REVUE DE PRESSE Intérêt d’une antibiothérapie pour les abcès cutanés non compliqués ? Le recours aux soins pour un abcès cutané est important (3,4 millions des passages aux urgences aux États-Unis en 2005) [1]. Parallèlement, outre-Atlantique, l’épidémiologie des infections à Staphylococcus aureus s’est modifiée avec une augmentation très significative de la prévalence des infections communautaires à Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM). Le traitement principal des abcès cutanés reste le drainage, et le bénéfice additionnel d’une antibiothérapie associée n’est pas démontré, mais les études préalables manquaient de puissance statistique pour pouvoir répondre réellement à cette question. Le but de cette étude (2) est de déterminer le bénéfice additionnel d’une antibiothérapie. Pour ce faire, les auteurs ont réalisé une étude prospective, randomisée, en double aveugle, comparant drainage + antibiothérapie par triméthoprime-sulfaméthoxazole (TMP-SMX) pendant 7 jours versus drainage isolé chez 1 265 patients. Le critère principal de jugement était la guérison clinique, 7 et 14 jours après la fin du traitement. Les caractéristiques à l’inclusion des patients montrent un âge moyen de 35 ans. Pour 7,5 % des patients inclus, il existait un antécédent d’infection à SARM. La taille moyenne des abcès était de 2,5 cm et la taille moyenne de l’érythème, de 6,5 cm. Un SARM a été isolé des abcès chez 45,3 % des patients, et dans l’immense majorité des cas (97,4 %), le SARM était sensible au TMP-SMX. La recherche de la toxine de Panton-Valentine (PVL) était positive pour 96,1 % des SARM. La guérison clinique a été obtenue chez 80,5 % des patients du groupe TMP-SMX et 73,6 % du groupe placebo (différence 6,9 % ; IC95 : 2,1-11,7 ; p = 0,005). L’analyse per protocole confirme également la supériorité du TMP-SMX. L’analyse des critères secondaires montre aussi un bénéfice dans le groupe TMP-SMX pour le recours à un drainage supplémentaire (3,4 versus 8,6 %), une infection à un autre site (3,1 versus 10,3 %) et une infection chez un membre de la famille (1,7 versus 4,1 %). Jean-Luc Meynard (Paris) Pratiquer r Pratiquer l’éducation thérapeutique hérapeutique bonnière onique où le nombre de patients atteints ne eutique est en plein essor, et est aujourd’hui le dans les secteurs médico-sociaux. esoin d’être soutenu et accompagné dans ses traitements, de ses comportements de cu de la maladie. mise en œuvre et la pratique de l’éducation exion de l’unité transversale d’éducation du santé du CHU de Montpellier. Il constitue un de l’éducation thérapeutique. Xavier de La Tribonnière entes disciplines y est également présentée, in éducatif. La place centrale du patient en ur de sa santé et acteur social, y est soulignée. fiches pratiques, cet ouvrage est un outil s afin de mettre en place une éducation te culture. teur en médecine, responsable de l’Unité Patient (UtEP) du CHU de Montpellier. 9 782294 752025 EA © BSIP 978-2-294-75202-5 Au total, cette étude montre un bénéfice ad­ditionnel d’une antibiothérapie à un drainage chirurgical des abcès cutanés non compliqués. Dans la mesure où le taux de guérison avoisine 80 % après drainage seul, il était normal que les études précédentes, au sein desquelles les effectifs étaient relativement faibles, n’aient pas pu mettre en évidence un bénéfice. Il faut souligner qu’à 48-72 h, l’évolution n’est pas différente dans les 2 groupes. En raison tout de même des effets indésirables potentiels du TMP-SMX (allergie parfois grave, colite à Clostridium difficile), la question se pose de recommander plus largement une antibiothérapie pour les infections non sévères, en évaluant la balance bénéfices/risques. Références bibliographiques 1. Qualls ML, Mooney MM, Camargo CA Jr, Zucconi T, Hooper DC, Pallin DJ. Emergency department visit rates for abscess versus other skin infections during the emergence of community-associated methicillin-resistant Staphylococcus aureus, 1997-2007. Clin Infect Dis 2012;55(1):103-5. 2. Talan DA, Mower WR, Krishnadasan A et al. Trimethoprim-Sulfamethaxazole versus placebo for uncomplicated skin abcess. N Engl J Med 2016;374(9):823-32. J.L. Meynard déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article. PRATIQUER l’éducation thérapeutique l’éducation thérapeutique L’ÉQUIPE ET LES PATIENTS L’équipe et les patients Sous la direction de Xavier de La Tribonnière Préfaces de Brigitte Sandrin, Paule Lebel et Vincent Dumez Postface de Rémi Gagnayre 24/03/16 11:21 Éditions Elsevier Masson, 37 €, 344 pages. Commentaire Sous la direction de Xavier de la Tribonnière Dans le contexte de la maladie chronique où le nombre de patients atteints ne cesse de croître, l’éducation thérapeutique est en plein essor, et est aujourd’hui au cœur