le Bulletin scientique de l’arapi - numéro 21 - printemps 2008 63
Communications afchées
dire à la limite entre « moyennement » et « sévèrement
autistique ». 4 enfants (20%) ont un score inférieur à 30
(« non autistique »). Parmi ces 4 enfants, 3 ne présentent
pas les signes cliniques d’un autisme typique ou atypique
mais ceux d’un retard mental grave isolé, tandis que le
4ème évoque plus un autisme atypique ; 3 enfants (15 %)
ont un score entre 30 et 38 (« légèrement à moyennement
autistique ») ; et enn 13 (65%) ont un score au dessus de
38 (« sévèrement autistique »).
Recherche de pathologies associées
● Au niveau de l’enfant lui-même : pour 2 enfants il n’y
a eu aucune recherche et pour 4 le bilan de base (audi-
tion, neuropédiatrie, génétique) était incomplet (chez 5
enfants la génétique n’a pas été explorée). Une patho-
logie associée a été découverte chez 5 enfants (antécé-
dent de prématurité, anomalie de la substance blanche
non étiquetée, atteinte neurologique non identiée,
gigantisme cérébral, embryofoetopathie cliniquement
très probable). Aucune anomalie chromosomique n’a
été décelée chez les 15 patients explorés.
● Au niveau de la famille : on trouve un frère souffrant
d’un syndrome d’Asperger et 3 frères ou sœurs ayant
un trouble du développement non précisé. A relever 4
situations de consanguinité (parents cousins germains
dont une fois doublement cousins germains).
Contexte culturel : à noter que du fait de notre aire de
recrutement de la grande banlieue parisienne, dans 16
situations les parents ont grandi dans un milieu culturel
différent du contexte actuel de prise en charge de leur
enfant.
Discussion
Nous n’avons pas d’hypothèse particulière pour expli-
quer la surreprésentation masculine en dehors de l’éven-
tuelle plus grande fréquence des troubles du comporte-
ment chez les garçons.
On constate que pour 8 des 20 enfants (40%) orientés par
un organisme ofciel (la CDES) vers un établissement
spécialisé pour la prise en charge des enfants avec autis-
me, les mots « autisme » ou « autistique » n’apparaissent
pas, et à l’entretien d’admission un papa était même sur-
pris de découvrir ce mot pour la première fois à propos
de son ls.
Le retard mental est encore plus rarement mentionné en
tant que tel. Pour 16 enfants (80%) ce n’était pas le cas
alors que l’âge de développement moyen de la popula-
tion est de 2 ans 2 mois pour un âge civil moyen de 9 ans
(celui-ci est lié à nos âges d’admission). Il est difcile
de pouvoir traduire cette importante différence en termes
de Quotient de Développement (QD) pour chaque enfant
en l’absence d’outil validé, mais la constatation que 19
enfants (95%) aient un âge de développement inférieur
à 3 ans situe bien le niveau possible des interventions
éducatives. Ce bas niveau de développement est direc-
tement lié au recrutement de notre établissement, mais il
est d’importance capitale dans les perspectives d’appren-
tissages des enfants à court et moyen termes.
Chez quatre enfants, les termes d’« autisme » ou de
« TED » ne sont pas retrouvés dans la demande d’orien-
tation. Parmi ceux-ci, 3 ont un score inférieur à 30 à
la CARS et souffrent d’un retard mental isolé, le qua-
trième score à 41 et présente les critères diagnostiques
de l’autisme. Ces constatations de l’absence d’éléments
diagnostiques relatifs à l’autisme pour ces enfants soulè-
vent alors la question de la prise en charge spécique de
ceux-ci au sein de notre établissement, spécialisé dans
l’accueil d’enfants atteints d’autisme. Notons par ailleurs
que la moyenne des intensités de la symptomatologie
autistique pour les 20 enfants se situe juste à la limite en-
tre moyenne et sévère sur la CARS, mais si on retirait de
cette moyenne les scores des 3 enfants ne présentant pas
les critères diagnostiques de l’autisme, elle se situerait
nettement dans la zone sévère, au score de 40. Ce chiffre
montre l’importance de l’utilisation de stratégies éduca-
tives appropriées à cette symptomatologie. Nous n’avons
pas connaissance d’outil permettant d’établir un lien
entre l’intensité de la symptomatologie autistique et le
retard de développement, mais il faut bien constater que
les deux sont fortement présents dans notre population
sans que le retard mental soit fréquemment ou facilement
attribuable à une pathologie associée.
Pour ce qui est des pathologies associées, il est à noter
le fait inhabituel de l’absence d’épilepsies dans cette po-
pulation. On retrouve 4 enfants (24%) avec des patho-
logies associées chez les 17 présentant les critères dia-
gnostiques de l’autisme, sans que l’on puisse dire quel-
que chose à propos des liens avec la symptomatologie
autistique. Aucune anomalie génétique spécique n’est
révélée, mais à noter la présence de troubles du dévelop-
pement dans la fratrie pour 4 enfants sur les 17 (24%). Il
est difcile d’apprécier l’importance du facteur liens de
consanguinité dans les familles en l’absence de connais-
sance de la fréquence exacte de ce phénomène dans les
divers milieux socioculturels d’origine des parents.
Conclusion
Cette observation clinique d’un échantillon de vingt en-
fants avec autisme admis dans une institution spécialisée
nous montre que derrière l’autisme, nous sommes con-
frontés à des situations très différentes (prols cliniques
différents, présence d’éventuelles pathologies associées).
Ce fait souligne l’importance de projets éducatifs et de
prises en charge individualisés.
Nous constatons par ailleurs qu’à l’IME « Notre Ecole »,
le retard mental associé à la pathologie autistique est
marqué, ce qui caractérise une des réalités de la popula-
tion accueillie et qui est à prendre en considération quant
aux interventions éducatives à mettre en place.
Une autre réalité concerne le constat d’incomplétude des
bilans. De ce fait, certains enfants qui n’avaient pas eu de
bilan diagnostique et dont l’intensité de la symptomato-
logie autistique s’est révélée non signicative à la CARS
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