l’attente en salle commune, où elles sont confrontées à des
patients sur brancard ou en état général précaire.
La fin de la radiothérapie peut être vécue comme un soulage-
ment, mais beaucoup de patientes ont peur d’être abandonnées,
de ne pas être suivies. La prise en charge par le radiothéra-
peute peut faire l’objet d’une attitude addictive, d’autant plus
que le tissu social est distendu. Un calendrier précis de sur-
veillance doit être proposé d’emblée.
On peut retrouver les mêmes troubles soit en fin de chimiothé-
rapie soit en fin de radiothérapie, avec une majoration de
l’anxiété par peur de l’abandon par l’équipe médicale et par
crainte d’une récidive.
Certaines patientes en détresse psychologique sont incapables
d’utiliser des stratégies efficaces d’adaptation (coping). La
participation active de la patiente peut être obtenue par diffé-
rentes méthodes, qui ont toutes le même bénéfice : éducation
médicale de la patiente, psychothérapie individuelle, interven-
tions de groupe, techniques comportementales (relaxation
musculaire, hypnose, méditation, réflexion passive et visuali-
sation, techniques respiratoires).
LA FATIGUE
Le vécu psychologique de la maladie est intimement lié à la
fatigue ressentie par la patiente. Il existe une relation interac-
tive entre la fatigue, la dépression, les troubles du sommeil,
majorés par les effets secondaires du traitement. La sensation
de fatigue pendant le traitement peut perdurer pendant des
mois, voire des années, après le traitement. Elle ne peut être
banalisée ni par l’équipe médicale institutionnelle, ni par le
médecin de famille, ni par l’entourage.
La chimiothérapie, par ses effets secondaires hématologiques
et autres, peut entraîner une asthénie indéniable. La méno-
pause qu’elle peut induire est aussi l’une des causes possibles
de la fatigue.
Pendant la radiothérapie mammaire ou pariétale, on observe
une majoration de la fatigue pendant la dernière semaine ; elle
ne régresse que trois mois après le traitement.
Plusieurs échelles d’évaluation de la fatigue ont été décrites
dans la littérature. Elles permettent de rendre plus objective
une sensation tout à fait subjective, avec son retentissement
physique, affectif, sensoriel et cognitif afin de mieux la
prendre en compte et de prévoir un soutien adapté.
Certains auteurs conseillent de s’adapter à la fatigue par le
repos à la demande, d’autres proposent des programmes d’acti-
vités physiques bénéfiques (marche, aquagym, stretching, etc.).
ASPECTS SOCIAUX
Les besoins sociaux doivent être pris en compte de façon sys-
tématique pendant et après le traitement, au même titre que la
problématique psychologique et émotionnelle. L’accompagne-
ment social est non seulement complémentaire de l’aide psy-
chologique, mais il la conforte.
Parmi les patients atteints d’un cancer, les femmes sont, avec
les patients à faible revenu et les célibataires, ceux qui posent
le plus de problèmes sociaux.
L’assistante sociale (assistante socio-éducative), par son écoute
empathique, par ses conseils d’expert et ses interventions, aide
la patiente et sa famille à se repérer dans le dédale législatif
pour une prise en charge dans des domaines très divers : soins,
transports, achat de prothèses mammaires ou capillaires, aide à
domicile, aide financière (prêt bancaire, remboursement de
dettes, etc.), placement hors domicile, médiation auprès de
divers organismes sociaux, orientation pour l’embauche et la
reprise du travail, orientation vers une COTOREP (Commis-
sion d’orientation et de reclassement professionnel) lorsque la
reprise du travail est impossible au poste initial, etc.
Le soutien social peut se faire à la demande de la patiente et de sa
famille ; on l’envisage actuellement dans un programme systé-
matique dès l’entrée en maladie, avec bilan des ressources et éva-
luation des problèmes qui risquent d’émerger. Un suivi social
doit être organisé après le retour à domicile. L’enjeu est d’éviter
l’installation de situations inextricables dont les conséquences
peuvent être catastrophiques pour l’ensemble de la famille.
Le suivi social rassure aussi la patiente et sa famille ; par les
solutions pragmatiques proposées, il facilite une réinsertion
précoce et durable. On ne doit pas oublier qu’il existe un lien
entre vulnérabilité médicale et précarité sociale : le cancer se
situe en quatrième position comme cause de précarité sociale,
après les troubles mentaux, les maladies cardiovasculaires et
les maladies neurologiques.
CONCLUSION
Cancérologues, sénologues, psycho-oncologues, psychiatres,
infirmiers, manipulateurs, kinésithérapeutes, diététiciennes,
assistantes sociales, gynécologues, sexologues, médecins de
famille, groupes de parole… sont autant d’intervenants poten-
tiels pour optimiser la prise en charge globale des patientes
atteintes d’un cancer du sein. Leurs rôles respectifs dans le
soutien psychosocial sont complémentaires. Les associations
d’anciens malades, la Ligue nationale de lutte contre le cancer
(LNLCC) avec ses Comités départementaux peuvent aussi
aider les patientes et les conforter par la pertinence de leurs
conseils.
Enfin, il faut insister sur la qualité de l’information prodiguée
aux patientes, non seulement dans le cadre incontournable du
dialogue médecin-malade et des relations avec les divers inter-
venants, mais encore par des documents ou par des livrets
d’information. L’information est un besoin fondamental des
personnes malades. Le projet “SOR (Standards, options,
recommandations) – savoir – patient” de la Fédération natio-
nale des Centres de lutte contre le cancer (FNCLCC) vient
d’aboutir, à l’occasion des deuxièmes États généraux des
malades atteints d’un cancer organisés par la LNLCC, à la
publication d’un document de 111 pages avec glossaire sur le
cancer du sein. Ce document apporte une information compré-
hensible, accessible et systématiquement actualisée, validée
par des spécialistes et un groupe de patientes. Il sera diffusé
sous forme de monographies, en particulier grâce à la Caisse
nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés
(CNAMTS), et sera accessible sur les sites internet de la
FNCLCC et de la LNLCC. n
DOSSIER
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La Lettre du Sénologue - n° 11 - décembre 2000/janvier/février 2001