La Lettre du Cardiologue - Supplément au n° 341 - janvier 2001
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réalisées à une semaine d’intervalle. Elles s’associent à une aug-
mentation de l’indice de contractilité, à une amélioration de l’in-
dice de relaxation et à une réduction de la pression télédiasto-
lique du ventricule gauche à trois semaines et trois mois après la
première injection. Il y a également une augmentation de la frac-
tion d’éjection et de la densité capillaire. A. Hamawy (New York,
2204) a transféré par injection, en dix endroits différents sur la
face antérieure du ventricule gauche, des adénovirus codant pour
le VEGF sur un modèle d’insuffisance cardiaque du chien. Les
animaux ayant fait l’objet de ce transfert viral ont une réduction
moins prononcée de la fraction de raccourcissement à l’état basal
et après injection de norépinéphrine. Il semble donc que le pré-
traitement par des adénovirus recombinants avec VEGF est asso-
cié à une réduction de l’altération de la fonction cardiaque chez
des animaux en insuffisance cardiaque.
Enfin, dans une étude très intéressante de Y. Yang (Boston, 2202),
il a été montré sur un modèle de rat avec infarctus du myocarde
que l’injection de cellules embryonnaires surexprimant le VEGF
en trois sites différents au sein de la zone nécrosée améliore la
pression systolique du VG, la pression diastolique et l’indice dp/dt
ainsi que la réponse inotrope à l’isoprotérénol.
Tous ces travaux expérimentaux révolutionnaires laissent penser
que de nouvelles voies thérapeutiques, soit pharmacologiques, soit
non pharmacologiques, seront disponibles dans les prochaines
années pour lutter contre le remodelage et l’insuffisance cardiaque.
THÉRAPEUTIQUES
Il existe une controverse sur la potentialité d’un effet délétère de
la combinaison de l’aspirine et des inhibiteurs de l’enzyme de
conversion chez l’insuffisant cardiaque.
K. Harjai (La Nouvelle-Orléans, 2011) a étudié cette interaction
sur 430 patients insuffisants cardiaques. Les patients ont été divi-
sés en trois groupes : ceux ne prenant pas d’aspirine, ceux sous
aspirine et ceux ne prenant pas d’inhibiteurs de l’enzyme de
conversion. La mortalité toutes causes dans cette population glo-
bale a été de 38 % avec un recul moyen de 28 mois. Il n’y a eu
aucune différence de mortalité entre les sous-groupes, ni dans la
survenue d’un indice composite constitué du décès toutes causes
et des transplantations urgentes.
Cette étude ne confirme donc pas l’existence d’une interaction
négative entre IEC et aspirine.
Un des mécanismes “maladaptatifs” dans l’insuffisance cardiaque
est une dégradation accrue de l’oxyde nitrique sous l’action de
radicaux superoxydes. Ceux-ci sont synthétisés par la scanthine
oxydase. Une équipe allemande (N. Schoene, Leipzig, 2587) a
étudié les effets de l’injection d’allopurinol en intra-artériel chez
10 patients ayant un taux d’acide urique augmenté à 90 mg/l. L’in-
jection d’allopurinol entraîne une augmentation de la vasodila-
tation flux-dépendante de l’acétylcholine. Ces résultats prélimi-
naires suggèrent que l’allopurinol pourrait avoir un effet
bénéfique chez l’insuffisant cardiaque avec hyperuricémie.
Les effets rénaux du conivaptan, un antagoniste des récepteurs
de type 1Aet 2 de l’arginine vasopressine, ont été testés au moyen
d’une dose unique sur un groupe d’insuffisants cardiaques
(142 malades) (J. Udelson, Boston, 2875). Trois doses de 10, 20
et 40 mg ont été étudiées. Chez ces insuffisants cardiaques
sévères, le conivaptan augmente le débit urinaire, la clairance de
l’eau libre, et diminue l’osmolalité urinaire de façon dose-dépen-
dante. Néanmoins, les doses de 20 et 40 mg semblent avoir un
effet voisin. Le traitement a été bien toléré au cours de la perfu-
sion de 30 mn du produit et après. Il existe une réduction de la
pression capillaire pulmonaire pour les deux doses les plus éle-
vées ; il n’y a pas de modification de la pression artérielle systé-
mique et pas d’effet vasodilatateur. Ces résultats encourageants
suggèrent que ce nouvel antagoniste mixte de l’AVPpourrait avoir
un effet bénéfique pour traiter la rétention hydrosodée chez l’in-
suffisant cardiaque.
J. Udelson (Boston, 2607) a fait une étude sur le remodelage ven-
triculaire à partir des patients inclus dans l’essai IMPRESS com-
parant l’omapatrilate, inhibiteur de la vasopeptidase, au lisino-
pril. Trente-six malades ont été étudiés dans le groupe
omapatrilate contre 39 dans le groupe lisinopril. Aucun des deux
traitements n’entraîne de modification des dimensions ventricu-
laires gauches ou de la fraction d’éjection après six mois de sur-
veillance. Il est possible que la durée d’observation courte de ce
traitement n’ait pas permis de mettre en évidence un effet signi-
ficatif sur le remodelage.
M. Gheorghiade (Chicago, 2869) a présenté les résultats d’une
étude conduite avec le tolvaptan chez des patients de classe I à
III présentant des signes cliniques de rétention hydrosodée et trai-
tés par diurétiques. L’administration du produit entraîne une dimi-
nution du poids corporel qui se maintient avec une durée d’ob-
servation de 25 jours. Il y a une rééquilibration de la balance
hydrosodée, avec une augmentation de la diurèse et une amélio-
ration des œdèmes. La natrémie augmente de 3 000 meq en
moyenne le premier jour, avec une diminution à 25 jours qui reste
néanmoins significative par rapport au placebo. Il n’y a pas de
modification de la kaliémie.
K. Hebert (La Nouvelle-Orléans, 8009) a présenté les résultats
d’une étude sur la tolérance et l’efficacité du sildénafil chez l’in-
suffisant cardiaque. Le sildénafil, jugé sur un questionnaire à
30 jours, a été testé sur 19 insuffisants cardiaques comparés à
13 autres insuffisants cardiaques recevant un placebo. Il s’est
révélé significativement efficace, améliorant tous les paramètres
sexuels, sans qu’il ait été noté d’augmentation des événements
indésirables, notamment hémodynamiques. Aucun effet sur la
fréquence cardiaque ou la pression artérielle n’a été observé.
Étude VAL-HEFT
Un des temps forts de l’American Heart Association 2000 a été
la présentation de l’étude VAL-HEFT. Rappelons que l’étude
ELITE II, qui comparait le losartan au captopril, n’avait pas
démontré la supériorité, sur un groupe d’insuffisants cardiaques
âgés de gravité modérée à moyenne, de l’antagoniste des récep-
teurs de l’angiotensine, et qu’il n’y avait pas de différence sur le
critère principal (la mortalité toutes causes) ou les critères secon-
daires (la mort subite ou des critères de morbidité). C’est dire que
l’on attendait avec beaucoup d’attention les résultats de l’étude
VAL-HEFT. Cette étude a inclus des patients de classe II à IV de
la NYHA avec une fraction d’éjection inférieure à 40 % et qui
recevaient un traitement standard associant inhibiteurs de l’en-
zyme de conversion, diurétiques, digitaliques et éventuellement
I
NSUFFISANCE CARDIAQUE