
bien  que  les  Athéniens  préfèrent  vivre  modestement  et  sans  grand  luxe.  La  cité 
octroie  en plus,  journalièrement  une  certaine quantité  d'argent  aux magistrats,  aux 
juristes des tribunaux, aux soldats et y compris – à partir du IVe siècle – à tous les 
citoyens pour les jours où ils participent à l'Assemblée. Ceci explique que le citoyen 
d'Athènes se dédie surtout à la vie publique. La maison incombe à la femme, qui vit 
en  marge  de  cette  société.  Quand  l'homme  rentre  à  la  maison,  il  y  organise 
fréquemment  des  banquets  avec  ses  amis  lors  desquels  on  mange,  on  boit,  on 
écoute de la musique, on discute de politique et de philosophie. 
Athènes est un port maritime. Elle impose son économie, ses produits, ses goûts et 
son style de vie dans toute la Grèce. Il n'est donc pas surprenant qu'y accourent de 
nombreux  étrangers,  dont  beaucoup  finissent  par  y  rester  vivre.  Ils  constituaient 
d'ailleurs  presque  un  tiers  de  la  population.  Exclus  des  droits  politiques  et  de  la 
propriété  immobilière,  ils  sont  bien  reçus  et  ils  s'assimilent  en  tout  aux  autres 
citoyens. Ils se dédient au commerce, aux petits métiers et aux arts. De fait, on peut 
dire qu'il n'y eut pas de savant, d'artiste ou d'auteur grec qui n'ait passé une période 
de sa vie à Athènes. 
Ces  caractéristiques  expliquent  pourquoi  Athènes  devint  le  centre  de  la  pensée 
philosophique. Les  conditions  étaient  favorables:  libertés  démocratiques, économie 
florissante, contacts avec d'autres cultures, affluence d'étrangers, curiosité pour tout.  
Surgissent  alors  des  modèles  idéaux  pour  la  pensée.  Il  y  avait  du  temps  pour  la 
discussion  philosophique  et  la  recherche  théorique,  et  aussi  pour  les  grandes 
œuvres  d'architecture  et  de  sculpture  dans  lesquelles  les  valeurs  théoriques 
pouvaient prendre forme. 
C'est dans ce contexte que naquit Phidias4, peu après la bataille de Marathon5, en 
490  avant  notre  ère.  Il  fut  le  contemporain  et  même  l'ami  de  Périclès,  d'Eschyle, 
d'Hérodote,  de  Sophocle  et  d'Euripide,  tout  comme  d'Anaxagore,  d'Empédocle,  de 
Gorgias, de Protagoras, de Démocrite et de Socrate6. 
Fils  de  Charmidès,  nous  savons  peu  de  sa vie  personnelle  et  à  peine  plus  de  sa 
formation.  On  pense  qu'il  a  acquis  une  expérience  de  graveur,  de  peintre  et  de 
ciseleur-repousseur.  Selon  certaines  versions,  il  a  pu  être  formé  par  Calamis,  un 
bronzier  athénien7,  ou  disciple  de  Hégias  et,  ensuite  à  Argos,  d'Ageladas  auprès 
duquel Myron et Polyclète apprirent aussi les techniques du bronze. Il avait à peine 
vingt ans quand il entreprit les travaux de sculpture auxquels il dédira le reste de sa 
vie, matérialisant les images dont Athènes avait besoin pour affirmer sa suprématie 
au  Ve  siècle.  Les  œuvres  sculptées  de  Phidias,  dessinées  et  réalisées  pour  être 
placées  dans  le  Parthénon  et  dans  les  principaux  temples,  consolidaient  le 
classicisme  hellénique  et  devinrent  une  référence  pour  toute  son  époque. 
L'excellence  de  son  travail  et  la  traduction avec  justesse  du  ressentir  de  l'époque 
dans ses œuvres, firent que son nom passa dans l'histoire comme celui d'un artiste 
sublime.  
Dans la cité-état d'Athènes confluaient, s'offraient et se cherchaient des idées et des 
croyances des plus diverses provenances. L'époque enracinait ses croyances dans 
les  pratiques  de  l'orphisme,  du  pythagorisme,  des  influences  présocratiques, dans 
l'échange  avec  l'Égypte  et  l'Orient.  Accoururent  à  la  polis,  les  plus  éminents 
médecins,  artistes,  philosophes  qui  invoquaient  assidûment  leurs  dieux8.  La 
réputation et  l'influence  de  Delphes  est si  grande –  centre  consolidateur  des  états 
grec - que toute la Grèce fait appel à l'oracle pour le consulter sur la politique, le droit