Problématique : en quoi un bâtiment peut-il véhiculer un message politique ?
1. Athéna Parthénos, symbole de la puissance athénienne
La statue chryséléphantine d'Athéna était dans la
cella
du Parthénon, mise en valeur par la grande colonnade
qui l'entoure. La statue colossale disparut lors d'un incendie au Vème s.
C'est l'une des plus célèbres de l’Antiquité, elle est donc très souvent mentionnée dans les textes. On sait
ainsi qu'elle mesurait environ 10 m, elle était sur une base de 1,85 m. La déesse de la sagesse et de la paix,
protectrice de la ville, tenait dans sa main droite une Nikè de 2m. Environ 1 tonne d'or a été utilisée.
On peut d'imaginer à quoi elle ressemblait grâce à des copies dans d'autres arts. La meilleure copie est la
statue dite Athéna du Varvakeion, en marbre, haute de 1m, conservée au Musée national d’Athènes, du +IIe s.
On y voit Athéna debout, en station hanchée (en appui sur sa jambe droite), le bras droit tendu en avant,
portant une Nikè, symbole de victoire, le bras gauche baissé avec la main appuyée sur le bouclier d'où duquel
se lève le serpent Erichthonios, roi légendaire d'Athènes. Vêtue du
peplos
avec une ceinture, elle porte l’égide
représentant Méduse sur les épaules. Sur son casque on peut voir une Sphinge et des griffons. Sur son
bouclier sont représentées des scènes de l'Amazonomachie.
Cette iconographie a été inventée par Phidias : jusqu'alors on représentait Athéna au combat, ici la déesse est
en majesté et la statue colossale devient le symbole de la puissance athénienne à l’issue des guerres médiques
et au moment du « siècle de Périclès ».
2. Le décor sculpté du Parthénon, un message au service de l'impérialisme athénien
L’essentiel du décor a été réalisé entre 438 et 431 sous les ordres de Phidias. Il ne reste que peu de choses
de cet ensemble : quelques sculptures des frontons, quelques métopes et un assez grand nombre de plaques de
la frise ionique. Ces éléments sont dispersés en 3 musées : le musée de l’Acropole d’Athènes, le musée du
Louvre et surtout le British Museum.
a. La frise dorique
= 92 métopes sculptées de reliefs avec un thème mythologique différent de chaque côté du temple :
– à l’est : Gigantomachie (combat des Olympiens contre les Géants)
– à l’ouest : Amazonomachie (combat des Amazones contre des guerriers grecs)
– au sud : Centauromachie (combat des Lapithes contre les Centaures, aux noces de Pirithoos)
– au nord : Ilioupersis (la prise de Troie par les Grecs).
b. Les frontons
= Le fronton est représentait la naissance d’Athéna, sortie en armes de la tête de Zeus, au milieu de
l’assemblée des olympiens. Dans les angles du fronton, on voit Hélios et Sélénè représentant le soleil et la
lune, ce qui montre le caractère cosmique de l'évènement.
= Le fronton ouest évoquait la rivalité des 2 divinités protectrices de l’Attique et les 2 origines de sa
prospérité. Au centre de la composition, Athéna faisait surgir, d'un coup de sa lance, un olivier verdoyant,
tandis que Poséidon, de son trident, faisait jaillir une source salée, symbole de la mer et de la puissance
maritime d’Athènes. La scène est encadrée par deux jeunes hommes symbolisant les 2 rivières d'Athènes.
= Les figures de ces frontons sont en ronde-bosse et disposées en des positions variées avec des mouvements
souples, par ex les mouvements de draperies, soulignant l'harmonie des scènes.
c. La frise ionique
= haute de 1,06 m, elle entoure tout le corps central de l’édifice, sur une longueur de 160m environ.
= Cette frise, quasiment invisible pour les humains représente la procession solennelle des Athéniens, allant
offrir tous les 4 ans, lors des Grandes Panathénées, son nouveau
péplos
à Athéna. Les préparatifs de la
procession sont évoqués sur le côté ouest : la foule des Athéniens y est représentée dans un joyeux tumulte
auquel se joignent les cavaliers et les animaux du sacrifice. La procession remonte ensuite le long des côtés
nord et sud. Au fur et à mesure qu’elle s’approche du côté est, elle prend un caractère de plus en plus ordonné
et solennel (la cavalcade s’assagit, des magistrats, tournés à contresens, assurent le « service d’ordre » parmi
les porteurs et porteuses d’offrandes, les éphèbes à cheval, les musiciens, et les diverses catégories de la
population d’Athènes et de l’Attique). Sur le côté est, Athéna, au milieu de l’assemblée des Dieux, s’apprête à
recevoir l’offrande des humains que l’on voit arriver aux 2 extrémités de cette partie de la frise (représenter
des humains avec des dieux dans le décor d’un temple était une audace qui provoqua bien des critiques des
opposants à Périclès).
= Tout le long de la frise, la technique du bas-relief est parfaitement maîtrisée (cf. l’habileté de l’étagement
des plans en profondeur) et unifiée même s'il a fallu plusieurs sculpteurs pour réaliser cet ensemble
gigantesque.