
La Lettre du Gynécologue • n° 343 - juin 2009 | 15
Résumé
Avec 493 000 nouveaux cas et 273 000 décès annuels
»
(10), le cancer du col de l’utérus est en fréquence
le deuxième cancer féminin dans le monde et reste un enjeu majeur de santé publique. En France, en 2000,
le cancer du col de l’utérus était au huitième rang des cancers de la femme avec une incidence de 3 400
cas et une mortalité de 1 000 femmes par an (3).
et des muqueuses, le plus souvent bénignes. La
transmission est directe par contact cutané ou
muqueux. Il existe plus de 120 types différents
d’HPV, parmi lesquels 96 papillomavirus humains.
On estime toutefois qu'une centaine de nouveaux
papillomavirus humains supplémentaires restent à
découvrir. Au total, 15 types : 16, 18, 31, 33, 35, 39,
45, 51, 52, 56, 58, 59, 68, 73 et 82 sont considérés
comme étant à haut risque oncogène (11) et comme
le principal facteur de risque de dysplasie cervicale
intraépithéliale (12, 13) et de cancer du col utérin
(3, 14). Les HPV 6, 11, 40, 42, 43, 44, 54, 61, 70, 72,
81 et CP6108 sont considérés comme étant à bas
risque oncogène pour le col de l’utérus.
La distribution des différents types d’HPV varie en
fonction de la région géographique et de l’âge. En
France, 97 % des cancers invasifs du col de l’utérus
seraient HPV positifs (4) contre 98 % des LIEHG (15).
Ainsi, chez les patientes ayant un cancer invasif du
col de l’utérus, les différents types d’HPV observés
sont les HPV 16 (73 %) et 18 (19 %), suivis des HPV
31 (7 %), 33, 68, 45, 52 et 58 (4,1 à 2,3 %) [4]. En
comparaison, les types d’HPV identifiés chez les
patientes ayant une LIEHG sont les HPV 16 (62 %),
suivis des HPV 31 (15 %), 33 (12 %), 52 (9 %), 51
(8 %), 58 (7 %), 35 et 18 (4 %) [15].
La connaissance de l’histoire naturelle de l’infection
à HPV est fondamentale à la compréhension et à
l’utilisation du test HPV en pratique clinique. Dans
la population féminine, la prévalence de l’infection
à HPV est élevée. Elle est maximale avant 30 ans
avec 30 % des femmes infectées et décroît ensuite
avec l’âge (16). De la même manière, la prévalence
de l’infection à HPV de haut risque est maximale
avant 30 ans. Chez les femmes de 20 à 24 ans et de
24 à 29 ans, elle est respectivement de 13 et 17 % et
chute ensuite à 2,5 et 3,9 % après 30 ans (17, 18).
Ces infections sont le plus souvent transitoires. La
majorité des femmes vont se débarrasser de l’in-
fection en 8 à 10 mois et ne développeront jamais
de lésion cervicale (19-21). L’infection à HPV dit à
haut risque (HR-HPV) va persister uniquement chez
une minorité d’entre elles et c’est principalement
la persistance de l’infection qui expose la patiente
au risque de LIEHG et de cancer infiltrant du col de
l’utérus (22).
Cytologie cervicovaginale
Même si la cytologie cervicovaginale a fait la preuve
de son efficacité en permettant la réduction histo-
rique de la mortalité liée au cancer du col de l’utérus
(23), sa sensibilité et sa spécificité ont été récem-
ment remises en question. Les faux positifs et les
faux négatifs de la cytologie cervicovaginale ont des
conséquences médicales, financières, psychologiques
et légales importantes. Les faux positifs exposent au
risque de ne pas diagnostiquer une lésion intraépi-
théliale et à son risque évolutif, tandis que les faux
positifs entraînent le recours à des investigations,
voire à des traitements inutiles et potentielle-
ment morbides chez des femmes souvent en âge
de procréer (24). Dans une récente métaanalyse,
Cuzick et al. rapportent une sensibilité globale de la
cytologie à dépister une LIEHG de 53 % (IC
95
: 48,6-
57,4 %), avec des écarts très importants, allant de
18,6 % à 76,7 % selon les études (25). La spécificité
de la cytologie serait, en revanche, élevée : 96,3 %
(IC95 : 96,1-96,5 %).
