
Points forts
La Lettre du Rhumatologue • No 400 - mars 2014 | 23
»
Dans les épilepsies nouvellement diagnostiquées, les chances de rémission sont de 47 % au terme
dupremier essai médicamenteux et de 64 % au terme du troisième essai.
»
Vingt-cinq pour cent des épilepsies sont d’emblée pharmacorésistantes et n’entreront jamais en rémission.
»
Les chances de rémission sont très influencées par le type d’épilepsie, mais aussi par la fréquence
descrises avant l’instauration du traitement et par la présence de comorbidités psychiatriques.
»
Dans les épilepsies chroniques, l’obtention d’une rémission tardive n’est pas synonyme de guérison
ets’avère parfois douloureuse à vivre.
Mots-clés
Épilepsie
Rémission précoce
Rémission tardive
Traitement
médicamenteux
Chirurgie
del’épilepsie
d’obtenir une rémission sans aucun traitement pour
les épilepsies myocloniques juvéniles demeurent
inférieures à 20 % ;
•
les épilepsies non idiopathiques, parmi les-
quelles on distingue les épilepsies généralisées,
souvent de très mauvais pronostic, sans possibi-
lité aucune de rémission (exemple : les encéphalo-
pathies épileptiques de type Lennox-Gastaut),
mais heureu sement rares, et les épilepsies focales
(symptomatiques ou crypto géniques), qui repré-
sentent près de 60 % de toutes les épilepsies.
Dans ces dernières, les facteurs significativement
associés à l’obtention d’une rémission dans une
étude récente (1 an sans crises également dans
cette étude) [4] sont : la normalité de l’électroencé-
phalogramme, le sexe masculin (facteur probable-
ment biaisé par le fait que, dans cette étude, les
patientes épileptiques présentaient plus d’effets
indésirables liés à leurs traitements et donc plus
d’arrêts et d’adaptations de traitement), l’âge
(la rémission est plus facile à obtenir chez les
enfants et les patients âgés), un long délai sans
crises ou avec peu de crises avant l’instauration du
traitement, le type de médicament antiépileptique
prescrit et, enfin, l’absence de lésion neurologique ;
➤
un nombre élevé de crises avant l’instauration
du premier traitement antiépileptique (4, 5), même
si d’autres études montrent que le fait de différer le
traitement ne semble pas signifi cativement affecter
les chances de rémission à long terme (6) ;
➤
l’existence de comorbidités psychiatriques
d’emblée (5).
Rémission tardive
Une étude récente de M.J. Brodie et al. (7) montre
que, chez les patients n’ayant pas de rémission au
cours des 6 premiers mois suivant l’instauration du
premier traitement, environ la moitié n’obtiendra
jamais de rémission tandis que, dans la majorité
des cas, l’autre moitié en obtiendra une tardive. Les
auteurs distinguent globalement 4 modèles d’évo-
lution de l’épilepsie :
➤
modèle A : rémission précoce et évolution
stable sans crises dans le temps (environ 37 % des
patients) ;
➤modèle B : rémission tardive (environ 22 % des
patients) ;
➤
modèle C : évolution fl uctuante alternant les
périodes de rémission et de rechute (16 % des
patients) ;
➤
modèle D : aucune rémission d’emblée (25 %
des patients).
Il faut enfi n garder à l’esprit que des études montrent
que, même en cas de pharmacorésistance avérée,
l’essai de nouvelles molécules antiépileptiques peut
se révéler profitable, voire supprimer les crises.
A.L. Luciano et S.D. Shorvon (8) ont ainsi étudié
l’effet de 265 essais d’ajout de nouvelles molécules
antiépileptiques chez un panel de 155 patients souf-
frant d’épilepsie pharmacorésistante évoluant depuis
au moins 5 ans. Ils ont montré que l’ajout d’une nou-
velle molécule avait permis une complète cessation
des crises chez 16 % des patients sur une période de
1 an minimum. L’équipe de J.A. French (9) a quant à
elle démontré que l’ajout d’une nouvelle molécule
dans une population d’épileptiques pharmacorésis-
tants permettait d’obtenir une rémission de 6 mois
sans crises chez 15 % des patients. Les facteurs pré-
dictifs d’une non-rémission étaient l’existence d’un
retard mental, une longue durée de pharmacorésis-
tance (à durée égale d’évolutivité de l’épilepsie) et
des antécédents d’état de mal épileptique.
Quelles sont les chances
d’obtenir une rémission
dans la chirurgie de l’épilepsie ?
Une étude récente (10) qui avait pour objet le
suivi à très long terme des épilepsies opérées tout-
venant a montré que les chances de guérison ou
de rémission étaient de 52 % à 5 ans et de 47 % à
10 ans. Plus la période de rémission postchirurgie
était longue, plus le risque de rechute était faible ;
des cas de rémission tardive étaient possibles, en
lien avec l’introduction d’une nouvelle molécule
antiépileptique non encore testée chez le patient.
Les épilepsies extratemporales étaient toujours
associées dans cette étude, comme dans les autres,
à une chance de rémission moins importante que
les épilepsies temporales, notamment avec sclérose
hippocampique.
Highlights
»
Among newly diagnosed epi-
lepsies, chances of remision are
of 47% after the fi rst antiepi-
leptic drug and of 64% after
the third antiepileptic drug.
»
Twenty fi ve percent of epilep-
sies are drug resistant.
»
Chances of remission are
influenced by the type of
epilepsy, by the frequency of
seizures before initiation of
treatment and by the presence
of psychiatric comorbidities.
»
In chronic epilepsy, remis-
sion does not always mean
complete recovery.
Keywords
Epilepsy
Early remission
Late remission
Antiepileptic drugs
Surgery of epilepsy