
34 | La Lettre du Gynécologue • n° 348-349 - janvier-février 2010
Le poids et la gynécologie
DOSSIER
l’hypertension intracrânienne non compensée, l’hy-
pertension artérielle pulmonaire, l’hypercapnie supé-
rieure à 45 mmHg et la grossesse.
➤
Les contre-indications médicales concernent les
obésités endocriniennes, les maladies inflamma-
toires du tube digestif, les cancers potentiellement
évolutifs (mais un ancien cancer du sein ne doit pas
être considéré comme une contre-indication à une
chirurgie de l’obésité s’il fait seulement l’objet d’une
surveillance), les maladies de système évolutives.
➤
Les contre-indications psychologiques : il est
essentiel de pouvoir affirmer que le patient a compris
les règles diététiques de la restriction gastrique,
qu’il accepte de s’y plier et qu’il coopérera à une
surveillance obligatoire. Cela élimine les patients
souffrant de dépression, ceux atteints de psychose,
et ceux dépendants à l’alcool ou aux drogues. Dans
certains cas moins graves, une prise en charge
psychologique peut être requise avant d’envisager
l’intervention.
Les indications de l’anneau gastrique
Une étude nationale récente a été réalisée avec la
CNAM (12) : tous les patients obèses opérés en France
en décembre 2002 et janvier 2003 (n = 1 236) ont été
systématiquement revus de façon indépendante par
les médecins conseils de la CNAM en avril 2004 et avril
2005. Un travail statistique a recherché les facteurs
susceptibles de succès après anneau gastrique (PEP >
50 %) .
En analyse uni- et multivariée, les cinq facteurs prédictifs
de succès sont :
– l’âge inférieur à 40 ans ;
– l’IMC initial inférieur à 50 kg/m2 ;
– le volume d’activité des chirurgiens (plus de deux inter-
ventions bariatriques par semaine) ;
– la reprise ou l’augmentation de l’activité physique en
postopératoire ;
– une modification du comportement alimentaire après
l’intervention.
Les indications du bypass
De l’étude précédente, il est maintenant possible de
déduire les indications du bypass selon deux situations.
En première intention le bypass est indiqué :
∙ chez les patients âgés de plus de 40 ans ;
∙ ayant un IMC > 50 kg/m2 ;
∙ incapables de modifier leur comportement alimentaire
(sweet-eaters, binge-eaters…) ;
∙ souffrant d’une pathologie créant une absence de
sensation de satiété (craniopharyngiome, Prader-Willi) ;
∙ en cas de réintervention, après échec d’un anneau ;
∙ chez les superobèses (IMC > 60 kg/m2), le bypass
réalisé en un temps comporte des risques (mortalité :
7,8 %, jusqu’à 16,7 %pour l’homme). Il a donc été
proposé de réaliser une sleeve gastrectomy première,
suivie un an après si nécessaire de la montée de
l’anse du bypass (stratégie dite “en deux temps”).
La physiopathologie du diabète
de type 2 : introduction
à une chirurgie “métabolique”
La résolution rapide du diabète après un bypass (1)
suggère que le contrôle du diabète serait une consé-
quence directe des modifications architecturales que ces
courts-circuits entraînent et pas seulement le résultat
de la diminution des apports caloriques et de la perte de
poids. Cela met en valeur le rôle que le tube digestif peut
jouer dans le métabolisme du glucose , en particulier par
plusieurs hormones intestinales (13).
Conclusion
La chirurgie est le seul traitement efficace contre
l’obésité-maladie. L’anneau gastrique est une tech-
nique de restriction gastrique bien adaptée aux
habitudes alimentaires françaises : il peut être le
premier choix thérapeutique chez le sujet de moins
de 40 ans ayant un IMC inférieur à 50, si le patient
accepte de se plier à des règles diététiques assez
strictes et de reprendre une activité physique. Il
apporte 50 % de PEP en deux ans chez 80 % des
opérés, en améliorant significativement la qualité
de vie. Chez les superobèses, chez les patients qui
abusent de liquides sucrés ou qui risquent d’échouer
avec un anneau parce qu’ils ne pourront pas s’habi-
tuer à des contraintes diététiques, il faut préférer la
confection d’un court-circuit gastrique, également
réalisable actuellement sous laparoscopie. Dans
les situations extrêmes (IMC supérieur à 60) et si
l’anesthésie générale est réalisable mais avec une
intervention courte, il peut paraître judicieux de faire
une chirurgie en deux temps : une sleeve gastrectomy
suivie si nécessaire un an après d’un bypass ou d’une
DBP. Dans tous les cas de cette pathologie complexe
qu’est l’obésité, une prise en charge et une déci-
sion multidisciplinaire sont essentielles : médecin
traitant, chirurgien, nutritionniste et psychologue
doivent aider le patient pendant toute la durée du
programme de perte de poids. ■
Références
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