La Lettre du Cardiologue • n° 430 - décembre 2009 | 29
Points forts
»Le générique n’est pas toujours une copie exacte du médicament princeps.
»
Des variations de bioéquivalence sont tolérées dans des marges fixées par les autorités
de santé.
»
La substitution peut être pratiquée entre deux génériques et au profit d’un générique
plus cher.
»
Une étude bénéfice/risque prenant en compte la baisse du prix du générique mais aussi le
coût des effets indésirables et collatéraux est nécessaire.
Mots-clés
Générique
Princeps
Bioéquivalence
Loi de substitution
Surcoût
Highlights
»
A generic is not always an
exact copy of the brand name
drug.
»
Variations in bioavailability
are tolerated within margins
defined by health authorities.
»
Substitution may be
performed between two
generics and for the most
expensive generic.
»
A benefit/risk study taking
into account both the low price
of the generic and the cost of
adverse or collateral effects is
required.
Keywords
Generic
Brand name drug
Bioavailability
Substitution law
Overexpenditure
entre le principe actif et l’excipient est toujours
possible. Cette interaction peut être responsable
d’effets indésirables, voire d’une diminution de l’ef-
ficacité. On y associera les interactions qui peuvent
également exister avec l’agent de cohésion parfois
utilisé pour stabiliser l’association de l’excipient avec
le produit chimique, et qui peut induire des effets
indésirables, parfois simplement du fait d’une incom-
patibilité avec l’excipient et non le principe actif.
La forme galénique peut jouer un rôle majeur. En ce
qui concerne le générique, il est admis que toutes
les formes galéniques orales à libération immédiate
sont considérées comme des formes pharmaceu-
tiques similaires. On comprend alors mal la néces-
sité de choisir un comprimé plutôt qu’une gélule
ou l’inverse, si les deux formes sont similaires en
termes d’efficacité. En matière de générique, l’effi-
cacité similaire est déterminée par l’existence d’une
bioéquivalence comparable, indépendamment de la
forme galénique choisie.
La bioéquivalence est l’équivalence des biodisponi-
bilités des médicaments comparés. La biodisponibi-
lité se caractérise par la mesure de la vitesse et de
l’intensité de l’absorption corporelle à partir d’une
forme galénique, d’un produit actif ou d’une fraction
thérapeutique d’un médicament. Pour établir une
bioéquivalence, il est nécessaire de réaliser une étude
de pharmacocinétique en mesurant la concentra-
tion sérique maximale (Cmax), le temps nécessaire
à l’obtention de la concentration maximale (Tmax),
et l’aire sous la courbe (AUC) fondée sur la concen-
tration sérique en fonction du temps. Des variations
sont tolérées dans les intervalles de confiance de
ces paramètres, dans des limites définies par les
autorités de santé (9) [figure].
Effets indésirables
et effets collatéraux
Les médicaments génériques ont les mêmes effets
indésirables que les médicaments princeps. Mais ils
peuvent en développer d’autres. Les excipients “à effet
notoire” ont des effets indésirables, qui sont la plupart
du temps banals, souvent d’ordre digestif. Mais il peut
s’agir d’autres effets (allergiques, dermatologiques,
etc.) qui, parfois, peuvent s’avérer graves (10).
L’efficacité peut aussi être mise en cause dans certains
cas. Cela a été rapporté pour les médicaments anti-
épileptiques pour lesquels la marge thérapeutique
est étroite, avec un risque élevé de sortir facilement
de cette marge pour des variations très faibles de
concentration sérique, occasionnant alors une perte
d’efficacité et la survenue de crises convulsives (4).
Ces variations d’efficacité sont bien connues avec
les médicaments génériques qui ne doivent garantir,
pour être commercialisés, qu’une biodisponibilité
similaire à la forme princeps dans une marge de
manœuvre prédéfinie. Le laboratoire qui envisage de
commercialiser un générique va effectuer des études
de bioéquivalence en se mettant dans les conditions
les plus simples : sujets jeunes, souvent masculins,
indemnes de toute pathologie (11). Le prescripteur
utilise le générique dans une tout autre population,
surtout en cardiologie : patients âgés, souvent fémi-
nins, souffrant non seulement de la pathologie à
l’origine de la prescription mais aussi de plusieurs
autres pathologies induisant une polymédication qui
va générer un risque d’interaction médicamenteuse
avec le générique (12, 13). L’utilisation en patho-
logie et les associations médicamenteuses n’ont
alors jamais fait l’objet d’études antérieures avec le
générique, et, notamment, avec sa nouvelle forme
galénique ou son nouvel excipient. En cardiologie, il
a bien été montré, il y a plus de 15 ans, que certains
génériques du vérapamil pouvaient entraîner une
variation très importante de pharmacocinétique
chez les sujets âgés par rapport aux sujets jeunes,
avec à la clé un risque accru d’effets indésirables,
dans ce cas potentiellement à risque de torsade de
pointe par allongement de l’espace QT (14).
À l’ensemble de ces remarques, il faut ajouter que
montrer une bioéquivalence chez un sujet sain ne
permet pas de présager avec certitude du maintien
d’une efficacité au long cours dans le cadre d’un
traitement chronique chez un patient. La littérature
récente s’est étayée d’une méta-analyse portant
sur les traitements à visée cardiovasculaire (15) et
leur comparaison aux génériques, concluant qu’il
n’y a pas d’élément pouvant laisser penser que les
génériques seraient moins efficaces que les médica-
ments princeps. Pour arriver à cette conclusion, après
avoir individualisé 47 études dont 38 randomisées,
les auteurs regroupaient 30 études comparatives