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Thérapie cellulaire de l’incontinence urinaire d’effort féminine par incompétence
sphinctérienne par injection intrasphinctérienne de cellules musculaires autologues : étude
monocentrique de tolérance et de faisabilité chez 12 patientes
Jean-nicolas CORNU, Calin CIOFU, Philippe SEBE, Pierre COSTA, Christian PINCET et François
HAAB --- Paris - Nîmes
Introduction : L’incontinence urinaire d’effort féminine par insuffisance sphinctérienne est une
pathologie fréquente, altérant la qualité de vie des patientes et générant un handicap social important.
Entreprises après tentative de rééducation pelvipérinéale, les options chirurgicales disponibles
comportent les injections périuréthrales, les bandelettes sous-uréthrales ou l’implantation d’un
sphincter artificiel. Proposée comme alternative aux traitements chirurgicaux actuels, la thérapie
cellulaire a été étudiée chez l’animal avec des résultats encourageants, mais les données
expérimentales chez l’être humain sont peu nombreuses. Le but principal de cette étude est
l’évaluation de la tolérance et de la faisabilité de l’injection intrasphinctérienne de cellules musculaires
autologues dans le cadre de l’incontinence urinaire d’effort pure avec insuffisance sphinctérienne. Les
objectifs secondaires portaient sur l’efficacité de la technique.
Matériels et méthodes : Une étude prospective unicentrique sur 12 patients pendant 12 mois a été
réalisée. Les cellules musculaires ont été obtenues après isolement et culture cellulaire à partir d’une
biopsie de muscle deltoïde réalisée sous anesthésie locale. Trois groupes de 4 patientes ont été
définis, selon le nombre de cellules musculaires injectées (respectivement 107, 2.5×107 et 5×107
cellules). Le critère principal, portant sur la tolérance, était la mesure du Qmax comparé à sa valeur
préopératoire, réalisée à 3, 6 et 12 mois de suivi. Les autres données recueillies étaient les effets
secondaires et les données d’efficacité sur le catalogue mictionnel, le pad test, le profil de pression
urétral, les questionnaires de qualité de vie CONTILIFE et Measure of Urinary Handicap (MUH) en
préopératoire et à 1, 2, 3, 6 et 12 mois de suivi.
Résultats : Aucune patiente n’a été perdue de vue. L’âge moyen des patientes était 58 ans (35-75).
Toutes les patientes sauf deux ont réalisé en préopératoire une rééducation pelvipérinéale (médiane
20 séances, amplitude de 5 à 60 séances), sans aucun succès. Certaines patientes avaient déjà été
traitées chirurgicalement pour leur incontinence : injection périuréthrale dans 3 cas, bandelette sous-
uréthrale dans 8 cas, colposuspension dans 7 cas. Aucune variation significative du Qmax n’a été
mise en évidence au cours du suivi. Aucune complication immédiate après injection n’a été observée.
Le seul effet secondaire notable a été la survenue de 4 infections urinaires en post-opératoire
résolutives sous antibiotiques. Les résultats sur la continence sont hétérogènes. A 12 mois, 9
patientes sont répondeuses sur le pad test (baisse supérieure à 5g/24h par rapport aux valeurs
préopératoires), 9 patientes ont un score global de qualité de vie amélioré selon le questionnaire
CONTILIFE, la moitié des patientes déclarent avoir autant de fuites qu’auparavant sur le catalogue
mictionnel, et 8 patientes ne décrivent aucune amélioration sur le questionnaire MUH.
Conclusion : La thérapie cellulaire par injection de cellules musculaires autologues est une
technique sûre, avec une excellente tolérance sur la première année de suivi, dont la faisabilité
clinique est établie. Son efficacité à long terme pour traiter l’incontinence urinaire d’effort féminine par
insuffisance sphinctérienne reste à évaluer par des études d’efficacité comparatives, de haut niveau
de preuve, avant qu’elle ne constitue une réelle alternative aux traitements chirurgicaux actuels.