P. Jolliet 13/03/03 T H 16:19 Page 18 É R A P E U T I Q U E Les médicaments de l’hypertrophie bénigne de la prostate Les inhibiteurs α1-adrénergiques (1re partie) ! P. Jolliet* RÉSUMÉ. Plus de 50 % des hommes après 50 ans sont atteints de troubles mictionnels et la moitié d’entre eux nécessitent un traitement. Les antagonistes α1-adrénergiques ont prouvé leur efficacité tant sur la symptomatologie que sur le débit urinaire, et améliorent la qualité de vie des patients. La prostate hypertrophique ou adénomyofibromateuse est tonique et contient une densité importante de récepteurs α1-adrénergiques, de même que le col vésical, l’urètre et la capsule prostatiques. On comprend l’intérêt thérapeutique des antagonistes α1-adrénergiques qui relaxent le tonus du muscle lisse prostatique et relâchent la contraction sphinctérienne. La mise sur le marché de molécules présentant une spécificité in vitro pour la sphère génito-urinaire (alfuzosine, tamsulosine, térazosine, doxazosine) ou une spécificité pour les récepteurs α1A- prostatiques (tamsulosine), associée pour certaines à une longue durée d’action, vise à diminuer les effets indésirables, notamment l’hypotension orthostatique. La commercialisation de formes exerçant une longue durée d’action permet d’améliorer l’observance du traitement. Les antagonistes α1-adrénergiques forment une option médicale séduisante chez les patients présentant des troubles mictionnels gênants sans retentissement vésical ou rénal. Mots-clés : α1-antagonistes - Hypertrophie prostatique bénigne - Alfuzosine - Tamsulosine - Térazosine. L es données histologiques montrent que l’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) touche environ 50 % des hommes âgés de 50 à 60 ans, sa prévalence augmentant linéairement avec l’âge pour atteindre 80 à 90 % après 80 ans. À partir de 40 ans, tout homme va développer une HBP, qui s’accompagnera ou non d’une symptomatologie indépendante du volume de la prostate : il n’existe pas de corrélation anatomo-clinique et la demande est très différente d’un individu à l’autre. Les signes cliniques apparaissent autour de 60 ans et s’expriment dans environ 1a moitié des HBP histologiques. L’HBP peut être la source de diverses complications (cf. infra) ; l’aggravation n’est pas toujours la règle ; en revanche, on n’observe pas d’amélioration spontanée de la symptomatologie. OBJECTIFS THÉRAPEUTIQUES Les objectifs thérapeutiques sont de trois ordres (1) : ! Diminuer les symptômes urinaires de “prostatisme” qui sont la miction retardée ou impérieuse, la faiblesse ou l’ interruption du jet, le goutte-à-goutte mictionnel, la sensation de miction incomplète, les mictions fréquentes et/ou nocturnes. ! Améliorer la qualité de vie, les symptômes de l’HBP pou- * Service de pharmacologie, Hôpital intercommunal de Créteil, 94010 Créteil. 18 vant perturber les activités quotidiennes, entraîner des troubles du sommeil, une anxiété... ! Retarder les complications de l’HBP : rétention urinaire, hématurie, lithiase vésicale, infection urinaire, développement d’un diverticule vésical, insuffisance rénale. PHYSIOPATHOLOGIE La cause exacte de l’HBP et le mécanisme intime de sa croissance restent inconnnus : il n’y a, à l’heure actuelle, aucun moyen de la prévenir. Le mécanisme de l’obstruction sous-vésicale due à l’HBP comprend à la fois des facteurs anatomiques (ou statiques) et fonctionnels. L’obstruction statique résulte de l’augmentation du volume de la prostate, notamment dans la zone péri-urétrale. L’obstruction fonctionnelle est le fait d’une augmentation du tonus du muscle lisse prostatique qui est sous la dépendance du système nerveux autonome. L’appareil vésicosphinctérien reçoit une double innervation sympathique et parasympathique. Le détrusor vésical est principalement innervé par le parasympathique responsable de la contraction permictionnelle et, à un moindre degré, par le sympathique (récepteurs β). Le sphincter lisse est innervé par le système sympathique qui maintient un tonus permanant au moyen des récepteurs α. La prostate reçoit une double innervation : parasympathique régulant l’activité sécrétoire de l’épithélium glandulaire, et sympathique (principalement médiée par les récepteurs α) au niveau du stroma (2). La Lettre du Pharmacologue - Volume 13 - n° 1 - janvier 1999 P. Jolliet 13/03/03 16:19 Page 19 Trente-neuf pour cent du tissu de la prostate dans l’HBP est constitué de muscle lisse (stroma). Du fait d’une relative