Culture Sciences 29 La Lettre

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JUIL 2016
La Lettre
Culture
29 Sciences
Philosophie
et psychologie
UNE MÉMOIRE
GRANDE:
un dialogue essentiel
COMME UN
MOUCHOIR:
Philosophie
et psychologie
un
DEdialogue
POCHE essentiel
Les championnats de mémoire, déclinés aux
quatre coins du globe, confrontent des « athlètes »
réputés pour leurs capacités « exceptionnelles » à
restituer des listes de mots, d’images ou de chiffres.
Sébastien Martinez, champion de France 2015,
peut ainsi retenir une liste de 320 mots aussi
bien que 372 images abstraites. Pourtant, les
compétiteurs présentent pour la plupart un espace
de stockage en mémoire assez banal. Fabien
Mathy, Professeur de psychologie cognitive au
laboratoire Bases, Corpus, Langage (BCL), mène
ses travaux sur ce « tableau blanc mental »,
autrement appelé « mémoire de travail », mis en
évidence il y a plus d’un siècle mais encore assez
méconnu du grand public. Cette « mémoire à
court terme », décrite à la fin du 19e siècle par le
père de la psychologie expérimentale, Hermann
Ebbinghaus, est toujours à l’étude et semble peu
évoluer historiquement. « Elle correspondrait à la
mémoire vive d’un ordinateur, qui s’efface très vite.
Elle représente ce que nous sommes capables
d’enregistrer de façon instantanée, avant qu’aucun
traitement de l’information ne puisse avoir lieu »,
explique le chercheur du laboratoire BCL.
La mesurer nécessite donc de mettre en place des
paradigmes très épurés. Car si notre cerveau fait
le lien entre des connaissances antérieures et des
éléments à retenir, alors il engage irrépressiblement
des processus. Il va faciliter la mémorisation et
de fait biaiser l’observation. Les résultats risquent
en l’occurrence d’être supérieurs à la réalité. La
stratégie des champions de mémoire consiste
d’ailleurs justement à faire correspondre des items
nouveaux à des éléments bien consolidés en
mémoire puis à lier entre eux les objets d’une liste
donnée au moyen d’un fil narratif. Il leur « suffit »
ensuite de se rappeler l’histoire, même absurde,
ainsi bricolée. « Ces techniques se travaillent. Ce
n’est que de l’entraînement », souligne Fabien
Mathy. Quoi qu’il en soit, « la mémoire de travail
n’est pas un muscle. Elle n’est pas modifiable »,
précise le chercheur. Et en temps normal, elle a une
capacité de quelques éléments seulement.
Un irrépressible sens
de la compression
« Depuis les années 20, des études menées sur des
populations militaires ont permis d’estimer que la
mémoire de travail n’excédait pas 7 éléments, c’està-dire des lettres, des chiffres ou des emplacements
spatiaux, avec des écarts selon les sujets de plus
ou moins deux éléments. Les études actuelles
montrent que ce chiffre est resté extrêmement
stable. En revanche, malgré les précautions prises,
il est toujours biaisé », révèle Fabien Mathy. Car il
est très compliqué de s’affranchir parfaitement de
notre propension aux associations. Si une liste de
chiffres contient un « 1 » et un « 9 », par exemple,
notre cerveau va spontanément former un début de
date. Il réalise ainsi une économie de stockage.
Ce « gain de place » en mémoire de travail
permet de restituer en moyenne 7 éléments. Mais
lorsque la contraction est impossible, nos capacités
d’emmagasinage « pures » se révèlent moindres.
La capacité moyenne de 7 correspond donc à une
surestimation.
« On ne peut pas, non plus, s’empêcher de
verbaliser ce qu’on veut retenir. En outre, plus on
monte en difficulté, plus on a tendance à accélérer
la prononciation. Donc plus une personne parle
vite, plus elle aura tendance à retenir de choses »,
remarque le chercheur du laboratoire BCL. Comme
la mémoire de travail augmente progressivement
entre 5 et 20 ans en moyenne, pour ensuite se
stabiliser tout au long de la vie, la question se pose
donc de savoir si cela est purement lié à l’évolution
de la maîtrise du langage avec l’âge. « Cela
expliquerait les écarts parfois énormes, observés
à l’école, entre les enfants en terme de capacité
d’apprentissage », note le psychologue. « Avec du
matériel mieux contrôlé, par exemple des images
abstraites ou des sinogrammes, l’espace (ou
empan) de travail se situe en fait, en moyenne, à
4 avec des écarts de plus ou moins un », corrige
Fabien Mathy.
