LE DÉPISTAGE EN FRANCE
AUJOURD’HUI
Ce cancer est lié à une infection persistante
par des papillomavirus humains ou HPV
oncogènes dits à « haut risque ». En France,
le dépistage du cancer du col utérin n’est
pas organisé de façon systématique, à la
différence du dépistage des cancers du
sein et des cancers colorectaux. Il est basé
sur la réalisation d’un frottis cervico-utérin
(FCU) suivi dun examen cytologique tous
les trois ans pour les femmes âgées de 25 à
65 ans, après deux FCU négatifs réalisés à
un an d'intervalle. Le taux de couverture des
femmes par FCU est insufsant, estimé à
environ 57 %, lié à des FCU trop irréguliers.
« Même si antérieurement le FCU a permis
de réduire l’incidence du cancer du col, le
nombre de ces cancers ne diminue pas. La
sensibilité de la cytologie est insuffisante et
varie selon les pays. Le test HPV est vali,
beaucoup plus sensible, quasiment 100 %,
et reproductible. Une étude euroenne
et nord-américaine a ainsi montré une
sensibilité de la cytologie à détecter les
lésions cervicales de haut grade, CIN2+,
de 53 % versus 96,1 % pour le test HPV
3 ; la
spécificité de la cytologie étant supérieure,
96,3 % versus 90,7 % pour le test HPV.
En pratique, on considère qu’un examen
cytologique sur deux peut donc être un « faux »
négatif. Rappelons aussi qu’en France, le test
HPV n’est remboursé que dans le cas des FCU
atypiques ou ASCUS » pcise le Professeur
Clavel.
UNE STRATÉGIE À REDÉFINIR
Quatre études randomisées européennes 4
ont comparé l’efficacité du dépistage primaire
par test HPV au dépistage par cytologie
classique, sur une cohorte de plus de
176 000 femmes âgées de 20 à 64 ans avec un
suivi médian de 6,5 ans (critère de mesure :
développement des lésions cancéreuses)
1.
« Le dépistage basé sur le test HPV offre
une protection contre les cancers du col de
l’utérus, de 60 à 70% supérieure comparée
au dépistage par cytologie. Le diagnostic est
en effet plus précoce par test HPV, avec une
réduction des CIN3, l’efficacité ne diffère pas
selon l’âge et le gain est supérieur quand la
cytologie est moins performante. Un test HPV
tous les 5 ans protège plus contre le cancer
du col qu’un examen cytologique tous les 3
ans. Un triage des femmes HPV positifs est
nécessaire et les femmes à risque, identifiées
dès le départ, recevront un suivi plus efficace.
Enfin, les différents protocoles italiens,
suédois, anglais ou hollandais n’affectent
pas l’efficacité du test HPV. »
DES RECOMMANDATIONS
POUR UNE MEILLEURE PRÉVENTION
« Létude du Docteur Ronco est exemplaire,
avec encore une fois la préconisation du
dépistage primaire HPV chez les femmes,
a priori à partir de 30 ans, suivi d’un triage
des femmes HPV positifs par cytologie avec
un intervalle de screening de 5 ans. On allie
ainsi sensibilité, condition primordiale pour
un dépistage, et scificité. Une majorité
d’infections à HPV régressant spontanément,
seules les femmes à risque réel seront
suivies de façon coût-efficace. En France,
une volonté d’organisation du dépistage
a été annoncée mais reste sans suite et de
nouvelles recommandations pour les femmes
vaccinées anti-HPV ou non, sont souhaitées.
Si nous nous organisons bien, éradiquer ce
cancer passera par la synergie entre une
prévention primaire, par vaccination avec les
vaccins nonavalents, à venir et une prévention
secondaire par dépistage/suivi, en attendant
la couverture quasi totale par vaccination d’ici
50 ans », conclut le Professeur Clavel.
10 000 BIO - N° 91 - SEPTEMBRE 2014
20 VALEUR MÉDICALE AJOUTÉE : POST-CONGRÈS
En France, le cancer du col de l’utérus, cancer de la femme jeune, provoque
environ 1 000 décès par an
1 alors qu’il peut être évité s’il est dépisté à temps.
Le Pr Christine Clavel, laboratoire Pol Bouin, CHU de Reims, revient pour
nous sur l’un des points phares du congrès EUROGIN 2013 : la méta-analyse
du Dr Ronco
2 portant sur quatre études européennes de grande ampleur
et montrant que les stratégies de dépistage doivent être modifiées.
Congrès Eurogin 2013
Cancer du col de l’utérus :
vers un dépistage efcace
[1] INCa, Les cancers en France, édition 2013
[2] Ronco et al, Lancet 2014, 383:524-32
[3] Cuzick et al, Int J Cancer 2006, 119 :1095-1101
[4] Quatre études pour la méta-analyse
Swedescreen,2, POBASCAM,3,4, ARTISTIC,5
et NTCC,6.
2 Naucler P, Ryd W, Törnberg S, et al.
Human papillomavirus and Papanicolaou tests to screen for
cervical cancer. N Engl J Med 2007; 357: 158997.
2 3 Bulkmans NW, Berkhof J, Rozendaal L, et al.
Human papillomavirus DNA testing for the detection
of cervical intraepithelial neoplasia grade 3 and
cancer: 5-year follow-up of a randomised controlled
implementation trial. Lancet 2007; 370: 176472.
4 Rijkaart DC, Berkhof J, Rozendaal L, et al.
Human papillomavirus testing for the detection of high-
grade cervical intraepithelial neoplasia and cancer: final
results of the POBASCAM randomised controlled trial.
Lancet Oncol 2012; 13: 7888.
5 Kitchener HC, Almonte M, Thomson C, et al.
HPV testing in combination with liquid-based cytology
in primary cervical screening (ARTISTIC): a randomised
controlled trial. Lancet Oncol 2009; 10: 672–82.
6 Ronco G, Giorgi-Rossi P, Carozzi F, et al, and the New
Technologies for Cervical Cancer screening (NTCC)
Working Group. Efficacy of human papillomavirus testing
for the detection of invasive cervical cancers and cervical
intraepithelial neoplasia: a randomised controlled trial.
Lancet Oncol 2010; 11: 249–57.
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