dénervation sympathique, le nombre et la sensibilité des récepteurs α1 sont augmentés par “up-regulation”. Bien que les densités des récepteurs α1 et α2 soient comparables au niveau du stroma, des études in vitro ont montré que les propriétés contractiles de l’adénome prostatique sont dues à la stimulation des récepteurs α1 et que la limitation du débit urinaire est proportionnelle à la densité du muscle lisse. Toutefois, les antagonistes α1-adrénergiques exercent certainement plus qu’une simple relaxation au niveau du stroma prostatique puisque dans les essais, l’amélioration du score fonctionnel de Boyarsky n’est pas corrélée à la densité du muscle lisse. Notons qu’il existe des récepteurs α-adrénergiques au niveau du trigone et de la vessie ; leur contribution à la genèse des symptômes de l’HBP est, à l’heure actuelle, inconnue. sous-type selon le tissu. Ainsi, les récepteurs α1A prédominent dans le foie, la prostate, le cœur et le cerveau, les récepteurs α1B prédominent dans le rein, la rate et le cervelet, et les récepteurs α1D sont en plus grande densité au niveau de l’aorte et du cortex cérébral. Il s’avère que la prostate renferme majoritairement (> 70 % des récepteurs α1) des récepteurs de type α1A (3, 4). Toutefois, une éventuelle sélectivité d’organe ne peut se vérifier chez l’homme qu’au moyen d’essais cliniques appropriés. Les récepteurs α1 appartiennent à la superfamille des récepteurs couplés aux protéines G, présentant sept domaines transmembranaires. Les trois sous-types diffèrent peu dans la séquence des domaines transmembranaires (tableau I) : les principales différences siègent principalement au niveau des extrémités COOH et NH2- terminales et au niveau de la troisième boucle intracellulaire, qui interagit avec la protéine G (5). Par ailleurs, le développement de l’HBP est clairement lié à la présence de testicules fonctionnels, puisque les hommes castrés avant la puberté présentent une prostate atrophique et ne développent pas d’hypertrophie. L’intérêt de l’inhibition de la 5α-réductase qui transforme la testostérone en dihydrotestostérone (DHT) dans la prostate sera discuté dans la deuxième partie de cette synthèse. Tableau I. Classification des récepteurs α1-adrénergiques. RÉCEPTEURS α-ADRÉNERGIQUES NOMENCLATURE ACTUELLE Espèces Depuis Ahlquist, la différence entre alpha- et bêtarécepteurs a été effectuée et, plus tard, Lands et coll. mirent en évidence deux sous-types de récepteurs bêta (les récepteurs ß1 et ß2). Il est maintenant prouvé qu’il existe trois sous-types de récepteurs bêta (ß1, ß2 et ß3) et six sous-types de récepteurs alpha (α1A, α1B, α1D, α2A, α2B, α2C), selon la classification adoptée en 1994 par l’Union internationale de pharmacologie (IUPHAR). Elle tient compte à la fois des données de biologie moléculaire (clonage des récepteurs) et des données pharmacologiques classiques de liaison (affinité des agonistes et antagonistes). Localisation chromosomique Par ailleurs, une ancienne classification “anatomique” séparait les récepteurs postsynaptiques, généralement du type α1, plus sensibles à la noradrénaline et qui permettent l’expression d’une réponse au niveau d’un organe, des récepteurs présynaptiques, habituellement du type α2, qui sont des autorécepteurs plus sensibles à l’adrénaline, dont la fonction est de réguler, grâce à un feedback négatif, la libération du neurotransmetteur. Actuellement, cette conception reste admise, mais on reconnaît l’existence de récepteurs α2-postsynaptiques. D’une part, de nombreuses molécules possèdent un effet potentiel α1 et α2 sélectif dans un certain nombre de tissus isolés d’animaux variés. D’autre part, leur sélectivité pour un sous-type donné pourrait laisser envisager une sélectivité d’organe, compte tenu de la répartition différente de chaque La Lettre du Pharmacologue - Volume 13 - n° 1 - janvier 1999 Nouvelle classification en biologie moléculaire Nombre de domaines transmembranaires Nombre d’acides aminés α1A α1B α1D 7 7 7 466 515 (rat, cobaye) homme rat bovin C8 517 (homme) 560 homme rat cobaye C5 homme rat C20 Le récepteur α1 est couplé à une protéine de type Gq pour activer les phospholipases et sa stimulation entraîne une dégradation rapide du phosphatidylinositol et de son dérivé 4-5 biphosphate, ainsi que l’augmentation de la conversion du phosphatidylinositol en biphosphate. Cette réaction biochimique permet la production de signaux intracellulaires, ainsi l’inositol triphosphate