« Les gens ne sont pas plus
intelligents, mais ils réussissent
mieux les tests »
Ses travaux ont consisté, notamment, à faire la
relation entre les deux estimations historiques de
la mémoire de travail (7 versus 4). « Les deux sont
valables. L’idée est de dire que la « vraie » mesure
est de 4 et que dans ces quatre petites « boîtes », les
items peuvent être « chunkés », c’est-à-dire structurés,
groupés », résume Fabien Mathy. Malgré tous
les efforts d’entraînement d’un champion de la
mémoire, ce matériel mieux contrôlé, plus abstrait,
fera tomber ses performances dans la moyenne,
autour de 4. Mais dans la vie courante, notre
cerveau va généralement détecter des motifs
récurrents, des répétitions, permettant d’organiser
de façon simplifiée les éléments affichés dans
notre espace mental de travail. Cet effet peut se
mesurer au moyen d’une adaptation numérique
du jeu « Simon Game », développée par l’équipe
de recherche. Les participants doivent mémoriser
une séquence de carrés présentés successivement,
dont la taille et la position ne varient jamais. En
revanche, la figure peut se décliner chaque fois
selon quatre couleurs possibles, si bien que des
« motifs » apparaissent.
Par exemple, si le jaune sort trois fois de suite,
le cerveau mémorisera « trois » « jaunes » plutôt
que « jaune », puis « jaune » et encore « jaune ».
Grâce à l’informatique, le psychologue cognitiviste
quantifie cette compressibilité des éléments dans
une liste. « Il faut pour cela appliquer à la séquence
des algorithmes, comparables à ceux utilisés pour
envoyer un fichier compressé sur Internet. Pour
poursuivre la métaphore, on regarde alors si l’objet
est plus court au format « .zip » », explique le
chercheur. Cette méthode, bien éprouvée sur les
« gros » fichiers est désormais opérationnelle même
sur les très petites séquences. En outre, chose
déstabilisante pour le néophyte, la performance
des individus sur ce type de tâche renseigne
directement sur leur Quotient Intellectuel. « Avec
nos applications, en moins d’une minute, je mesure
votre mémoire et donc je devine votre QI », assure
Fabien Mathy. Car les deux sont très corrélés.
« Si vous avez une mémoire de travail de 7, je
sais que votre QI avoisine 100. Si vous retenez
systématiquement 9 éléments, il tournera autour de
130. La marge d’erreur est énorme, mais c’est à
ce jour le meilleur outil prédictif dont on dispose »,
révèle le psychologue.
Si la mémoire de travail est historiquement stable,
il devrait donc en aller de même du QI moyen.
Or, selon l’effet Flynn, observé dans les sociétés
occidentales, celui-ci semble augmenter de
quelques points à chaque génération. « Les gens
ne sont pas plus intelligents, mais ils réussissent
mieux les tests. Leurs meilleures capacités
visuelles et logiques (permises par une éducation
de plus en plus riche) permettent au système
cognitif d’augmenter la compressibilité, donc de
réorganiser les choses et de gagner de la place sur
le disque dur », décrypte Fabien Mathy. Au final,
prendre la mesure, le plus rigoureusement possible,
de notre capacité à organiser l’information de
façon intelligente, revient à mesurer la mémoire de
travail, ce à quoi échouent les tests d’intelligence
eux-mêmes, trop sensibles aux effets culturels.
Laurie CHIARA
Grâce à des outils aussi simples que des séquences de carrés de
couleur, les chercheurs peuvent étudier la mémoire.
Ci-contre, un enfant réalise sur tablette les tâches cognitives
inspirées du Simon Game et intégrées aux applications numériques
développées par l’équipe de Fabien Mathy (BCL).
