La délivrance des médicaments génériques Mme Nevart Ladeuil, pharmacienne, Paris Je vais vous parler de la pratique quotidienne en officine en ce qui concerne les génériques depuis plus de 10 ans qu’ils sont en usage. Le médicament générique est un enjeu économique. Je vais parler de la réglementation qui régit la délivrance des génériques, de la manière dont nous procédons puis nous ferons un récapitulatif sur les génériques en hormonothérapie. Le générique est un enjeu économique parce qu’il y a une augmentation inéluctable des dépenses de santé à cause, d’une part, du vieillissement de la population et, d’autre part, d’une augmentation du nombre de cancers, en particulier du cancer du sein, mais aussi à cause de l’apparition de nouveaux traitements couteux. Notre système de santé basé sur la mutualisation doit pouvoir se perpétuer. Quelques chiffres ; depuis 1999 nous avons le droit de substitution et nous avons pu générer quelque 10 milliards d’euros d’économie. La CNAM attend des génériques des économies de l’ordre de 2 millions d’euros par an. Le déficit de la SS est de 18 milliards d’euros, légèrement inférieur à celui de 2010. La réglementation Les médicaments substituables sont inscrits au répertoire national des génériques ? Aujourd’hui 80% des spécialités sont génériquables. Voyons la vie d’un médicament. Un médicament avant d’être génériqué va vivre entre 20 et 25 ans. De la découverte de la molécule jusqu’au dépôt de brevet, il se passe de 5 à 8 ans (développement et études cliniques). Puis il y a une demande d’AMM et une exclusivité d’exploitation de 12 à 15 ans qui peut être prolongée de 5 ans (certificat complémentaire de protection) voire de 6 mois de plus pour les médicaments pédiatriques. Au-delà de ces délais, il y a chute des brevets et le médicament peut alors être génériqué. Le médicament est tombé dans le domaine public. Nous avons le droit de substitution depuis 1999. Il y a trois cas où le pharmacien peut substituer ; 1° le médecin inscrit le médicament en générique. Pas de problème. 2° le médecin prescrit en DCI, il écrit donc le nom chimique du médicament. Le générique est délivré. 3°Le médecin prescrit le princeps Nous pouvons dans ce cas aussi substituer sauf si le médecin s’oppose à la substitution pour des raisons spécifiques où nous devons délivrer le médicament sans pouvoir substituer. Tiers payant et substitution Le tiers payant est la dispense d’avance des frais de médicaments accordée aux assurés sociaux par le pharmacien. L’assuré ne paie pas ses médicaments qui seront réglés directement au pharmacien par la CPAM. Depuis 2006, il y a une convention entre la CNAM et les syndicats de pharmaciens qui impose des marges de substitution c'est-à-dire qui impose un pourcentage de génériques que le pharmacien doit substituer aux médicaments princeps. Ces marges sont donc chiffrées et pour pouvoir atteindre ces taux de substitution le tiers payant est accordé aux patients qui acceptent la substitution. Si le patient refuse le générique il doit payer ses médicaments ; une facture lui est délivrée et il se fera rembourser par sa CPAM. Rôle du pharmacien Le pharmacien noue une relation avec le patient. Il doit d’abord l’écouter pour instaurer un climat de confiance, le rassurer aussi et l’accompagner dans ses démarches et répondre à ses questions. Parfois nous l’orientons vers un professionnel (diététicien, psychologue…). Il faut favoriser l’observance et noter les posologies sur les boites. En ce qui concerne la substitution des génériques, il faut expliquer au patient qu’un générique est identique au médicament original, que le principe actif est le même, que le dosage est le même. La seule différence est parfois l’excipient. Le rassurer c’est lui expliquer que pour commercialiser un générique le laboratoire qui l’a fabriqué a du obtenir une AMM auprès de l’AFSSAPS comme le princeps. Il faut convaincre sans vaincre ; si un patient émet une objection contre un générique, il faut l’accepter après avoir posé des questions pour le comprendre, pour savoir si son refus est fondé ou pas. Si un patient vient, par exemple, avec une prescription d’anti inflammatoire, qu’il dit qu’il ne veut pas de générique parce qu’il est allergique, on va essayer de savoir comment s’est manifestée cette allergie, s’il a consulté pour cela. Parfois on va se rendre compte que l’accident allergique est intervenu pour une autre molécule et que l’objection n’est pas justifiée. A l’inverse, s’il a pris un générique dont l’excipient est différent du princeps et qu’il a fait une allergie, l’objection est fondée. Si le patient est allergique aux protéines de lait, il faudra éviter de lui donner un générique dont l’excipient est le lactose. Hormonothérapie et génériques Les princeps sont ; Nolvadex®, Fémara®, Phareston®, Arimidex® et Aromasine® et Fazlodex®. Quatre sont substituables ; Nolvadex® (en DCI tamoxifene), Arimidex® (DCI anastrozole) Fémara® (DCI letrozole), Aromasine® (DCI exémestane). Quelques règles à rappeler ; respecter les doses et les rythmes de prises des médicaments, en cas d’oubli ne pas doubler les doses, manipuler les médicaments avec précaution, se laver les mains , ne pas prendre d’autres médicaments sans avis médical et rapporter les médicaments non utilisés à l’officine.