formé permet la libération des ions calcium du réticulum endoplasmique, alors que le diacétylglycérol active la protéine kinase calcique. CONCEPT D’UROSÉLECTIVITÉ DES ANTAGONISTES α1-ADRÉNERGIQUES L’obstruction urétrale est à l’origine de symptômes obstructifs (altération du jet mictionnel, retard de miction) et de symptômes irritatifs (pollakiurie, mictions nocturnes ou impérieuses) liés à l’instabilité du muscle vésical. Les inhibiteurs α1-adrénergiques entraînent, par une action directe, une relaxation des fibres musculaires lisses, levant l’obstruction. Ils abaissent le tonus du muscle lisse de la prostate et des voies urinaires basses, ce qui facilite l’évacuation vésicale et augmente le débit urinaire, levant ainsi l’obstruction fonctionnelle. Les molécules antagonistes ayant une forte affinité pour les récepteurs α1A qui prédominent au niveau du stroma prosta19 P. Jolliet T 13/03/03 H 16:19 É Page 20 R A P tique et du bas appareil urinaire vont se fixer préférentiellement à ces niveaux et exercer à faible dose des effets sur les symptômes et le débit urinaire, d’où le concept pharmacologique de sélectivité α1A. Ainsi, la tamsulosine est 11,8 fois plus sélective vis-à-vis des récepteurs prostatiques qu’aortiques et possède le meilleur rapport entre son effet α1A-bloquant et α1D-bloquant. Toutefois, une étude expérimentale tentant de corréler chez l’animal les affinités respectives des différents médicaments α1-antagonistes pour les différents sous-types de récepteurs à une éventuelle urosélectivité fonctionnelle, appréciée par la mesure simultanée des pressions artérielles et intra-urétrales, s’est montrée négative (6). Aussi l’urosélectivité clinique ne peut-elle se déterminer qu’au cours des essais cliniques. Elle sera la caractéristique d’un médicament qui diminue les signes de l’obstruction urinaire avec une bonne tolérance (7). Il est bien connu que les effets sur la pression artérielle sont plus prononcés chez les sujets âgés hypertendus que chez les sujets normotendus ; aussi une même molécule pourra être urosélective chez un patient dont la pression artérielle est normale avant traitement et ne pas l’être chez un sujet hypertendu. RÉSULTATS DES ESSAIS CLINIQUES Les études cliniques visant à évaluer l’efficacité de nouveaux traitements médicaux dans l’HBP ont montré un effet placebo important, puisque celui-ci entraîne une amélioration des symptômes fonctionnels chez près de 50 % des hommes de plus de 50 ans (8). Le score international symptomatique de la prostate (I-PSS), développé à partir du score de l’Association urologique américaine, a été récemment adopté, lors de la deuxième réunion internationale de consensus, comme score officiel dans le monde entier. Prazosine Cet antihypertenseur, sélectif des récepteurs α1-adrénergiques, a été utilisé dès 1977. Seuls des essais de courte durée ont apprécié son efficacité dans l’HBP (9). L’effet indésirable le plus souvent répertorié avec ce médicament est une hypotension marquée lors de l’administration de la première dose, parfois accompagnée de syncope, et qui peut être limitée par une administration vespérale alors que le sujet est déjà couché. À la dose de 4 mg/j en deux prises pendant quatre semaines, aucune hypotension orthostatique n’était observée, mais les sorties d’essai (32 %) étaient importantes. Alfuzosine C’est un antagoniste α1-sélectif, à durée d’action courte (demi-vie : 5 heures) nécessitant l’administration de plusieurs prises par jour, et possédant in vitro une fixation sélective sur les récepteurs du trigone vésical, de l’urètre et de la prostate. Cette molécule a montré son efficacité dans de très nombreux essais randomisés incluant plus de 16 000 patients. La rapidité de la résorption et la soudaineté du pic plasmatique pourraient être en partie responsables de l’hypotension orthostatique, d’où l’intérêt de formes à longue durée d’action ou à action retardée. 