HAPPINESS
THERAPY
« Il » est partout. Sur le mur de mes amis, collé aux abribus, en une des magazines. Avec l’explosion des réseaux sociaux et, plus largement, l’invasion
d’images à forte teneur narrative, le bonheur s’incarne. Ses illustrations incitent tout un chacun à la comparaison et projettent sur nous des idéaux. Or,
simultanément, peu de gens se targuent d’être heureux. Certains philosophes et sociologues se demandent même si le « manque de bonheur » ne serait
pas le nouveau mal des sociétés occidentales. La psychologie cognitive évoque, elle, des « distorsions » produites par l’inconscient. Le Docteur Jérôme
Palazzolo (1), psychiatre, membre associé du Laboratoire d’Anthropologie et de Psychologie Cognitive et Sociale (LAPCOS) est co-responsable à l’UNS
du diplôme universitaire dédié aux thérapies comportementales et cognitives (TCC). Celles-ci se proposent, pour ainsi dire, de rééduquer le cerveau,
pour lui permettre de fournir « l’effort de conscience » nécessaire à l’expérimentation du bonheur.
En quoi consistent ce que vous appelez les
« distorsions cognitives » ?
J.P : Il s’agit d’une sorte de filtre qu’on a entre
soi et la réalité. Ce sont des processus de
pensée désadaptés. Ils nous font interpréter
la réalité environnante sous un angle négatif
et qui va interférer avec le bonheur. On en a
plein et on en a tous, c’est tout à fait normal. Le
mécanisme « d’inférence arbitraire », par exemple,
amène à tirer des conclusions sans preuve. La
« personnalisation », consiste à s’attribuer des
fautes. Nous nommons l’émotion qui lui est
associée, « culpabilité ». Car pour résumer, les
schémas cognitifs se trouvent dans l’inconscient.
Ils déterminent notre manière de fonctionner,
héritée de l’éducation, de nos expériences etc.
Ils vont donner naissance à des pensées dans le
conscient, qui elles-mêmes donneront lieu à des
émotions, puis enfin à un comportement, du type
de l’abattement, de l’irritabilité, de l’évitement etc.
Les TCC se proposent d’agir à ces trois niveaux.
Existe-t-il une liste de TCC définies pour
chaque pathologie ou s’agit-il davantage
d’une modalité thérapeutique ?
J.P : Il s’agit en effet d’une modalité thérapeutique,
avec des outils. À partir de là, on adapte le soin
au patient. Selon moi, les TCC sont l’application à
la thérapie de la psychologie scientifique. En gros,
nous allons, avec le patient, tester une hypothèse.
Par exemple, dans le cadre d’une phobie
des pigeons, nous postulerons que ceux-ci ne
s’attaqueront pas au patient. À partir de là, nous
aurons à tester avec lui ce qui est réel de ce qui est
interprété. Dans un premier temps, nous agissons
au niveau du comportement pour permettre à la
personne « d’éviter d’éviter ». Ensuite, on travaille
sur les émotions en proposant des techniques
de respiration, de relaxation, éventuellement de
méditation en pleine conscience. Nous travaillons
enfin sur la cognition, en amenant la personne
à porter un regard critique sur ses pensées. En
remontant toute cette chaîne, en travaillant sur
les processus, nous pouvons donc corriger les
distorsions, c’est-à-dire les schémas cognitifs.
Les TCC ont la réputation de se distinguer
dans le champ thérapeutique par leur
validité scientifique et pas seulement
clinique. Comment cela se manifeste-t-il?
Comment les « bons » schémas cognitifs
se maintiennent-ils en mémoire ?
J.P : Tout d’abord, les TCC ont pu être validées
scientifiquement car elles utilisent des échelles
d’évaluation pour apprécier l’intensité d’un trouble
tout au long de la thérapie. Ensuite, des études
utilisant l’imagerie cérébrale fonctionnelle ont
permis, notamment, d’observer une modification
de l’activité cérébrale dans les amygdales
temporales aux différents moments de la prise en
charge en TCC. Or, ces structures sont le siège des
émotions. Pour ce qui est de la consolidation, elle
est relativement facile, puisque le principe même
des TCC est fondé sur une forme d’apprentissage,
appelée « renforcement positif ». En résumé, le
patient, au fur et à mesure qu’il avance dans la
thérapie, modifie son comportement (c’est-à-dire
aussi ses émotions, sa manière de penser et ses
schémas cognitifs) et s’aperçoit que cela entraîne
un « mieux ». Cette réponse de l’environnement
renforce alors le comportement en ce sens.
