ET AILLEURS…? 675 Et ailleurs…? Antoine de Torrenté Maladie de Lyme: traitement prolongé pour éviter les symptômes tardifs? La question Les patients avec une maladie de Lyme présentent parfois des symptômes persistants appelés maladie de Lyme chronique: fatigue persistante, troubles neurologiques et cognitifs survenant après la résolution de l’érythème migrant que le patient ait reçu un traitement ou non. Des études précédentes n’avaient pas montré de manière convaincante qu’un traitement antibiotique prolongé améliorait ces symptômes, et la plupart des directives ne recommandent pas un traitement plus long que 2 à 4 semaines. L’étude hollandaise PLEASE («Persistant Lyme Empiric Antibiotic Study Europe») vise à répondre à cette question. La méthode Cette étude est randomisée, en double aveugle contre placebo. Un intérêt supplémentaire est qu’elle se déroule en Europe avec des souches de Borrelia différentes de celles qu’on trouve aux Etats-Unis où se sont déroulées les études précédentes. Les patients ont été recrutés entre 2010 et 2013. Ils devaient présenter des symptômes attribués à une maladie de Lyme persistante survenus après un érythème migrant ou avoir une sérologie positive. Tous Tuberculose et VIH: un nouveau test Les patients avec une infection VIH sont très souvent atteints de tuberculose et la mortalité est élevée. Un diagnostic précoce pourrait-il sauver une partie de ces patients? Un nouveau test urinaire rapide (25 minutes) basé sur la détection d’un composant de la paroi du bacille de Koch (lipoarabinomannan) est sensible à 50% et spécifique à 94% chez les patients avec un taux de CD 4 <200/µl. Appliqué au lit du malade, il permet une initiation rapide du traitement antituberculeux et diminue la mortalité à 8 semaines. Si la sensibilité était augmentée le test pourrait éventuellement être appliqué à des patients non-VIH. Peter JG, et al. Lancet. 2016;387(10024):1187–97. Remplacement valvulaire aortique par cathétérisme: différence entre les sexes? Depuis quelques années, le remplacement de la valve aortique sténosée peut se faire par voie fémorale («transcatheter aortic valve replacement», TAVR). Une des indications princeps est un patient trop fragile pour subir un remplacement par voie chirurgicale. L’étude «Placement of Aortic Transcatheter Valves» SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE ont reçu 2 g/j de ceftriaxone pendant 14 jours. Puis ils ont été randomisés en 3 groupes: 12 semaines de 1) doxycycline 100 mg 2×/j + un placebo 2×/j, 2) clarithromycine 500 mg 2×/j + hydroxychloroquine 200 mg 2×/j, ou 3) 4 capsules de placebo/j. Toutes les capsules avaient le même aspect. Un questionnaire a été administré au départ, à 14 (fin de traitement), à 40 et 52 semaines. Ce questionnaire RAND-SF 36 s’adresse au fonctionnement physique ou à ses limitations, à la douleur et au sentiment de santé en général (score 15–61, un score élevé traduisant un meilleur résultat). Dans une population générale, le score s’élève à +50 ou –10. Les résultats 86 patients ont été inclus dans le gr. doxycycline, 96 dans le gr. clarithromycine + hydroxychloroquine et 98 dans le gr. placebo. A la fin de la période ceftriaxone et des autres périodes d’évaluation, il n’y avait aucune différence dans le score SF 36 combiné entre les groupes avec une moyenne de 35 points environ. Mais à la fin du traitement la composante physique du test SF 36 s’améliore dans tous les groupes passant de 32 à 36. Les effets secondaires les plus fréquents sont dus aux traitements antibiotiques soit des nausées et une photosensibilisation avec la doxycycline chez 16 patients. (PARTNER) s’intéresse au devenir des patients subissant un TAVR. 1220 femmes et 1339 hommes à haut risque chirurgical ont été étudiés. Les femmes ont plus de complications vasculaires (17 vs 10%), plus d’hémorragies importantes (10,5 vs 7,7%). La mortalité à 30 jours est identique dans les deux groupes soit ~6%. Mais à une année les fem mes s’en sortent mieux, la mortalité étant de 19 vs 26%. Reste que ces chiffres sont très élevés et que peutêtre l’indication doit être posée plus tôt… Kodali S, et al. Ann Intern Med. 2016;164:377–84. Antibiotiques et infections des voies aériennes: directives L’American College of Physicians et les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) ont émis de nouvelles directives pour les infections des voies aériennes. Florilège: – En cas de bronchite (sans pneumonie suspectée) pas d’antibiotiques. Des expectorations «purulentes» ne sont pas synonyme d’infection bactérienne. – En cas de suspicion de pharyngite à streptocoques A (fièvre persistante, adénopathies cervicales antérieures, exsudat amygdalien), 2016;16(34):675 Les problèmes La limitation principale est l’absence d’un groupe placebo vrai (sans ceftriaxone ni autre antibiotique) permettant de comparer l’absence de traitement aux traitements prolongés. Les groupes sont relativement petits. Environ ⅔ des patients ont été inclus sur la base de la seule sérologie. Commentaires pour les 10 à 20% des patients qui souffrent de symptômes chroniques après une maladie de Lyme correctement traitée, cette étude n’est pas vraiment rassurante. Elle n’en est pas moins extrêmement utile car elle leur évite un traitement antibiotique prolongé et possiblement non dénué d’effets secondaires. Un plus pour cette étude c’est qu’elle implique des Borrelia «européennes». On en reste à des hypothèses sur ces symptômes tardifs qui se manifestent sous la forme de douleurs musculosquelettiques, problèmes des sensibilité avec dysesthésies, problèmes cognitifs. Ces personnes sont-elles fragiles psychiquement? Souffrent-elles d’un état inflammatoire chronique? Faut-il tenter un traitement psychiatrique mais qui pourrait être mal accepté? Le mystère reste. Berende A. N Engl J Med. 2016;374(13):1209–20. un test rapide de confirmation ou une culture est indiqué. Une antibiothérapie est indiquée si l’infection est confirmée. – Les antibiotiques en cas de rhino-sinusite sont indiqués seulement si les symptômes durent >10 jours, s’il existe une forte fièvre avec une rhinorrhée purulente avec une douleur de la face. – Pas d’antibiotiques pour un rhume banal. Parfois, il est bien difficile de résister aux désirs du patient même si une antibiothérapie est clairement contre-indiquée… Harris AM, et al. Ann Intern Med. 2016;164:425–34. Déforestation et malaria Depuis la déforestation massive en Malaisie, on assiste à des infections humaines à Plasmodium knowlesi qui auparavant n’étaient constatées que chez certains singes. L’explication n’est pas claire mais la déforestation pourrait faciliter le contact entre les humains et Anopheles leucosphyrus. On ne perturbe pas un écosystème sans conséquences. Friedrich MJ. JAMA. 2016;315:1100.