
2
passées. Comme j’ai toujours considéré et affirmé que ce paradigme-là et ces
fondements-là sont sains, encore qu’ils ne soient pas totalement exempts de
critiques- j’y reviendrai plus loin dans ce commentaire- je me félicite donc de
les voir consacrés dans le document entre mes mains.
Toutefois, la surprise que j’évoquai plus haut, est réelle, et a plusieurs origines.
La première est que cette prospective sur le développement de la Tunisie pour
les cinq années à venir, a été élaborée par un gouvernement provisoire, réputé
veiller exclusivement à la gestion des affaires courantes, dans un contexte
politique, économique, social, voire sécuritaire, national particulièrement
difficile, en dépit des éclaircies enregistrées. Un gouvernement dont la durée de
vie restante, ne dépasse guère, rappelons-le, quelques petites semaines, à
peine… en principe en tout cas.
Une conjoncture économique, financière et sociale profondément dégradée, sur
fond d’un chômage et d’une pauvreté devenus insoutenables. Des surenchères
politiques et économiques dans lesquelles semble se délecter le nouveau
microcosme politique tunisien, sur fond d’une course chaotique pour l’obtention
de sièges à la future Assemblée Constituante. Une indiscipline des corps
constitués, tout à fait inaccoutumée. Un mal judiciaire profond dénoncé à
l’unisson, tout autant par les corps judiciaires que par les justiciables.
La résurgence du démon du tribalisme, sur fond de règlements de comptes
sanguinaires. Et last but not least, le voisinage d’un pays ‘frère’ ébranlé par une
révolution, autrement létale, comparée à la nôtre. Le gouvernement provisoire a,
en effet, suffisamment à faire, pour ne pas avoir à s’investir dans un travail de
prospective, qui demeure du ressort de ses successeurs au pouvoir.
Que ce gouvernement-là ait jugé utile de s’engager néanmoins dans un exercice
prospectif, aux côtés de la mise en place opportune d’un plan économique et