Au-delà des pathologies dépressives,
phobiques ou traumatiques, comment les
TCC traitent-elles la question du bonheur,
par exemple lorsque le patient va « bien »
mais ne se sent pas heureux ?
J.P : Dans ces thérapies brèves, on s’aperçoit
souvent que le bonheur est là, au quotidien.
Seulement, l’humain n’est pas formaté pour se
réjouir du positif. Cela s’oppose en effet au
principe de conservation de l’espèce, qui vise
plutôt à maintenir un certain niveau de vigilance en
ressassant le négatif. Donc le bonheur se gagne, il
faut aller le chercher, produire un effort pour ne pas
tomber dans l’habituation hédonique.
La société occidentale contemporaine
n’est plus celle de Freud. On parle
davantage des états anxieux, dépressifs,
jusqu’au burn-out, que des névroses. La
structure psychique des sujets aurait-elle
changé ?
J.P : Je ne pense pas qu’on soit plus dépressif
aujourd’hui. À mon avis, le souci tient d’un
manque de repères. On n’est plus vraiment dans le
patriarcat ou le matriarcat. Désormais, l’information
prime, même quand elle n’est pas vérifiée. On le
voit tous les jours avec les réseaux sociaux, même
dans les journaux télévisés. On assiste aux conflits
en direct. Les terroristes réalisent des films de
propagande d’inspiration quasi hollywoodienne.
Tout cela crée de la confusion, de l’incertitude
et de l’incompréhension. Même au niveau
politique, quel que soit le parti en cause, l’excès
de commentaires, de réactions et de discussions
donne la sensation de ne pas être dirigés. Face
à cela, les gens sont en recherche de cadre, d’un
milieu, pour ainsi dire, éducatif. D’où l’intérêt de se
structurer soi et de trouver « ses » propres repères.
Laurie CHIARA
(1) Le Dr Palazzolo appartient, au sein du LAPCOS, au groupe de recherche CoSoCo : http://sante-cosoco.blogspot.fr. Il est également Professeur de Psychologie Médicale à l’Université Internationale Senghor
d’Alexandrie et docteur en Anthropologie. Il est chargé de cours dans le Master 2 de psychologie clinique et gérontologique de l’UNS.
LE DÉBAT PUBLIC : UN PIÈGE
POUR LA DÉMOCRATIE ?
L’histoire raconte que les grands leaders politiques
de ce monde ont presque tous eu recours aux
services d’experts, dépêchés pour scruter la
configuration des planètes. Lequel n’a pas rêvé,
par exemple, d’anticiper les revers de l’opinion
publique ? Mais depuis une trentaine d’années,
voyants et astrologues rencontrent sur leur chemin
des concurrents inattendus. Car une communauté
de physiciens se demande s’il serait possible
de construire des modèles, appliqués à une
question de science politique, à la façon dont
les scientifiques travaillent en laboratoire. La
sociophysique s’intéresse ainsi à des questions
aussi variées que « faut-il mentir pour gagner un
débat public ? », « pourquoi le débat peut-il créer
de l’extrémisme ? », « qu’est-ce qui fait basculer
un vote ? ». Serge Galam, physicien au CNRS
et au Centre de recherches politiques de Sciences
Po (CEVIPOF), était l’invité le 7 juin de la section
locale de la SFP, à Valrose.
« La démarche ne consiste pas en une application
directe d’un modèle de physique à un modèle
social, ni à faire des métaphores », prévientil. En réalité, il se demande s’il existe « quelque
chose d’universel et de commun » derrière toutes
les questions relatives à la dynamique d’opinion.