20 E U T I Q U E Une forme galénique à libération progressive permettant une administration à la dose de 10 mg/j en deux prises et une meilleure compliance est maintenant commercialisée. Dans une étude chez 390 sujets, dont 47 % présentaient des pathologies hypertensives ou coronariennes, l’alfuzosine a fait la preuve de son efficacité avec un bon profil de tolérance à la fois chez les sujets normotendus et hypertendus (10). Térazosine Il s’agit d’un antagoniste α1-sélectif, à durée d’action longue permettant une seule administration par jour, et possédant in vitro une fixation sélective sur les récepteurs du trigone vésical, de l’urètre et de la prostate. Les effets indésirables à type de vertiges, d’asthénie ou d’hypotension orthostatique sont limités par la prise vespérale du traitement. Ils sont plus marqués dans les trois jours suivant une augmentation des doses. La prévalence des vertiges diminue au cours du temps (14 % les six premiers mois, 7 % à partir d’un an). Un bon moyen de limiter les effets indésirables est d’instaurer le traitement en augmentant progressivement les doses : 1 mg pour la première prise, puis 2 mg pendant une semaine, puis 5 mg si un bénéfice thérapeutique n’est pas observé avec la posologie précédente (11). Une étude récente menée chez des sujets âgés de plus de 65 ans recevant un traitement antihypertenseur (12) a montré une tolérance acceptable dans cette population pour des doses élevées de térazosine. Tamsulosine La tamsulosine est le seul antagoniste α ayant fait la preuve in vitro d’une sélectivité α1A. Cette spécificité d’action devrait en théorie limiter les effets indésirables à type d’hypotension orthostatique. Sa durée d’action est longue (demi-vie terminale de 22 heures), et la forme galénique confère une libération progressive permettant une seule administration de 0,4 mg/j sans nécessité d’adaptation progressive. Dans les études versus placebo, une amélioration des scores a été observée autant sur les signes irritatifs que sur les signes obstructifs, le débit urinaire est augmenté de 16 %, et les incidences des effets indésirables sont comparables dans les deux groupes à la fois chez les sujets normo- et hypertendus (13). Une extension d’étude en ouvert sur 60 semaines confirme ces données : un faible pourcentage d’effets secondaires a été rapporté au médicament, essentiellement des vertiges (4,5 %) et des éjaculations rétrogrades (5,3 %) ; aucune hypotension orthostatique cliniquement pertinente n’a été relevée (14). Une étude récente comparant une dose fixe (0,2 mg) de tamsulosine à la térazosine administrée à dose progressive (1-5 mg) conduite sur 2 mois seulement a montré une efficacité comparable pour les deux schémas thérapeutiques, mais une meilleure tolérance dans le groupe tamsulosine (15). Une étude incluant 256 patients traités pendant 3 mois par tamsulosine (0,4 mg/j) versus alfuzosine (2,5 mg x 3/j) rapporte une efficacité similaire pour les deux antagonistes et une bonne tolérance dans les deux groupes ; toutefois, la tamsulosine n’exerçait aucune diminution sur la pression artérielle lors des relevés systématiques, alors que l’alfuzosine la diminuait significativement à la fois chez le sujet debout et chez le sujet couché (16). La Lettre du Pharmacologue - Volume 13 - n° 1 - janvier 1999 P. Jolliet 13/03/03 16:19 Page 21 Doxazosin Cette molécule α1-antagoniste n’est pas commercialisée en France. Elle présente une longue durée d’action, autorisant une seule prise par jour. Trois études multicentriques en double aveugle contre placebo, incluant plus de 600 patients traités plus de trois mois, ont montré son efficacité à la fois chez des patients normotendus et chez des patients hypertendus (17). L’efficacité a persisté plus de quatre ans (suivi en ouvert). POPULATION CIBLE DE LA THÉRAPEUTIQUE : CONDITIONS DE PRESCRIPTION Patients concernés Ce sont les hommes de plus de 50 ans présentant une HBP dont le diagnostic a été confirmé par un bilan approprié et consultant pour des troubles mictionnels. Ne doivent pas être traités les hommes présentant une symptomatologie modérée qu’ils jugent acceptable, sauf bien sûr s’il existe un retentissement sur la vessie ou le haut appareil. Lorsque des complications se présentent (retentissement sur le haut appareil, lithiase vésicale, résidu post-mictionnel important avec vessie de lutte, rétention d’urine itérative, hématuries récidivantes) ou lorsque le traitement médical n’améliore pas le patient, un traitement chirurgical (quel que soit le geste) doit être proposé. Actuellement, il n’y a pas de consensus sur un seuil de débit urinaire qui corresponde à une nécessité de traiter. Toutefois, si le débit est inférieur à 10 ml/s, on doit s’orienter vers une thérapeutique non médicale. Choix de la classe thérapeutique et/ou d’une spécialité En fonction du caractère obstructif ou irritatif prédominant des symptômes, il n’existe pas à l’heure actuelle de travaux permettant de choisir une classe plus qu’une autre. L’efficacité