + 33 (0)6 31 24 27 59 [email protected] Inscriptions : Brigitte Papillon, Palais des Congrès de Strasbourg, place de Bordeaux-Wacken, 67082 Strasbourg Cedex Tél. : + 33 (0)3 88 37 67 87. [email protected]. http://www.strasbourg-events.com STRASBOURG Palais des Congrès e du au journées de la Société Française de et de Pathologie Mammaire coordonnées p a r l e s équipes médicales de la SFSPM de Nancy Reims Strasbourg www.senologie.com