Pour tenter de savoir si l’idée que nous nous
faisons du débat démocratique correspond à
ce qu’il est véritablement, Serge Galam a donc
commencé par créer un modèle expérimental dont
il maîtrise les paramètres initiaux. « Pour pouvoir
toucher aux mécanismes universels, nous allons
opérer des approximations exagérées », confie
le chercheur. Les sociophysiciens espèrent ainsi
réduire au maximum la complexité du problème
et en faire émerger un mécanisme qu’ils utiliseront
comme point de départ. « Ensuite, nous ajouterons
séquentiellement des couches de complexité »,
explique Serge Galam.
Il distingue, dans un de ses modèles les plus
simples, trois types « d’agents ». Les « flexibles »
partent avec une opinion mais, soucieux de
faire le « bon » choix, restent ouverts aux
arguments contradictoires. Les « contrariants » ne
se déterminent pas par rapport à leurs choix. Ils
veulent être « contre ». Les « inflexibles », enfin,
ne changeront jamais d’avis. « Dès lors, que se
passe-t-il quand les gens discutent entre eux » ?
questionne le physicien. Imaginons une population
de « flexibles » coupée des influences extérieures.
Les hypothèses, ou règles, posées par le
sociophysicien sont les suivantes : chaque individu
assume dans ses discussions un argument « pour »
ou « contre ». La majorité d’arguments allant dans un
sens emportera le choix de l’ensemble du groupe.
Se créent alors des éléments de polarisation locale
au sein de la population globale (des groupes,
et non plus des individus, « pour » ou « contre »).
Plusieurs confrontations successives auront lieu
entre différents groupes de discussion.
Questions de statu quo
Dans le scénario où les échanges ont lieu dans
« x » sous-unités de trois personnes, la majorité finira
toujours par l’emporter si elle est au commencement
à plus de 50%. « Le fait d’augmenter la taille des
groupes accélérera le processus à condition de
rester dans une configuration impaire », explique
Serge Galam. « En revanche, avec des paires,
on introduit la notion de doute », poursuit-il. Par
exemple, dans un groupe de quatre flexibles ou
deux personnes défendent le choix A et deux
La Lettre
Culture Sciences
Rédaction Laurie Chiara - Service Culture-Sciences - Direction de la Culture
Crédits photos : DSD - Service Communication - Christophe Rousseau - Mise en page : Emilie Deplantay
autres l’option B, comme chacun reste ouvert aux
arguments de « l’adversaire », la tendance ira à
l’abstention. « Dans le cadre d’une réforme, si
a priori les avantages semblent équivalents aux
inconvénients, on préférera garder ce qu’on a,
donc voter « contre ». Toutefois, s’il s’agit de se
prononcer pour l’introduction d’une innovation,
le statu quo ira dans le sens de la nouveauté »,
décrypte le physicien.
Les résultats de la sociophysique s’avèrent ainsi
régulièrement contre-intuitifs, voire dérangeants,
par rapport aux a priori que nous avons sur
certains phénomènes. Une des simulations de
Serge Galam présente notamment un cas où le
« contre » porté initialement par 11 personnes
l’emporte sur le « pour » soutenu au départ par
22 agents après seulement deux déjeuners et un
dîner… « Nous avions introduit des paires dans
les groupes de discussion. Il s’est avéré que dans
ce cas de figure, le « pour » ne pouvait l’emporter
qu’au delà de 77% des intentions de vote », révèle
Serge Galam.
« Evidemment, le poids culturel intervient aussi
et les préjugés peuvent se montrer déterminants,
notamment dans les situations de doute collectif »,
souligne le chercheur. « Quand les gens sont
choqués par une situation, cela ne signifie pas
qu’ils n’ont pas de préjugés allant dans le sens de
ce qui les choque… », insiste-t-il. Un attentat ou
un discours raciste pourrait ainsi parfaitement faire
basculer l’opinion publique dans un sens pourtant
inattendu. « Quoi qu’il en soit, tout cela constitue à
l’heure actuelle des hypothèses de recherche qu’il
reste à valider. Cela n’a peut-être aucun sens, mais
il faudra le prouver ! », conclut-il.
Laurie CHIARA
contact : [email protected]
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