Infection par le VIH Pr Christine Katlama University Pierre et Marie Curie Paris VI Pitié-Salpêtriere Hospital, Paris IFSI, oct 2015 Plan du cours • • • • • • • • Le virus VIH Diagnostic Modes de Transmission Physiopathologie et Histoire naturelle de l’infection VIH Epidémiologie du VIH Les stades de l’infection VIH Traitement de l’infection VIH Prévention • Un virus dont la cible est le système immunitaire • Un virus qui s’intègre dans le génome de la cellule lymphocytaire Un virus qui se réplique – 10 milliards de virus /j - silencieusement pendant des années • Un virus contre lequel n’existe aucune immunité naturelle • Un virus qui ne peut être éradiqué VIH: un prédateur unique Un virus découvert en 1983 • Image de microscopie électronique à transmission provenant de la première publication ayant mis en évidence le VIH, appelé à cette époque LAV, pour lymphadenopathy associated virus. © Barré-Sinoussi et al., Science Qu’est ce que l’infection VIH ? • Infection virale à un rétrovirus VIH • Virus Immunodeficience Humaine Virus à ARN replication massive ++ 1 à 10 milliards de particules/jour RETRO: rétrotranscription ADN Intégration dans chromosome cellule infectée Origine : singes Grande diversité variabilité génétique = virus « instable « mutations ++ difficulté pour etablir vaccin Cellules cibles du VIH : Lymphocytes CD4 +, Monocytes, cellule dendritiques Qu’est ce que l’infection VIH ? • Mode de transmission : - sécretions sexuelles ( sperme , secretions vaginales - sang • Destruction progressive de l immunité • Pronostic : - Infection mortelle sans traitement - Survie « normale sous traitement efficace Traitement à vie nécessaire Pas de guérison car pas d éradication du VIH persistance du virus integré et silencieux dans la cellule Cycle de réplication du VIH Entrée -Attachement CD4 -Corécepteur CCR5 -Fusion gp41 ARN Transcriptase Inverse Maturation RNA Proteines Protéase virale RT ARN ARN ADN ADN Intégrase ADN Provirus Diagnostic de l’infection VIH: Sérologie VIH Tests de dépistage Test ELISA Excellente sensibilité et spécificité Test 4° génération: incluent antigène p24 , anticorps IgG et IgM VIH1 et VIH2 Interprétation: 2 tests négatifs : pas d’infection 2 tests positifs ou discordants : faire un WB Tests rapides /TROD Technique Elisa : résultat en quelques minutes ; à utiliser si contexte d'urgence : accidents d'exposition : sang, sexuelle, …) ; résultat à confirmer par technique standard Test Western Blot - Permet identification des anticorps dirigés contre le virus - Western blot positif : - Ac contre enveloppe (gp160,gp120,gp41) - Ac contre les protéines de core (p55,p24,p17, p66,p52,p81) • Peut être incomplet au stade de primoinfection • Tout nouveau cas de séropositivité est à déclaration obligatoire Tests rapides Principales caractéristiques Test unitaire ou petites séries Lecture visuelle et subjective Pas d’équipements de laboratoire Délai résultat < 30 mn Détection Ac anti-VIH-1 et VIH-2. Peut être confiée à des personnes ayant une expertise technique limitée Processus de contrôle interne de qualité : «antigène non VIH» qui lie les Ig présentes dans le sérum Positivité du contrôle interne indispensable pour la validation Inconvénients Absence d’automatisation Non adaptable à de grandes séries Pas de lecture code barre Risque d’inversion traçabilité résultats ? Temps technicien ++ si arrivage séquentiel des tubes sang total – évite l’utilisation de centrifugeuse et matériel de laboratoire – hémolyse des globules rouges peut gêner la réaction de liaison anticorps-antigène. – Moins sensible : 1 ml de sang total présente 50% d’anticorps en moins qu’1 ml de plasma salive : - liquide craviculaire - Non autorisé en France - taux d’anticorps est 100 à 1000 fois inférieur à celui du plasma Sérum ou plasma : meilleure sensibilité Epidémiologie du VIH Modes de transmission du VIH (1) Secrétions sexuelles ++ Relation sexuelles Mère-enfant In utero Accouchement Allaitement Sang • • • Toxicomanie Transfusion Exposition accidentelle Transmission du VIH • Risque augmente avec le niveau de la charge virale dans les secretions sexuelles /sang : • Transmission Sexuelle : - maximum à la