culier aplasie du cuir chevelu) mais non avec
le PTU. Les antithyroïdiens de synthèse pas-
sent aussi dans le lait maternel et en raison de
potentiels effets néonataux, l’allaitement
reste une contre-indication classique dans
tous les ouvrages de pharmacologie (2).
Malgré ces risques, une hyperthyroïdie en
cours de grossesse doit toujours être traitée,
l’évaluation du rapport bénéfice/risque est
en faveur de l’utilisation des antithyroïdiens
de synthèse, même s’il est en règle générale
admis que la dose minimale doit être prescri-
te,
quitte à laisser la patiente en discrète
hyperthyroïdie biologique.
Le choix de l’antithyroïdien de synthèse
reste une affaire d’école. Actuellement il se
porte plutôt sur le PTU que sur le Néo-mer-
cazole® du fait d’un moindre passage trans-
placentaire (réduisant le risque d’hypothy-
roïdie fœtale iatrogène) et d’un moindre
risque tératogène.
Les hormones thyroïdiennes sont essen-
tielles au développement du cerveau durant
la vie fœtale et à son fonctionnement en
période postnatale. Ces hormones jouent un
rôle important dans la neurogenèse, la
migration neuronale, la synaptogenèse et la
régulation de certains neurotransmetteurs
(1). Ainsi, un déficit en hormones thyroï-
diennes, en période anténatale ou dans les
premières années de vie, peut potentielle-
ment grever le pronostic intellectuel.
L’intégrité de l’axe hypothalamo-hypophy-
saire et thyroïdien à la fois chez la mère et le
fœtus durant la grossesse et chez le nouveau-
né paraît donc importante. Ainsi, des altéra-
tions subtiles et parfois plus importantes du
développement neuro-psychologique ont pu
être montrées chez des enfants dont le déve-
loppement thyroïdien était normal, mais
dont la mère avait eu une hypothyroïdie non
diagnostiquée pendant la grossesse (5,6).
Les études pilotes menées avant les années
1970 ont dicté pendant de nombreuses
années une conduite stricte d’interdiction de
l’allaitement en cas de prise d’antithyroï-
diens de synthèse. Les données récentes sont
moins nettes (8,9,10).
Le carbimazole (Néo-mercazole®)
et apparentés
Le carbimazole a une vie plasmatique de 3
à 5 heures et il est rapidement transformé en
méthimazole, son métabolite actif. Le rap-
port des concentrations lait/plasma du car-
bimazole est égal à 1, signant le passage de
ce médicament dans le lait. Lorsque la mère
reçoit une dose de 40 mg de carbimazole
par jour en une prise, les concentrations
maximales mesurées dans le lait sont
proches de 0,8 mg/l. Ainsi, pour un nou-
veau-né recevant 150 ml/kg/jour de lait
maternel, la quantité de carbimazole serait
de 0,12 mg/kg/jour. L’enfant reçoit une
quantité significative de substance active
puisque les doses pédiatriques sont de 0,5 à
0,7 mg/kg/jour. En revanche, à une dose
maternelle inférieure à 15 mg par jour, le
risque que l’enfant subisse une perturbation
de la fonction thyroïdienne paraît plus
faible. La quantité de médicament reçue par
l’enfant sera encore plus faible si la mère
n’allaite pas l’enfant pendant les 4 heures
qui suivent la prise du médicament. Enfin,
dans tous les cas d’allaitement mater
nel
sous carbimazole, la fonction thyroïdienne
du nouveau-né doit être contrôlée une fois
par semaine pour certains auteurs.
L’apparition d’une idiosyncrasie chez l’en-
fant (fièvre, éruption cutanée, agranulocyto-
se)
n’est pas exclue.
Azizi et al (1) ont étudié les conséquences de
l’allaitement sur les nouveaux nés de mère
prenant du methimazole (MMI). Cent trente
neuf patientes ayant une thyrotoxicose et
allaitant leur enfant ont été étudiées.
Cinquante et une mères ont été traitées pen-
dant la grossesse et pendant l’allaitement.
Quatre vingt huit mères ont reçu du MMI
quotidiennement pendant un mois, soit à la
dose de 20 mg/jour (n = 42) soit à la dose de
10 mg/jour (n = 46), puis toutes ont reçu
10 mg quotidiennement pendant 1 mois et de
5 à 10 mg ensuite. Ces doses se sont révélées
efficaces chez les mères jusqu’à 12 mois de
traitement. Chez tous les enfants, les concen-
trations de T4 libre, de T3 libre et de TSH
étaient normales avant et jusqu’à 12 mois
après la naissance et les concentrations
sériques de MMI étaient inférieures à
0,03 mg/ml. Six mères recevant 20 mg de
MMI ont présenté une augmentation des taux
de TSH au bout d’un mois de traitement.
Dans un sous-groupe d’enfants (14 enfants
du groupe exposé et 17 témoins) étudiés à un
âge variant de 48 à 74 mois, les caractéris-
tiques cliniques, le quotient intellectuel et le
test de Weschler et l’exploration thyroïdien-
ne (dosages de T4L, T3L et de TSH)
n’étaient pas différents entre le groupe expo-
sé et le groupe contrôle. Les auteurs
concluent qu’aucun effet délétère n’est appa-
ru sur la fonction thyroïdienne et sur le déve-
loppement physique et intellectuel des
enfants nourris au sein alors que leur mère
prenait jusqu’à 20 mg de MMI quotidienne-
ment. Mais les auteurs concluent aussi qu’il
existe un risque potentiel, certainement limi-
té, de dysfonction thyroïdienne chez les
enfants et chez la mère, justifiant de sur-
veiller la fonction thyroïdienne de l’enfant
toutes les 4 semaines.
Le propylthiouracile
Le propylthiouracile (PTU) a une demi-vie
plasmatique de 1 à 2 heures. Le rapport des
concentrations lait/plasma est de 0,1 à 0,5.
Après administration de produit marqué,
0,077 % de la dose administrée a été retrou-
vée dans le lait maternel pendant les 24
heures qui ont suivi l’administration. Les
doses reçues par l’enfant sont donc très
faibles et bien en deçà des doses efficaces en
thérapeutique. Ces premiers résultats sont
confirmés par une
seconde étude (8) qui
montre que la dose totale
de PTU excrétée
dans le lait maternel pendant les 4 heures qui
suivent l’ingestion d’une dose unique de
400 mg de PTU est de 0,025 % (0,007 -
0,07 %).
Momotani (11) a suivi la fonction thyroïdien-
ne chez 8 enfants dont les mères recevaient 50
à 300 mg de PTU par jour, pendant 1 à 9 mois
Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume V, n° 4, juillet-août 2001
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Stratégie thérapeutique