est plus rapidement obtenue (± 15 jours) avec les antagonistes α-adrénergiques, alors qu’elle n’apparaît parfois qu’au bout de 2 à 3 mois lors de l’utilisation d’inhibiteurs de la 5 α-réductase. En termes de tolérance, chaque classe possède des inconvénients qui lui sont propres : vertiges et hypotension orthostatique peuvent être relevés lors de l’utilisation des antagonistes α-adrénergiques ; en revanche, des troubles de la libido ou de l’érection sont plus souvent rappportés avec les inhibiteurs de la 5 α-réductase. On note toutefois des asthénies et des éjaculations rétrogrades chez les patients recevant des antagonistes α-adrénergiques. En principe, le taux des PSA n’est pas modifié par un traitement chronique par les antagonistes α-adrénergiques. Pour limiter le risque d’hypotension orthostatique, on peut commencer le traitement à petite dose, administrée le soir, et augmenter progressivement jusqu’à obtention de l’efficacité. Ces précautions sont à respecter d’autant plus que le sujet est âgé et/ou traité par d’autres médicaments antihypertenseurs (l’association aux antagonistes calciques est à éviter). En cas de surdosage, le malade sera allongé et un traitement clasLa Lettre du Pharmacologue - Volume 13 - n° 1 - janvier 1999 sique de l’hypotension institué (restauration de la volémie, sympathomimétiques). Par ailleurs, si on observe la réapparition ou l’aggravation d’un angor chez un insuffisant coronarien, le traitement par α-bloquant doit être interrompu. Les antagonistes α1-adrénergiques diffèrent entre eux essentiellement par leur sélectivité in vitro pour les récepteurs de sous-type α1 A qui prédominent au niveau du stroma prostatique et du bas appareil urinaire. En théorie, cette urosélectivité pourrait limiter le risque d’hypotension orthostatique liée à l’action dilatatrice des inhibiteurs α1-adrénergiques au niveau vasculaire. Une réelle urosélectivité clinique n’est actuellement démontrée pour aucune des spécialités. Ils diffèrent également par leur pharmacocinétique, certaines spécialités ayant fait la preuve de leur efficacité avec une seule prise par jour (tableau II). Tableau II. α1-bloquants commercialisés en France. DCI Posologies Prises/j Prazosine Alfuzosine Alfuzosine LP Térazosine Tamsulosine 0,5 mg/j à 2 mg/j 5 à 10 mg/j 5 à 10 mg/j 1 à 5 mg/j 0,4 mg/j 2 3 2 1 1 À l’heure actuelle, il n’existe aucune recommandation d’association de deux médicaments de classes thérapeutiques différentes. L’étude de Lepor et coll. (18) a montré que l’association d’un inhibiteur de la 5 α-réductase (le finastéride à la térazosine) n’apportait aucun bénéfice par rapport à la térazosine prescrite seule aux posologies recommandées. Une RMO précise : “Il n’y a pas lieu d’utiliser l’association de deux médicaments ou plus pour traiter les troubles mictionnels de l’HBP”. Durée du traitement et surveillance de l’efficacité La durée optimale de traitement n’est pas connue. Un traitement médicamenteux qui n’améliore pas le sujet dans les délais prévus doit être arrêté. Les extensions ouvertes des essais randomisés concernant les α1-antagonistes ont montré une efficacité persistant 48 mois. Les symptômes de l’HBP progressent lentement dans la plupart des cas. Toutefois, un suivi régulier (au moins une fois par an) doit être réalisé. Au début du traitement, des consultations plus rapprochées sont souhaitables pour apprécier la tolérance lors de l’induction du traitement (hypotension orthostatique), relever l’ensemble des effets désirables observés, la qualité de vie sous traitement et discuter un éventuel changement de thérapeutique. Le bilan lors de ces consultations de suivi est le même que le bilan initial : examen clinique + toucher rectal, score IPSS et évaluation de la qualité de vie, mesure du débit urinaire, PSA " (une fois par an). 21 P. Jolliet 13/03/03 16:19 T H R É F É R E N C E S É Page 22 R A P B I B L I O G R A P H I Q U E S 1. ANDEM. Recommandations et références médicales. Traitement de l’adénome prostatique. 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La suite de cet article paraîtra dans le prochain numéro Les articles publiés dans La Lettre du Pharmacologue le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction par tous procédés réservés pour tous pays. © février 1987 - EDIMARK S.A. Imprimé en France - Differdange S.A. - 95110 Sannois - Dépôt légal 1er trimestre 1999 22 La Lettre du Pharmacologue - Volume 13 - n° 1 - janvier 1999