primo-infection ; stade SIDA - Augmentée par IST , inflammation locale • Transmission mere enfant : in utero , stt accouchement , allaitement 25% à 40% SANS ARV ; < 1% avec ARV et CV indetectable Vue d’ensemble de l’épidémie de sida 2014 Nombre de personnes vivant avec le VIH Total Adultes Femmes Enfants (<15 ans) 36,9 millions [34,3 – 41,4 m] 34,3 millions [31,8– 38,5 millions] 17,4 millions [16,1 millions – 20,0] 2,6 millions [2,4 – 2,8 millions] Personnes nouvellement infectées par le VIH en 2014 Total 2,0 millions [1,9 million – 2,2] Adultes 1,8 million [1,7 million – 2,0 millions] Enfants (<15 ans) 220 000 [190 000 – 260 000] Décès liés au sida en 2014 Total 1,2 million [980,000 – 1,6 million] Adultes 1,0 million [760,000 – 1,8 million] Enfants (<15 ans) 150 000 [140,000 – 170,000] 68 % des nouvelles infections ont lieu en Afrique soit 1,6 million de nouveaux cas par an Environ 5600 nouvelles infections à VIH par jour en 2014 Dont 66% environ en Afrique subsaharienne Touchant 600 enfants de moins de 15 ans environ Touchant 5000 adultes de 15 ans ou plus environ, dont : ─ près de 48% sont des femmes ─ près de 30% sont des jeunes (15-24 ans) Enfants vivant avec le VIH : 2,6 millions Nouvelles infections à VIH en 2014 220 000 Décès liés au sida en 2014 150 000 Epidémiologie VIH en France • 150 000 personnes VIH+ • 30 000 ignorent leur VIH 40% infections en IDF • Nouveaux Diagnostics : 6000 /an 1/3 HSH; 1/3 heterosexuels 1/3 Afrique • Prise en charge trop tardive : 50% avec < 350 CD4 • Prévalence élevée dans HSH Afrique DOM TOM • ARV tardif augmente risque mortalité /comorbidité Enjeux du dépistage • Depistage insuffisant ; ne cible pas assez les populations les plus à risques Enquete Occasions manquées - 50% HSH déclarés n’ont jamais eu de test proposé par MT - 50% tests proposés devant un symptome evocateur • Proposer un test = naturel banalisé - certaines Populations - certaines situations Eléments devant amener à proposer un test de dépistage Selon les populations • HSH • Hétéro avec > 1 part /an • Originaire DOM TOM DFA • UDI • Origine /Resident Afrique • Travailleurs sexe • Partenaires VIH • Précarité /Pass Selon circonstances • IST hépatite • Tuberculose • Grossesse • IVG • 1° contraception • Viol • Incarcération Prévention de la transmission du VIH Transmission sexuelle - préservatif (masculin/féminin) - circoncision : réduction 40% - couples serodifférénts : traitement du partenaire VIH + - prophylaxie Post exposition Transmission sanguine - dépistage don du sang - précautions universelles soins - programme échange seringues • Transmission mère-enfant - traitement femme enceinte : accoucher Indétectable - prophylaxie enfant à la naissance Le VIH atteint les Lt Cd4+ au centre du système immunitaire VIH champignons mono CD4 NK parasites PN cancers CD8-K 09/10/2015 virus LB bactéries Histoire naturelle de la maladie VIH Pénétration du virus dans l’organisme (même muqueuses) Dissémination virus en 48-72h ganglion, SNC, tube digestif Primoinfection clinique en 8 à 10 jours Séroconversion Ac HIV + Puis longue phase asymptomatique lors de laquelle le virus se réplique et détruit progresssivement les CD4 malgré une défense spécifique anti VIH ( CD4 et CD8 perte de 50 à 100 CD4/mm3/an 09/10/2015 Pathogénèse de l’infection VIH VIH Déficit Immunitaire Activation immune Inflammation Risque cardiovasculaire Os Troubles cognitifs HBV/HCV Cancers Vieillissement accéléré SIDA Cancers Le VIH est délétère par l’immunodépression et par l’immunoactivation /inflammation Le deficit des lymphocytes CD4 conduit au Sida SIDA CD4 Immunité Zona/candida kaposi CV lymphomes pneumocystis toxo 200 CMV MAC mois Primoinfection Années Maladie asymptomatique SIDA Comment évaluer la maladie VIH ? Charge virale plasmatique Evalue la replication active du virus( virus sous forme ARN) en copies /ml dans plasma; LCR, sperme , Mesurée par PCR; exprimée en copies ARN - faible < 10 000 cp/ml - élevée : > 50 000 cp/ml -indétectable < 50 copies • plus la charge virale est élevée, plus la destruction des lymphocytes CD4 est rapide et important Numération lymphocytes CD4 • évalue le degré d'immunodépression : paramètre pronostique - CD4 > 200 = pas/peu de risque d'IO - CD4 100-200 = risque modéré d'IO - CD4 < 100 = risque majeur d'IO Faire le bilan lors d’une découverte de VIH Bilan maladie VIH NFS Plaquettes : anémie , plaquettes, leucocytes CD4 charge virale ARN VIH Biochimie : créatinie , transaminases Coinfections HBV , HCV, Syphilis, Recherche infections antérieures : toxo CMV Si CD< 200 /mm3 : recherche IO 09/10/2015 SIDA : un syndrome composé de manifestations opportunistes • SIDA : ensemble des manifestations survenant en raison d une immuno dépression profonde liée à l ‘infection VIH • Infections opportunistes - Endogènes : réactivation d infections anciennes auparavant controlée par le systeme immunitaire toxoplasmose CMV - Exogenes acquises et ne survenant que chez des patients très ID Myc atypiques , PCP 09/10/2015 Primo-infection VIH Pénétration du virus dans l’organisme Symptomatique (80% des cas dont sevère 20%) Survenue : 10 à 15 jours apres contamination Tableau pseudogrippal +angine+AEG + céphalée Examen: ganglions, éruption maculopapuleuse, parfois signes neurologiques ( méningite ) Durée évolution : environ 2 semaines Biologie:- thrombopénie,lymphopénie; Sd mononucleosique Principales maladies opportunistes au cours du sida • Cerveau : • Peau : - toxoplasmose++ - lymphome - LEMP - cryptococcose - CMV • • Poumons : - pneumocystose ++ - tuberculose - Kaposi Disséminée: - virus CMV - mycobactérie MAIC Rétinite CMV Toxo - Kaposi - Herpès-virus •Tube digestif : - cryptosporidiose - microsporidiose - Kaposi - CMV •Ganglions : - lymphome - mycobactéries - tuberculose Principes du traitement ARV Grands évènements thérapeutiques • 1986 : le 1° traitement : AZT efficacité transitoire • 1990 : Bithérapies de 2 médicaments • 1996 : Anti protéases trithérapies • 2006/8 : Inhibiteurs entrée , inhibiteurs intégrase Le traitement ARV effondre la charge virale et restaure l’ immunité ARV SIDA Candida Zona Kaposi Lymphomes Pneumocyst. Toxoplasm. 200 CMV MAC 2 09/10/2015 BA/11.9 8 4 8 10 ans Pourquoi traiter ? La réplication du virus – 1à 10 milliards / jour est TOUJOURS délétère Meme , sans immunodepression , il existe un bénéfice à controler le VIH et à traiter des que le diagnostic est fait - Bénéfice individuel sur santé - Bénéfice sur transmission Recommendation de traitement universel USA France (2013) Europe , UK , OMS (2015) Molécules antirétrovirales Mature virus PIs Atazanavir Darunavir Lopinavir Entry inhibiteurs CCR5 inhibiteurs Maraviroc Inhibiteurs de Reverse transcriptase tenofovir abacavir 3TC FTC AZT INNTI Efavirenz Nevirapine Etravirine Rilpivirine Integrase inhibitors Raltegravir Elvitegravir Dolutegravir Developpement des antirétroviraux DLV NVP ddC ZDV ddI d4T 3TC TDF ABC EFV FTC ’87 ’88 ’89 ’90 ’91 ’92 ’93 ’94 ’95 ’96 ’97 ’98 ’99 ’00 ’01 ’02 ’03 ’04 ’05’06’07 08 NRTI NFV SQR LPV/r NNRTI PI RTV Entry inhibitor IDV ATV ETV FPV DRV RAL TPV APV T-20 25 molécules , 6 classes médicaments MVC Antirétroviraux : 2015 NRTI NNRTI TDF VireadR Nevirapine TDF/FTC viramuneR ABC Ziagen Efavirenz6 sustiva ABC/3TC Kivexa 3TC/FTC Rilpivirine Protease Lopinavir Kaletra Etravirine CCR5 Raltegravir Maraviroc isentress celsentri Atazanavir Elvitegravir Reyataz Darunavir Dolutegravir Prezista Combinaisons fixes TDF/FTC/EFV TDF/FTC/RPV TDF/FTC/cobi/EVG … Inhib Integrase tivicay Malgré puissance et simplicité des combos fixes • Standard ART est toujours une STR trithérapie • Innovation nécessaire Objectif du traitement ARV Charge virale Objectif : stopper la réplication virale 10 6 1 000 000 10 5 100 000 Quelque soit la charge virale initiale La puissance du TAR doit amener à l indétectabilité 10 4 10 000 10 3 1 000 C 10 2 100 20 Charge virale indétectable < 50 copies/ml Le traitement ARV une arme clé de la prévention HPTN 052 Essai randomisé 1763 HIV couples hétero sérodifférents avec entre 350 et 550 CD4 Preservatif recommandé Afrique ++/ Asie ART immédiat vs ART différé 96% suppression viro Transmission : 1 vs 27 96% réduction transmission Beatriz Grinsztejn et al. Lancet Infect Dis 2014;14: 281–90 PARTNER • Etude observationnelle europe • 767 couples sérodifférents (homo masculins et hétéro) Rapports occasionnels