et les prises de liquides, centrer le patient sur le repas du milieu de journée, éventuellement
manger un peu avant le coucher, voire la nuit sont des conseils aisément acceptables. Enfin,
d’une façon générale, l’entourage joue un rôle majeur pour aider la personne âgée dénutrie à
suivre les conseils, et doit être contacté.
L’usage du complément nutritionnel oral
Les CNO sont mis en œuvre lorsque les conseils diététiques sont insuffisants ou inopérants.
Ils sont enrichis en protéines et énergie. Leur intérêt est bien démontré, en particulier chez les
personnes âgés, mais leur prix reste souvent un obstacle important, d’où l’intérêt d’une prise
en charge sociale. En France, ils sont pris en charge pour toutes les dénutritions. Ils sont
présentés de manières très différentes, afin de répondre à des problèmes divers : formes
liquides en bouteilles (produits lactés, soupes, jus de fruits), crèmes en cups, repas mixés en
barquettes, gâteaux enrichis. Les formules sont équilibrées entre énergie et protéines, les
apports protéiques vont jusqu’à 20 g par unité, et les apports énergétiques jusqu’à 350
kilocalories par unité. Des bouteilles à 250 ml sont sur le marché, mais des volumes plus
faibles sont en développement. Il existe des produits plus spécifiques destinés par exemple
aux patients diabétiques, aux patients porteurs d’escarres, ainsi que des poudres de nutriments
destinées aux enrichissements (poudres de protéines, poudres de glucides complexes), et enfin
des eaux gélifiées et des poudres épaississantes pour les patients ayant des troubles de
déglutition aux liquides.
Les modalités d’utilisation des CNO doivent être bien connues par le pharmacien, qui est en
première ligne pour informer et conseiller les patients âgés :
- le nombre d’unités quotidiennement consommées est d’au moins une, et si possible deux.
- ils ne doivent jamais se substituer au repas (sauf pour les plats mixés), mais s’y rajouter
- pour ne pas couper l’appétit des patients, ils doivent être pris à la fin d’un repas ou à une
distance minimale de 2 h, par exemple en collation
- une unité peut être fragmentée en plusieurs prises durant la journée, mais ne doit pas être
réutilisée d’un jour sur l’autre (problème d’hygiène)
- il est nécessaire de les agiter avant usage
- ils peuvent être utilisés +/- frais ou chauds, en fonction de la tolérance de la personne.
- il est très important de varier les goûts, qui sont nombreux sur le marché (vanille, chocolat,
café, fruits des bois, etc…), afin d’éviter la monotonie, mais les CNO existent aussi avec un
goût neutre, ce qui permet de les incorporer à des aliments dans un but d’enrichissement. Pour
les patients qui n’ont pas de trouble de déglutition, il est intéressant de varier aussi les
textures.
Enfin, si les apports per os sont impossibles ou insuffisants malgré les conseils diététiques et
les CNO, il ne reste comme solution que la nutrition artificielle, représentée par la nutrition
entérale et la nutrition parentérale. Ces techniques fortement médicalisées dépendent pour une
bonne application à domicile des conditions de prise en charge financière par les organismes
sociaux. La nutrition entérale consiste en l’apport de nutriments (sucres, graisses, protéines,
vitamines, sels minéraux et oligoéléments) sous forme liquide par une sonde placée dans le
tube digestif. C’est le plus souvent une sonde nasogastrique ou une sonde de gastrostomie (qui
réalise un abord gastrique direct). C’est la technique de nutrition artificielle la plus simple, la
moins coûteuse et surtout la moins dangereuse pour le patient. La nutrition parentérale
consiste en l’apport de nutriments par voie veineuse, et elle est utilisée quand la nutrition
entérale n’est pas possible (par exemple si le tube digestif est trop court ou obstrué, ou en cas
de diarrhée sévère) ou refusée par le patient. Elle est à fort risque d’infection, et par
conséquent ne devrait être appliquée qu’en dernier recours.
En résumé, et sachant qu’on n’arrive pas à vivre sans manger ni sans un apport suffisant en
nutriments, la prise en charge de la dénutrition des personnes âgées est impérative, en premier