de la pratique professionnelle dans les secteurs médico-sociaux. Pour être autonome, le patient a besoin d’être soutenu et accompagné dans l’apprentissage de sa pathologie, de ses traitements, de ses comportements de santé, et de pouvoir exprimer son vécu de la maladie. Ce livre guidera les soignants dans la mise en œuvre et la pratique de l’éducation thérapeutique. Il est issu de l’expérience et de la réflexion de l’unité transversale d’éducation du patient (UTEP) et de professionnels de santé du CHU de Montpellier. Il constitue un guide et offre un panorama complet de l’éducation thérapeutique. Une réflexion de fond issue de différentes disciplines y est également présentée, permettant de renforcer le sens du soin éducatif. La place centrale du patient en tant que personne à part entière, acteur de sa santé et acteur social, y est soulignée. Grâce à ses nombreux exemples et fiches pratiques, cet ouvrage est un outil indispensable aux équipes soignantes afin de mettre en place une éducation thérapeutique et de s’inscrire dans cette culture. Xavier de La Tribonnière est docteur en médecine, responsable de l’Unité transversale de l’éducation du patient (UTEP) du CHU de Montpellier. 134 | La Lettre de l'Infectiologue • Tome XXXI - n° 4 - juillet-août 2016 0134_LIF 134 21/09/2016 11:09:34 REVUE DE PRESSE Pas de bénéfice à prolonger l’antibiothérapie chez des patients présentant des symptômes tardifs de la maladie de Lyme Les patients atteints de la maladie de Lyme (due à Borrelia burgdorferi) rapportent souvent l’existence de symptômes prolongés. Ces derniers sont parfois apparentés à la “maladie de Lyme chronique” et peuvent survenir après la résolution de la phase primaire de la maladie, qu’elle ait été traitée ou non. Les principales manifestations de ces symptômes sont des douleurs diffuses, une asthénie et des manifestations neurologiques ou cognitives. Bien que la majorité des “guidelines” ne recommandent pas d’antibiothérapie prolongée, le débat persiste, et certains médecins en prescrivent une. Les auteurs ont donc réalisé cette étude prospective randomisée (1), en double aveugle, qui comparait 3 stratégies : ceftriaxone puis placebo (groupe placebo), ceftriaxone puis doxycycline (groupe doxycycline), ou ceftriaxone suivi par l’association clarithromycine et hydroxy­chloroquine (groupe clarithromycine-hydroxychloroquine). Les patients ont été recrutés entre 2010 et 2013. Ils présentent des symptômes de la maladie de Lyme chronique, survenus après un érythème migrant, avec une sérologie positive en IgG ou IgM confirmée par Western Blot. Comme indiqué auparavant, tous les patients recevaient 2 g de ceftriaxone pendant 14 jours, puis soit un placebo, soit doxycycline (100 mg × 2/j), soit clarithromycine (500 mg × 2/j) + hydroxychloroquine (200 mg × 2/j) pendant 12 semaines. Lors du suivi, un autoquestionnaire évaluait la qualité de vie (SF36) mesurée à la semaine 14 (S14), S26, S40, S56. Deux cent quatre-vingt-un patients ont été inclus et randomisés. La composante physique du questionnaire SF36 n’était pas différente dans les 3 groupes après la fin de l’essai et augmentait significativement entre J0 et la fin de l’essai. Les résultats de cet essai réalisé en Europe concordent avec ceux obtenus dans des travaux réalisés en Amérique du Nord. Jean-Luc Meynard (Paris) Commentaire Chez les patients ayant des symptômes prolongés suspectés d’être liés à une maladie de Lyme, il n’y a pas de bénéfice à une antibiothérapie prolongée. Cette étude va dans le sens des prises de position de la Société de pathologie infectieuse de langue francaise (SPILF) en juillet 2016. Référence bibliographique 1. Berende A, ter Hofstede HJ, Vos FJ et al. Randomized trial of longer-term therapy for symptoms attributed to Lyme disease. N Engl J Med 2016;374(13):1209-20. J.L. Meynard déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article. Maladie de Lyme : position de la SPILF 2 Téléchargez l’intégralité du communiqué de la SPILF Scannez ce flash code L a Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) a détaillé sa position à propos de la maladie de Lyme. Cette maladie infectieuse fait l’objet d’une médiatisation croissante, avec les médecins en ligne de mire, accusés de déni et de refus de prescription d’antibiothérapies multiples et prolongées. La première préoccupation de la SPILF est de répondre de manière efficace aux symptômes ressentis par les patients suspects de maladie de Lyme, en s’appuyant sur des tests diagnostiques fiables et des traitements d’efficacité démontrée. http://www.infectiologie.com/UserFiles/File/spilf/communiques/2016-maladie-de-lyme-position-de-la-spilf.pdf La Lettre de l'Infectiologue • Tome XXXI - n° 4 - juillet-août 2016 | 135 0135_LIF 135 21/09/2016 11:09:34