non protégés Pas d’utilisation de PEP ni de PrEP • Après 894 couple-années de suivi et med 15 000 RS non protégees Transmission : 0 Suivi nécessaire / ET du % Rodger A, CROI 2014, Abs. 153LB Objectif Traitement ARV Controler maximalement la réplication virale pour Restaurer les fonctions immunitaires Diminuer l activation et l inflammation liée à la réplication Maximiser la survie et espérance de vie Minimiser le réservoir Bloquer la transmission interindividuelle Contrôle de la réplication virale Pour prévenir les dommages irréversibles de la réplication Pour libérer la personne VIH du stress contagiosité Pour stopper la transmission entre individus Une protection optimale pour soi et pour l’autre Arrêter la progression de l’épidémie Recommandations Françaises 2013 Quand débuter un traitement antirétroviral ? Débuter un traitement antirétroviral chez toute personne vivant avec le VIH Quelque soit le nombre de CD4 Un traitement efficace permet de prévenir la transmission à son partenaire sexuel 09/10/2015 Recommendations 2014 : Une avancée majeure vers un traitement universel AIDS or HIV-Related Symptoms CD4+ Cell Count <350/mm3 DHHS-USA, 2013 Yes Yes Yes Yes International AIDS Society-USA, 2013 Yes Yes Yes Yes Yes Yes Yes Yes Yes Yes 2015 Yes Yes 2015 Guideline France, 2013 European AIDS Clinical Society, 2015 World Health Organization, 2015 Yes Yes Yes Yes CD4+ Cell Count 350- CD4+ Cell Count 500/mm3 > 500 cells/mm3 Guidelines. February 2013. EACS. February 2013. DHHS. WHO. ART Guidelines. June 2013. Recommandations Françaises 2013 Quand débuter un traitement antirétroviral ? Expliquer le bénéfice du traitement - individuel - prevention de la transmission à son partenaire sexuel Expliquer Suivi du traitement Débuter - dans les 15 jours meme avec IO sf meningite tuberculeuse ou cryptococoque - très vite en primo infection ; grossesse - recours éducation thérapeutique Revoir à 15 jours ; M1; M3 ; M6 avec CV 09/10/2015 Bilan pré-thérapeutique 1 VIH charge virale ARN VIH Lymphocytes CD4/CD8 sensibilité du VIH : génotype de résistance Co infections HBV- HCV- HAV Syphilis – toxoplasmose – CMV Terrain fonction rénale; proteinurie bilan hépatique bilan lipidique – glycemie Bilan pré-thérapeutique 2 Si CD4 < 200 / mm3 ou personne provenant d’une zone d’endémie tuberculeuse : radiographie thoracique Si CD4 < 100 / mm3 : - dosage de l’antigène cryptoccoque, - PCR CMV - fond d’œil (si sérologie CMV positive) Chez les femmes n’ayant pas eu de bilan dans l’année : bilan gynéco avec frottis cervico-vaginal Chez les HSH et les PVVIH ayant ATCD lésions à HPV : consultation proctologique pour le dépistage des lésions Quel traitement débuter ? Inhib non Nucleosidiques INNTI Efavirenz (EFV) Nevirapine (NVP) Etravirine (ETV) Rilpivirine (RPV) Inhibiteurs de TI INTI Inhibiteurs Protease IP Abacavir (ABC) Emtricitabine (FTC) Lamivudine (3TC) Tenofovir (TDF) 2 NRTI + 1 IP Atazanavir/r (ATV) Lopinavir/r (LPV) Darunavir/r (DRV) Inhibiteurs Integrase Recommendations françaises Raltegravir (RGV) Elvitegravir (EVG) Dolutegravir (DGV) Objectifs de la thérapeutique antirétrovirale • • • • • • Contrôle de la progression VIH Restauration immunitaire Réduction de l’inflammation Prévention de la résistance Prévention de la transmission Réduction du réservoir Ceci implique de minimiser au maximum la réplication virale : indétectabilité max Et de traiter le plus précocément Patients sous ARV Efficacité immuno virologique Données de la Base Hospitalière Française Initier un traitement ARV 1 • La plupart des trithérapies marchent ! : charge virale indétectable en 3 à 6 mois • Observance au traitement = clé du succès du traitement initial` - Expliquer bénéfice santé / sexualité - Eduquer - Simplifier les traitements : trithérapie combinée en 1 seule gélule Etre contrôlé = vie normalisée - Accompagner Points clés VIH : infection grave détruisant immunité mais parfaitement maitrisable si dépistée VIH : réplication massive VIH : très longue phase sans symptôme Réplication VIH est contrôlable Dépister : offrir l’opportunité du traitement et donc bénéfice personnel double Développer et banaliser le dépistage dasn un parcours de soins