La faible sensibilité du frottis cervicovaginal expose
les patientes au risque de développer une lésion inva-
sive du col de l’utérus (26). De plus, l’interprétation
de la cytologie varie énormément d’un cytopatholo-
giste à l’autre, compromettant la reproductibilité de
test (27). Les limites de la cytologie se répercutent
immanquablement sur les cas de cancers du col
observés. Dans une enquête nationale analysant
524 cas de cancers du col diagnostiqués en France
en 2006, il apparaissait que deux tiers des patientes
n’avaient jamais eu de frottis de dépistage ou bien
avaient un frottis normal datant de plus de 3 ans
(23 % et 45 %, respectivement), alors que 32 % de
ces patientes avaient un frottis normal réalisé dans
les trois dernières années (28).
La cytologie en milieu liquide, en plus de faciliter la
réalisation d’un test HPV sur le même échantillon,
a été présentée comme un moyen d’optimiser la
performance de la cytologie conventionnelle. Elle
permet également le recours à des procédés de
lecture automatisée, limitant en théorie les erreurs
d’interprétation humaine et permettant l’analyse
rapide d’un grand nombre d’échantillons. L’apport de
la cytologie en milieu liquide reste controversé. Elle
n’est pas plus performante que la cytologie conven-
Références
bibliographiques
1. Walboomers JM, Jacobs MV,
Manos MM et al. Human papilloma-
virus is a necessary cause of invasive
cervical cancer worldwide. J Pathol
1999;189:12-9.
2. Pretet JL, Jacquard AC, Carco-
pino X et al. Human papilloma-
virus (HPV) genotype distribution
in invasive cervical cancers in
France: EDITH study. Int J Cancer
2008;122:428-32.
3. Évaluation de l’intérêt de la
recherche des papillomavirus
humains (HPV) dans le dépistage
des lésions précancéreuses et
cancéreuses du col de l’utérus.
Anaes 2004.
4. ACOG Committee on Practice
Bulletins. ACOG Practice Bulletin:
clinical management guidelines for
obstetrician-gynecologists. Number
45, August 2003. Cervical cytology
screening (replaces committee
opinion 152, March 1995). Obstet
Gynecol 2003;102:417-27.
5. Arbyn M, Sasieni P, Meijer CJ,
Clavel C, Koliopoulos G, Dillner J.
Chapter 9: Clinical applica-
tions of HPV testing: a summary
of meta-analyses. Vaccine
2006;24(Suppl.3):S78-89.
6. Arbyn M, Paraskevaidis E,
Martin-Hirsch P, Prendiville W,
Dillner J. Clinical utility of HPV-DNA
detection: triage of minor cervical
lesions, follow-up of women treated
for high-grade CIN: an update of
pooled evidence. Gynecol Oncol
2005;99(3 Suppl.1):S7-11.
7. Zielinski GD, Bais AG, Helme-
rhorst TJ et al. HPV testing and
monitoring of women after treat-
ment of CIN 3: review of the lite-
rature and meta-analysis. Obstet
Gynecol Surv 2004;59:543-53.
8. Koliopoulos G, Arbyn M, Martin-
Hirsch P, Kyrgiou M, Prendiville W,
Paraskevaidis E. Diagnostic accuracy
of human papillomavirus testing in
primary cervical screening: a syste-
matic review and meta-analysis of
non-randomized studies. Gynecol
Oncol 2007;104:232-46.
9. Arbyn M, Buntinx F, Van Ranst M,
Paraskevaidis E, Martin-Hirsch P,
Dillner J. Virologic versus cytologic
triage of women with equivocal Pap
smears: a meta-analysis of the accu-
racy to detect high-grade intraepi-
thelial neoplasia. J Natl Cancer Inst
2004;96:280-93.
Mots-clés
HPV
Dépistage
Keywords
HPV
Screening